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Allemagne: nouveau rassemblement de l’extrême droite après une « chasse » aux étrangers

L'extrême droite allemande défile à nouveau lundi soir à Chemnitz, au lendemain d'une "chasse collective" aux immigrés dans cette ville…

L’extrême droite allemande défile à nouveau lundi soir à Chemnitz, au lendemain d’une « chasse collective » aux immigrés dans cette ville de l’ex-RDA dénoncée par Angela Merkel et qui crée l’émoi dans le pays.

Le rassemblement à partir de 18h30 (16h30 GMT) doit se tenir sous forte escorte policière après de graves incidents dimanche dans le centre de cette ville de Saxe proche de la frontière tchèque et où l’extrême droite et les néo-nazis sont fortement implantés.

Son mot d’ordre: appeler le gouvernement allemand à garantir « la sécurité » de ses citoyens » et à « changer de politique ».

Quelque 800 personnes, dont une cinquantaine prêtes à en découdre avec la police, s’étaient rassemblées dimanche sans autorisation préalable et suite à des appels en ce sens sur les réseaux sociaux, selon Sonja Penzel, qui dirige la police de la ville.

Ils entendaient protester contre la mort à la suite de coups de couteau dans la nuit de samedi à dimanche d’un Allemand de 35 ans, homicide pour lequel un Syrien et un Irakien ont été placés lundi en détention provisoire.

Ces sympathisants d’extrême droite « ont attaqué à coups de jets de bouteilles et de pierres » des policiers qui ont dû faire usage de gaz lacrymogènes, selon Mme Penzel.

Ils ont également mené dans les rues des « chasses collectives » contre des étrangers que la chancelière a dénoncées promptement et avec véhémence.

Ces événements « n’ont pas leur place dans notre Etat de droit », a affirmé son porte-parole, Steffen Seibert.

« Il est important pour le gouvernement, pour tous les élus démocrates et, je pense, pour une large majorité de la population de dire clairement que de tels attroupements illégaux et chasses collectives visant des gens d’apparence ou d’origine différente, ou encore les tentatives de semer la haine dans les rues, n’ont pas leur place dans notre pays », a-t-il ajouté.

– Homicide en réunion –

Les deux suspects du meurtre, âgés de 22 et 23 ans et dont l’identité n’a pas été révélée, sont soupçonnés d’avoir « sans justification, à plusieurs reprises, porté des coups de couteau » à la victime à la suite d’une « altercation verbale », selon le Parquet.

Selon plusieurs témoignages et des vidéos circulant sur les réseaux sociaux, les manifestants qui se sont ensuite réunis dimanche pour dénoncer ce crime s’en sont pris physiquement à des étrangers en les pourchassant.

Selon la police, trois plaintes impliquant 4 personnes ont déjà été déposées. Une adolescente de 15 ans et son compagnon afghan de 18 ans ont été agressés et légèrement blessés.

Peu après, un Syrien de 18 ans a été frappé. Un Bulgare de 30 ans a aussi été menacé un peu plus tard alors que plusieurs vidéos tournées durant les incidents sont en cours d’évaluation par les policiers, notamment l’une dans laquelle un homme « est véritablement poursuivi » par un autre, selon Mme Penzel.

Selon les médias locaux, ces protestataires ont défilé en criant notamment « Les étrangers dehors » et « Ceci est notre ville ».

La maire sociale-démocrate de cette ville de 250.000 habitants, Barbara Ludwig, a exprimé son « indignation ». « Il est grave que des gens puissent ainsi se rassembler (…) courir dans la ville en menaçant des gens », a-t-elle dénoncé.

Cette affaire a ravivé les tensions autour de la question migratoire en Allemagne, quasi-permanentes depuis trois ans et l’arrivée de plus d’un million de demandeurs d’asile. En Saxe, qui ne compte que 4,4% d’étrangers, la communauté turque a dénoncé « des tentatives de pogroms ».

– Contexte politique tendu –

L’organisation Pegida, née dans cette région, affirme, mais sans fournir la moindre preuve jusqu’ici, que la victime a été mortellement poignardée « en voulant protéger sa femme ».

Cette affaire survient dans un contexte politique tendu pour la chancelière Angela Merkel. Elle se voit régulièrement accusée par ses détracteurs et le président américain Donald Trump d’avoir contribué à la hausse de la criminalité en Allemagne en ouvrant les portes du pays en 2015 et 2016 aux migrants.

Les critiques proviennent notamment de l’extrême droite. En Saxe, l’AfD (Alternative pour l’Allemagne) est devenue la première force politique aux élections législatives de 2017 avec un score de 27%, devant la CDU de Mme Merkel.

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