InternationalAFP




De Kaboul à Doha, la paix en Afghanistan au centre des discussions

De nouvelles discussions entre talibans et Etats-Unis démarrent mercredi au Qatar alors qu'à Kaboul des milliers de dignitaires afghans tentent…

De nouvelles discussions entre talibans et Etats-Unis démarrent mercredi au Qatar alors qu’à Kaboul des milliers de dignitaires afghans tentent de dessiner les limites d’un accord de paix tant espéré avec les insurgés.

« Le sixième cycle de pourparlers entre l’Emirat islamique et les Etats-Unis débutera aujourd’hui à Doha », a fait savoir le porte-parole taliban, Zabihullah Mujahid, dans un message mercredi matin à l’AFP puis sur les réseaux sociaux.

L’émissaire américain pour la paix en Afghanistan, Zalmay Khalilzad, a ensuite évoqué sur Twitter « des discussions à Doha aujourd’hui ». Et l’ambassade américaine à Kaboul a confirmé la rencontre auprès de l’AFP.

Né en Afghanistan et ancien ambassadeur des Etats-Unis dans le pays, le diplomate américain effectue depuis sa nomination en septembre des navettes entre différentes capitales asiatiques et Washington dans le but de parvenir à un consensus régional.

Il était lundi à Islamabad où il a salué « le rôle que le Pakistan veut jouer dans l’établissement d’un consensus régional à l’appui du processus de paix en Afghanistan ». « Le temps de la mise en oeuvre est venu », a-t-il estimé.

M. Khalilzad avait indiqué dimanche que Washington est « un peu impatient » de mettre un terme à la plus longue guerre de l’histoire des Etats-Unis où 2.300 de ses soldats ont perdu la vie et qui a coûté au pays plus de 1.000 milliards de dollars. Son coût annuel est estimé à 45 milliards de dollars pour les contribuables américains.

Les Etats-Unis veulent « mettre fin à leurs dépenses en Afghanistan et aux dangers auxquels les forces armées sont confrontées. Mais Washington (…) veut mettre fin à cette guerre de manière responsable », a-t-il souligné lors d’une interview à une télévision afghane.

– Espoirs et incertitudes –

Si les espoirs de paix sont immenses parmi la population afghane, lasse des conséquences de la guerre et des milliers de civils tués, il paraît peu probable que ce nouveau cycle de négociations conduise à un accord immédiat entre les deux parties.

M. Khalilzad avait évoqué en janvier « une ébauche d’accord » mais souligné à plusieurs reprises qu' »il n’y a d’accord sur rien tant qu’il n’y a pas d’accord sur tout ».

Les discussions ont jusqu’ici porté sur le retrait des forces américaines d’Afghanistan en échange d’un engagement des talibans d’empêcher des groupes terroristes d’utiliser à nouveau le pays comme refuge. Les Etats-Unis souhaitent également négocier l’ouverture d’un dialogue inter-afghan et un cessez-le-feu entre belligérants.

Jusqu’à présent aucun des pourparlers n’a inclus le gouvernement afghan, que les talibans qualifient de « marionnette » des Etats-Unis. Une rencontre entre rebelles et autorités de Kaboul, qui devait se tenir mi-avril à Doha, a été annulée à la dernière minute.

Si Etats-Unis et talibans parvenaient à s’entendre entre eux, les insurgés doivent encore conclure un accord de paix avec les autorités afghanes.

– Méga réunion à Kaboul –

Le gouvernement du président Ashraf Ghani a en ce sens convié depuis lundi et pour quatre jours quelque 3.000 dirigeants communautaires, personnalités religieuses et autres hommes politiques de tout le pays afin qu’ils participent à une « loya jirga » – « grande assemblée » en langue pachtoune – de la paix à Kaboul.

Son objectif est d’établir des lignes rouges pour tout accord avec les talibans, notamment le maintien de la Constitution et la protection des droits des femmes, des médias et de la liberté d’expression.

Mercredi, le représentant spécial du président Ghani pour la paix, Mohammad Omar Daudzai, s’est félicité des nouveaux pourparlers américano-talibans dont il attend l’issue avec « optimisme ».

Il a estimé lors d’une conférence de presse à Kaboul que « les premiers pas des pourparlers entre le gouvernement et les talibans commencent avec la loya jirga ».

Mais malgré tous ces efforts diplomatiques, la violence ne décroit pas en Afghanistan, les talibans ayant annoncé le mois dernier le début de leur offensive annuelle de printemps.

Suivez l'information en direct sur notre chaîne