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Syrie: à Qah, dans un camp de déplacés, la mort est « tombée du ciel »

Au milieu d'un océan de bâches dans un camp de déplacés d'Idleb, des images, malheureusement coutumières dans la Syrie en…

Au milieu d’un océan de bâches dans un camp de déplacés d’Idleb, des images, malheureusement coutumières dans la Syrie en guerre, de destructions provoquées par un bombardement. Mais le bilan est particulièrement lourd: 16 civils tués dont huit enfants.

Mercredi, au moins 21 civils ont été tués dans la province d’Idleb (nord-ouest) à la suite de frappes menées par le régime et son allié russe, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

Parmi ces victimes, 16 ont succombé dans une frappe près du village de Qah, frontalier de la Turquie, où survivent près de 4.000 déplacés dans un camp informel.

Sweat à capuche vert, Abou Mohamed fait de grands gestes à l’évocation de l’explosion qui a secoué les lieux la veille, tandis que quelques jeunes viennent écouter son récit.

Cela fait plus de huit ans que le conflit syrien l’a contraint à quitter son foyer, comme des millions de ses compatriotes.

« La première frappe que j’ai vécue, c’était contre une école. Et maintenant, ici. (…) Je l’ai vue de mes propres yeux, une bombe à fragmentation dont les éclats ont arrosé le camp », dit-il.

« Tous les pays du monde sont contre ce peuple. (…) Nous voulons un accord solide pour qu’on nous laisse tranquille. Ce sont des enfants, pas des terroristes », s’insurge-t-il.

La région d’Idleb échappe toujours au régime de Bachar el-Assad. Elle reste majoritairement dominée par les jihadistes du groupe Hayat Tahrir al-Cham (HTS), l’ex-branche syrienne d’Al-Qaïda, tout comme des secteurs adjacents des provinces d’Alep, de Hama et de Lattaquié.

Après des mois de bombardements intenses ayant coûté la vie à près d’un millier de civils, une trêve a été annoncée fin août par Moscou. Mais l’OSDH fait état de la poursuite de bombardements sporadiques, qui ont tué des dizaines de civils.

A Qah, en ce lendemain de jour de sang, des enfants s’affairent autour des débris d’un missile sol-sol de couleur verte.

Plus loin, une grand-mère brandit à bout de bras une fillette dont le visage porte des traces d’éclats. Sur la joue et le cuir chevelu de Aïcha, des blessures et du sang à peine séché.

– « C’était très fort » –

Son oncle, Abou Mahmoud, explique avoir « entendu une explosion après la prière du soir. C’était très fort ».

« On s’est précipité pour voir la tente de mon frère. Il y avait le feu. Ma belle-soeur et une de ses filles étaient mortes. Mon frère a subi des blessures dues aux éclats, et des brûlures », ajoute cet homme en blouson gris et bonnet bleu.

Sur le site touché, une bonbonne de gaz trône au milieu de vêtements poussiéreux. Une porte en bois tient toujours péniblement debout, séparant désormais des pièces fantômes dont ne restent que les fondations en béton.

Un homme semble vouloir récupérer ce qui peut encore l’être et empile sur un vieux matelas des coussins sortis des décombres.

En face, le souffle de l’explosion a arraché la toile d’autres tentes.

Turban autour du crâne et profondes cernes sous les yeux, un villageois, Abou Mohamed, lui aussi raconte: « Nous étions à la maison, encore réveillés. (…) Quelque chose est tombé du ciel. (…) Quand je suis sorti, je ne pouvais rien voir d’autre que le missile ayant fini sa course contre mon mur, après qu’il a endommagé mon tracteur ».

Pour Abou Mahmoud, le choc est d’autant plus fort qu’il « n’y avait eu aucun incident ces dernières années ».

« Nous ressentions ici une forme de sécurité. Mais cette zone qu’on pensait à l’abri est maintenant menacée. La situation est très difficile », se désole-t-il.

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