Nigeria: malgré les violences à Jos, des passionnés de rando veulent relancer le tourisme

« Terre de paix et de tourisme »: les vieilles plaques d’immatriculation des voitures portent encore cette inscription si chère aux habitants du Plateau, dans le centre du Nigeria. De jeunes passionnés de randonnée comptent faire revivre le slogan, malgré la violence qui éreinte leur belle région.

Chaque week-end, Andrew Niagwan et ses amis défient l’insécurité pour tracer de nouveaux sentiers de balade et relancer le tourisme dans des paysages verdoyants à couper le souffle.

« Nous avons déjà une soixantaine d’itinéraires et nous continuons d’en découvrir », raconte entre deux foulées de géant ce trentenaire de près de deux mètres, en arrivant au sommet des Shere Hills, une chaîne montagneuse qui attirait autrefois des touristes de tout le pays.

Armé d’une bombe de peinture blanche, Andrew dessine des flèches sur les cailloux qui jalonnent le parcours. Un peu plus loin, un guide ouvre la voie à travers la végétation dense, à grands coups de machette.

« Pendant des années, plus personne n’a sillonné les environs, mais grâce à nous, la fièvre de la randonnée est de retour! », dit fièrement Andrew, qui a créé en 2013 le « Jos Plateau Hikers club » avec son ami et mentor français Yves Gattepaille, 82 ans dont plusieurs décennies à arpenter la région à pieds.

Le micro-climat d’une fraîcheur exceptionnelle dans un pays souvent suffocant, la beauté des dômes rocheux et ses établissements hôteliers ont longtemps fait de l’Etat du Plateau le lieu de villégiature favori des riches Nigérians et des expatriés.

Mais au début des années 2000, les ardeurs des touristes et des randonneurs ont été refroidies par les violences entre communautés chrétienne et musulmane qui ont secoué la capitale régionale Jos et ses environs, faisant plus de 10.000 morts selon l’ONG Human Rights Watch.

– Visite d’Elizabeth II –

Au carrefour d’un nord majoritairement musulman et d’un sud à dominante chrétienne, la région de Jos a fait partie de la zone d’influence du Califat peul de Sokoto (nord) avant la colonisation anglaise.

Mais les communautés autochtones, aidées par le relief montagneux qui empêchait les conquérants de passer à cheval, ont résisté à la vague d’islamisation venue du nord. A la place, le Plateau est devenu dès le 19e siècle une terre de missionnaires chrétiens.

L’histoire récente a encore montré que les vieilles querelles ethno-religieuses pouvaient ressurgir à tout moment: en juin, après trois années d’accalmie, plus de 200 villageois ont perdu la vie dans des massacres attribués à des éleveurs peuls musulmans près de Jos, où des émeutes ont éclaté dans la foulée.

Au fil des vagues de violences, l’économie locale a sombré, près de 80% des expatriés ont plié bagage, nombre d’entreprises ont fermé et le taux de chômage a explosé.

A l’image d’un secteur touristique décadent, l’Hôtel Hill Station, qui fut longtemps l’établissement le plus prestigieux de Jos, semble désormais figé dans la poussière et le silence, tandis que ses murs se lézardent lentement.

« Le temps où la reine d’Angleterre venait y séjourner est loin », soupire Mankat Dewa, un entrepreneur local, évoquant la visite d’Elizabeth II en 1956, lorsque l’hôtel accueillait encore de fastueux banquets dans ses jardins luxuriants.

« Jos devrait être la première destination touristique du Nigeria, mais la mauvaise gouvernance et les crises successives ont tout détruit », affirme ce patron de restaurant de 34 ans.

– « Garder le secret » –

Conscient du potentiel de la région, le gouverneur du Plateau, Simon Lalong, a affirmé début novembre vouloir « ressusciter » le tourisme lors d’une conférence sur le sujet à Jos.

« Nous allons accorder davantage d’attention au tourisme comme source de revenus non seulement pour l’Etat du Plateau mais pour le Nigeria », afin d’inciter les Nigérians à passer leurs vacances chez eux « plutôt que de se ruer au Kenya ou en Grande-Bretagne », a-t-il déclaré.

