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Venezuela: condamnations et appels à l’ONU après la mort d’un soldat en détention

Les Etats-Unis, des pays latino-américains et l'opposition vénézuélienne ont multiplié dimanche les condamnations après la mort d'un militaire qui aurait…

Les Etats-Unis, des pays latino-américains et l’opposition vénézuélienne ont multiplié dimanche les condamnations après la mort d’un militaire qui aurait été torturé en détention, accusé d’être impliqué dans une tentative de coup d’Etat contre Nicolas Maduro.

Le gouvernement vénézuélien ne s’était pas exprimé sur le fond du sujet soir, annonçant simplement l’ouverture d’une enquête, tandis que l’opposition et des pays latino-américains en appelaient à l’ONU pour éclaircir les circonstances de ce décès.

Le Groupe de Lima, composé d’une douzaine de pays latino-américains et du Canada, s’est insurgé contre l' »assassinat » du capitaine de corvette Rafael Acosta Arevalo, mort samedi.

Dans la foulée, le Groupe de Lima a demandé « à la communauté internationale, et en particulier au bureau de la Haute-Commissaire aux droits de l’homme de l’ONU (Michelle Bachelet) d’agir sans plus attendre ».

L’ancienne présidente du Chili, qui a subi les tortures de la police politique de l’ex-dictateur chilien Augusto Pinochet dans les années 1970, était justement en visite une semaine auparavant à Caracas. Elle y avait demandé la « libération » des opposants emprisonnés, qui seraient près de 800, selon l’ONG Foro Penal.

Washington « condamne l’assassinat et la torture » du capitaine de corvette Acosta, « mort alors qu’il était détenu par les voyous de Maduro et leurs conseillers cubains », a déclaré le département d’Etat dans un communiqué.

« Ce nouvel acte de barbarie de Maduro doit nous inciter à l’action », a estimé le département d’Etat, appelant « toutes les démocraties du monde » à « faire pression » pour que les agresseurs soient amenés à rendre des comptes.

John Bolton, conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, a accusé sur Twitter la Direction du contre-espionnage militaire du Venezuela (DGCIM) d’être « responsable » de la mort d’Acosta.

Juan Guaido, reconnu comme président par intérim par les Etats-Unis et une cinquantaine de pays, s’était indigné dès samedi soir du décès du militaire, mort « après avoir été torturé ». Il reprenait à son compte le récit de Tamara Suju, une avocate et militante vénézuélienne des droits humains exilée en République tchèque.

Son décès, un « assassinat » selon M. Guaido, est à ajouter aux « forfaits » commis par le « dictateur » Nicolas Maduro, que l’opposant, président du Parlement, tente de chasser du pouvoir depuis janvier dernier.

Le capitaine Acosta faisait partie d’un groupe de 13 personnes arrêtées pour leur implication dans un présumé projet de coup d’Etat contre le président chaviste, par un groupe lié selon le gouvernement à Juan Guaido.

Ce « putsch » aurait dû avoir lieu les 23 et 24 juin et prévoyait l’assassinat du président et de plusieurs hauts responsables, d’après Jorge Rodriguez, ministre de la Communication de Nicolas Maduro.

– Reprise du « dialogue »? –

Selon le récit de Tamara Suju sur Twitter, le capitaine de corvette Acosta a été présenté vendredi devant un tribunal « en fauteuil roulant, présentant de graves signes de torture ».

Le ministère de la Défense, un des piliers du pouvoir au Venezuela, a affirmé dimanche dans un communiqué que l’officier s’était « évanoui » pendant l’audience et que le juge avait alors ordonné son transfert vers un hôpital « où il est décédé ».

Sans évoquer les accusations de « torture », le procureur général Tarek William Saab, un proche de Nicolas Maduro, a annoncé une « enquête objective, indépendante et impartiale » sur les circonstances de cette mort.

Contempteur du pouvoir chaviste, le Parlement unicaméral, seule institution contrôlée par l’opposition à Nicolas Maduro, s’est aussi tourné vers Michelle Bachelet, lui réclamant dimanche « une enquête impartiale et urgente ».

Le Parlement a également demandé qu’une « équipe médico-légale internationale indépendante » procède à une autopsie, ainsi qu’à « la vérification de l’état de santé » de tous les militaires détenus pour des accusations de « complot ».

Mais les résolutions et lois votées par les députés sont considérées comme nulles et non avenues par la Cour suprême de justice et l’Assemblée constituante, composée uniquement de fidèles de Nicolas Maduro, et dotée de très larges pouvoirs.

La mort du capitaine de corvette Acosta crispe encore un peu plus les tensions entre l’opposition et le pouvoir chaviste, au moment où les pourparlers entre les deux camps pourraient pourtant reprendre.

Après deux rounds infructueux en mai sous les auspices de la Norvège, Nicolas Maduro a en effet expliqué cette semaine que le « dialogue va continuer », sans toutefois préciser de calendrier ou d’ordre du jour.

A la crise politique que traverse le Venezuela s’ajoute la pire crise sociale et économique de l’histoire récente de ce pays. Les pénuries d’essence et de médicaments se multiplient, tandis que les coupures d’électricité sont devenues monnaie courante.

Selon les Nations unies, plus de 7 millions de Vénézuéliens, soit un quart de la population, ont besoin d’une aide humanitaire d’urgence.

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