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La course au poste de gouverneur de Floride, symbole des divisions américaines

Un démocrate noir charismatique face à un républicain blanc anti-immigration: la bataille pour le poste de gouverneur de Floride, en…

Un démocrate noir charismatique face à un républicain blanc anti-immigration: la bataille pour le poste de gouverneur de Floride, en jeu lors des élections de mi-mandat début novembre, est représentative des profondes divisions actuelles de la politique américaine.

Dans le coin démocrate: Andrew Gillum, 39 ans, maire de Tallahassee, capitale de la Floride. Celui que ses partisans n’hésitent pas à comparer à Barack Obama espère devenir le premier gouverneur noir de l’histoire de cet Etat du sud-est.

De l’autre côté du ring: Ron DeSantis, 40 ans, ancien membre républicain de la Chambre des représentants. Taillé du même bois populiste que Donald Trump, il souhaite limiter l’avortement, baisser les impôts, durcir la politique migratoire et alléger celle sur le contrôle des armes.

Mais les deux traînent une casserole.

Pour M. Gillum, une enquête de la police fédérale (FBI) sur des soupçons de corruption à Tallahassee. Pour M. DeSantis, une polémique née de son utilisation d’un verbe composé à partir du mot « singe » (« monkey this up ») en direction de son opposant noir pour dire que ce dernier risquait de nuire aux avancées économiques supposées du gouverneur républicain actuel.

A la frange de leurs propres camps, ils ne pourraient pas être plus éloignés sur l’échiquier politique.

Alors que les deux hommes sont au coude à coude dans les sondages, le résultat de ce scrutin pourrait donner quelques indications concernant la perspective d’une candidature démocrate très à gauche pour l’élection présidentielle de 2020.

« Nous avons l’opportunité d’envoyer un message (…) qui, je pense, résonnera à travers les 50 Etats, à travers la nation et le monde, que tout n’est pas perdu et qu’il y a toujours de l’espoir », a lancé Andrew Gillum la semaine dernière devant la communauté LGBT à Miami.

Son programme –budgets en hausse pour l’environnement, l’éducation et la santé– trouve un écho positif chez les jeunes mais pas seulement.

« C’est une source d’inspiration incroyable », s’émeut Donald Shockey, urbaniste de 60 ans, les larmes aux yeux après le discours du candidat démocrate. « Un être humain merveilleux. »

– Vote hispanique courtisé –

A l’optimisme affiché par le camp démocrate, Susan MacManus, enseignante en sciences politiques à l’université de Floride du Sud, oppose le résultat de la présidentielle de 2016, qui avait vu les Floridiens voter majoritairement en faveur de Donald Trump.

« Il semble que l’on sous-estime le nombre de gens qui vont voter pour les républicains, et cela vient principalement du fait que les médias diabolisent, d’une certaine façon, les gens qui se disent conservateurs », avance-t-elle.

Alors que M. Gillum aura besoin pour l’emporter d’une large mobilisation de l’électorat jeune et noir, son adversaire tente de ratisser en direction du centre.

Il sait que la communauté hispanique, très importante en Floride, y a joué un rôle décisif dans la victoire de Donald Trump en 2016, et a pris comme suppléante une Américano-Cubaine, Jeanette Nunez, pour tenter de les séduire.

Dans son dernier spot télé, en espagnol, M. DeSantis met les électeurs en garde contre les « idées socialistes » –autrement dit d’extrême gauche– de son rival.

« Aucune de ces idées n’a fonctionné », dit la voix-off sur fond d’images montrant des logements délabrés de La Havane, à Cuba. « Le programme de Gillum aboutira à la même chose: la misère ».

Quelque 50.000 Porto-Ricains –qui ont la citoyenneté américaine– se sont installés en Floride depuis le passage dévastateur de l’ouragan Maria en 2017, et devraient punir les républicains pour la gestion désastreuse par l’administration Trump, de la catastrophe, qui a causé la mort de près de 3.000 personnes sur l’île.

La moitié des 13 millions de Floridiens inscrits sur les listes électorales sont d’origine cubaine (28%) ou porto-ricaine (22%), selon l’ONG Fédération hispanique.

Sans surprise, « les deux camps rivalisent d’efforts pour s’attirer leurs faveurs », note l’analyste Susan MacManus.

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