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Immigration: Chemnitz relance le conflit au sein du gouvernement Merkel

Les incidents de Chemnitz ont rallumé jeudi le conflit sur la politique d'Angela Merkel à l'égard des réfugiés au sein…

Les incidents de Chemnitz ont rallumé jeudi le conflit sur la politique d’Angela Merkel à l’égard des réfugiés au sein de son propre camp conservateur et de son gouvernement, le ministre de l’Intérieur qualifiant l’immigration de « mère de tous les problèmes ».

Deux mois seulement après avoir évité un éclatement de sa coalition sur le sujet, la chancelière allemande se voit à nouveau fragilisée sur sa droite, au moment où se profilent des élections régionales très importantes en Bavière en octobre.

Et à nouveau, le coup de semonce a été donné par le ministre bavarois de l’Intérieur Horst Seehofer, un des responsables du parti très conservateur CSU, en principe allié à celui de centre-droit d’Angela Merkel (CDU).

« La question migratoire est la mère de tous les problèmes dans ce pays. Cela fait trois ans que je le dis », a-t-il déclaré au quotidien régional Rheinische Post.

Il a aussi pris la défense des manifestants à Chemnitz, précisant « qu’en tant que citoyen », il serait « aussi descendu dans les rues » de la ville.

– Matteo Salvini –

« Pour la première fois, nous avons un parti à la droite de l’Union chrétienne (CDU-CSU) qui pourrait s’établir à moyen terme, un pays divisé et un manque de soutien pour les grands partis traditionnels dans la société », a-t-il averti.

Des propos presque similaires à ceux exprimés en début de semaine par son homologue italien d’extrême droite Matteo Salvini, pour qui les violences à Chemnitz sont dues à la politique migratoire de la chancelière.

Cette dernière a, selon lui, « sous-estimé » la difficulté à intégrer des centaines de milliers de migrants en Allemagne, après les avoir laissés entrer en 2015 et 2016.

Chemnitz, en Saxe, a été le théâtre fin août et début septembre de multiples manifestations à l’appel de l’extrême droite suite au meurtre à l’arme blanche d’un Allemand de 35 ans, un homicide pour lequel deux demandeurs d’asile ont été placés en détention provisoire, et un troisième est recherché.

Plusieurs de ces rassemblements visant à dénoncer l’immigration et la politique d’Angela Merkel ont dégénéré en violences, notamment à l’égard d’étrangers. La droite ultra a pris prétexte de cet homicide pour dénoncer la hausse de l’insécurité dont seraient responsables les étrangers.

Mme Merkel, qui doit prochainement se rendre à Chemnitz, a dénoncé « les chasses collectives » et « la haine dans la rue » qui « n’a pas sa place dans un Etat de droit ».

Mais mercredi, elle a été contredite par un responsable de son propre parti, le chef du gouvernement régional de Saxe justement, Michael Kretschmer. Il a réfuté l’idée qu’il y ait eu dans les rues de Chemnitz des « chasses collectives » aux étrangers ou des « foules » violentes, mettant les incidents sur le compte d’extrémistes isolés.

– Conflit récurrent –

Depuis trois ans, Angela Merkel ne parvient pas à faire durablement baisser les tensions politiques autour de la questions migratoire, à l’origine d’une entrée en force du parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD) à la chambre des députés il y a un an.

Début juillet, elle avait réussi in extremis à éviter l’éclatement de sa coalition gouvernementale suite déjà à un conflit avec son ministre de l’Intérieur qui réclamait le refoulement à la frontière des demandeurs d’asile déjà enregistrés dans un autre pays de l’UE.

Depuis, son gouvernement s’efforce de conclure des accords bilatéraux avec les pays européens sur ces reconduites. Avec des résultats mitigés. Jeudi, M. Seehofer a critiqué ce compromis qu’il avait pourtant accepté en juillet.

« Concernant l’accord avec l’Italie, pour chaque migrant que nous expulsons, nous devons en prendre un autre. C’est un jeu à somme nulle qui remet certes de l’ordre » dans les procédures d’asile « mais ne limite pas » l’immigration, a-t-il affirmé.

Le parti CSU de M. Seehofer est sous pression avant les élections en Bavière le 14 octobre, menacé de perdre sa majorité absolue du fait de la poussée de l’AfD.

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