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Moins d’incidents et des Français interpellés lors de la présidentielle au Mali

Le second tour de la présidentielle au Mali s'est déroulé dans de meilleures conditions sécuritaires que le premier, s'est réjoui…

Le second tour de la présidentielle au Mali s’est déroulé dans de meilleures conditions sécuritaires que le premier, s’est réjoui lundi le gouvernement malien, alors que des membres de l’équipe du candidat de l’opposition, dont quatre Français, ont été interpellés le jour de l’élection.

Les résultats du duel entre le président sortant et favori Ibrahim Boubacar Keïta et l’opposant Soumaïla Cissé sont attendus en milieu de semaine.

Seuls 490 bureaux de vote –sur 23.000– n’ont pas pu ouvrir dimanche, soit moitié moins qu’au premier tour, a indiqué le ministre de la Sécurité publique, le général Salif Traoré, au lendemain du scrutin, marqué par une faible participation.

Le vainqueur entrera en fonction début septembre avec la lourde tâche de relancer l’accord de paix conclu en 2015 avec l’ex-rébellion à dominante touareg, dont l’application accumule les retards, dans ce vaste pays du Sahel toujours confronté à la menace jihadiste malgré cinq années d’interventions militaires internationales.

Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda, en grande partie chassés ou dispersés par une intervention militaire lancée en janvier 2013 à l’initiative de la France, qui se poursuit actuellement. Malgré l’accord de paix de 2015, les violences ont persisté et se sont propagées depuis vers le centre et le sud du pays, puis au Burkina Faso et au Niger voisins.

« Nous avions un peu plus de 3,7% des bureaux qui n’avaient pas fonctionné normalement » lors du premier tour, le 29 juillet, dont M. Keïta était sorti largement en tête avec près de 42% des voix pour 17,78% à son concurrent, a rappelé le général Traoré lors d’une conférence de presse.

Il a estimé à 2,1% le nombre de bureaux restés fermés dimanche. Tout en se disant « pas tout à fait satisfait », il a attribué ce succès à la « montée en puissance » des forces armées, qui avaient déployé 36.000 hommes, soit 6.000 de plus qu’au premier tour.

Comme au premier tour, la grande majorité des bureaux restés fermés (440 sur 490) sont situés dans la région de Mopti (centre), en proie à des violences ethniques attisées par des groupes jihadistes. Les autres bureaux se trouvent dans le Nord, dont 23 dans la région de Tombouctou, où l’Etat est peu ou pas présent et où un président de bureau de vote a été tué par six jihadistes présumés venus « interdire le vote » lors du plus grave incident de la journée.

Hormis ce « cas dramatique », « le scrutin s’est globalement déroulé sans incidents », a jugé le gouvernement.

– Communicants interpellés –

Six membres de l’équipe de communication de Soumaïla Cissé, dont quatre Français, ont été interpellés et placés en garde à vue pendant quelques heures dimanche, a-t-on par ailleurs appris lundi.

Cinq des six hommes –les quatre Français, dont deux bi-nationaux franco-maliens, et un Malien– ont été relâchés sans poursuite après avoir été détenus pendant deux heures dans un commissariat, a indiqué à l’AFP l’entourage de M. Cissé. Leurs ordinateurs et téléphones ont été saisis.

« Le procureur leur a demandé s’ils travaillaient sur des vidéos », a ajouté cette source, soulignant être « sans nouvelle » du sixième homme, un technicien-monteur ivoirien.

« Ca n’a rien à voir avec le candidat Cissé, absolument rien à voir. L’élection se fait, mais le travail de sécurité se fait aussi, une activité n’empêche pas l’autre », a fait valoir le général Traoré. Une enquête a été « ouverte », a-t-il précisé.

Bien que jugé déterminant pour l’avenir du Sahel, le scrutin devrait déboucher sur une nouvelle victoire d’Ibrahim Boubacar Keïta. Il l’avait emporté avec plus de 77% des voix en 2013, déjà contre Soumaïla Cissé.

Dimanche, les bureaux de vote n’ont pas été pris d’assaut en raison d’une météo pluvieuse, des risques de violences et du manque de suspense. L’ONG locale POCIM a estimé le taux de participation à 22,38%. Au premier tour, il avait été de 42,7%.

L’Union européenne a appelé à la « transparence » dans chaque étape de la compilation des résultats, actuellement en cours.

Selon le camp de M. Cissé, des bulletins de vote « circulaient » ces derniers jours, preuve que des bourrages d’urnes étaient en préparation.

Des journalistes de l’AFP ont pu constater que dans au moins six bureaux de vote de Bamako, les procès-verbaux électoraux avaient été préremplis et signés avant même la fin du vote.

Ibrahim Boubacar Keïta a répliqué en dénonçant des « manoeuvres » de l’opposition. « Comment frauder quand on a l’assurance de l’estime de son peuple? », s’est-il interrogé.

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