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Municipales : le parti d’Erdogan veut un recomptage de tous les votes à Istanbul

Le parti du président turc Recep Tayyip Erdogan a élargi dimanche son offensive pour contester sa défaite à Istanbul aux…

Le parti du président turc Recep Tayyip Erdogan a élargi dimanche son offensive pour contester sa défaite à Istanbul aux élections municipales il y a une semaine, annonçant qu’il allait demander un recomptage de tous les bulletins de vote dans cette ville.

D’après les résultats provisoires de ce scrutin, M. Erdogan a subi un revers inédit en 16 ans de pouvoir avec la perte de la capitale Ankara et d’Istanbul, un mastodonte économique et démographique qui représente 20% de la population totale de la Turquie.

Le vice-président du Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur) Ali Ihsan Yavuz a déclaré qu’une demande avait été déposée samedi auprès du Haut-comité électoral (YSK) pour le recomptage des voix dans l’un des 39 districts d’Istanbul.

« Aujourd’hui (dimanche), nous allons saisir l’YSK, par l’intermédiaire de sa branche provinciale, pour le recomptage de toutes les voix dans l’ensemble des districts (restants), dans les 38 districts », a-t-il ajouté.

Après l’annonce des résultats provisoires lundi, l’AKP avait introduit une première série de recours auprès des branches locales de l’YSK qui ont ouvert la voix à un recomptage partiel dans plusieurs districts d’Istanbul et un recomptage total dans quatre districts.

La plupart des bulletins actuellement recomptés à Istanbul, mais aussi à Ankara où l’AKP a également déposé des recours, sont ceux qui ont été comptabilisés comme nuls au moment du dépouillement le 31 mars.

– « Abus organisés » –

Si l’AKP a dénoncé dès le lendemain du scrutin des « irrégularités flagrantes », M. Yavuz est allé plus loin dimanche en soutenant qu’il y avait eu « des abus organisés, c’est quelque chose qui va au-delà de la simple erreur individuelle ».

Ces propos font écho aux unes de plusieurs journaux progouvernementaux qui dénoncent depuis des jours un « putsch des urnes » ou un « complot ».

Pour les analystes, le revers de l’AKP à Istanbul et Ankara s’explique en premier lieu par la mauvaise situation de l’économie : le pays traverse sa première récession en 10 ans, l’inflation, alimentée par l’érosion de la livre turque, est de 20% et le chômage de 13,5%.

Pour garder le contrôle d’Istanbul, la ville où il est né et dont il a été maire, le président Erdogan y avait dépêché un poids lourd : l’ancien Premier ministre et chef du Parlement Binali Yildirim.

Mais en dépit de conditions de campagne très inéquitables en faveur de l’AKP, Ekrem Imamoglu, le candidat du principal parti d’opposition CHP (social-démocrate), soutenu par d’autres formations hostiles à M. Erdogan, est arrivé en tête d’un cheveu, environ 25.000 voix les séparant.

M. Yavuz a affirmé qu’après recomptage d’environ 70% des votes nuls, l’écart entre le candidat de l’AKP et celui de l’opposition à Istanbul était tombé à moins de 16.500 voix, alors que chacun des candidats a reçu plus de quatre millions de voix.

– « Perte de temps » –

M. Imamoglu, qui se présente d’ores et déjà comme le « maire d’Istanbul », accuse l’AKP de vouloir gagner du temps en multipliant les recours pour effacer les traces d’éventuelles malversations commises à la municipalité.

Le porte-parole de l’AKP Omer Celik a balayé samedi ces « conjectures creuses », soutenant qu’il était « naturel » d’introduire des recours. Il a affirmé que l’AKP respecterait les résultats finaux après recomptage, même s’ils lui étaient défavorables.

« En multipliant les recours (…), l’AKP fait perdre de l’énergie et du temps aux habitants d’Istanbul », s’est agacé sur Twitter un responsable de premier plan du CHP, Mahmut Tanal, après qu’il eut été annoncé que l’AKP demanderait le recomptage total des voix.

Il appartient désormais à l’YSK de se prononcer sur la validité des contestations de l’AKP. Après ces recours déposés dimanche à l’échelle de la branche provinciale de l’YSK, certains sont encore possibles à l’échelle nationale.

Si les autorités électorales sont censées être indépendantes, de nombreux opposants en doutent, soulignant par exemple qu’aucun recours déposé par le parti prokurde HDP après le scrutin du 31 mars n’avait été accepté.

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