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Leader indigène yanomami: Bolsonaro « n’aime pas » les peuples d’Amazonie

Le président brésilien Jair Bolsonaro "ne comprend pas la valeur de la forêt amazonienne" et "n'aime pas" les populations qui…

Le président brésilien Jair Bolsonaro « ne comprend pas la valeur de la forêt amazonienne » et « n’aime pas » les populations qui l’habitent, dénonce le leader indigène de la tribu Yanomami Davi Kopenawa dans un entretien à l’AFP.

« Comme à l’époque de la dictature militaire, nous avons quelqu’un au pouvoir qui n’aime pas les indigènes, qui n’aime pas l’environnement, qui ne comprend pas la valeur de la forêt amazonienne et qui ne comprend pas que nous, les peuples autochtones, nous respectons la forêt et nous la défendons, » déclare M. Kopenawa à l’occasion d’un passage à Paris pour l’ouverture d’une exposition de la photographe Claudia Andujar consacrée aux Yanomami.

« Bolsonaro et le président américain (Donald Trump) sont malheureusement amis, ils ont tous les deux le même but qui est de faire disparaître les peuples autochtones pour pouvoir enrichir leur famille et leurs copains. Et nous, nous sommes très révoltés et très inquiets de voir cette situation », poursuit celui qui a reçu en septembre le Right Livelihood Award, considéré comme le « prix Nobel alternatif », comme la jeune Suédoise Greta Thunberg, égérie de la lutte contre le réchauffement climatique.

Et d’appeler la communauté internationale à se tenir au côté des peuples indigènes, et le président français Emmanuel Macron à continuer à « critiquer » les politiques de son homologue brésilien, alors qu’une vive polémique a opposé les deux dirigeants lors des récents feux en Amazonie: « Il faut que vous soyez à notre côté et le président de la France ne doit pas nous laisser souffrir tout seuls. Il faut que les autorités du monde entier critiquent ce gouvernement brésilien. Les peuples de la forêt ne sont pas d’accord avec les idées du président actuel du Brésil parce qu’il ne nous respecte pas du tout ».

Il salue en revanche « le rôle très important » du pape François –qui a organisé en 2019 un synode sur l’Amazonie– « un ami des peuples indigènes ». « Il est connecté à l’âme de la forêt parce que c’est un homme qui a une connexion avec Dieu ».

– « Mon arme, c’est ma bouche » –

« Le gouvernement brésilien ne nous demande pas notre avis, ils ne veulent pas nous parler, ils veulent juste extraire des richesses de la Terre. Il faut que le reste du monde, la communauté internationale, ne croie pas les mots de notre président parce que lui veut seulement négocier ces richesses à l’étranger pour enrichir ses alliés. Et c’est pour ça que nous, les peuples indigènes, nous nous révoltons et nous luttons contre cette situation ».

Et de qualifier son combat de « guerre pour nous assurer que la forêt reste debout ». « Je n’ai pas de permission pour avoir des armes à feu, j’ai des outils qui sont mon discours notamment. Quand je parle, je parle pour me défendre, pour donner un nom aux Yanomami, pour que les gens qui n’aiment pas m’écouter, ne connaissent pas ma réalité, puissent comprendre pourquoi je me bats. Mon arme c’est ma bouche ».

« Dans un autre temps, on se servait de l’arc et des flèches pour tuer le gibier, à présent nous avons appris à nous servir d’un stylo et du papier pour nous battre aussi ».

Ces mots, Davi Kopenawa, sait aussi qu’il faut les faire porter: « Sur internet on peut entendre le cri des peuples indigènes, le cri des peuples de la forêt, pour que ça puisse atteindre les gens qui habitent dans les villes et qu’ils puissent être alertés des dangers ».

Et la sensibilisation à cette cause passe aussi par des expositions comme celle de Claudia Andujar, « mon amie depuis très longtemps ». « C’est fantastique cette femme blanche qui est venue nous visiter et qui a compris que notre seul but, c’était d’assurer notre survie et la survie de la forêt ».

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