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Opéra: de Toronto à Paris, le fulgurant parcours d’Alexander Neef

En dix ans à la tête de l'Opéra de Toronto, Alexander Neef a fait de l'établissement une scène de renom…

En dix ans à la tête de l’Opéra de Toronto, Alexander Neef a fait de l’établissement une scène de renom et a contribué à rajeunir son public. Un CV qui lui a permis de s’imposer après des mois de suspense comme le futur directeur de l’Opéra de Paris.

Ce quadragénaire discret succèdera à partir de 2021 à Stéphane Lissner, en poste depuis juillet 2014.

Né en Allemagne en 1974, Alexander Neef dont le mentor fut Gérard Mortier, l’ancien directeur de l’Opéra de Paris, a connu un parcours fulgurant qui l’a souvent fait pressentir pour les plus grandes maisons, dont le Metropolitan Opera à New York.

En juin 2008, sans expérience de direction d’une grande maison d’opéra, il succède au très respecté Richard Bradshaw, mort soudainement en 2007, à la tête de la Compagnie canadienne d’opéra (Canadian Opera Company, COC) à Toronto.

Il relève le pari avec efficacité et, dix ans plus tard, est salué pour avoir fait de cette formation l’une des plus remarquées d’Amérique du Nord.

Principale maison d’opéra du Canada, la COC s’est hissée sous sa houlette au même niveau que les « Big Five » américaines: New York, Chicago, San Francisco, Los Angeles et Washington, selon plusieurs experts.

Grâce à Alexander Neef, la COC « sort aujourd’hui du lot en Amérique du Nord, une compagnie de taille moyenne qui boxe dans plusieurs catégories supérieures tout en respectant les budgets de sa catégorie », relevait l’an dernier le quotidien canadien Globe and Mail.

Parmi ses réussites, il a contribué à rajeunir le public de l’opéra canadien par une politique de billets à prix réduits pour les étudiants.

Sous sa direction, l’opéra de Toronto a attiré des stars internationales du lyrique, comme les sopranos Sondra Radvanovsky et Christine Goerke.

Il a également redonné de la visibilité à l’opéra canadien, n’hésitant pas à programmer chaque année une création, parfois en première mondiale.

– Look à la « Mad Men » –

« L’opéra est un lieu où le public peut se faire une opinion et tirer ses propres conclusions. Aucune oeuvre n’est montrée pour imposer des idées au public, pas plus qu’il n’existe une seule façon d’interpréter un opéra », dit ce passionné, tombé amoureux de l’opéra à l’adolescence.

A l’Opéra de Paris où il a été régisseur de casting sous Mortier entre 2004 et 2008, il a appris rapidement à trouver un remplaçant aux chanteurs qui se désistaient à la dernière minute. « Une fois, on a mis un chanteur en partance de Suisse et un autre d’Allemagne. Celui qui arrivait en premier chanterait », a-t-il confié au mensuel Toronto Life.

Au COC, ses talents de direction ont également été mis à l’épreuve par un système nord-américain où le financement public est réduit à la portion congrue.

Contrairement à ses homologues européens, comme l’Opéra de Paris, la proportion d’argent public dans le budget de la COC ne dépasse pas 20%, l’essentiel de ses revenus provenant de la billetterie.

M. Neef est également depuis 2018 directeur artistique du Festival de Santa Fe (Nouveau-Mexique, Etats-Unis).

Diplômé en philologie latine et histoire moderne de l’université de Tübingen (Allemagne), il se destinait à l’enseignement avant de bifurquer au gré de rencontres.

Il a fait ses premiers pas dans les relations publiques au Festival de Salzbourg, puis a travaillé au festival Ruhrtriennale en Allemagne, à Paris auprès de Gérard Mortier, dont il prépara aussi l’installation au New York City Opera.

Cheveux soigneusement peignés et lunettes rétro, ce responsable trilingue arbore un look tout droit sorti de la série « Mad Men », se déroulant dans les années 60. Et se définissait en 2012 au Toronto Star comme « un Allemand très, très sérieux ».

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