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Deb Haaland, première femme amérindienne en route pour le Congrès américain

"Une voix forte" pour les autochtones, les minorités et les pauvres: Deb Haaland, mère célibataire de la tribu Pueblo of…

« Une voix forte » pour les autochtones, les minorités et les pauvres: Deb Haaland, mère célibataire de la tribu Pueblo of Laguna au Nouveau-Mexique, est bien partie pour devenir la première Amérindienne élue au Congrès des Etats-Unis.

Un combat de plus pour cette femme de 57 ans qui a vaincu l’alcoolisme, a subsisté grâce à des bons d’alimentation et connaît l’importance d’un système de santé accessible à tous.

« Au Congrès, nous avons des gens qui ne savent pas ce que c’est », déclarait récemment la candidate à l’AFP lors d’un rassemblement de campagne à Albuquerque (sud-ouest des Etats-Unis).

« Alors oui, j’ai l’impression que moi je peux me battre efficacement pour les gens qui ont besoin de tout ça! », lançait-elle.

Mme Haaland appartient à cette vague de femmes qui veulent prendre le Congrès d’assaut pour s’opposer à la politique du président républicain Donald Trump.

« Je suis une femme, je suis une femme de couleur », dit la candidate, désignant son visage brun et ses longs cheveux noirs et lisses, comme s’ils parlaient pour elle. « C’est ce genre de personnes qu’il faut au pouvoir actuellement pour faire avancer les questions qui comptent, plutôt que les sujets que le président Trump veut imposer au peuple américain ».

« Elle a toujours eu de l’ambition », assure une personne de son entourage.

Deb Haaland –en tête des sondages dans sa circonscription du Nouveau-Mexique– s’est engagée en politique comme bénévole en 2004, lors de la campagne du démocrate John Kerry pour l’élection présidentielle. Elle a pris une liste téléphonique et a commencé à passer des appels.

Elle n’a jamais cessé depuis lors: prenant par la main sa fille Somah, neuf ans seulement à l’époque, elle partait à la pêche aux voix avec la même énergie –difficilement contenue– qu’elle dégage encore aujourd’hui. Elle profite de ses rares moments de liberté pour aller courir.

« Deb ne s’arrête jamais! », commente un membre de son équipe.

– Discriminations et financements fédéraux –

Deb Haaland accuse trois heures de retard lorsqu’elle arrive enfin au pique-nique organisé par ses partisans dans un parc d’Albuquerque.

Cheveux relevés en chignon fait à la va-vite, simple robe blanche à rayures et chaussures noires fatiguées, elle empoigne le micro d’un petit porte-voix pour lancer à la trentaine de fidèles présents: « Excusez-moi! ».

Et sans plus attendre déroule son programme « progressiste », entre promotion des énergies propres, soins médicaux pour tous et réforme de l’immigration.

« Je suis sobre depuis 30 ans, que Dieu m’en soit témoin. C’est important pour moi et je pense que les électeurs devraient le savoir », souligne-t-elle.

La candidate est née à Winslow, dans l’Etat voisin d’Arizona où son grand-père travaillait dans une compagnie ferroviaire au titre de la politique d' »assimilation culturelle » des Amérindiens. Sa mère, Mary Toya, y est née également, dans un wagon de marchandises.

Son père, d’origine norvégienne, était un Marine –corps d’élite de l’armée américaine– décoré pour ses faits d’armes et sa mère travaillait pour l’US Navy. Au gré de leurs multiples affectations et déménagements, Deb Haaland dit avoir fréquenté pas moins de treize écoles.

Son enfance est surtout marquée par les coutumes de sa tribu, les Lagunas. Elle se rappelle les étés passés avec ses grands-parents pueblos –selon elle en butte à de nombreuses discriminations– à irriguer les champs ou à faire du pain.

Auprès des Lagunas, Mme Haaland dirigeait la société tribale exploitant les trois casinos de la réserve, où l’AFP n’a pas été admise. Avant cela, elle avait créé une petite entreprise de fabrication de sauces, pour pouvoir passer du temps avec sa fille durant ses études de droit que, comme beaucoup d’Américains, elle continue de rembourser.

Outre Deb Haaland, neuf autres candidats amérindiens sont en lice pour le Congrès cette année, un record.

Même si la circonscription dans laquelle elle se présente n’englobe pas de territoire autochtone, elle compte bien porter les revendications des Amérindiens si elle est élue: « La terre, l’eau, les financements du gouvernement ».

« Mes ancêtres ont fait des sacrifices incroyables pour me permettre de garder mes coutumes et traditions. Je ne leur ferai pas défaut. »

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