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Saccage d’ambassades: Yaoundé proteste auprès de Berlin et Paris

Le ministre camerounais en charge des Relations extérieures (Minrex), Lejeune Mbella Mbella, a convoqué et reçu les ambassadeurs d'Allemagne et…

Le ministre camerounais en charge des Relations extérieures (Minrex), Lejeune Mbella Mbella, a convoqué et reçu les ambassadeurs d’Allemagne et de France à Yaoundé, Hans-Dieter Stell et Gilles Thibault respectivement, en vue de «recevoir une vive protestation du gouvernement», suite au saccage des représentations diplomatiques de Yaoundé dans ces pays, samedi dernier par des compatriotes se réclamant de l’opposant Maurice Kamto (Mouvement pour la renaissance du Cameroun-MRC), informe un communiqué publié mardi par le ministre de la Communication (MINCOM), René Emmanuel Sadi.S’appuyant sur les dispositions pertinentes des conventions internationales en la matière, et notamment celles relatives aux relations diplomatiques, il «regrette vivement que de tels actes de violence et de vandalisme aient été commis, faute d’une adéquate protection autour de ces ambassades».

Les autorités camerounaises déplorent ce manquement d’autant plus, souligne le MINCOM, que le Cameroun, pour sa part, s’est toujours acquitté de son devoir de protection des locaux des missions diplomatiques présentes sur son territoire, et s’attend en retour à ce que, conformément au principe de réciprocité, les pays amis assurent un égal traitement à ses missions diplomatiques qu’ils accueillent sur leur sol.

René Emmanuel Sadi a également annoncé, dans le même communiqué, que le pouvoir de Yaoundé entendait engager toutes les actions nécessaires, au Cameroun et à l’étranger, à l’encontre des commanditaires et autres responsables de ces voies de faits, afin qu’ils répondent de leurs actes devant les juridictions compétentes.

S’agissant spécifiquement de Paris, le chargé d’affaires du Cameroun, Antoine Ahmadou, dans un pré-rapport adressé le 26 janvier aux autorités de son pays et que APA a pu consulter, décrit des scènes de guerre perpétrées par des activistes dénommés «Brigade anti-sardinards», une centaine de femmes et d’hommes décidés à «prendre le contrôle des lieux et causer le maximum de dégâts possible».

Au bout de quelque 5 heures de casse, et avant de faire intervenir sur réquisition les forces de police locales, le diplomate relate, entre autres, une «mise à sac systématique», le vol de plusieurs documents des services de renseignement, «le pillage du service financier, avec un préjudice estimé à près de 70.000 euros en espèces».

Dans un extrait du point de presse du porte-parole du Quai d’Orsay (Affaires étrangères), relayé mardi après-midi par l’ambassade de France au Cameroun, à la question : «Quelle est la réaction de la France à la situation au Cameroun, notamment l’arrestation hier de l’opposant Maurice Kamto et la convocation de l’ambassadeur de France à Yaoundé à la suite des incidents survenus à l’ambassade du Cameroun samedi à Paris ?», la réponse de la diplomatie française est plutôt aérienne : «Nous sommes attentifs à la situation de M. Maurice Kamto à la suite de son arrestation. Nous condamnons fermement l’intrusion qui a eu lieu samedi dernier à l’ambassade du Cameroun à Paris. Notre ambassadeur à Yaoundé s’est entretenu hier, comme il le fait régulièrement, avec le ministre des Relations extérieures camerounais. Il ne s’agissait pas d’une convocation.»

La France, selon toute vraisemblance, se préoccupe davantage du sort du leader du MRC, arrêté, en même temps que certains de ses lieutenants, la veille dans la métropole économique, Douala, et qui jusqu’à mardi soir restait aux mains de la police judiciaire, qui l’accuse de troubles à l’ordre public et d’appel à l’insurrection.

Samedi dernier, plusieurs militants et sympathisants de cette formation étaient descendus dans la rue à Douala, à Bafoussam et Mbouda (Ouest), mais aussi dans la capitale, Yaoundé, pour protester, dans le cadre des «marches blanches le «hold-up électoral» du chef de l’État Paul Biya, qui l’a emporté par 71,28% suivi de Maurice Kamto 14,23%.

La répression policière qui s’en est suivie a fait, selon le MRC, plusieurs blessés par balles réelles, tirées par les éléments du maintien de l’ordre, une thèse réfutée par le gouvernement, qui évoque juste 117 arrestations dans ces différents sites.

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