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Pour éviter un conflit, Rome devrait annoncer un déficit dans les clous européens

Le nouveau gouvernement italien, qui s'efforce de relancer la croissance atone de la péninsule, doit annoncer lundi son objectif de…

Le nouveau gouvernement italien, qui s’efforce de relancer la croissance atone de la péninsule, doit annoncer lundi son objectif de déficit public pour 2020, qui devrait tourner autour de 2,1-2,2% du PIB, montrant ainsi sa volonté d’éviter un conflit avec Bruxelles.

Entrée en fonction début septembre, la coalition, formée du Mouvement 5 Etoiles (M5S, antisystème) et du Parti démocrate (centre gauche), a choisi d’adopter une approche beaucoup plus constructive vis-à-vis de Bruxelles que le précédent gouvernement dominé par Matteo Salvini (extrême droite) qui avait multiplié les attaques frontales contre la Commission européenne.

« Il ne devrait pas y avoir de conflit cette fois avec l’Union européenne. Le gouvernement va essayer d’avoir un déficit proche de 2,1% », le chiffre indiqué en avril par la précédente coalition, « et chercher de trouver un accord avec la Commission », analyse pour l’AFP l’économiste Nicola Nobile, du cabinet Oxford Economics.

L’objectif pour 2020, tout comme celui d’un déficit de 2,04% pour cette année, avaient été fixés après un dur bras de fer avec Bruxelles et une flambée des marchés financiers.

Ces chiffres nettement moindres que ceux annoncés précédemment avaient, après des mois de tensions, permis à Rome d’éviter l’ouverture d’une procédure disciplinaire pour déficit excessif en raison de son niveau colossal d’endettement (2.400 milliards d’euros, 134,8% du PIB).

« Le plus probable est que l’Italie respecte cette fois les règles budgétaires, en négociant préalablement toutes les clauses de flexibilité possibles », estime aussi Lorenzo Codogno, ancien économiste en chef du Trésor italien et fondateur du cabinet LC Macro Advisors.

« Nous sommes dans une phase de contraction, et c’est le moment d’imposer, de manière intelligente, une loi de finances qui respecte les règles mais tire parti de toutes les possibilités normatives pour soutenir la croissance », a ainsi déclaré cette semaine le Premier ministre, Giuseppe Conte.

Néanmoins, l’équation du gouvernement, qui plaide pour « une politique expansive » pour relancer une économie à l’arrêt, n’est pas simple.

– Croissance en berne –

Pour éviter d’affecter la demande et de plomber encore davantage une croissance qui s’est révélée nulle au premier semestre, la majorité au pouvoir s’est engagée à empêcher la hausse automatique de la TVA prévue en 2020. Conséquence: il doit trouver 23 milliards d’euros pour compenser cette rentrée d’argent, une somme très importante.

Certes, il va bénéficier de 4,5 à 5 milliards d’euros de dépenses moindres liées à la nette baisse des taux d’emprunt en raison de la confiance retrouvée des investisseurs. Il profitera aussi d’une demande plus faible que prévu pour les départs anticipés en retraite et pour le revenu de citoyenneté destiné aux plus pauvres.

Mais cela ne sera pas suffisant. « Il semble que la principale mesure sur laquelle il entend se baser, parallèlement à une baisse des dépenses, est la lutte contre l’évasion fiscale (estimée à au moins 100 milliards d’euros annuels, nldr). Mais il est difficile de quantifier quel peut être son impact », note M. Nobile.

Parmi les pistes sur lesquelles travaille le gouvernement figurent des idées « innovantes », selon M. Conte, comme une réduction d’impôt pour les Italiens payant majoritairement avec la carte bancaire, et une loterie pour ceux gardant leurs reçus.

Mais, note M. Nobile, il faudra voir jusqu’à quel point la Commission européenne accepte des objectifs encore hypothétiques de lutte contre la fraude, et « si elle demande des mesures alternatives à mettre en oeuvre ».

Rome pourrait aussi relancer son programme de privatisations.

Mais la poussive croissance, encore plus faible que prévue, « complique l’équation » générale, souligne l’expert, dont le cabinet prévoit une hausse du PIB de 0,2%-0,3% en 2020, en raison notamment d’une demande nationale en berne et du ralentissement de l’industrie allemande, à laquelle son homologue italienne est très sensible.

M. Codogno table lui sur +0,3%, tandis que le gouvernement, selon les médias européens, serait plus optimiste et devrait annoncer lundi prévoir une hausse du PIB autour de 0,5-0,6% (contre +0,8% prévus en avril dernier).

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