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Mali: le camp IBK confiant dans l’attente des résultats

Le parti du président malien sortant a estimé mardi qu'il "serait réélu" à la tête du Mali, avant même l'annonce…

Le parti du président malien sortant a estimé mardi qu’il « serait réélu » à la tête du Mali, avant même l’annonce officielle des résultats et malgré les appels des Nations unies et de l’UE à garder le calme, après un deuxième tour marqué par les soupçons de fraude électorale et par une amélioration de la sécurité.

Les résultats provisoires du duel entre le président sortant et favori Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) et l’opposant Soumaïla Cissé doivent être annoncés mercredi, selon une source officielle.

Selon le camp d’IBK, il « serait réélu de manière large et confortable », selon « les résultats issus du système de centralisation ». « Toutefois, nous attendons avec sérénité les résultats officiels qui vont être communiqués prochainement par les autorités compétentes », a relevé Boukary Treta, son directeur de campagne.

La veille, son opposant avait appelé les Maliens à se « lever » face à des résultats qu’il rejetait d’emblée car entachés de fraude, selon lui. Son chef de campagne, Tiébilé Dramé, a précisé mardi devant la presse que ces protestations seraient « pacifiques, démocratiques ».

Selon M. Dramé, Soumaïla Cissé « rejette d’ores et déjà les résultats » attribués au président sortant, notamment « dans plusieurs localités du nord », « caractérisés par du bourrage d’urnes », et non l’ensemble de ce scrutin déterminant pour l’avenir du Sahel.

Le vainqueur entrera en fonctions le 4 septembre avec la lourde tâche de relancer l’accord de paix conclu en 2015 avec l’ex-rébellion à dominante touareg, dans ce vaste pays du Sahel toujours confronté à la menace jihadiste malgré cinq ans d’interventions militaires internationales.

Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda, en grande partie chassés ou dispersés par une intervention militaire lancée en janvier 2013 à l’initiative de la France, qui se poursuit actuellement. Malgré l’accord de paix, les violences ont progressé.

Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a appelé « toutes les parties à conserver le calme jusqu’à la conclusion du processus électoral, (tout) en évitant les rhétoriques incendiaires ». A Bamako, la mission d’observation électorale de l’UE a exhorté « les candidats à faire preuve de mesure » dans l’attente des résultats. ONU et UE ont insisté pour que les deux candidats évitent d’annoncer leurs propres résultats, en vain.

– Transparence ‘indispensable’ –

Alors que la tension montait à Bamako, l’UE a exhorté lundi le gouvernement à publier « dès que possible et avant proclamation des résultats définitifs, l’intégralité des résultats provisoires bureau de vote par bureau de vote ».

« Il s’agit là de mesures indispensables afin de garantir l’intégrité du vote », a insisté la cheffe de la mission d’observation électorale de l’UE, Cécile Kyenge, réitérant « ses appels à la transparence » dans la compilation des résultats.

Ni les observateurs de l’Union africaine, ni ceux de l’UE, n’ont constaté les « fraudes électorales » alléguées par l’opposition et rejetées en bloc par IBK qui accuse le camp adverse de « mise en scène ».

– Désintérêt –

Le second tour s’est déroulé dimanche dans un climat plus apaisé. Seuls 490 bureaux de vote – sur 23.000 – n’ont pu ouvrir, soit moitié moins que le 29 juillet. Ce succès est dû selon lui à la « montée en puissance » de l’armée qui avait déployé 36.000 hommes, 6.000 de plus qu’au premier tour.

Le gouvernement a indiqué que la grande majorité des bureaux fermés (440 sur 490) étaient dans la région de Mopti (centre), en proie à des violences ethniques attisées par les jihadistes.

Le scrutin s’est déroulé dans une relative indifférence de la population et l’appel lancé lundi par M. Cissé ne semble pas avoir été suivi. « Les gens sont désormais à la préparation de la tabaski », comme on appelle en Afrique de l’Ouest l’Aïd el-Kebir, relève l’analyste politique Souleymane Drabo. « Il faut acheter un mouton, l’élection est déjà en train de passer au second plan ».

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