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Retrait organisation CAN 2019 : stupeur et frustrations à Yaoundé

La capitale camerounaise, Yaoundé, est comme tétanisée samedi matin, quelques heures après l'annonce, par la Confédération africaine de football (CAF),…

La capitale camerounaise, Yaoundé, est comme tétanisée samedi matin, quelques heures après l’annonce, par la Confédération africaine de football (CAF), du retrait de l’organisation de la Coupe d’Afrique des nations, a constaté APA sur place.Dans la rue, les transports en commun et autres restaurants, le sujet nourrit des débats enflammés entre ceux qui crient à l’injustice et ceux qui, manifestement plus nombreux, donnent raison à l’instance confédérale au motif estimé que le pays n’est pas prêt à accueillir un tel événement dans les délais prescrits.

Les échanges sont encore plus houleux sur les réseaux sociaux, entre ceux qui condamnent l’incurie du gouvernement incapable selon eux, depuis l’attribution de la compétition au pays en septembre 2014, de satisfaire au cahier de charges librement accepté. Plus radical, l’autre camp exige des têtes.

«Le président de la CAF vient donc de confirmer ce que les Camerounais redoutaient tant, à savoir le retrait de l’organisation de la CAN Total 2019 à notre pays. La tristesse et la désolation sont totales dans les cœurs des Camerounais ce soir. Notre pays ne méritait pas ça, non, non et non ! Et pourtant c’est arrivé», se désole Jean Michel Nintcheu, député à l’Assemblée nationale et membre du Front social démocratique (SDF, opposition).

«Je suis très triste pour mon pays. Que puis-je dire qui n’ait pas encore été dit ? Laissez-moi souffrir en silence», soupire Emmanuel Simh, avocat au barreau du Cameroun alors que le communiquant Jean Claude Bilana exige l’arrestation de tous les acteurs de cette mésaventure sur le slogan «bien fait pour les imposteurs».

« Au fait, s’interroge l’enseignant de journalisme Baba Wamé, qui doit-on sanctionner et pourquoi ? » Pour lui, c’est l’État du Cameroun qui a été défaillant sur toute la ligne dans ce dossier, ne faisant démarrer les travaux d’infrastructures que deux ans après l’attribution de l’organisation de la CAN au pays.

«Ce qu’il faut dire sans aucune complaisance, c’est qu’il y a des gens qui ont failli. Ce qu’il faut dire sans sourciller, c’est que depuis 2014, nous avons eu 4 ans au moins pour éviter l’imbroglio. Ce qu’il faut dire avec force, c’est que la diplomatie active en direction de la CAF a sauvé juste les meubles d’une humiliation qui aurait pu être plus grande», analyse le journaliste sportif Martin Camus Mimb. Membre du Comité local d’organisation (COCAN), il soutient n’avoir « jamais été convié à une seule réunion».

Pour lui, le Cameroun doit achever sereinement les chantiers de réhabilitation et de construction des infrastructures dans des proportions éthiques, loin des folies dépensières sous le prétexte de l’urgence, quitter les tribunaux et autres rings juridiques pour construire une fédération sereine, armée et crédible pour négocier d’égal à égal et, pour le pays, qui en tant qu’organisateur était déjà qualifié d’office à la CAN 2019, aller chercher sa qualification sur le terrain.

«Au lieu de faire des discours ronflants et théâtraux, il fallait se mettre vraiment au travail. Notre honneur est bafoué, notre fierté vendue par des dirigeants qui n’ont pour seul maître que l’argent et la prédation. Ils sont incapables de dire la vérité au président de la République parce que leur ambition est de durer au pouvoir et de durer encore. Ils n’ont aucun souci pour le peuple qui ne demande pourtant que du pain et des jeux», assène l’ex-chef de service des sports à la télévision publique, Jean Lambert Nang.

Pour dire à quel point Yaoundé est embarrassé par la mesure de la CAF, les médias d’État n’ont, vendredi dans ses journaux du soir, fait aucune allusion au retrait de l’organisation de la CAN 2019.

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