InternationalAFP




Donald Trump, rock star de la colère

Donald Trump conclut sur un appel à rejeter la colère et la division, à l'issue d'un discours enflammé d'une heure…

Donald Trump conclut sur un appel à rejeter la colère et la division, à l’issue d’un discours enflammé d’une heure au cours duquel il a tout fait pour les alimenter.

A Southaven, dans le Mississippi, le président américain, galvanise, en rock star d’un genre singulier, les quelque 10.000 personnes qui ont fait le déplacement pour l’apercevoir en chair et en os.

Son message à un mois des élections parlementaires du 6 novembre? Une victoire des démocrates serait tout simplement un désastre pour les Etats-Unis.

Ils « entraîneront notre pays dans le chaos », ouvriront la porte aux « gangs impitoyables », détruiront l’économie et « transformeront l’Amérique en Venezuela ».

Ces mises en garde apocalyptiques sont systématiquement suivies de huées de la foule –presque uniformément blanche– venue boire ses paroles.

A chacun de ses meetings MAGA (Make America Great Again), Donald Trump joue la même partition.

Et ce soir-là, dans le Mississippi, la salle est sous le charme, comme envoutée.

« Voter républicain, c’est rejeter la politique de la colère, du chaos et de la destruction mise en avant par les démocrates et nous rassembler, en voisins, en citoyens, en Américains », lance-t-il.

Mais la foule est là précisément pour se nourrir de cette colère alimentée par Trump et sa mission auto-proclamée: « Sauver l’Amérique du socialisme, sauver l’Amérique de la décadence ».

Les observateurs étrangers, comme nombre d’Américains, avouent avoir du mal à comprendre le pouvoir d’attraction d’un président qui, dans une véritable tornade, a tout bousculé: les alliances traditionnelles de l’Amérique comme l’idée d’un minimum de civilité dans le discours public.

– La foule exulte –

Une certitude: le milliardaire de New York sait parfaitement tenir en haleine ses fans, faisant vibrer la fibre patriotique et alimentant leur ressentiment contre ce qu’ils estiment être une attaque en règle des forces de gauche contre les valeurs traditionnelles de l’Amérique.

Il énumère avec délice tous les ennemis désignés de la droite américaine, provoquant à chaque fois la même réaction.

« Il y a ce groupe de gens que l’on appelle les mondialistes… », lance-t-il comme s’il évoquait un effrayant complot en préparation. La foule exulte.

Les journalistes? « Fake news », « malhonnêtes ». La foule exulte.

Les piques les plus acérées sont réservées aux sénateurs démocrates qui tentent de bloquer la route de la Cour suprême au juge conservateur Brett Kavanaugh, qui fait face à des accusations d’agressions sexuelles pendant sa jeunesse.

Jusqu’ici, M. Trump s’en était tenu à une posture assez nuancée, martelant sa foi dans son candidat, mais prenant soin de ne jamais égratigner l’accusatrice, une universitaire de 51 ans dont il avait jugé le témoignage « crédible ».

Cette fois, face à une foule de casquettes rouges MAGA, il abandonne toute posture présidentielle, se moquant sans retenue de cette femme incapable selon lui de livrer le moindre élément concret sur l’agression de cette soirée de l’été 1982.

La foule applaudit et rit à gorge déployée.

– Trump rit de lui-même –

Les anti-Trump reconnaissent rarement que Trump peut être véritablement drôle, lorsqu’il s’écarte de son discours et démontre qu’il est capable aussi de se moquer de lui-même.

Lors d’un rassemblement cette semaine à Philadelphie avec des représentants de l’industrie électrique, il s’est ouvertement demandé si un casque qu’on venait de lui tendre n’allait pas mettre le désordre dans sa célèbre chevelure blonde qui fait la joie des dessinateurs de presse.

« Est-ce une bonne journée pour mes cheveux? », lance amusé le président de la première puissance mondiale.

Mais même les traits d’humour sont d’abord là pour rappeler à tout le monde que Trump, et Trump seul, doit être, en permanence, sous le feu des projecteurs.

Le magnat de l’immobilier l’assure, la raison pour laquelle les élections de mi-mandat au Congrès se présentent mal pour les républicains est simple: son nom ne figure sur aucun bulletin de vote.

« Il disent que si j’étais dans la course, tout le monde se rendrait aux urnes et ce serait un raz-de marée ».

Et si la raison officielle de sa venue à Southaven est d’apporter son soutien au candidat républicain pour le Sénat, il ne rate pas l’occasion de parler de l’échéance qui lui tient véritablement à coeur: sa réélection lors de la prochaine présidentielle, le 3 novembre 2020.

« 2020 s’annonce vraiment facile », lance-t-il dès le début de son discours.

Personne dans la foule ne semble en douter.

Suivez l'information en direct sur notre chaîne