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Trump critique, de concert avec Kim, les manoeuvres militaires entre Washington et Séoul

Après avoir fermé les yeux face à une série de tirs de missiles nord-coréens, Donald Trump a une nouvelle fois…

Après avoir fermé les yeux face à une série de tirs de missiles nord-coréens, Donald Trump a une nouvelle fois affiché vendredi son entente avec Kim Jong Un, au moment où son gouvernement tente désespérément, jusqu’ici en vain, de relancer les négociations avec Pyongyang.

Comme souvent quand leurs relations traversent un trou d’air depuis l’embellie spectaculaire de 2018, c’est sur une « superbe lettre de trois pages » du dirigeant nord-coréen que le président des Etats-Unis s’est appuyé pour démontrer que tout allait bien.

Dans ce courrier « très positif » reçu jeudi, le numéro un de la Corée du Nord lui explique les raisons des récents tirs de missiles de courte portée, déjà publiquement présentés comme un « avertissement » contre les exercices militaires conjoints menés par les Etats-Unis et la Corée du Sud.

« Il n’était pas content au sujet des manoeuvres militaires », a rapporté Donald Trump, avant de s’aligner aussitôt sur la position de Kim Jong Un. « Je ne les ai jamais aimées non plus. Et vous savez pourquoi? Je n’aime pas payer » pour ces exercices, a-t-il ajouté.

Tout en se montrant au diapason avec le dirigeant d’un pays ennemi, il tacle ainsi ses alliés sud-coréens, avec en outre cette mise en garde agacée au sujet de la dispute actuelle entre Corée du Sud et Japon: « Ils doivent se réconcilier car cela nous met en position très délicate ».

Le milliardaire républicain a aussi dit penser, sans plus de précisions, qu’il rencontrerait une quatrième fois l’homme fort du pays reclus, avec lequel ils échangeait insultes et menaces atomiques avant leur premier sommet, historique, de juin 2018 à Singapour.

En cause, donc, des exercices militaires conjoints annuels lancés lundi, pour un peu plus de deux semaines, par Washington et Séoul en dépit des mises en garde de Pyongyang.

Le président américain a déjà critiqué par le passé ces manoeuvres, qu’il juge trop coûteuses et « très provocatrices » — reprenant à son compte la rhétorique nord-coréenne. Il avait d’ailleurs annulé les exercices de l’été dernier et l’ampleur de ceux de cette année a été revue à la baisse.

– « Enorme erreur » –

« Kim se joue de lui magistralement », a commenté sur Twitter Vipin Narang, professeur au Massachusetts Institute of Technology, notant que la « flatterie » du président succède aux quatre séries d’essais de missiles menés ces dernières semaines. « On prend les mêmes et on recommence. Il peut continuer cette pièce encore et encore, car ça marche à tous les coups ».

De fait, Donald Trump a minimisé à plusieurs reprises ces tirs de missiles, estimant qu’ils étaient très « communs » et sans lien avec le programme nucléaire. Et son secrétaire d’Etat Mike Pompeo a assuré qu’ils n’entravaient pas une reprise des négociations sur le désarmement nucléaire de la Corée du Nord.

L’administration Trump a énormément misé sur la détente avec Pyongyang, présentée comme l’un de ses principaux succès en politique étrangère. Acter son échec serait très mauvais à quinze mois de la présidentielle de 2020, à l’occasion de laquelle le milliardaire républicain briguera un second mandat.

Du coup, le locataire de la Maison Blanche temporise et ferme les yeux.

Les tirs de missiles sont pourtant qualifiés de « provocations » par un haut responsable de la diplomatie américaine, qui s’indigne aussi de la promesse non tenue de Kim Jong Un au sujet de la relance des pourparlers, dans l’impasse depuis l’échec du sommet de Hanoï en février.

Le dirigeant nord-coréen s’était engagé fin juin, lors d’une rencontre avec Donald Trump dans la zone démilitarisée entre les deux Corées, à ce que ces discussions reprennent dans les « deux à trois semaines » suivantes.

« Ces provocations, conjuguées au non respect de leur engagement à reprendre la voie de la diplomatie », « sont une énorme erreur », a estimé récemment ce haut responsable auprès de quelques journalistes qui accompagnaient Mike Pompeo à Bangkok, dont celui de l’AFP. « Ils doivent cesser les provocations » et « aboutir à une dénucléarisation complète », a-t-il martelé.

Or, en Thaïlande, où le chef de la diplomatie américaine et son émissaire pour la Corée du Nord Stephen Biegun espéraient rencontrer des représentants nord-coréens, ces derniers ont fait la politique de la chaise vide, laissant la délégation des Etats-Unis désemparée. Aucune date n’a été fixée pour de prochaines discussions.

Signe que Washington commence à perdre espoir? Dans ce contexte incertain, des médias américains rapportent que Stephen Biegun pourrait quitter son rôle de négociateur pour être nommé ambassadeur à Moscou — une information non confirmée de source officielle.

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