La Macédoine organisera le 30 septembre un référendum sur le changement de son nom en « République de Macédoine du Nord », un vote qui sera crucial pour le règlement d’un long différend avec la Grèce, une condition pour relancer son adhésion à l’Union européenne et l’Otan.
Les Macédoniens sont appelés à répondre à la question suivante: « Êtes-vous pour l’adhésion à l’Union européenne et à l’Otan, en acceptant l’accord entre la République de Macédoine et la République de Grèce? » sur le futur nom du pays.
Soixante-huit députés sur 120 ont approuvé cette formulation.
La Macédoine et la Grèce ont signé le 17 juin cet accord historique pour rebaptiser l’actuelle ex-République yougoslave de Macédoine (ARYM) en « Macédoine du Nord ». Cet accord est censé résoudre leur différend vieux de 27 ans sur l’usage du nom de Macédoine.
La Grèce dénie à son voisin l’usage du simple nom de « Macédoine », y voyant des visées territoriales sur sa province septentrionale du même nom, et bloque l’adhésion de la Macédoine à l’UE et à l’Otan.
Les députés du principal parti d’opposition (VMRO-DPMNE, droite nationaliste) ont quitté la salle du Parlement avant le vote, pour protester contre la formulation de la question.
« C’est une question ambiguë et multiforme, et surtout manipulatrice », a dénoncé Igor Janusev, élu du VMRO-DPMNE.
Le Premier ministre social-démocrate Zoran Zaev a déclaré avant le vote que ce référendum serait « consultatif ». Artisan avec son homologue grec Alexis Tsipras de cet accord, Zaev avait déclaré début juillet que la procédure pour le valider devrait être achevée d’ici « le 15 janvier » 2019.
Le résultat du référendum reste incertain car l’opposition de droite, hostile à tout compromis avec Athènes, devrait appeler à voter « non ».
En cas de résultat positif, une révision constitutionnelle devra être validée par le Parlement, mais à la majorité des deux tiers. Or le gouvernement de Zaev ne dispose pas de cette majorité.
Mais le lancement du règlement de cette dispute a déjà donné les premiers résultats sur le champ diplomatique pour la Macédoine.
Lors de son sommet des 11 et 12 juillet à Bruxelles, l’Otan a invité Skopje à ouvrir des négociations d’adhésion à l’Alliance.
Alexis Tsipras a néanmoins prévenu que si le gouvernement macédonien ne parvenait pas à faire passer la révision constitutionnelle, « l’invitation de l’Otan est annulée et les négociations avec l’UE ne bougent pas ».
L’UE a, pour sa part, a décidé fin juin que les négociations d’adhésion ne commenceraient pas avant juin 2019.
Les deux Premiers ministres ont dû faire face aux manifestations et à de vives réactions dans leur pays, émanant de leur opposition de droite et des franges nationalistes de l’opinion publique. L’opposition grecque dénonce une « trahison », alors que celle en Macédoine parle de « capitulation ».
La Macédoine, une des six républiques de l’ancienne fédération yougoslave, a proclamé son indépendance en 1991 et a été admise en 1993 à l’ONU sous le nom d' »Ancienne République yougoslave de Macédoine » (ARYM, FYROM en anglais), appellation également retenue par les pays de l’UE.
Mais plus de 120 pays dans le monde, dont la Russie et les Etats-Unis, ont reconnu ce petit pays comme « Macédoine ».
Une fois approuvé par la Macédoine, l’accord devra également être ratifié par le parlement grec.