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Face au cortège de milliers de migrants, Trump tente de galvaniser les électeurs

Donald Trump s'est saisi de l'avancée d'un cortège de milliers de migrants marchant vers les Etats-Unis pour replacer au coeur…

Donald Trump s’est saisi de l’avancée d’un cortège de milliers de migrants marchant vers les Etats-Unis pour replacer au coeur de la campagne des élections cruciales de mi-mandat le sujet brûlant de l’immigration et galvaniser sa base, prenant les démocrates en défaut.

« C’est un assaut contre notre pays, un assaut », a martelé Donald Trump devant des supporteurs enthousiastes lundi soir au Texas, Etat frontière avec le Mexique, reprenant avec engouement le sujet de l’immigration qui avait figuré au coeur de sa campagne présidentielle victorieuse en 2016.

Les images de milliers de migrants honduriens avançant groupés à travers le Guatemala puis le Mexique tournent en boucle depuis la semaine dernière sur les écrans américains.

Un hasard du calendrier qui « ne pouvait pas mieux tomber » pour les républicains, souligne Muzaffar Chishti, avocat et directeur de l’institut sur les politiques de migration à l’université de droit de New York.

Dans deux semaines exactement, le 6 novembre, les Américains sont appelés à voter pour renouveler le Congrès, contrôlé par les républicains. Les démocrates ont de bonnes chances de reprendre la Chambre des représentants mais la voie est plus compliquée pour qu’ils s’emparent du Sénat.

Et avec de nombreuses élections extrêmement serrées, qui vont se jouer sur le fil du rasoir, tout peut faire basculer l’issue du scrutin.

« Pendant que nous parlons, le parti démocrate encourage des millions d’étranger illégaux à enfreindre nos lois et violer nos frontières et submerger notre pays », a accusé, sans aucun fondement, le président américain lundi soir.

Evoquant la menace terroriste, Donald Trump affirme que des personnes originaires du Moyen-Orient se sont glissés dans cette « caravane », ainsi que des membres du gang salvadorien ultra-violent MS-13.

Un argument repris mardi par son vice-président, Mike Pence, qui a déclaré « inconcevable qu’il n’y ait pas des personnes originaires du Moyen-Orient dans cette foule ».

M. Pence a également déclaré que le président hondurien, Juan Orlando Hernandez, lui avait affirmé que ce cortège de migrants était « organisé par des groupes de gauche au Honduras, financé par le Venezuela et envoyé vers le Nord pour défier notre souveraineté ».

Exténués après déjà dix jours de marche, les quelque 7.000 migrants en majorité honduriens, dont des femmes et des enfants en bas âges, se reposaient mardi dans le sud du Mexique, à environ 1.800 kilomètres du poste frontière américain le plus proche.

– Renforcer la mobilisation –

Le président américain sous-entend depuis plusieurs jours que c’est l’opposition qui a planifié cette « caravane », laissant penser que certains clandestins pourraient voter illégalement le 6 novembre. Mais des stratèges républicains le soulignent eux-mêmes: le parti au pouvoir ne pouvait rêver d’un meilleur timing pour leur campagne électorale.

« Compte tenu du niveau de division dans la politique américaine, tout changement soudain (…) à l’image de cette situation, peut modifier l’équilibre », souligne Manuel Orozco, de l’organisation internationale Inter-American Dialogue.

Oubliée désormais l’indignation, jusque dans les rangs républicains, provoquée par la séparation des familles de migrants ordonnées par l’administration Trump cet été.

L’immigration clandestine figurait déjà depuis des semaines au sommet des préoccupations des électeurs républicains mais au plus bas chez les électeurs démocrates, qui sont eux beaucoup plus centrés sur la santé.

L’affaire des migrants tombe à point pour « renforcer » la mobilisation de la base républicaine, estime Muzaffar Chishti. « Reste à voir si cela fera changer d’avis des électeurs démocrates ou indépendants ».

Apparemment conscients du danger, les démocrates semblent hésiter sur la stratégie à suivre. S’ils adoptent une ligne aussi dure que celle du président, ils risquent de braquer une partie de leur base. Mais s’ils ne font rien, ils prêtent le flanc aux critiques des républicains.

Pour l’instant, la majorité semble décidée à éviter le sujet, tentant à tout prix de maintenir l’attention sur la santé.

« Trump et les républicains suscitent la peur et mentent pour obtenir des votes », accusait le parti démocrate mardi. « Face aux attaques républicaines, les démocrates se soucient de la protection du système de santé ».

Signe criant du malaise démocrate, la chef du groupe des élus de la Chambre d’origine hispanique, Michelle Lujan Grisham, qui représente à Washington l’Etat frontalier du Nouveau Mexique, avait, mardi à la mi-journée, dédié ses trois tweets du jour à s’indigner d’une mesure visant les personnes transgenres envisagée par l’administration Trump.

Depuis une semaine exactement, pas un mot en revanche sur les migrants honduriens.

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