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En Tunisie, des jeunes pro-Saied font du covoiturage pour aller voter

Mohamed arrive tout juste de Sousse pour rejoindre son bureau de vote à Tunis, après un trajet de 150 kilomètres:…

Mohamed arrive tout juste de Sousse pour rejoindre son bureau de vote à Tunis, après un trajet de 150 kilomètres: comme plusieurs milliers de jeunes, notamment ceux soutenant le candidat Kais Saied, le Tunisien a opté pour le covoiturage afin de voter dimanche au second tour de la présidentielle.

Le premier tour de l’élection présidentielle ainsi que les récentes élections législatives ont été marqués par une forte abstention de la jeunesse de ce pays berceau du Printemps arabe.

Candidat à la présidentielle, Kais Saied, 61 ans, un universitaire sans parti a appelé les jeunes Tunisiens à participer à l’élaboration de son programme, tandis qu’en face, Nabil Karoui, 56 ans, magnat des médias poursuivi pour fraude fiscale, semble toucher un électorat plus âgé.

Sur Facebook, plusieurs groupes de covoiturage ont fleuri pour le second tour, afin de permettre aux jeunes électeurs –dont le bureau de vote est parfois situé dans une autre ville que celle où ils vivent– de faire le trajet ensemble.

« J’ai mis une annonce sur un groupe Facebook pour moi et mon cousin, quelqu’un a répondu, on s’est donné rendez-vous et me voilà », raconte à l’AFP Mohamed, un étudiant en économie de 21 ans.

– « Bénévole » –

Sur le groupe « Covoiturage présidentielle 2019 », créé au lendemain du premier tour tenu le 15 septembre et explicitement favorable à Kais Saied, les quelque 30.000 membres diffusent des annonces, échangent leurs numéros, fixent des rendez-vous.

La majorité sont des étudiants affirmant leur intention de voter pour l’universitaire, qui a récolté plus de 37% des voix des 18-25 ans lors du premier tour, selon l’institut de sondage Sigma Conseil.

« Pour ceux qui ne trouvent pas de covoiturage, nous louons des bus à leur disposition », dit Behira Sattela, l’administratrice du groupe.

« J’ai fait voyager 300 personnes samedi, en voiture ou en bus. C’est un travail bénévole, je suis totalement volontaire », assure-t-elle.

Si l’Instance chargée de superviser les élections (Isie) interdit de transporter des électeurs dans des véhicules privés, elle l’autorise par les moyens de transports publics.

M. Saied a mené une campagne low-cost, sans parti et orchestrée en grande partie par ses jeunes partisans, avec pour résultat une véritable surprise électorale lors de sa qualification au second tour avec 18,4%.

Si les jeunes pro-Saied semblent multiplier les initiatives pour se rendre aux bureaux de vote, le parti de M. Karoui Qalb Tounes, a assuré de son côté ne pas avoir organisé de transport pour les électeurs dimanche.

– « Devoir » –

Samedi soir, la gare routière de Bab Alioua, près de la médina de Tunis, était bondée. Réda, un voyageur, a acheté son ticket de sa poche pour aller voter à Kébili, sa ville d’origine, à environ 450 kilomètres au sud de la capitale. « C’est important de voter, c’est une responsabilité et un devoir », estime cet employé du privé de 35 ans.

« Les deux candidats sont très différents. L’un pourrait faire avancer le pays, l’autre le noyer », dit-il, sans dire pour qui ira son vote. « Une voix peut faire la différence », assure-t-il.

Des chauffeurs de taxi se sont eux aussi mobilisés en offrant leurs services gratuitement aux électeurs. Bakri offre le trajet Nabeul-Tunis, soit une soixantaine de kilomètres, pour les partisans de M. Saied: « Je le fais par amour pour mon pays, je soutiens celui qui incarne l’espoir pour la Tunisie ».

Au premier tour le 15 septembre, seul un électeur sur deux s’était déplacé, les Tunisiens reprochant à la classe politique de ne pas répondre à leurs difficultés économiques.

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