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Zimbabwe: date-butoir pour l’opposition pour faire appel des résultats de la présidentielle

Minuit dernier délai: l'opposition zimbabwéenne devait déposer un recours vendredi, date butoir, devant la Cour constitutionnelle si elle voulait contester…

Minuit dernier délai: l’opposition zimbabwéenne devait déposer un recours vendredi, date butoir, devant la Cour constitutionnelle si elle voulait contester la présidentielle du 30 juillet remportée par le sortant Emmerson Mnangagwa.

Dans le même temps, Tendai Biti, figure de l’opposition zimbabwéenne accusé de violence publique, comparaissait à nouveau devant les juges.

Alors que beaucoup de Zimbabwéens s’impatientent, le parti de M. Biti, le Mouvement pour le changement démocratique (MDC), semble attendre le dernier moment pour déposer un recours contre les résultats de la présidentielle, la première depuis la mise à l’écart en novembre du leader historique Robert Mugabe.

Le scrutin a été remporté par Emmerson Mnangagwa (50,8%) devant le leader du MDC, Nelson Chamisa (44,3%).

Selon un employé du tribunal, le MDC a jusqu’à vendredi minuit (22H00 GMT) pour déposer son recours même si la Cour constitutionnelle ferme à 16H00 (14H00 GMT).

Une fois saisie, la Cour constitutionnelle aura 14 jours pour trancher.

En l’absence de recours, Emmerson Mnangagwa, membre de la Zanu-PF au pouvoir depuis l’indépendance du Zimbabwe en 1980, pourrait être investi dimanche.

– Fraude de ‘mammouth’-

« Toutes les preuves (de fraude) dont nous avons besoin sont disponibles. Il n’y aura aucun doute pour tous les citoyens. Il y a eu une triche et une fraude de +mammouth+ », a affirmé mercredi Thabani Mpofu, avocat du MDC.

De son côté, le président Mnangagwa se montre confiant, répétant que l’élection a été « juste et transparente ». Son camp accuse les opposants d’être « mauvais joueurs ».

La plupart des observateurs sont plutôt sceptiques quant aux chances de l’opposition d’obtenir satisfaction devant les tribunaux.

« La justice au Zimbabwe a un long passé de partialité favorable à la Zanu-PF et il est peu probable que les juges, dont beaucoup doivent leurs postes au parti au pouvoir, prennent des décisions favorables à l’opposition », estime Alexander Noyes, spécialiste Afrique, du Center for Strategic and International Studies (CSIS).

Certains soulignent que l’opposition n’a pas forcément les moyens de démasquer des fraudes. D’autres estiment qu’Emmerson Mnangagwa a peut-être tout simplement gagné l’élection.

Deux jours après les élections, l’opposition était descendue dans les rues d’Harare pour dénoncer la fraude, selon eux, lors de la présidentielle. L’armée avait tiré à balle réelle, faisant au moins six morts.

Au Palais de justice, les avocats de Tendai Biti – qui avait fui jeudi en Zambie demandant l’asile politique avant d’être remis aux autorités zimbabwéennes – veulent que le parquet abandonne les poursuites de « proclamation illégale de résultats électoraux » et « violence sur la voie publique », ainsi que l’accusation qu’il a tenté d’échapper à la justice.

« J’ai déjà été arrêté à de nombreuses reprises ces dernières années. Ma maison a été attaquée deux fois avec un cocktail Molotov, mais je ne me suis jamais senti aussi menacé qu’au cours des sept derniers jours », a déclaré Tendai Biti devant le tribunal, où il comparaissait libre après avoir bénéficié la veille d’une libération sous caution.

« Nous allons présenter à la cour des preuves du harcèlement dont sont victimes M. Biti, sa mère et ses amis », a souligné un peu plus tôt l’une de ses avocates Beatrice Mtetwa.

« Cela l’a conduit à penser que sa vie était en danger. Il a donc cherché asile en Zambie », a-t-elle déclaré, estimant que son arrestation était un « enlèvement » et une « violation sérieuse des lois sur les réfugiés ».

Les organisations des droits de l’Homme et la communauté internationale s’inquiètent toujours du déploiement policier qui maintient la capitale et ses banlieues sous tension.

Le président Mnangagwa, qui a dirigé sous Robert Mugabe la brutale répression (20.000 morts) dans les provinces dissidentes du Matabeleland (ouest) et des Midlands (centre) en 1983, a promis la semaine dernière une enquête indépendante sur les violences post-électorale.

Au pouvoir depuis novembre et l’éviction de Mugabe, il tente depuis de monter des signes d’ouverture et des gages de bonne volonté.

Il a affirmé jeudi sur Twitter que Tendai Biti avait été libéré après son intervention personnelle.

Mais vendredi, la commission zimbabwéenne des droits de l’Homme a dénoncé « la chasse et le harcèlement d’agents électoraux représentant des candidats indépendants ou des partis d’opposition ».

Dans un communiqué conjoint publié jeudi, les missions diplomatiques de l’Union européenne, des Etats-Unis de l’Australie et du Canada, s’étaient dites « profondément inquiètes des informations incessantes reçues selon lesquelles des membres de l’opposition sont visés par les forces de sécurité.

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