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Malawi: le président accuse l’opposant Chakwera de vouloir « renverser le gouvernement »

Le chef de l'Etat malawite Peter Mutharika, réélu le 21 mai lors d'un scrutin controversé, a accusé jeudi le principal…

Le chef de l’Etat malawite Peter Mutharika, réélu le 21 mai lors d’un scrutin controversé, a accusé jeudi le principal opposant Lazarus Chakwera, dont les militants manifestent dans la rue, de vouloir « renverser le gouvernement » et l’a menacé d’arrestation.

Selon les résultats de la commission électorale, Peter Mutharika, au pouvoir depuis 2014, a été réélu avec 38,57% des suffrages, devant son principal rival Lazarus Chakwera (35,41% des voix). Moins de 160.000 voix séparent les deux hommes.

Lazarus Chakwera et Saulos Chilima, arrivé troisième du scrutin, ont saisi chacun de leur côté la justice pour obtenir l’annulation de la présidentielle. Et mardi et jeudi, des partisans de l’opposition ont manifesté dans la capitale Lilongwe contre des résultats électoraux jugés « frauduleux ».

« Nous avons vu au cours des derniers jours le révérend Lazarus Chakwera (…) appeler à la violence et au bain de sang pour plonger ce pays dans le chaos », a déclaré Peter Mutharika lors d’une intervention jeudi soir à la radio-télévision nationale.

« Le réel objectif du révérend Chakwera est d’ignorer le processus démocratique et ses résultats, de créer le chaos (…) en utilisant les vies de Malawites innocents pour renverser le gouvernement par la violence et la force. Cela ne sera pas autorisé », a-t-il prévenu.

« Nous avons eu une élection que tous les observateurs internationaux ont jugé pacifique, libre, juste et crédible », a poursuivi Peter Mutharika.

« Au lieu d’attendre que la justice fasse son travail (…), le révérend Chakwera organise des manifestations illégales qui perturbent la vie de tous », a-t-il estimé, prévenant que « toute personne qui incite et provoque le désordre sera arrêtée et jugée ».

– Erreurs de comptage –

Jeudi, la police a dispersé à coups de gaz lacrymogène les partisans de Lazarus Chakwera réunis devant les bureaux de son Parti du congrès du Malawi (MCP) à Lilongwe, contraignant l’ambassadrice américaine au Malawi présente dans les locaux à partir précipitamment.

« C’était ma visite d’adieu et je le remerciais pour son amitié et pour le rôle important qu’il a joué au Malawi au cours des quatre ans et demi que j’ai passés dans ce pays », a expliqué l’ambassadrice Virginia Palmer.

« Au moment où la réunion s’est achevée, des pierres ont apparemment été lancées et la police a répliqué avec des tirs de gaz lacrymogènes », a-t-elle dit. « Il y avait des gaz tout autour, mon service de sécurité est arrivé et on a pu sortir sans problème. »

Le MCP a dénoncé l’utilisation de feuilles d’émargement non officielles, des ratures et, surtout, le nombre étonnement élevé de taches de « blanc » surchargées de biffures sur les bulletins de vote.

Il a également affirmé avoir repéré la même écriture sur des procès-verbaux venant de différents bureaux de vote.

Le chef des observateurs de l’Union européenne, Mark Stephens, a « reconnu » que « beaucoup d’erreurs avaient été commises pendant le comptage » des voix.

L’ambassadrice américaine a appelé « toutes les parties à agir avec retenue et de manière pacifique ».

De son côté, l’ancienne présidente du Malawi Joyce Banda, qui a soutenu la candidature de Lazarus Chakwera, a insisté sur la nécessité de trouver « une solution pacifique » à la crise.

« Nous devons tous essayer de maintenir la paix. Jusqu’à présent, j’ai seulement entendu Dr Lazarus appeler ses sympathisants à manifester et à ne pas recourir à la violence », a-t-elle déclaré à l’AFP.

Elle a appelé les autorités de ce petit pays d’Afrique australe à « ne pas porter atteinte aux droits du peuple », estimant que « les Malawites devraient être autorisés à exprimer leur opinion comme ils l’entendent ».

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