InternationalAFP




Qui sont les électeurs de Bolsonaro ?

Exaspérés par la crise économique, les scandales de corruption et l'insécurité, des millions de Brésiliens devaient voter dimanche pour le…

Exaspérés par la crise économique, les scandales de corruption et l’insécurité, des millions de Brésiliens devaient voter dimanche pour le candidat d’extrême droite Jair Bolsonaro, qui a particulièrement séduit les hommes diplômés, aux revenus élevés, ainsi que les évangéliques.

Dans toutes les couches sociales qui lui ont apporté leur soutien, les arguments sont les mêmes : il ramènera l’ordre pour protéger « les gens de bien » de la délinquance, il défendra les valeurs de la famille traditionnelle et c’est un homme politique « honnête », qu’aucun scandale de corruption n’a sali.

1. Le vote d’hommes diplômés, aux revenus élevés

« Bolsonaro fait un meilleur score chez les électeurs ayant de hauts revenus et un bon niveau d’études, que chez les pauvres. Il séduit aussi davantage les hommes que les femmes », explique à l’AFP le politologue, Jairo Nicolau, sur la base des tendances mises en lumière par les dernières enquêtes d’opinion.

Quelque 44% des personnes ayant une formation universitaire le soutiennent, selon l’un des derniers sondages réalisés par l’institut Datafolha.

Parmi les familles ayant des revenus inférieurs à deux salaires minimum, l’adhésion est de 22%, mais grimpe à 53% parmi ceux qui gagnent plus de cinq salaires minimum. Le salaire minimum s’élève au Brésil à 954 réais (environ 215 euros).

Pour le politologue, le candidat d’extrême droite est un « véritable phénomène électoral » car, s’il ne s’attire pas la sympathie des régions pauvres du Nordeste (un bastion de la gauche), il bénéficie d’un soutien « bien distribué » sur l’ensemble du territoire national.

2. La résistance des femmes ?

Environ 50% des Brésiliennes affirment qu’elles ne voteront jamais pour Bolsonaro, en raison vraisemblablement des nombreuses saillies machistes et misogynes qui ont émaillé ses 27 ans de mandat de député.

Considéré en début de campagne comme un foyer de résistance au candidat d’extrême droite, l’électorat féminin s’est toutefois montré perméable au discours de l’ex-capitaine de l’armée.

Les intentions de vote en sa faveur chez les femmes ont doublé au fil de la campagne.

Sur les réseaux sociaux, que Bolsonaro a largement utilisés pour sa campagne après avoir été poignardé pendant un bain de foule, le représentant d’extrême droite est considéré par beaucoup comme le seul candidat se souciant de la sécurité des femmes.

« Indépendamment des polémiques, nous savons que c’est un candidat sans casier judiciaire et cela va faire une différence », expliquait récemment à l’AFP Maria Aparecida, une professeure de 36 ans qui, outre « l’honnêteté » de Bolsonaro, apprécie ses propositions en matière de sécurité.

3- Le vote évangélique

L’autre frange de la population où Bolsonaro a engragé des voix est l’électorat évangélique, qui dans le plus grand pays catholique du monde représente près d’un tiers des habitants.

Environ 26% des fidèles des églises pentecôtistes ou néo-pentecôtistes le soutenaient selon un sondage du 22 août. Mais après une intense campagne des principaux dirigeants de ces églises en sa faveur, les intentions de vote pour le candidat d’extrême droite ont bondi à 42%.

« Bolsonaro est celui qui défend le mieux nos positions » contre l’avortement, la « théorie du genre », pour la défense de la famille traditionnelle, a expliqué à l’AFP Josimar da Silva, présidente du Conseil des pasteurs évangéliques du district fédéral.

A la veille du scrutin toutefois, il a adouci le ton, pour la première fois, à l’égard de la communauté homosexuelle. « Nous gouvernerons pour tout le monde, même pour les homosexuels, car il y en a qui sont pères, qui sont mères », a-t-il lancé.

Suivez l'information en direct sur notre chaîne