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La Pologne, divisée, marque le 30e anniversaire d’un scrutin qui a ébranlé le communisme

Trente ans après les élections législatives qui avaient précipité la chute du communisme en Europe de l'Est, les Polonais marquent…

Trente ans après les élections législatives qui avaient précipité la chute du communisme en Europe de l’Est, les Polonais marquent cet anniversaire solennellement mais dans un climat de profondes divisions idéologiques et politiques.

Une multitude de cérémonies, débats, concerts et manifestations diverses sont prévues mardi à travers le pays pour rappeler ce premier scrutin.

Mais alors que les maires des 12 plus grandes villes et nombre d’anciens opposants anticommunistes, dont le visage légendaire de la transformation polonaise Lech Walesa et le président du Conseil européen Donald Tusk, se sont donné rendez-vous dans la ville portuaire de Gdansk « où tout à commencé », les conservateurs au pouvoir marquent la date de manière plus formelle, notamment lors d’une session du Sénat à Varsovie avec la participation attendue du président Andrzej Duda.

– « Semi-démocratiques » –

Le 4 juin 1989, à la suite des négociations dites de « table ronde » entre le régime du général Wojciech Jaruzelski et l’opposition conduite par Lech Walesa, le leader de Solidarité, le premier syndicat libre du monde communiste, les Polonais ont voté aux élections législatives « semi-démocratiques » qui se sont soldées par un désaveu total du pouvoir et du système communiste.

Au terme de cette consultation inédite depuis l’instauration du régime contrôlé par Moscou à la fin de la Seconde guerre mondiale, l’opposition a fait le plein des 35% des sièges à la chambre basse auxquelles elle pouvait prétendre, selon la loi électorale négociée, le pouvoir s’y étant réservé la majorité de 65%.

Les candidats soutenus par Solidarité ont en même temps occupé 99% des sièges au Sénat où le scrutin fut totalement libre.

Deux mois plus tard, l’intellectuel catholique Tadeusz Mazowiecki devenait le premier chef de gouvernement non-communiste en Europe de l’Est. Le mur de Berlin tombait en novembre.

Dix ans après, la Pologne rejoignait l’Otan. Cinq ans plus tard, elle entrait dans l’Union européenne.

« C’étaient des élections extrêmement importantes. Elles ont ébranlé un régime (communiste) qui semblait installé pour toujours », a indiqué à l’AFP Stanislaw Mocek, le président de l’Université Collegium Civitas à Varsovie.

« Cela a bien réussi: le démontage du système a provoqué une avalanche dans les mois et les années qui ont suivi » en Europe centrale et orientale, où les régimes communistes sont tombés l’un après l’autre, jusqu’à finir par la décomposition de l’Union soviétique.

– « Complot des élites » –

On ne discute pas sur ces faits mais le conflit persiste sur les moteurs du changement. Des conservateurs nationalistes vont jusqu’à parler d’un « complot des élites » communistes avec celles de l’opposition démocratique en 1989. Un âpre débat continue aussi sur la suite des événements, sur le choix du chemin emprunté pour passer d’une économie communiste centralisée vers la démocratie et le marché libre, un chemin jamais exploré auparavant, nulle part dans le monde.

« Aujourd’hui, nous avons deux camps qui marquent cet anniversaire chacun chez soi. D’un côté la Pologne qui veut un système libéral démocratique, et de l’autre ceux qui le souhaitent un peu plus autoritaire comme c’est le cas aujourd’hui. Et c’est triste », déclare M. Mocek.

Selon un sondage publié lundi, les élections de juin 1989 sont considérées comme un succès par 90% des partisans de l’opposition libérale et seulement par 40% de ceux du parti conservateur au pouvoir. La même proportion de ces derniers y voit un échec et 20% restants n’expriment pas d’opinion, selon cette étude de l’institut Ipsos réalisée du 21 au 23 mai auprès de 1.000 adultes, publiée par le site d’informations OKO.press.

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