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Le protocole, un métier pas si couru par les diplomates

Le chef du service protocole de la présidence sénégalaise, le défunt Bruno Diatta, 69 ans, a été inhumé le 27…

Le chef du service protocole de la présidence sénégalaise, le défunt Bruno Diatta, 69 ans, a été inhumé le 27 septembre 2018 à Dakar après avoir rempli 40 ans durant, d’après le président Macky Sall, cette « mission avec classe, honneur et dignité »… tant de qualités qui rendent difficiles toutefois ce métier, selon certains diplomates.Cette silhouette de Bruno Diatta accompagnant ou recevant un hôte quelconque au Palais, avec cette manie à mimer à la perfection la cadence de la démarche de ce dernier, va certainement manquer les férus du chef protocolaire. Idem pour sa communication verbale ou non verbale teintée de dynamisme, avec souvent ces petits mots glissés pour montrer les bons emplacements aux hôtes du Palais ou à l’entourage présidentiel…

Aussi, la discrétion légendaire du défunt diplomate de formation fut-elle une des marques les plus saluées de son professionnalisme dans le protocole qui, somme toute, est un métier « exigeant », assure dans Le Soleil Mankeur Ndiaye, ancien ministre sénégalais des Affaires étrangères.

« En tant que diplomate de carrière, je peux vous dire que beaucoup de diplomates n’aiment pas le protocole parce qu’il est très exigeant », ajoute M. Ndiaye.

Dans la sphère internationale, le protocole peut être défini comme l’ensemble des règles et usages à respecter en ce qui concerne le cérémonial, la préséance et l’étiquette diplomatiques.

Le chargé du protocole, pouvant intervenir dans une ambassade ou dans un service d’État pour assurer le bon déroulement des événements officiels, coordonne également les relations extérieures en accord avec le protocole d’État, et met en place les manifestations officielles de l’organisation pour laquelle il travaille.

Dans ce sens, le président sénégalais élu en 2012 a « vu de près comment, dans une symphonie sans fausse note, (Bruno Diatta) a organisé en seulement une dizaine de jours, (sa) cérémonie d’investiture et la fête de l’indépendance de notre pays. (Et) c’est donc tout naturellement que je l’ai maintenu dans ses fonctions en l’élevant au rang de Ministre, par décret 2012-435 du 10 avril 2012 », ajoute Macky Sall, reconnaissant par ailleurs, en cet homme, ses « qualités personnelles (…) et ses mérites professionnels au service de l’Etat ».

Au Sénégal, le Service du Protocole présidentiel est rattaché, en plus de la Grande Chancellerie de l’Ordre national du Lion, au Pôle des Affaires Protocolaires du cabinet de la présidence de la République. Ses pensionnaires sont formés, comme diplomates, à l’Ecole nationale d’administration (ENA) d’où est sorti Bruno Diatta en 1973 et dont il sera le parrain de la promotion qui sortira en janvier 2019, selon le président Sall.

Dans le protocole, « Bruno Diatta fut un orfèvre (…). Il avait l’art d’enseigner et parfois avec le simple geste ou le regard. Il n’élevait jamais la voix », témoigne Mankeur Ndiaye. Ce dernier semble ainsi bien comprendre ce passage de l’oraison funèbre d’hier du chef de l’Etat Macky Sall qui sonne comme une lamentation : « Je témoigne que plus qu’un chef du protocole, j’ai perdu en toi un conseiller émérite, un émissaire habile des missions délicates, un messager honnête, avenant et digne de confiance, un sherpa clairvoyant dont la lanterne flamboyante balisait les chemins improbables ».

« Aujourd’hui, on a un défi, c’est celui de la formation », a constaté le diplomate, actuel président du Comité national de l’ITIE Sénégal.

Il explique que « c’est pourquoi je voudrais saluer l’initiative du président de la République de poursuivre et de réaliser le projet de Bruno d’instituer une académie du protocole et je me suis engagé à y travailler avec Babacar Touré (journaliste, ancien président du Conseil de régulation de l’audiovisuel) ».

En effet, Bruno Diatta, qui était « adulé et apprécié » par les chefs des services protocolaires de la France et des Etats-Unis pour son professionnalisme et qui en a « formé » tant d’autres en Afrique, d’après plusieurs témoignages, ambitionnait de mettre en place une Académie du protocole. Et selon le président Sall, « l’Etat accompagnera la réalisation » de ce projet.

Toutefois, le Sénégal peut s’enorgueillir de l’actif laissé par Bruno, avec des agents qu’il a apparemment bien encadrés au service protocole de la présidence.

Déjà, sa retraite avait sonné depuis longtemps. Et selon plusieurs sources, il avait proposé comme successeur le diplomate du nom de Cheikh Tidiane Sall, souvent aperçu lors des déplacements du président de la République.

Sans compter également le Chancelier principal des Affaires étrangères, Massamba Sarr, précédemment Adjoint au Chef du Protocole de la présidence de la République, et récemment nommé Consul général du Sénégal à Casablanca (Maroc).

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