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« Notre coupe du monde »: chez Ascoval, l’émotion après l’interminable attente

"C'est notre coupe du monde!": au terme d'un interminable suspense, les salariés d'Ascoval ont peiné à retenir leur émotion mercredi…

« C’est notre coupe du monde! »: au terme d’un interminable suspense, les salariés d’Ascoval ont peiné à retenir leur émotion mercredi à l’annonce de la reprise de l’aciérie, les larmes aux yeux et le sourire aux lèvres.

Depuis une semaine, les 281 salariés du site de Saint-Saulve (Nord) étaient suspendus à la décision du tribunal de grande instance de Strasbourg, qui devait confirmer la reprise du site par le groupe franco-belge Altifort.

Mais le jugement, d’abord annoncé pour 10H00 par la direction, se fait attendre… Une épreuve de plus après de multiples rebondissements, qui ont vu pendant quatre ans l’usine ballotée de plan de restructuration en décision judiciaire.

« Les dernières minutes sont les plus longues », souffle, le visage crispé, Nacim Bardi, délégué CGT qui a assisté à plusieurs réunions de négociations à Bercy avec le ministre de l’Economie. « Malheureusement, en France, tout peut arriver. Les histoires finissent mal pour plein d’entreprises comme nous. »

Devant l’entrée, des salariés fument nerveusement leur cigarette. Les heures passent au ralenti.

« C’est surréaliste. Ils vont nous faire souffrir jusqu’au bout… », glisse-t-on entre les murs des couloirs administratifs, tapissés de photos des immenses installations où l’acier est fondu à 1.700 degrés.

Il est 14H20 lorsque la direction annonce enfin l’heureux dénouement au Comité d’entreprise, alors que la presse avait déjà dévoilé l’information 20 minutes plus tôt. Les délégués se précipitent aussitôt sous le grand entrepôt de marchandises, où la nouvelle doit être annoncée à l’ensemble des salariés en assemblée générale.

« C’est notre coupe du monde! », lance Nacim Bardi. Déjà, on s’étreint et on se congratule, sans exubérance, les yeux rougis par l’émotion.

– « Ça pétille » –

Sur l’estrade, entouré de micros et de caméras, le président, Cédric Orban, remercie les salariés pour leur mobilisation. « Le chemin a été long mais vous avez gardé le cap », les félicite-t-il, sous des applaudissements nourris.

Dans l’assemblée, les regards embués traduisent un soulagement vivifié par de longs mois d' »angoisse, de tristesse et de frustration ».

« C’est une libération, ça pétille à l’intérieur! », sourit Willy Ségard, tenue de travail et casque sur la tête. « C’est le plus beau cadeau de Noël », ajoute Bruno Ribals, 23 ans de métier dans cette aciérie familiale où la sidérurgie se transmet pour beaucoup au fil des générations.

M. Bardi espère lui que le cas d’Ascoval « fera jurisprudence ». « On a écarté le cercueil qu’on nous avait construit, comme Usinor à Florange. On a réussi à inverser la tendance », se réjouit-il.

Il faut désormais « regarder vers l’avenir » exposé par Bart Gruyaert, à la tête d’Altifort et ses 1.500 salariés, qui insiste, prenant à son tour la parole en public, sur « la confiance » réciproque avec les employés.

« La bataille est terminée, c’est un nouveau défi qui commence », explique ce patron flamand, affirmant ensuite à la presse « ne pas avoir « l’arrogance » de se « présenter en sauveur ». « On dira qu’on a sauvé l’entreprise dans deux-trois ans, quand on sera capables de faire de nouveaux investissements massifs. »

« Après ce par quoi on est passés, tout paraît atteignable », s’enthousiasme M. Orban, qui garde toutefois la tête froide: « Dans l’industrie, rien n’est jamais acquis, surtout avec un marché changeant comme l’acier ».

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