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Quand l’imam Khomeiny préparait près de Paris la révolution islamique en Iran

Il y a 40 ans, l'imam Rouhollah Khomeiny séjournait dans ce village de banlieue parisienne avant son retour triomphal à…

Il y a 40 ans, l’imam Rouhollah Khomeiny séjournait dans ce village de banlieue parisienne avant son retour triomphal à Téhéran: des centaines d’Iraniens sont attendus dimanche à Neauphle-le-Château où le père de la Révolution islamique passa ses 117 derniers jour d’exil.

Chaque premier dimanche de février, des expatriés iraniens ont pris l’habitude de se rassembler dans cette bourgade cossue des Yvelines, près de Paris. Mais ce pèlerinage prend une dimension particulière cette année où l’Iran célèbre le quarantième anniversaire de sa révolution.

Entre 200 à 300 sympathisants du pouvoir à Téhéran doivent venir dans l’après-midi se recueillir dans un petit jardin en pente autrefois planté de pommiers où, quatre mois durant, l’imam Khomeiny a prié et tenu audience, préparant méthodiquement le renversement du régime pro-occidental du chah Mohamed Reza Pahlavi.

A l’invitation de l’ambassade, tous viendront commémorer les derniers jours d’exil de l’ayatollah –venu dans ce village de 2.000 habitants après être passé par la Turquie et l’Irak– et son départ vers Téhéran au terme de près de 15 ans d’éloignement imposé par le chah.

Ce rassemblement est pour cette communauté expatriée « un événement religieux » qui rappelle la présence et la mémoire de l’imam Khomeiny en ces lieux », précise à l’AFP Hamid Moradkhani, premier conseiller de l’ambassade.

« L’image de l’imam, assis sous un pommier, est toujours une image vivante pour nous », souligne-t-il.

– « Va-et-viens perpétuel » –

Cette image, c’est notamment le photographe français Michel Setboun qui l’a popularisée, en France comme en Iran.

Ce fin connaisseur de la Révolution islamique, qu’il a abondamment couverte pour l’agence Sipa, avait 26 ans lorsqu’il assiste à l’arrivée de l’imam à Neauphle-le-Château: « C’était comme une apparition, sous son arbre, dans ce minuscule jardin, Dieu qui descend sur terre… C’était saint Louis! Il était serein, il avait la certitude qu’il allait gagner », relate le photojournaliste qui publie cette semaine un nouveau livre sur le sujet, « Iran Révolution ».

En janvier 1979, un reporter de l’AFP présent à Neauphle décrivait lui aussi l’ambiance particulière qui régnait alors sous la « tente-mosquée » installée dans le jardin où se réunissent « deux fois par jour » autour de l’ayatollah alors septuagénaire « quelques dizaines d’Iraniens venus de divers pays d’Europe ».

« Le silence se fait tandis que tout le monde observe de l’autre côté de la route » l’entrée d’un pavillon qui « abrite l’homme qui a voulu chasser le Chah de son royaume », écrit le journaliste.

« La porte s’ouvre et l’ayatollah Khomeiny apparaît », poursuit-il. Sous escorte française, souvent flanqué d’un de ses proches, le religieux au turban noir et à la barbe blanche « monte lentement vers la tente-mosquée » où l’attend « un service d’ordre musclé » contenant « à grand peine journalistes, photographes et cameramen qui se bousculent autour de l’imam ».

Dans une petite maison aujourd’hui disparue se trouve le « quartier général » où ses partisans enregistrent notamment des milliers de cassettes contenant les « appels, mots d’ordre et messages de l’ayatollah Khomeiny qui seront diffusées en Iran via les téléphones ».

« Une agitation, un va-et-vient perpétuel dans la journée qui ne sont pas du goût de tous les habitants de Neauphle », note le journaliste.

Aujourd’hui, rien ne subsiste ou presque de cette époque. Le pavillon a été pulvérisé par une explosion une nuit de février 1980. Ne reste que le jardin planté d’arbres, toujours propriété de l’État iranien.

En 2017, un panneau de bois à l’effigie de l’imam a été installé sur le terrain, spécifiant que « Le peuple iranien se rappellera toujours de l’hospitalité du peuple français et de l’accueil qui a été réservé à l’imam Khomeiny » en ces lieux.

En surplomb, trois tentes blanches attendaient les « pèlerins » iraniens ce dimanche, dans le jardin pavoisé aux couleurs de la République islamique, plus décoré que les autres années selon des habitants interrogés par l’AFP.

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