La pratique de la rando, qui permet une bouffée d’air frais, est en plein essor: après le « Jos Plateau hikers club », des nouveaux venus comme « The hike team », « Jos hike it », « The Wayfarers of Jos » organisent désormais chaque weekend des marches en montagne.

Jeunes de Jos, mais aussi expatriés européens et américains – dont plusieurs ambassadeurs – se retrouvent désormais pour des barbecues, des baignades dans les lacs et les cascades qui rassemblent parfois jusqu’à une centaine de personnes.

« Bien sûr, il faut s’adapter. Nous évitons les zones où des attaques ont eu lieu ces derniers mois », reconnait Andrew Niagwan. Et « quand nous organisons un week-end camping en pleine nature, nous gardons secret le lieu exact de la randonnée jusqu’au dernier moment ».

Ce jeune diplômé en psychologie veut rester optimiste: « Jusque-là, nous n’avons jamais eu de problème. »

« Pendant les violences, avec le couvre-feu, on restait calfeutré à la maison, Internet était notre principal compagnon », souligne Metou Kwallo, une randonneuse 26 ans. « Mais nous sommes fatigués de tout ça (…) nous n’allons pas vivre indéfiniment dans la peur. »

L’Afrique de l’Est pourrait perdre son monopole de « berceau de l’humanité »

Des archéologues ont découvert en Algérie des outils en pierre taillée remontant à 2,4 millions d’années, bien plus anciens que ceux trouvés dans cette région jusqu’à présent, ce qui pourrait remettre en cause l’Afrique de l’Est comme berceau unique de l’humanité, selon des travaux publiés jeudi dans la prestigieuse revue Science.

Les galets en calcaire et en silex taillés ont été découverts à Sétif, à 300 km à l’est d’Alger, par une équipe de chercheurs internationaux dont des chercheurs algériens. Les outils ressemblaient exactement à ceux dits Oldowan, trouvés jusqu’alors principalement en Afrique de l’Est.

Ils ont aussi déterré à proximité des dizaines d’ossements animaux fossilisés, présentant ce qui ressemble à des marques d’outils – de véritables outils de boucherie préhistoriques. Ces ossements proviennent d’ancêtres crocodiles, éléphants, hippopotames ou encore girafes.

Depuis des décennies, l’Afrique de l’Est est considérée comme le berceau de l’humanité. On y a trouvé les outils les plus anciens: 2,6 millions d’années. La découverte annoncée jeudi, sur le site de Aïn Boucherit, rivalise désormais avec cette période.

Cela pourrait signifier que les techniques d’outils sont rapidement sorties d’Afrique de l’Est. Autre hypothèse avancée par les chercheurs: « un scénario d’origines multiples des anciens hominidés et des technologies lithiques, à la fois en Afrique de l’Est et du Nord ».

« Le site de Ain Lahnech est le deuxième plus ancien au monde après celui de Kouna en Ethiopie qui remonte à 2,6 millions d’années, considéré comme le berceau de l’humanité », explique à l’AFP le professeur Mohamed Sahnouni, qui a dirigé l’équipe de recherche et travaille depuis des années sur ce site.

Les découvertes ont été faites sur deux couches archéologiques, l’une datée de 2,4 millions d’années et la seconde de 1,9 millions d’années.

– A suivre: le Sahara –

Les ancêtres de l’homme étaient donc présents en Afrique du Nord au moins 600.000 ans plus tôt que ce que les scientifiques croyaient jusqu’à maintenant. Auparavant, les plus vieux outils d’Afrique du Nord dataient de 1,8 million d’années, sur un site proche.

Aucun reste humain n’a été découvert: on ignore donc quelle espèce d’hominidés, quel ancien cousin d’Homo Sapiens (apparu lui bien plus tard), utilisait ces outils.

Les fouilles ont été menées par des chercheurs de centres de recherche en Espagne, en Algérie, en Australie et en France.

