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Matar Guèye de Jamra : « La peine de mort ne peut pas marcher au Sénégal »

L'ONG islamique « JAMRA » a de très fortes réserves par rapport à la pertinence de l'application de la peine…

L’ONG islamique « JAMRA » a de très fortes réserves par rapport à la pertinence de l’application de la peine de mort, a confié à APA son vice-président, Mame Matar Guèye, allant même jusqu’à déclarer qu’«elle ne peut +tout simplement+ pas marcher au Sénégal ».« Comment voulez-vous dans ce pays où les magistrats ne s’assument pas, où quand un faible et un fort financièrement doivent aller au temple de tennis pour être départagés de manière rigoureuse et équitable par le juge, le plus fort financièrement passe par des voies contournées pour corrompre qui il veut et ensuite avoir le dessus sur le faible » qu’on y applique la peine de mort, s’est notamment interrogé l’invité du Grand oral d’APA.

Partant de là, M. Guèye estime qu’« il est fort possible également que lorsque la peine de mort sera appliquée, seuls les pauvres vont payer et les vrais criminels s’en sortiront toujours ».

En lieu et place, propose-t-il, « il faut essayer d’envisager des sanctions pénales privatives de liberté, mais en aucun cas la peine capitale parce que nous n’avons pas encore cette maturité juridique pour nous entourer de toutes les garanties pour ne pas commettre d’erreur judiciaire ».

De l’avis de Mame Makhtar Guèye, le Conseil présidentiel sur la sécurité convoqué par le président de la République au mois d’août prochain pourrait être l’occasion pour discuter de ce sujet « de manière inclusive afin que nous puissions de manière consensuelle trouver des solutions qui ne soient pas forcément brutales mais en excluant d’office la réactivation de la peine de mort ».

« On met de côté donc la peine de mort et on essaie de voir comment corser l’arsenal juridique, quel encadrement faire pour les quartiers sensibles où l’insécurité a atteint des niveaux inquiétants », a-t-il insisté.

Toutefois, le vice-président de « JAMRA » a qualifié d’« erreur » la décision de l’ancien président Abdoulaye Wade (2000-2012) de supprimer, en 2004, l’épée de Damoclès qui planait sur la tête des malfaiteurs. Selon lui, cette mesure a eu pour conséquence « la montée en flèche de la criminalité ».

« Ce n’est pas pour paraitre méchant, je pense qu’il n’y avait pas péril en la demeure et on aurait pu laisser, même si c’était pour le décor, cette disposition dans notre code pénal », a-t-il encore dit.

Mame Matar Guèye a par ailleurs rappelé que l’application de la peine de mort en Islam « n’est pas automatique et aveugle (et que) le Coran a établi des garde-fous » pour éviter toute erreur qui pourrait coûter la vie à un innocent.

Ces garde-fous sont entre autres le rejet par les parents de la victime de la compensation financière versée par l’auteur du drame, l’établissement de preuves irréfutables de l’acte criminel et la certitude d’une absence de circonstances atténuantes.

« Si une seule de ces conditions n’est pas remplie, la procédure est annulée et la peine est commuée en peine de prison », a soutenu M. Guèye, rappelant que l’organisation dont il est le vice-président a demandé au chef de l’Etat de mettre en place un moratoire « d’au moins 2 ans » sur la délivrance des permis de port d’armes, le temps de rediscuter des procédures d’attribution.

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