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Le ministre américain de la Justice comparaît au Sénat sur fond d’appel à sa démission

Le ministre américain de la Justice Bill Barr comparaît pour une audience à haut risque mercredi au Sénat, fragilisé par…

Le ministre américain de la Justice Bill Barr comparaît pour une audience à haut risque mercredi au Sénat, fragilisé par la révélation d’un courrier critique que lui a adressé le procureur en charge de la délicate enquête russe.

Plusieurs démocrates, qui l’accusent de complaisance envers le président Donald Trump, appellent à sa démission et l’opposition devrait le presser de questions lors de cette audition devant la commission judiciaire de la chambre haute, à partir de 10H00 (14H00 GMT).

Le procureur Robert Mueller, qui a enquêté pendant près de deux ans sur les ingérences de Moscou dans la campagne présidentielle de 2016, a écrit au ministre le 27 mars pour se plaindre de la manière dont il a présenté les conclusions de son investigation.

Dans son courrier, dont l’AFP a consulté une copie, il estimait que le résumé publié par Bill Barr trois jours plus tôt ne traduisait pas « le contexte, la nature et la substance » de son enquête.

Le ministre de la Justice a été le premier destinataire du rapport final de M. Mueller qui devait dire s’il y avait eu collusion entre Moscou et l’équipe de campagne de Donald Trump et si, une fois président, celui-ci avait cherché à entraver ses investigations.

« Il y a maintenant une confusion du public à propos d’aspects critiques des résultats de notre investigation. Cela menace l’un des objectifs centraux pour lesquels le ministère a nommé un procureur spécial: assurer la pleine confiance du public dans le résultats de l’enquête », a déploré Robert Mueller.

Le ministère a confirmé l’existence de ce courrier et expliqué que les deux hommes s’étaient ensuite entretenus par téléphone. A cette occasion, le procureur spécial a souligné qu’il n’y avait « rien d’inexact » dans le résumé fait par Bill Barr mais a fait part de « sa frustration sur le manque de contexte », a souligné la porte-parole du ministère Kerri Kupec dans un communiqué.

– Démission –

Des démocrates, déjà très critiques envers Bill Barr, ont immédiatement demandé le départ du ministre.

« Bill Barr doit démissionner. Il a trompé le peuple américain avec un résumé inexact du rapport Mueller. Puis il a trompé le Congrès quand il a nié avoir eu connaissance des inquiétudes de Mueller. Comment lui faire confiance comme arbitre impartial ? », a tweeté le représentant démocrate Adam Schiff.

« Les Américains méritent de connaître les faits, Barr doit arrêter de se mettre en travers de la vérité », a pour sa part déclaré la cheffe des démocrates au congrès Nancy Pelosi.

Dans son résumé publié le 24 mars, Bill Barr affirmait que l’ancien patron de la police fédérale (FBI) n’avait trouvé aucune preuve de connivence entre la Russie et la campagne Trump.

Concernant l’entrave à la justice, il s’était montré moins catégorique et avait repris une phrase de Robert Mueller lui-même: « Si ce rapport ne conclut pas que le président a commis un crime, il ne l’exonère pas non plus ».

Bill Barr avait néanmoins conclu que le rapport ne pouvait fournir la base de poursuites contre le président, ce qui avait immédiatement suscité une controverse. L’accusant de protéger Donald Trump, les démocrates avaient réclamé la publication du rapport et ont finalement obtenu qu’une version expurgée des passages les plus confidentiels soit diffusée le 18 avril.

Celle-ci a montré un tableau beaucoup plus contrasté de l’action du président des Etats-Unis. Il en ressort notamment que Donald Trump a cherché à limoger Robert Mueller et qu’il a exercé une série de pressions troublantes sur l’enquête.

Depuis, les démocrates se déchirent sur l’opportunité d’entamer une procédure de destitution au Congrès, quasi vouée à l’échec compte tenu de la majorité républicaine au Sénat.

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