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La presse camerounaise se fait l’écho des crises politiques

La mise en détention provisoire de plus de 200 dirigeants, alliés et militants du Mouvement pour la renaissance du Cameroun…

La mise en détention provisoire de plus de 200 dirigeants, alliés et militants du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC, opposition) retient l’attention des journaux du pays parus mercredi, au même titre que le front de la crise sécessionniste anglophone qui continue d’embraser les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.Intervenue tard dans la nuit, l’envoi derrière les barreaux de ceux qui contestent la victoire de Paul Biya à l’élection présidentielle du 7 octobre 2018 apparaît néanmoins en couverture de The Voice, Émergence et Le Jour.

Pour la dernière publication citée le leader du parti, Maurice Kamto et les siens sont victimes de leur logique de contestation des résultats dudit scrutin, alors que les manifestations du 26 janvier, à l’origine de leurs malheurs étaient pacifiques.

Et de s’étonner qu’on puisse accuser d’hostilité contre la patrie, rébellion de groupe, insurrection, incitation à la révolte ou encore perturbation de la circulation des personnes et des biens, des gens qui défilaient à mains nues, qui n’ont rien cassé et ne faisaient qu’exercer leur droit à la différence.

Les reporters d’Émergence, qui toute la journée de mardi ont campé au tribunal militaire de Yaoundé, la capitale, racontent les longues heures pendant lesquelles cette cour d’exception a développé sa mise en scène, laissant délibérément le temps s’écouler avant de prononcer la détention provisoire.

«La stratégie de l’étouffement», titre La Nouvelle Expression : Maurice Kamto, qui travaille à implanter son parti sur l’étendue du territoire avant les législatives et municipales de cette année, pourrait avoir à tout recommencer si jamais le MRC n’existait plus, ou perdait toute légalité ainsi que cela se dessine dans les cercles du pouvoir.

C’est une affaire qui prend une tournure dramatique, soupire Émergence, au moment où le pays fait déjà face à d’autres crises à l’instar du phénomène de coupeurs de route dans l’Adamaoua, la gestion chaotique des réfugiés centrafricains et nigérians, la bataille contre la secte islamiste Boko Haram dans l’Extrême-Nord et, surtout, la guerre sécessionniste anglophone.

De cette dernière guerre séparatiste, justement, le journal rend compte de l’attaque, la veille, du convoi du gouverneur de la région du Sud-Ouest, Bernard Okalia Bilaï par des «forces ambazoniennes», alors qu’il se rendait sur le site de l’hôpital de district de Kumba, incendié la veille et ce au moment où sécessionnistes et armée loyaliste se rejettent la responsabilité de ce drame ayant par ailleurs tué quatre malades.

À l’aller comme au retour, le cortège a été criblé de balles ayant blessé quatre passagers, affirment en chœur Eden, Mutations, La Nouvelle Expression et The Guardian Post, rappelant que la délégation de la même personnalité avait déjà essuyé des tirs nourris de séparatistes ne 20 avril 2018.

L’incendie criminel de l’hôpital de Kumba est «cruel et insensé», s’insurge le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune qui, passant brièvement sur cet incident, montre en photo un gouverneur de région sur les lieux du sinistre, casque lourd sur la tête, emmitouflé dans un gilet pare-balles et entouré d’un imposant dispositif sécuritaire.

Sur quatre pages, le journal fait la ronde des réactions indignées du gouvernement, du corps médical, des organismes de défense des droits de l’homme, des politiques et de la société civile : «Un hôpital de district ne saurait être un objectif militaire. D’où vient-il donc que l’on décide de mettre le feu à une formation hospitalière qui accueille d’innocentes personnes qui n’y viennent que pour recevoir des soins ? On ne peut donc que s’indigner face à ce qui est arrivé il y a quelques jours à l’hôpital de district de Kumba, dans la région du Sud-Ouest, car même la guerre a des règles. Et les enfreindre peut exposer à un certain nombre de sanctions.»

Au-delà de Kumba, prolonge The Voice, ce sont plus de 200 villages qui ont été rasés en zone anglophone depuis le début du conflit, en octobre 2016, et ce alors que le bain de sans se poursuit.

Ce qu’il y a lieu de constater, appuie Sans Détour, c’est que les sécessionnistes ont décidé d’imposer l’embargo dans les régions anglophones.

La zone sous conflit présente aujourd’hui «les images d’un Cameroun dans la nasse», déplore La Nouvelle Expression : des simples «villes mortes», on est passé au blocus, aux jets de pierres, aux affrontements armés avec leur lot d’intimidations et d’enlèvements ; de la peur à la terreur ; de quelques écoles ouvertes à presque tous les établissements fermés.

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