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Mali : que sait-on des nouvelles recrues du GSIM à Ménaka ?

Le Groupe de soutien à l'Islam et aux musulmans (GSIM) veut renforcer son ancrage dans la région de Ménaka, considérée…

Le Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (GSIM) veut renforcer son ancrage dans la région de Ménaka, considérée comme le fief de l’Etat islamique au Sahel (EIS).La dernière fois qu’il avait donné signe de vie, c’était à Taglith, dans la région de Kidal, pour célébrer la libération d’une centaine de membres son mouvement, le Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (GSIM) suite à un échange de prisonniers intervenu en octobre 2020 entre Bamako et la filiale sahélienne d’Al Qaida au Maghreb islamique (AQMI). Cette transaction a permis à l’homme politique malien, Soumaila Cissé, aujourd’hui décédé, de retrouver la liberté après avoir été enlevé quelques mois plus tôt alors qu’il était en campagne électorale pour les législatives. Elle a aussi profité à l’humanitaire française Sophie Pétronin, otage du GSIM  depuis décembre 2016.  

Dimanche dernier, Iyad Ag Ghali est réapparu une nouvelle fois à Ménaka, dans le nord-est du Mali, entouré de deux de ses plus importants lieutenants, Abdallah alBakay et  l’émir de Ménaka, Abou Daoud, selon Wassim Nasr, journaliste à France24 et spécialistes des mouvements jihadistes. Le chef jihadiste s’y est rendu pour accepter l’allégeance au GSIM de « notables » appartenant à des tribus de l’Azawagh dans l’est de Ménaka, non loin de la frontière nigérienne.

Des frustrés du MSA-D

Il s’agit, selon nos informations d’anciens membres du Mouvement pour le salut de l’Azawad tendance Daoussahak (MSA-D), né d’une scission du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA). 

En conflit avec les leaders de ce mouvement touareg qu’ils accusent de les avoir abandonnés à leur sort après un revers face à l’Etat islamique au Sahel (EIS) anciennement appelé État islamique au Grand Sahara (EIGS), ces notables se seraient rapprochés du GSIM. Les discussions avec la coalition jihadiste dirigée par Iyad Ag Ghali, touareg de l’influente tribu des Ifoghas, auraient commencé l’année dernière et se seraient poursuivies jusqu’au début de cette année. Des sources sécuritaires indiquent que c’est « au début du mois de janvier que l’allégeance » de ces chefs de guerre touaregs a été acceptée par Iyad Ag Ghali. Le journaliste Housseyne Ag Issa, affirme sur Twitter que la vidéo a été tournée le 21 janvier 2023.

Un « deal » gagnant-gagnant

Ag Issa affirme que l’adhésion de ces « notables » au GSIM était prévisible car « ces communautés subissent facilement des massacres de masses » de « l’Etat islamique et de ses milices alliées depuis des années », faisant allusion à une série d’exactions menées par l’EIS depuis mars contre la tribu des  Daoussahak.

En octobre dernier, Human Rights Watch, une organisation de défense des droits humains, a publié un rapport faisant état de la mort de plusieurs centaines de civils issus de cette communauté qui est systématiquement ciblée par l’EIS alors que des sources locales évoquent un millier de civils tués dans la même période.
Le même mois, le GSIM et l’EIS se sont affrontés dans des localités de Ménaka. Des combats au sortir desquels chaque groupe a revendiqué la victoire sans en apporter la preuve.

Seule certitude, après avoir été un fief de ses rivaux de l’EIS, la région semble devenir une cible importante pour la filiale d’Al Qaida. Pour s’y installer, Iyad Ag Ghali avait besoin d’ « hommes du sérail ». Ce qu’il parait avoir trouvé désormais à travers ces anciens « notables » du MSA- D et leurs combattants réputés disposer d’un riche arsenal de guerre.