InternationalAFP




Le juge Kavanaugh à la Cour suprême, Donald Trump crie victoire

Le Sénat américain a approuvé samedi la nomination du juge Brett Kavanaugh à la Cour suprême après trois semaines de…

Le Sénat américain a approuvé samedi la nomination du juge Brett Kavanaugh à la Cour suprême après trois semaines de tourmente politique, offrant à Donald Trump une nouvelle victoire qui devrait satisfaire son électorat conservateur à un mois, jour pour jour, des élections parlementaires.

« J’applaudis et je félicite le Sénat pour la confirmation de notre formidable candidat », a salué sur Twitter le président américain, qui a défendu bec et ongles M. Kavanaugh.

Il doit prêter officiellement serment samedi soir lors d’une cérémonie privée à la Cour suprême, a précisé dans un communiqué l’institution.

En votant à une très courte majorité (50-48) — la plus courte depuis 1881 –, les sénateurs ont mis un terme à un processus de confirmation chaotique, marqué par des accusations d’agression sexuelle datant de plus de 30 ans contre le magistrat.

Ces accusations ont accentué les clivages au sein de la société américaine et des milliers de personnes ont protesté dans le pays contre M. Kavanaugh.

– Foudres présidentielles –

Un millier de manifestants ont passé la journée de samedi devant la Cour suprême située à quelques dizaines de mètres du Capitole. Après le scrutin, ils ont frappé de colère à la porte du bâtiment de marbre blanc, obligeant la police à intervenir.

Et, dans l’hémicycle, le vote a été plusieurs fois interrompu par des cris de protestation.

Le Sénat, chargé de donner le feu vert pour les nominations à vie au sein du temple du droit américain, a suivi les lignes partisanes –les républicains votant pour et les démocrates contre– à l’exception d’un élu démocrate. La républicaine de l’Alaska Lisa Murkowski, qui avait annoncé qu’elle voterait non, s’est finalement abstenue.

L’élue, qui remettra son mandat en jeu en 2022, s’est pourtant attirée les foudres du président américain. « Elle ne s’en remettra pas. Je pense que les gens de l’Alaska ne lui pardonneront jamais pour ce qu’elle a fait », a affirmé au Washington Post M. Trump, qui devait participer à une réunion électorale dans la soirée au Kansas.

A 53 ans, le juge Kavanaugh va ainsi rejoindre la plus haute juridiction des Etats-Unis, qui vérifie la constitutionnalité des lois et arbitre les conflits les plus épineux de la société américaine (droit à l’avortement, peine de mort, encadrement des armes à feu, mariage homosexuel, protection de l’environnement…).

Donald Trump peut crier victoire. Comme promis pendant la campagne, il a fait pencher l’institution dans le camp conservateur en nommant deux juges depuis son entrée en fonction. Les « progressistes » sont désormais en minorité (quatre sur neuf).

C’est un revers pour les démocrates et défenseurs des droits civiques qui s’étaient mobilisés dès sa nomination en juillet pour tenter d’empêcher sa confirmation.

Mais la candidature de , un brillant magistrat formé à l’université de Yale, a déraillé quand une femme l’a accusé mi-septembre d’une tentative de viol remontant à une soirée entre lycéens en 1982.

Cette accusation a provoqué un choc, près d’un an après le lancement du mouvement #MeToo contre les violences sexuelles.

Lors d’une audition au Sénat suivie par vingt millions d’Américains, Christine Blasey Ford, universitaire de 51 ans, s’est dite sûre « à 100% » d’avoir été agressée par M. Kavanaugh alors qu’elle n’avait que 15 ans et lui 17.

En colère, le magistrat a clamé son innocence et s’est dit victime d’une campagne de dénigrement orchestrée par l’extrême gauche.

Sous la pression d’élus indécis, le Sénat a alors reporté sa décision d’une semaine.

Un rapport complémentaire de la police fédérale (FBI) a toutefois conforté les républicains, qui n’y ont « rien » trouvé de compromettant. Pour les avocats de Mme Ford, ce rapport n’est pas « significatif » car ni Mme Ford ni le juge Kavanaugh n’ont été interrogés.

– « Votez » –

Donald Trump espère que ce succès politique, couplée à une ligne dure sur l’immigration et une économie en pleine croissance, poussera ses partisans à le remercier dans les urnes lors des « midterms », et à lui offrir une majorité plus confortable au Congrès. « Les républicains vont très bien s’en sortir », a-t-il dit samedi à des journalistes l’accompagnant au Kansas. « Nous bénéficions d’un dynamisme que l’on avait pas vu depuis des années ».

Les démocrates espèrent eux que cette nouvelle polémique mobilisera l’électorat féminin et leur permettra de reprendre le contrôle du Congrès.

« Nous sommes déçues. Nous sommes furieuses. Mais nous exprimerons notre colère aux élections », a mis en garde sur Twitter l’organisation d’aide aux candidates démocrates Emily’s List.

« Aux Américains, à tous les millions de gens outrés par ce qu’il s’est passé ici, il n’y a qu’une réponse: votez », avait lancé samedi avant le vote au Sénat le chef de la minorité démocrate, Chuck Schumer.

Suivez l'information en direct sur notre chaîne