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Congo : le manque d’argent plombe la rentrée scolaire

De mémoire de Congolais, il faut remonter très loin dans le temps pour trouver une rentrée scolaire aussi morose que…

De mémoire de Congolais, il faut remonter très loin dans le temps pour trouver une rentrée scolaire aussi morose que celle de cette année. A 24h de l’ouverture des classes, prévue officiellement le lundi 1er octobre 2018, les vendeurs de manuels et les tailleurs spécialisés dans la confection des tenues scolaires se tournent les pouces en attendant l’arrivée des parents d’élèves.Désargentés, ces derniers ne savent pas à quel saint se vouer. La crise financière est passée par là, vidant les poches des pères de famille qui, pour la plupart d’entre eux, n’ont pas perçu leurs pensions de retraite depuis plusieurs mois ou sont victimes du retard du paiement des salaires au sein, surtout, de la fonction publique.

Signe de cette morosité, les librairies et les lieux de vente occasionnels de manuels scolaires sont quasi déserts, de même que les ateliers des confectionneurs de tenues scolaires.

Clément Mackoumbou, un parent d’élèves, ne cache pas son angoisse devant le retard des salaires. Sa solde, il la trouvait généralement dans son compte au plus tard le 25 du mois, mais cette fois-ci il n’y a « aucun signe dans les banques », souligne-t-il

«Les temps sont durs, je n’ai pu avoir jusqu’à ce jour que quelques cahiers et une seule tenue pour mon dernier fils », confie Mackoumbou avant d’ajouter que pour la première fois, ses quatre autres enfants feront la rentrée sans manuels ni tenue. Un manquement à ses obligations qu’il va réparer dès le paiement des salaires.

Hélas, tous les écoliers n’ont pas la même patience que ceux de Mackoumbou. Sébastien N’Dalla, un retraité, confie qu’il ne cesse de «subir le feu roulant des questions» de ses enfants et petits-fils, lui demandant ce qu’il attend pour leur acheter fournitures et tenues scolaires.

Très angoissé, il lâche : « Même dans le cas où on me vire cette pension, je ne saurai pas par quel bout commencer. D’abord, il faut que je paye les dettes que j’ai contractées pour vivre, puisque l’Etat nous doit près de 13 à 14 d’arriérés de pension. Vraiment avec cette rentrée, je ne sais pas comment m’en sortir puisque tout est cher».

Autant les poches des parents d’élèves sont vides, autant les librairies et autres étals de marchands de manuels manquent de fréquentation.

« Nous attendons les salaires », indique le libraire Rigobert Nsali, signifiant par là que la visite des clients dépend du paiement des soldes et pensions de retraite.  

Trouvé en train de ranger dans leurs rayons ses manuels, histoire de tuer son oisiveté, il reconnait que « la crise financière est là et la population est dépourvue de moyens financiers ».

Du côté des ateliers de couture spécialisés dans la confection des tenues scolaires comme celui de Cyrille Atipoh, on prie également pour que l’Etat vire au plus vite les salaires.

« Dès que les salaires vont passer dans les banques, nous serons débordés. En attendant, et c’est déplorable, beaucoup d’enfants n’iront pas à l’école, faute de tenue comme l’exigent les autorités », déplore Apitoh.

Dans un élan de compassion, il fait cette proposition : « Il faudrait que l’Etat soit indulgent pour permettre aux élèves d’aller à l’école au début sans tenue scolaire surtout pour les nouveaux ».

Du côté de l’administration des établissement scolaires qui a effectué sa rentrée depuis le 25 septembre, l’heure est au nettoyage des salles de classe et des cours de récréation pour l’accueil, demain lundi, des élèves.

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