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Ethiopie: plus de 250 arrestations en lien avec la « tentative de coup d’Etat » régional

Près d'une semaine après la "tentative de coup d'Etat" contre le gouvernement de la région amhara (nord-ouest), le pouvoir éthiopien…

Près d’une semaine après la « tentative de coup d’Etat » contre le gouvernement de la région amhara (nord-ouest), le pouvoir éthiopien riposte avec l’annonce de plus de 250 arrestations et la promesse de poursuivre son programme de réformes progressistes.

L’Ethiopie est sous haute tension depuis les cinq assassinats politiques de samedi dernier. Ceux-ci traduisent des luttes de pouvoir liées à des tensions politico-ethniques qui se sont exprimées plus librement avec l’ouverture de l’espace démocratique par le Premier ministre réformateur Abiy Ahmed, entré en fonction en avril 2018.

« Les attaques de ce week-end faisaient partie d’un plan plus large », des documents prouvant cette théorie « ont été découverts », a affirmé vendredi une porte-parole du Premier ministre éthiopien, Billene Seyoum, lors d’une conférence de presse à Addis Abeba.

Les autorités ont procédé à une vague massive d’arrestations dans l’Amhara, deuxième région la plus peuplée du pays, ainsi que dans la capitale éthiopienne.

« Jusqu’à présent, 212 personnes ont été arrêtées dans la région amhara et 43 à Addis Abeba, en lien avec la tentative de coup d’Etat », a dit la porte-parole. « L’opération en vue d’arrêter les suspects est toujours en cours, et nous pensons que certains suspects sont toujours en fuite. »

Les autorités accusent Asaminew Tsige, un ethno-nationaliste amhara, d’être derrière ces assassinats. Chef de la sécurité de la région amhara, il avait ouvertement entrepris de former des milices ethniques. Il a été tué lundi par des policiers alors qu’il fuyait Bahir Dar, la capitale régionale.

Jeudi, le Mouvement national amhara (NaMa), un parti ethno-nationaliste d’opposition ayant gagné en popularité depuis l’ouverture de l’espace démocratique, avait affirmé que 56 de ses membres et sympathisants avaient été arrêtés à Addis Abeba. La porte-parole n’a pas précisé si les arrestations annoncées vendredi incluaient celles évoquées par la NaMa.

Cette crise a commencé samedi dernier quand dans l’après-midi un commando armé a tué le président de la région amhara, un de ses conseillers et le procureur général de l’Amhara, à Bahir Dar.

Quelques heures plus tard, le chef d’état-major des armées éthiopiennes Seare Mekonnen était tué à Addis Abeba par son garde du corps alors qu’il organisait la réponse à l’attaque de Bahir Dar – de même qu’un général à la retraite qui lui rendait visite.

Dans une apparente contradiction avec les accusations du gouvernement, une équipe gouvernementale chargée de faire la lumière sur ces attaques a indiqué jeudi soir que son enquête devait déterminer si « les meurtres à Bahir Dar (…) et à Addis Abeba sont liés ».

– Nouveau chef d’état-major –

Ces événements sont considérés comme une gifle à l’agenda réformateur du Premier ministre Abiy Ahmed qui a notamment libéré des opposants, légalisé des groupes dissidents, amélioré la liberté de la presse ou encore entrepris de libéraliser l’économie éthiopienne.

Selon les observateurs, ces réformes ont permis aux nationalismes ethniques de s’émanciper, au point d’affaiblir considérablement la coalition au pouvoir, le Front démocratique révolutionnaire du peuple éthiopien (EPRDF), et les partis la composant. Des élections législatives sont prévues en 2020.

La porte-parole du gouvernement a assuré que « ces tentatives (de destabilisation) ne vont rien changer aux réformes ». « En fait, elles risquent plutôt d’accélérer les réformes, le gouvernement s’engage à renforcer le processus de réformes ».

Après plusieurs jours d’hommage aux responsables assassinés et le retour de la dépouille du chef d’état-major, Seare Mekonnen, à Mekele, dans sa région natale du Tigré, le pouvoir a nommé son remplaçant en la personne du général Adem Mohammed, selon la télévision EBC, proche du pouvoir.

Les violences ethniques en Ethiopie, qui ont le plus souvent pour enjeux des questions territoriales et des ressources, ont déjà jeté sur les routes plus de deux millions de déplacés et fait des centaines de morts, principalement le long des frontières entre les régions du pays dessinées sur les bases d’un fédéralisme ethnique.

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