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Au Belarus, des élections scrutées après la main tendue de Loukachenko à l’UE

Les Bélarusses élisent dimanche leurs députés, des élections que l'opposition juge frauduleuses, quelles que soient les velléités de rapprochement de…

Les Bélarusses élisent dimanche leurs députés, des élections que l’opposition juge frauduleuses, quelles que soient les velléités de rapprochement de l’homme fort de Minsk, Alexandre Loukachenko, avec l’Union européenne dont il reste isolé.

Surnommé « le dernier dictateur d’Europe », Alexandre Loukachenko dirige cette ex-république soviétique sans partage depuis 25 ans. Aucun scrutin organisé au Belarus depuis lors n’a été jugé libre ou équitable par les observateurs internationaux.

Dimanche, les électeurs pourront choisir 110 députés de la chambre basse du Parlement. Mais les Bélarusses critiques du pouvoir n’auront que peu de choix dans les urnes: les principaux leaders contestataires et les deux seuls députés d’opposition actuels ont été exclus du scrutin.

« Les élections ne sont qu’un rituel, comme en URSS », a déploré dans un communiqué Ales Bialiatski, à la tête de l’ONG bélarusse Vyasna.

Alexeï Ianoukévitch, vice-président du parti d’opposition Front populaire bélarusse, affirme à l’AFP que les autorités ont choisi le « scénario familier des falsifications ».

L’homme fort du Belarus s’est pourtant récemment illustré en tentant de nouveau un rapprochement avec l’Union européenne, qui accuse ouvertement le pays de bafouer les droits de l’homme, de museler l’opposition et les médias.

Alexandre Loukachenko, 65 ans, dirige le Belarus sans discontinuer depuis 1994 et achèvera son cinquième mandat en 2020.

Ancien directeur d’un sovkhoze (ferme collective), il a effectué cette semaine une rare visite en Autriche, son premier déplacement officiel dans l’UE en trois ans.

– Brouillé avec Moscou –

Il s’y est défendu de toute atteinte aux libertés démocratiques et a clamé vouloir que l’UE soit « un partenaire politique et économique important » du Belarus.

Le président bélarusse est passé maître dans l’art de louvoyer entre les Occidentaux et la Russie, avec qui il discute depuis des années d’une hypothétique unification des deux pays.

Ses relations avec Vladimir Poutine traversent régulièrement des périodes de frictions. Le Belarus s’est ainsi récemment brouillé avec Moscou sur une question de modification de la politique fiscale russe et M. Loukachenko a critiqué l’annexion de la Crimée.

En août, il avait aussi proposé « l’ouverture d’un nouveau chapitre » dans ses relations avec les Etats-Unis, recevant le conseiller d’alors pour la sécurité nationale de la Maison Blanche, John Bolton.

Le Belarus s’est attiré des sanctions de la communauté internationale après la réélection d’Alexandre Loukachenko en 2010 à un quatrième mandat présidentiel et les répressions visant l’opposition et les médias indépendants qui l’ont suivie.

Certaines de ces sanctions ont depuis été levées, et M. Loukachenko espère obtenir de nouvelles concessions avant la présidentielle de 2020.

La porte-parole de l’UE Maja Kocijancic a déclaré que l’Europe observerait de près le scrutin de dimanche et veut « des élections justes et transparentes respectant les standards internationaux ».

– 400 observateurs de l’OSCE –

Mais selon un rapport publié en novembre par l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), les électeurs eux-mêmes ne s’attendant pas à un scrutin « véritablement compétitif ».

L’OSCE enverra 400 observateurs pour surveiller l’élection.

Une alliance de défenseurs des droits de l’homme et de candidats d’opposition a d’ores et déjà dénoncé « de la censure et d’inacceptables restrictions de la liberté d’expression », l’impossibilité d’obtenir du temps d’antenne, d’enregistrer des candidats et des observateurs.

« Nous savons déjà, à 99%, qui va gagner » dans chaque circonscription, a indiqué à l’AFP Nikolaï Kozlov, chef de file du parti d’opposition Parti civil uni.

Selon l’analyste politique Valéri Karbalévitch, « les problèmes de la démocratie et des droits de l’homme sont déjà passés à l’arrière-plan », à mesure que les relations avec l’Occident se sont réchauffées. « Les autorités ont plus à perdre qu’à gagner d’une campagne électorale d’opposition ».

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