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Cour suprême: Kavanaugh avance vers sa confirmation hautement controversée

Soutenu par Donald Trump, Brett Kavanaugh a franchi vendredi une nouvelle étape vers son accession controversée à la Cour suprême,…

Soutenu par Donald Trump, Brett Kavanaugh a franchi vendredi une nouvelle étape vers son accession controversée à la Cour suprême, qui va faire l’objet d’un vote final au Sénat, mais peut-être seulement après une enquête policière sur les accusations d’agression sexuelle qui visent le magistrat.

M. Kavanaugh a reçu le feu vert de la commission judiciaire du Sénat, dont les 21 membres ont voté strictement selon leur affiliation politique pour le recommander au vote en séance plénière de la chambre haute du Congrès.

Mais cela fut au prix d’un rebondissement: un sénateur républicain, Jeff Flake, qui pourrait détenir la clé de sa confirmation, a exigé que le FBI mène des investigations sur les faits dont l’accuse Christine Blasey Ford, dont le témoignage poignant jeudi devant ces mêmes élus du Sénat a ému une grande partie des Américains, les autres prenant le parti du juge, dans un pays profondément polarisé.

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« Le pays est en train de se déchirer et nous devons nous assurer d’une procédure en bonne et due forme », a déclaré M. Flake, un républicain modéré et grand critique de Donald Trump. Il a laissé entendre qu’il pourrait se désolidariser de la majorité républicaine si son souhait n’était pas respecté.

Il revient désormais au chef de la majorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell, de décider du calendrier.

Les républicains disposent au Sénat d’une courte majorité de 51 sièges, contre 49 pour les démocrates, et ne peuvent se permettre qu’un seul désistement.

C’est dans un climat extraordinaire de vives tensions politiques et d’émotions poussées à leur paroxysme que s’est déroulée vendredi le vote de la commission judiciaire. Furieux, plusieurs démocrates ont quitté la salle avant le vote, en signe de protestation.

Les enjeux sont cruciaux. Sous le coup d’accusations d’agressions sexuelles, qu’il nie catégoriquement, mais aussi perçu comme profondément ancré à droite, Brett Kavanaugh, 53 ans, pourrait faire basculer du côté conservateur la plus haute juridiction des Etats-Unis, dont les juges sont nommés à vie.

Le Sénat a le dernier mot sur les nominations présidentielles à la Cour suprême, arbitre des questions de société les plus épineuses comme le droit à l’avortement, le mariage homosexuel ou la régulation des armes à feu.

– Une poignée de sénateurs décisifs –

Un grand suspense demeure sur le vote d’une poignée de sénateurs qui pourraient faire basculer la confirmation de Brett Kavanaugh.

Parmi eux, Jeff Flake avait annoncé vendredi matin qu’il voterait oui, avant d’être pris à partie dans les couloirs du Sénat par des femmes indignées.

« Vous me dites que mon agression ne compte pas, que ce qui m’est arrivé ne compte pas et que vous laissez les gens qui font ces choses accéder au pouvoir », a lancé l’une d’elles, alors que des dizaines de manifestants se sont aussi rassemblés devant la Cour suprême.

Visiblement affecté, et après des conciliabules avec ses collègues démocrates et républicains, il a finalement demandé à ce que le vote en séance plénière soit retardé d’une semaine, au maximum, pour laisser le temps au FBI d’enquêter.

– Trump, déterminé –

Une demande rapidement applaudie par une autre républicaine au vote incertain, Lisa Murkowski, ainsi qu’un des démocrates qui pourraient au contraire voter en faveur du juge Kavanaugh, Joe Manchin.

Le doute demeure sur leur décision finale, ainsi que celle d’une autre républicaine, Susan Collins, qui défend le droit à l’avortement.

Du côté des démocrates, un sénateur élu dans les terres pro-Trump de l’Indiana et jouant sa difficile réélection, Joe Donnelly, a annoncé vendredi qu’il voterait contre Brett Kavanaugh. Face à une équation similaire, Joe Manchin et une autre démocrate, Heidi Heitkamp, réservent encore leur décision. Ils avaient tout trois voté pour le précédent candidat de Donald Trump à la Cour suprême, Neil Gorsuch.

A un peu plus d’un mois d’élections parlementaires cruciales, ces élus s’inquiètent d’une posture potentiellement coûteuse sur le plan électoral, à une époque d’une prise de conscience accrue des violences faites aux femmes.

Les chefs républicains, eux, apparaissent toujours résolus à voir Brett Kavanaugh siéger sans attendre à la Cour suprême. Avec en tête le président américain, qui l’a de nouveau assuré de son soutien vendredi. Je n’ai « pas du tout » songé à lui trouver un remplaçant, a-t-il affirmé.

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