InternationalAFP




Elections en RDC: les protagonistes et les dénouements possibles

Commission électorale, candidats et forces politiques, Eglise catholique et société civile, forces de sécurité, diplomatie: ces protagonistes de la crise…

Commission électorale, candidats et forces politiques, Eglise catholique et société civile, forces de sécurité, diplomatie: ces protagonistes de la crise politique en République démocratique du Congo vont écrire le dénouement de l’élection présidentielle pour la succession du président Joseph Kabila.

La Commission électorale a reporté sine die l’annonce des résultats provisoires de l’élection du 30 décembre qui doit départager le « dauphin » du pouvoir Emmanuel Ramazani Shadary, et les deux opposants Félix Tshisekedi et Martin Fayulu.

– La Commission électorale nationale indépendante (Céni)

La Céni est la seule autorité habilitée par la loi à proclamer les résultats. Issu de la société civile, son président Corneille Nangaa a pour second un vice-président qui a été nommé par le parti au pouvoir, Norbert Basengezi.

Le binôme se trouve à la tête d’un organe décisionnel, une Assemblée plénière de treize membres supposée refléter le pluralisme de la société congolaise.

L’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) a demandé en vain le remplacement du rapporteur Jean-Pierre Kalamba issu de ses rangs, mais qui s’est éloigné depuis du parti historique de l’opposition congolaise.

En novembre 2015, plusieurs membres dont le questeur avaient démissionné. Il était issu des rangs d’un des sept partis qui venaient de passer à l’opposition en septembre 2015. « La Céni a été réformée pour aller dans le sens du pouvoir », dénonce l’opposition.

– Les candidats et les forces politiques

. Emmanuel Ramazani Shadary, 58 ans, ex-ministre de l’Intérieur sous sanction de l’Union européenne, est le candidat choisi par le président Kabila et la coalition de la majorité Front commun pour le Congo (FCC) pour conserver le pouvoir, après le retrait du « chef » contraint par la Constitution.

. Martin Fayulu est le candidat d’opposition soutenu par deux opposants qui n’ont pas pu déposer leur propre candidature, l’ex-gouverneur du Katanga Moïse Katumbi et l’ex-chef de guerre et ex-vice-président Jean-Pierre Bemba.

En cas de victoire, M. Fayulu s’est engagé à céder à ses alliés les postes de Premier ministre, de président de l’Assemblée nationale et de président du Sénat.

Ce signifierait un retour dans le jeu politique congolais de MM. Bemba et Katumbi, directement ou via leurs proches, une perspective difficilement admissible pour le pouvoir.

M. Katumbi est considéré comme un traître par le président Kabila depuis qu’il est passé à l’opposition en septembre 2015, avant de partir en exil à Bruxelles.

« Katumbi me rappelle Judas, qui est parti avec beaucoup d’argent et qui s’est pendu lui-même. Il a fait son choix. A lui d’assumer », a prévenu avant l’élection le président Kabila dans un entretien au Monde.

. l’opposant Félix Tshisekedi fait campagne avec son « ticket » Vital Kamerhe, l’ex-président de l’Assemblée nationale, qui deviendrait Premier ministre en cas de victoire.

Des rumeurs contradictoires circulent sur « Fatshi ». La presse belge affirme mardi que son attestation de diplôme obtenu en Belgique est un faux, ce qui pourrait entraîner l’invalidation de sa candidature. La même presse belge lui prête l’intention de négocier avec le pouvoir pour établir un barrage « Tout sauf Fayulu ».

– Eglise et société civile –

Forte des 40.000 observateurs qu’elle dit avoir déployés, l’Eglise catholique affirme connaître le nom du vainqueur, sans autre précision. La Conférence épiscopale met en garde la Commission électorale contre les risques d’un « soulèvement » si elle ne prononce pas des résultats « conformes à la vérité des urnes ».

A l’origine de trois marches anti-Kabila réprimées dans le sang début 2018, les catholiques laïcs du CLC soutiennent la Conférence épiscopale.

De nombreux Congolais affirment qu’ils sont prêts à manifester si la Céni proclame la victoire du candidat du pouvoir. « Pour descendre de la rue, il faut un leader et de l’argent » tempère un observateur étranger.

– Forces de sécurité

« Nos généraux sont préparés à toute éventualité, ceux de l’armée comme ceux de la police », prévient un proche collaborateur du président Kabila anticipant des contestations en cas de proclamation de la victoire du candidat au pouvoir.

L’armée est loyaliste. Les quelque 140.000 soldats reçoivent régulièrement leur solde à la banque, affirme un porte-parole de l’état-major. « Rien ne permet de le démentir », selon une source diplomatique.

– Nations unies et pays étrangers

Les membres non permanents du Conseil de sécurité sont divisés, entre la Belgique qui exige des résultats « même s’ils ne plaisent pas au pouvoir » jusqu’à l’Afrique du Sud qui demande d’attendre les résultats de la Céni.

En cas de résultats contestés, la France et l’Union européenne (UE) pourraient s’aligner sur l’Union africaine (UA).

« Le respect des résultats de l’élection est crucial », a déclaré le patron de l’UA Moussa Faki Mahamat – un message qui peut s’adresser aussi bien au pouvoir qu’à l’opposition.

« Le respect du résultat électoral est un facteur déterminant pour une paix durable » en RDC, a dit le pape François.

D’autres acteurs écriront la suite de l’histoire des élections congolaises, dont la Cour constitutionnelle en cas de recours très probables à l’annonce des résultats provisoires.

Suivez l'information en direct sur notre chaîne