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Un Canadair sur Notre-Dame ? Comme « jouer au bowling avec la cathédrale »

"Peut-être faudrait-il utiliser des bombardiers d'eau", conseillait lundi Donald Trump aux pompiers pour éteindre les flammes qui ravageaient Notre Dame.…

« Peut-être faudrait-il utiliser des bombardiers d’eau », conseillait lundi Donald Trump aux pompiers pour éteindre les flammes qui ravageaient Notre Dame. « Ce serait comme jouer au bowling avec la cathédrale, tout s’effondrerait », répond mardi le porte-parole de la Sécurité civile à l’AFP.

Un Canadair, c’est 6.300 litres d’eau embarqués. Au moins 3.000 litres en ne larguant qu’une des deux soutes. « L’équivalent d’un bloc de béton de 3 tonnes, lancé à 250 km/h, explique le lieutenant-colonel Michaël Bernier. Et là, ce sont les deux tours qui risquaient de s’effondrer ».

« C’est techniquement impossible, irréalisable et surtout ce serait totalement inutile », insiste ce gradé des sapeurs-pompiers, porte-parole de la Sécurité civile, encore étonné qu’une proposition aussi « risible » ait pu être reprise et envahir les réseaux sociaux lundi soir, alors que les soldats du feu luttaient contre le sinistre.

Réservés aux zones non habitées, de tels largages d’eau sont impossibles dans des secteurs urbanisés et encore plus sur une ville d’une densité telle que Paris. « Les immeubles voisins seraient touchés par les blocs de pierres projetés, sans compter qu’il faudrait au préalable évacuer la totalité du site », insiste M. Bernier. Impossible donc lundi soir à Notre Dame, avec 500 sapeurs-pompiers mobilisés, dont certains sur l’édifice lui-même.

Même avec un hélicoptère bombardier d’eau qui ne transporte que 1.500 litres d’eau, loin donc des volumes embarqués par les Canadair, les Tracker (3.600 litres) ou les Dash (10.000 litres largables en quatre fois si nécessaire), les dégâts seraient considérables: « C’est la nef qui s’effondrerait, il n’y aurait plus d’arcboutants ».

« Le largage d’eau par avion sur ce type d’édifice pourrait entraîner l’effondrement de l’intégralité de la structure », avait tweeté dès lundi soir la Sécurité civile.

Aux Etats-Unis, l’idée de tels largages d’eau a été testée sur un camion en feu, sur une route, raconte le lieutenant-colonel Bernier: « Après, il ne restait plus rien, tout était broyé ».

Autre paramètre qui rendait impossible lundi soir l’intervention de tels bombardiers d’eau, l’interdiction en France de largages de nuit, contrairement à ce qui se pratique en Australie par exemple: « Là bas, ils vont intervenir dans des secteurs à 100 km de la première maison. Au pire, ils tuent un kangourou ! »

La flotte française de bombardiers d’eau – 12 Canadair, 8 Tracker et 2 Dash – est stationnée sur la base de Nîmes-Garons dans le Gard. Les Tracker qui partent peu à peu à la retraite, seront progressivement remplacés par des Dash, dont six nouveaux exemplaires vont arriver d’ici 2022.

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