Un professionnel de la santé animale plaide pour une prise en charge correcte de la rage au Sénégal

Dr Médoune Badiane, chef du bureau de surveillance épidémiologique des maladies animales, a plaidé vendredi, pour une prise en charge correcte de la rage.

Dr Badiane s’est exprimé en marge d’un atelier de formation des journalistes et responsables de communication sur l’Approche One Health au Service National de l’Education et de l’Information pour la santé (SNEIPS). Il a donc saisi cette occasion pour plaider pour une prise en charge correcte de la rage au Sénégal.
Le Dr Badiane a ainsi expliqué que « Les chiens qui sont victimes de cette pathologie sont pour la plupart ceux des familles pauvres. Généralement, les autorités ne s’en rendent même pas compte. C’est pourquoi, je fais ce cri de cœur pour que cette maladie soit prise en charge correctement dans le pays ».
L’on a détecté 70 foyers de rage au Sénégal en 2020 selon les explications de Dr Badiane. Il a de ce fait, déploré le fait qu’on en parle peu.
« On en parle juste pendant la journée mondiale de la rage c’est à dire le 28 septembre. Les médias n’en parlent pratiquement pas ».
Selon lui, « ce qui est à craindre, c’est que les autres espèces animales développent la rage. Vous imaginez le risque qu’encourent ceux qui sont à côté d’un bœuf enragé ? Il ne reconnait personne et se met à buter sur tout ce qui bouge ».
Le Docteur a expliqué en outre que l’autre difficulté reste la prise en charge normale de la rage. « Si un chien est malade, son isolement de 15 jours est à la solde de son propriétaire qui n’a pas souvent les moyens pour le faire correctement. Je pense que la solution doit venir d’en haut ».
Il a également signalé le manque de sérum au niveau des structures de santé des régions du pays.
« Nous avons aussi besoin d’hémoglobines par exemple mais surtout de vaccins antirabiques. La plupart de ceux qui ont besoin de les utiliser l’achètent en pharmacie. Les prix sont très chers dans les structures de santé et les officines. C’est-à-dire si quelqu’un se fait mordre par un chien enragé à Koumpentoum et doit venir à Dakar pour une prise en charge, cela va lui coûter cher », a-t-il dit.
Pour le vétérinaire, « la seule manière de vaincre la rage, c’est la mise en œuvre de l’approche One Health (une seule santé). Il faut que chacun mette la main à la patte’’.
Le chef du bureau de surveillance épidémiologique des maladies animales a donc appelé les acteurs de la santé, les autorités, collectivités locales, et les populations à jouer leur rôle, pour une prise en charge correcte de la rage au Sénégal.
« (…)Tout un chacun a un rôle à jouer. Il faut qu’on en parle suffisamment pour que les gens comprennent que c’est important », a-t-il lancé.

Sénégal: 28 cas de rage rapportés entre 2017 et 2018

Ceci ressort du propos de la ministre de l’élevage et de la Production animale lors de l’ouverture de la rencontre nationale sur le contrôle de la rage

Au total, 28 cas de rage ont été rapportés au Sénégal entre 2017 et 2018, a annoncé le 28 Mai dernier à Dakar, le ministre de l’élevage et des Productions animales, Aminata Mbengue Ndiaye. « 28 cas de rage ont été rapportés au Sénégal entre janvier 2017 et avril 2018. Sur ces cas, 02 concernent les bovins, 03 les petits ruminants et 02 les ânes », a expliqué le ministre Aminata Mbengue Ndiaye.

Elle ouvrait une rencontre nationale sur le contrôle de la rage au Sénégal à travers l’approche «Une Seule Santé» organisée par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (Fao).

Selon le ministre de l’Elevage et des Productions animales, au Sénégal, la rage sévit de façon endémique et pose avec acuité un problème majeur de santé publique d’autant plus qu’en sus des cas de rage canine, les services du ministère rapportent régulièrement des cas au niveau des équidés et des ruminants.

« Eu égard à cette situation alarmante, en moyenne, 1000 à 2000 vaccinations sont réalisées et 3000 chiens éliminés chaque année à l’échelle nationale », a indiqué Aminata Mbengue Ndiaye, affirmant que l’ambition du Gouvernement est d’éradiquer la rage d’ici à 2030.