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En Syrie, les forces antijihadistes pilonnent les dernières positions de l’EI

Les forces antijihadistes, soutenues par une coalition internationale, pilonnent lundi les derniers jihadistes retranchés dans un camp de fortune à…

Les forces antijihadistes, soutenues par une coalition internationale, pilonnent lundi les derniers jihadistes retranchés dans un camp de fortune à Baghouz, dans l’est de la Syrie, en vue d’asséner le coup de grâce final au « califat » autoproclamé du groupe Etat islamique (EI).

Après une montée en puissance fulgurante en 2014 et la proclamation d’un « califat » sur de larges pans de territoire à cheval entre la Syrie et l’Irak, l’EI est désormais sur le point d’être rayé de la carte.

Les Forces démocratiques syriennes (FDS), engagées depuis décembre dans une offensive « finale » contre l’EI, ont suspendu à plusieurs reprises leurs opérations ces dernières semaines afin de faciliter l’évacuation de milliers de femmes, d’enfants et d’hommes fuyant les combats, y compris des jihadistes.

Mais le tarissement du flot d’évacuations et l' »expiration » du délai accordé à l’organisation pour la « reddition » de ses combattants ont permis aux FDS de relancer dimanche soir leurs opérations militaires contre l’ultime poche de l’EI.

Toute sirène hurlante, une ambulance fonçait à toute vitesse au milieu des ruines de Baghouz, a constaté lundi matin une équipe de l’AFP sur place. Sur la plateforme arrière, une combattante des FDS était au chevet de l’un de ses camarades, allongé sur des couvertures, un bandage à la jambe.

Dans la nuit de dimanche à lundi, « les combats ont été très violents », a raconté à l’AFP le chef d’une unité des FDS, Aras Orkeich, ajoutant que des jihadistes ont eu recours à des « kamikazes » et à des « voitures piégées ».

« On a fait exploser les voitures piégées qui venaient dans notre direction. On utilise nos tireurs embusqués pour viser ceux qui ont des armes », a-t-il précisé.

Depuis dimanche soir, les FDS ont réussi à saisir plusieurs positions jihadistes, a indiqué un autre responsable de cette alliance de combattants arabes et kurdes.

« Daech riposte avec des armes lourdes et a tenté de commettre des attentats suicides », a-t-il ajouté, utilisant un acronyme arabe pour désigner l’EI.

En parallèle, les avions de la coalition anti-EI, dirigée par les Etats-Unis, ont pilonné dans la nuit des dépôts d’armes, tandis que des tirs de chars ont visé des positions jihadistes, ont indiqué le responsable et un porte-parole des FDS, Mustefa Bali.

Si le nombre exact de jihadistes jusqu’aux-boutistes retranchés est inconnu, les FDS et M. Bali estiment qu’il reste « entre 1.000 et 1.500 » combattants à l’intérieur du réduit.

– Civils et capitulations –

L’opération a toutefois « ralenti après minuit, plusieurs centaines se sont rendus et nous avons arrêté (les combats) pour les sortir », a indiqué M. Orkeich, ajoutant que les opérations reprendront s’il n’y a pas de nouvelles capitulations.

Le vrombissement des avions et le crépitement des tirs résonnent ponctuellement dans les airs, a constaté lundi matin l’équipe de l’AFP.

Sur le toit d’une bâtisse en béton abandonnée, des combattants des FDS, assis sur des chaises en plastique, observent le camp des jihadistes, à quelques centaines de mètres, au delà de champs piqués de palmiers.

« Au cours de notre avancée, si nos forces constatent une présence de civils, nos unités spéciales feront le nécessaire pour les éloigner ou même pour les évacuer de la zone de combat », a souligné Mustefa Bali.

Mais « l’opération se poursuivra jusqu’à la libération de Baghouz et la fin de la présence terroriste dans cette région », a-il martelé.

– Crise humanitaire –

Près de 59.000 personnes ont déjà été évacuées de l’ultime poche jihadiste depuis décembre, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

La plupart d’entre elles ont été transférées vers le camp de déplacés d’Al-Hol (nord-est), où s’entassent plus de 65.000 personnes, arrivées après de longs trajets, dans des conditions très sommaires.

Plus de 100 personnes – principalement des enfants – sont mortes en route ou peu après leur arrivée, a indiqué l’ONG Comité international de secours (IRC).

Selon l’ONG Save the Children, de nombreux enfants d’Al-Hol montrent des signes de « détresse psychologique ».

Début mars, l’ONU a lancé un appel pressant pour une levée de fonds afin d’éviter une crise humanitaire.

Si l’EI est sur le point de perdre son ultime ancrage territorial, le groupe a déjà entamé sa mue en organisation clandestine.

Ses combattants sont disséminés dans le désert syrien et parviennent à mener des attentats meurtriers.

Déclenchée en 2011, la guerre en Syrie a fait plus de 360.000 morts et plusieurs millions de déplacés.

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