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La Lettonie élit ses députés, pro-russes et populistes favoris

Les Lettons élisent samedi leurs députés, avec la possibilité de voir un parti pro-russe former le gouvernement alors même qu'ils…

Les Lettons élisent samedi leurs députés, avec la possibilité de voir un parti pro-russe former le gouvernement alors même qu’ils célèbrent le centenaire de leur indépendance.

« Harmonie (le parti pro-Kremlin, populaire au sein de l’importante minorité russophone) s’adjugeant le prochain cabinet avec les populistes – cette menace est réelle », assure à l’AFP un électeur, Aigarrs Karklins, devant son bureau de vote à Rezekne dans l’est du pays.

« Je fais mon choix pour la Lituanie membre de l’UE et de l’Otan et j’espère que la plupart d’entre nous le feront. Sinon, cette élection restera dans les mémoires comme un Octobre rouge », ajoute-t-il.

D’autres électeurs interrogés par l’AFP semblaient hésiter encore entre les listes des seize partis participant au scrutin proportionnel. « Avant d’aller voter, j’ai appelé quelques amis pour demander leur avis, car je pense choisir entre les Progressistes et le (parti libéral pro-occidental) FOR », confie un jeune cheminot dans la ville d’Olaine, Raimonds Bradovskis.

« Mais je vais probablement voter pour ceux qui ont plus de chances de franchir le seuil de 5% », nécessaire pour introduire un député au Parlement, ajoute-t-il.

A midi, la participation atteignait 22%, selon la commission électorale centrale, un peu moins qu’en 2014 à la même heure.

Un peu plus tôt, après avoir voté, le président Raimonds Vejonis avait évoqué le Brexit en appelant tous les citoyens à faire leur devoir électoral, pour éviter de mauvaises surprises.

« Des jeunes gens, pro-UE, n’ont pas jugé important de voter contre le Brexit, ils étaient certains que le Brexit était impossible – et nous savons tous ce qui s’est passé », a déclaré M. Vejonis.

La coalition sortante de centre-droit a réussi à redresser l’économie lettonne après la crise de 2009 mais l’électorat, fatigué par les efforts consentis, est à la recherche de nouveaux visages.

« J’espère que le parti +Nouvelle Unité+ et d’autres partis pro-occidentaux rassembleront assez de voix pour avoir la majorité », disait à la veille du vote Janis Parstrauts, un ouvrier métallurgiste. « Sinon, nous avons une coalition pro-Kremlin et populiste, et les carottes sont cuites ».

Cette perspective fait peur à plus d’un dans ce pays balte d’1,9 million d’habitants dont l’histoire est marquée par des relations difficiles avec le grand voisin russe.

La , comme la Lituanie et l’Estonie voisines, a obtenu l’indépendance en 1918, après la chute de l’empire des tsars.

Mais les trois pays baltes ont ensuite été occupés par l’Allemagne nazie et, pendant un demi-siècle, par l’Union soviétique.

Harmonie, le parti pro-Kremlin de centre-gauche, « promet de réduire les dépenses pour la défense à 1% du PIB », relève l’analyste politique Marcis Bendiks.

« C’est en rupture avec notre entente avec l’Otan » dont la Lettonie est membre depuis 2004, ajoute-t-il.

Le pays, membre de l’Union européenne et de la zone euro, atteint actuellement le seuil de 2% du PIB, souhaité par l’Alliance atlantique.

– « Visages frais » –

Lié dans le passé par un accord avec le parti Russie unie de Vladimir Poutine, Harmonie est arrivé premier aux législatives de 2014 mais n’a pu prendre le pouvoir, les autres partis refusant tous d’entrer en coalition avec lui.

Un gouvernement tripartite a alors été créé par l’Union des Verts et Paysans (centre-droit), l’Alliance Nationale (droite) et l’Unité (centre-droit).

Cette équipe, qui a permis à la Lettonie de renouer avec la croissance, est en perte de vitesse dans les sondages.

Les électeurs « veulent des visages frais. (…) C’est là que le populisme trouve son créneau », explique le politologue Filips Rajevskis.

Harmonie, qui a recruté quelques personnalités d’origine lettone comme têtes de liste, devrait rééditer son succès et avoir au moins 28 députés sur cent.

– Partenaire potentiel –

Après une décennie d’échecs, ce parti pourrait finalement former un gouvernement, en s’alliant avec les populistes du KPV LV.

Ce partenaire potentiel, conduit par l’ancien acteur Artuss Kaimins, arriverait deuxième selon certains sondages qui le créditent d’une quinzaine de sièges. Harmonie devrait donc trouver encore une petite dizaine de députés pour avoir la majorité.

Le candidat du KPV LV pour le poste de Premier ministre, le juriste Aldis Gobzems, a laissé entendre qu’il n’excluait pas une alliance avec Harmonie.

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