Des militants de Lucha (Lutte pour le changement) ont été dispersés ou interpellés lundi lors des manifestations contre la « machine à voter » en République démocratique du Congo, à moins de quatre mois de la présidentielle qui doit élire le successeur du président Joseph Kabila.
A Kinshasa, 22 militants ont été brièvement interpellés devant le siège de la commission électorale (Céni). « Ils ont tenté de marcher, la police les a interpellés. Mais, il n’y avait pas de motif pour les arrêter, je les ai relâchés », a déclaré à l’AFP le général Sylvano Kasongo, chef de la police de Kinshasa.
« Les jeunes de Lucha sont venus, ils n’avaient pas peur, ils sont allés jusque devant la Céni en scandant: non à la machine à voter, non à la machine à voter », a témoigné un vendeur des carte téléphonique.
« Ils ont été interpellés sans opposer de résistance, ils ont été jetés dans une jeep de la police », a ajouté un autre témoin.
A Goma, capitale du Nord-Kivu (est), une manifestation de Lucha a violemment été dispersée par les forces de l’ordre. Plusieurs militants ont été bastonnés et d’autres interpellés, selon un correspondant de l’AFP.
« Nous avons rétabli l’ordre public, il y a une vingtaine des jeunes interpellés », a déclaré à l’AFP le colonel Job Alisi, commandant de la police de Goma (Nord-Kivu).
« Je n’ai pas autorisé la marche d’aujourd’hui, la police n’a fait que son travail de rétablir l’ordre », a dit le maire de Goma, Timothée Mwissa Kiense.
A Bukavu, chef-lieu de la province du Sud-Kivu (est), 17 militants ont été interpellés pendant une heure, selon le mouvement.
« Nous avons été brutalisés, tabassés, torturés. Deux d’entre nous sont grièvement blessés et d’autres ont des égratignures, d’autres ont perdu de l’argent et leurs téléphones portables », a déclaré à l’AFP la militante Judith Maroy.
« Ces militants de la Lucha n’ont été ni brutalisés ni torturés, ils ont été dispersés et les interpellés ont été relâchés sans être verbalisés », a réagi Linda Marhegane, porte-parole de la police.
Des interpellations ont eu lieu ailleurs: 18 à Mbandaka (nord-ouest), deux à Lubumbashi (sud-est), sept à Tshikapa et six à Mbuji-Mayi (centre). Une marche a été dispersée à Kisangani.
A Kananga, grande ville du Kasaï (centre) les militants ont manifesté jusqu’au siège de la Céni où ils ont déposé un mémorandum dans lequel ils exigent « l’abandon de la machine à voter et l’extirpation de 16% d’électeurs fictifs » du fichier électoral, a rapporté un correspondant de l’AFP.
Lucha avait appelé à des marches pour exiger l’abandon des « machines à voter ».
Ces machines, qui servent à choisir les candidats et à imprimer les bulletins de vote, sont au cœur d’une controverse entre la Céni et l’opposition.
Jeudi, la Céni avait dénoncé un « débat politique » et des « intoxications » au sujet des machines à voter et du fichier.
Joseph Kabila, dont le second mandat aurait dû s’achever en décembre 2016 et qui ne pouvait pas se représenter, a désigné comme candidat de son parti Ramazani Shadary.