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La Grèce se prépare à de possibles violences pour la commémoration du 17-Novembre sanglant

Quelque 5.000 policiers seront déployés dimanche dans les rues d'Athènes pour prévenir de possibles débordements lors de la traditionnelle manifestation…

Quelque 5.000 policiers seront déployés dimanche dans les rues d’Athènes pour prévenir de possibles débordements lors de la traditionnelle manifestation de commémoration des événements du 17 novembre 1973, quand un soulèvement étudiant contre la dictature des colonels avait été réprimé dans le sang.

Toujours très attendue, cette manifestation annuelle est la première depuis l’élection en juillet du gouvernement conservateur de Kyriakos Mitsotakis et l’abolition, en août, d’une loi qui interdisait toute intervention policière dans l’enceinte d’une université.

Cette commémoration, qui dégénère souvent en émeutes, marquera le 46e anniversaire du soulèvement des étudiants de l’école Polytechnique d’Athènes contre le régime des colonels, soutenu par les Etats-Unis (1967-1974). L’intrusion de chars dans l’établissement universitaire avait fait au moins 24 morts.

Ces dernières années, les manifestants, au nombre de 10.000 en 2018, en profitaient pour dénoncer « l’impérialisme » américain et les mesures d’austérité imposées à la Grèce par ses créanciers internationaux (FMI et UE) pendant sa crise de la dette.

Cette année, le climat est particulièrement tendu après l’arrivée au pouvoir d’un gouvernement de droite, dont la priorité affichée est d’assurer « la sécurité » des citoyens.

Moins d’un mois après sa prise de fonctions, le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis a mis à exécution sa promesse de campagne, en faisant abolir d’emblée la loi dite de « l’asile universitaire ». Hérité du soulèvement étudiant du 17 novembre 1973, ce texte qui interdisait à la police de pénétrer au sein des facultés grecques était synonyme du retour de la Grèce à la démocratie.

L’abolition de cette loi a suscité plusieurs manifestations de protestation. Mais pour le gouvernement, elle était nécessaire, les universités étant devenues, selon lui, « un sanctuaire pour les trafics de drogue » et « les groupes anarchistes ».

Tous les 17-Novembre, le drapeau taché de sang qui flottait cette nuit-là au dessus du portail de l’école Polytechnique est traditionnellement porté en tête de cortège.

« Il nous faut être prudent ces jours-ci, on doit se prémunir de tout commentaire » public, a prévenu le recteur de l’Ecole Polytechnique Andreas Bantouvas.

« Nous serons là avec 5.000 policiers », a alerté Stavros Balaskas, représentant d’un syndicat de police, sur la radio Ellada. Des pompiers, des drones et un hélicoptère seront également mobilisés.

– Le maire appelle au civisme –

« Envoyons le bon message en ce jour anniversaire », a exhorté le maire d’Athènes Kostas Bakoyannis. « Un message partagé du souvenir. Nous ne devons pas obscurcir son essence, qui est le combat de la jeunesse pour la démocratie. En cet anniversaire, montrons du respect à l’égard de la ville », a plaidé l’édile, neveu du Premier ministre, dans un message sur Facebook.

A l’approche de la commémoration, le parlement grec a voté jeudi le durcissement des peines de prison pour violences urbaines. Le jet d’un cocktail Molotov, pratique très répandue lors des manifestations en Grèce, est désormais passible de dix ans de prison, contre cinq auparavant.

« Il faut des lois et des règles pour que le citoyen grec se sente en sécurité », a plaidé le ministre de la Justice Kostas Tsiaras.

Cette réforme du code pénal est vivement critiquée par la gauche et les organisations étudiantes qui ont dénoncé des interventions policières « musclées » ces derniers jours dans les universités.

Lundi, environ 200 étudiants manifestant à l’université d’Economie d’Athènes ont été encerclés par des forces anti-émeutes qui ont fait usage de gaz lacrymogènes et arrêté deux personnes.

Depuis juillet, la police est également intervenue plusieurs fois dans le quartier contestataire d’Exarchia pour évacuer des squats occupés par des migrants et des militants de gauche.

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