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Procès en destitution de Trump: l’accusation déroule ses griefs

La parole à l'accusation: les procureurs démocrates présentent mercredi au Sénat les faits reprochés à Donald Trump après une première…

La parole à l’accusation: les procureurs démocrates présentent mercredi au Sénat les faits reprochés à Donald Trump après une première journée d’audience éprouvante qui a fixé le cadre de son procès historique en destitution.

« Ces gens sont fous! ». Depuis la Suisse, où il assiste au Forum économique mondial de Davos, le président américain s’est de nouveau posé en victime d’un « coup monté » orchestré par l’opposition démocrate pour l’empêcher de briguer un second mandat en novembre.

Fidèle à sa réputation de batailleur, le tempétueux milliardaire a assuré sur la chaîne Fox qu’il aurait « adoré » assister aux débats et qu’il soutenait « personnellement » l’idée d’un procès long avec plusieurs témoins, comme l’ont réclamé, en vain pour l’instant, ses accusateurs.

Mais, a-t-il poursuivi, ses avocats ont jugé sa présence « problématique » et l’audition de ses proches conseillers poserait « des problèmes de sécurité nationale ». « Il faut que le pays se remette au travail », a-t-il encore dit.

Autant de motifs justifiant, selon lui, la position des sénateurs républicains qui ont, à l’unisson et systématiquement, rejeté mardi onze amendements déposés par les démocrates pour obtenir de nouveaux documents et de nouveaux témoins.

La guerre d’usure, qui s’est jouée pendant près de treize heures dans l’enceinte feutrée du Sénat, préfigure l’issue probable du procès: un acquittement de Donald Trump, probablement très rapidement, grâce au soutien indéfectible des 53 sénateurs républicains (sur 100 élus).

– « Tordre le bras » –

D’ici là, les démocrates espèrent convaincre l’opinion publique que le président, le troisième seulement de l’Histoire des Etats-Unis à subir un tel affront après Andrew Johnson en 1869 et Bill Clinton en 1999, s’est bien rendu coupable d' »abus de pouvoir » et d' »entrave à l’enquête du Congrès ».

Ces deux chefs d’accusation ont été retenus, sans une voix républicaine, le 18 décembre lors d’un vote dit d' »impeachment » à la Chambre des représentants où les démocrates sont majoritaires. Ils ont été transmis la semaine dernière au Sénat, ouvrant la voie à ce procès très politique.

A partir de mercredi 13H00 (18H00 GMT), l’élu démocrate de la Chambre Adam Schiff, chargé de porter l’accusation contre Donald Trump, détaillera les éléments recueillis pendant les trois mois d’enquête qu’il a supervisée.

Cet ancien procureur, capable d’accents lyriques sans se départir de son calme, reviendra sur l’appel au coeur du dossier: en juillet, Donald Trump a demandé à son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky d’enquêter sur Joe Biden, son rival potentiel à la présidentielle.

Or, au même moment, il a ordonné le gel d’une aide militaire cruciale pour ce pays en conflit armé avec la Russie.

Il a tordu « le bras d’un allié en gelant une aide militaire pour obtenir un coup de pouce afin de tricher lors de la prochaine élection », a plaidé Adam Schiff mardi en ouverture du procès. Pour cela, et pour ses efforts pour gêner l’enquête du Congrès, « il mérite d’être destitué. »

L’élu de Californie et son équipe de six « procureurs » disposent de 24 heures étalées sur trois jours pour exposer leurs arguments.

– Cloués sur leur siège –

Puis ce sera au tour de la défense, menée par l’avocat de la Maison Blanche Pat Cipollone, pour la même durée. Ce discret juriste conservateur s’est dit convaincu que les débats prouveraient que le président « n’a rien fait de mal ».

Les sénateurs, qui font office de jurés, auront ensuite 16 heures pour poser leurs questions, par écrit. Elles seront lues par le président de la Cour suprême des Etats-Unis John Roberts, chargé par la Constitution de présider ce procès.

Entre-temps, les cent élus devront, en vertu des règles strictes qui encadrent cette procédure exceptionnelle, rester vissés sur leur siège sans prendre la parole, ni consulter leur téléphone ou ordinateur, tous les équipements électroniques étant interdits dans l’hémicycle.

Quand ils auront tenu plus de 80 heures, ils devront décider s’ils acceptent de prolonger l’exercice en convoquant de nouveaux témoins, comme le réclament les démocrates.

Ces derniers devront convaincre quatre républicains de briser les rangs pour obtenir gain de cause ce qui, compte tenu des tensions actuelles, semble difficile.

Ils pourraient alors passer directement au vote sur la culpabilité du président. La Constitution impose une majorité des deux tiers pour le destituer, ce qui paraît impossible à l’heure actuelle.

Donald Trump pourra peut-être prononcer le 4 février son traditionnel discours sur l’état de l’Union, blanchi par les sénateurs.

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