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Corée du Sud: la justice ordonne à Nippon Steel de dédommager le travail forcé

La plus haute juridiction de Corée du Sud a ordonné mardi à un géant japonais de l'acier de dédommager des…

La plus haute juridiction de Corée du Sud a ordonné mardi à un géant japonais de l’acier de dédommager des travailleurs forcés de la Seconde guerre mondiale, un jugement dénoncé par Tokyo qui provoque une nouvelle querelle entre les deux voisins.

La Corée du Sud et le Japon sont tous deux des démocraties alliées des Etats-Unis, confrontées à une Chine qui s’affirme de plus en plus et à une Corée du Nord armée de la bombe atomique.

Mais leurs relations sont également ternies par des contentieux historiques et territoriaux hérités de l’occupation brutale par le Japon de la péninsule coréenne (1910-1945), comme par exemple les esclaves sexuelles de l’armée impériale nippone et les travailleurs forcés.

L’arrêt rendu mardi par la Cour suprême constitue le dernier acte sud-coréen d’un marathon judiciaire qui dure depuis 21 ans, mené par quatre Sud-Coréens — dont un seul est encore en vie– contre Nippon Steel & Sumitomo Metal (NSSM). Ils accusent l’entreprise de les avoir contraints à travailler dans ses aciéries entre 1941 et 1943.

La Cour confirme un jugement de première instance attribuant à chaque victime 100 millions de wons de dédommagements (77.000 euros).

Le seul requérant survivant, Lee Chun-sik, aujourd’hui nonagénaire, a assisté à l’audience assis dans un fauteuil roulant, visiblement ému.

« Je suis juste si triste d’être le seul qui reste », a-t-il dit aux journalistes, les larmes aux yeux.

Au départ, deux Sud-Coréens avaient saisi la justice japonaise pour réclamer des dédommagements et le versement des salaires impayés dans des aciéries détenues par le prédécesseur de Nippon Steel.

Ils avaient été déboutés par les tribunaux japonais qui estimaient que leur droit d’ester en justice avait été aboli par un traité de 1965. Celui-ci rétablissait les relations diplomatiques entre Séoul et Tokyo, prévoyait des réparations de l’ordre de 700 millions d’euros et des prêts préférentiels.

Les requérants avaient saisi la justice sud-coréenne en 2005, en compagnie de deux autres Sud-Coréens. En 2012, la Cour suprême avait estimé que l’entreprise nippone était comptable des faits.

La décision rendue mardi fait suite à un dernier appel de NSSM contre le montant des dédommagements. Aucun autre appel n’est possible devant la justice sud-coréenne.

Le Premier ministre japonais Shinzo Abe a dénoncé un arrêt « impossible » au regard du droit international, ajoutant que le problème avait été réglé par le traité de 1965. « Le gouvernement japonais fera face à cette question avec fermeté », a-t-il dit devant les parlementaires à Tokyo.

Le ministre japonais des Affaires étrangères Taro Kono a convoqué l’ambassadeur de Corée du Sud, prévenant que Tokyo saisirait une juridiction internationale « si les mesures appropriés n’étaient pas prises immédiatement ».

NSSM a déploré un jugement « profondément regrettable ». Le groupe va « l’étudier avec soin en vue des prochaines étapes, qui tiendront compte de la réaction du gouvernement japonais sur cette question et d’autres facteurs ».

D’après les données sud-coréennes, environ 780.000 Sud-Coréens ont été victimes de travail forcé durant l’occupation japonaise, des chiffres qui ne comprennent pas les femmes enrôlées de force dans les bordels de l’armée.

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