« A Aïn Lahnech, dans la wilaya (préfecture) de Sétif, les chercheurs ont découvert des restes lithiques et fossiles et de galets taillés, des polyèdres manufacturés en calcaire et en silex (…) qui remontent à 2.400.000 ans « , s’est félicité Azzedine Mihoubi, ministre algérien de la Culture, lors d’une cérémonie d’hommage aux chercheurs.

La découverte ouvre la perspective de trouver « plus de matériaux archéologiques en Afrique du Nord et dans le Sahara », écrivent les chercheurs dans leur article, validé scientifiquement par un comité de lecture.

Au passage, les chercheurs algériens, à l’instar du professeur Sahnouni, espèrent que cette découverte aura des retombées sur la recherche archéologique en Algérie.

Nigeria: malgré les violences à Jos, des passionnés de rando veulent relancer le tourisme

« Terre de paix et de tourisme »: les vieilles plaques d’immatriculation des voitures portent encore cette inscription si chère aux habitants du Plateau, dans le centre du Nigeria. De jeunes passionnés de randonnée comptent faire revivre le slogan, malgré la violence qui éreinte leur belle région.

Chaque week-end, Andrew Niagwan et ses amis défient l’insécurité pour tracer de nouveaux sentiers de balade et relancer le tourisme dans des paysages verdoyants à couper le souffle.

« Nous avons déjà une soixantaine d’itinéraires et nous continuons d’en découvrir », raconte entre deux foulées de géant ce trentenaire de près de deux mètres, en arrivant au sommet des Shere Hills, une chaîne montagneuse qui attirait autrefois des touristes de tout le pays.

Armé d’une bombe de peinture blanche, Andrew dessine des flèches sur les cailloux qui jalonnent le parcours. Un peu plus loin, un guide ouvre la voie à travers la végétation dense, à grands coups de machette.

« Pendant des années, plus personne n’a sillonné les environs, mais grâce à nous, la fièvre de la randonnée est de retour! », dit fièrement Andrew, qui a créé en 2013 le « Jos Plateau Hikers club » avec son ami et mentor français Yves Gattepaille, 82 ans dont plusieurs décennies à arpenter la région à pieds.

Le micro-climat d’une fraîcheur exceptionnelle dans un pays souvent suffocant, la beauté des dômes rocheux et ses établissements hôteliers ont longtemps fait de l’Etat du Plateau le lieu de villégiature favori des riches Nigérians et des expatriés.

Mais au début des années 2000, les ardeurs des touristes et des randonneurs ont été refroidies par les violences entre communautés chrétienne et musulmane qui ont secoué la capitale régionale Jos et ses environs, faisant plus de 10.000 morts selon l’ONG Human Rights Watch.

– Visite d’Elizabeth II –

Au carrefour d’un nord majoritairement musulman et d’un sud à dominante chrétienne, la région de Jos a fait partie de la zone d’influence du Califat peul de Sokoto (nord) avant la colonisation anglaise.

Mais les communautés autochtones, aidées par le relief montagneux qui empêchait les conquérants de passer à cheval, ont résisté à la vague d’islamisation venue du nord. A la place, le Plateau est devenu dès le 19e siècle une terre de missionnaires chrétiens.

L’histoire récente a encore montré que les vieilles querelles ethno-religieuses pouvaient ressurgir à tout moment: en juin, après trois années d’accalmie, plus de 200 villageois ont perdu la vie dans des massacres attribués à des éleveurs peuls musulmans près de Jos, où des émeutes ont éclaté dans la foulée.

Au fil des vagues de violences, l’économie locale a sombré, près de 80% des expatriés ont plié bagage, nombre d’entreprises ont fermé et le taux de chômage a explosé.

A l’image d’un secteur touristique décadent, l’Hôtel Hill Station, qui fut longtemps l’établissement le plus prestigieux de Jos, semble désormais figé dans la poussière et le silence, tandis que ses murs se lézardent lentement.

« Le temps où la reine d’Angleterre venait y séjourner est loin », soupire Mankat Dewa, un entrepreneur local, évoquant la visite d’Elizabeth II en 1956, lorsque l’hôtel accueillait encore de fastueux banquets dans ses jardins luxuriants.

« Jos devrait être la première destination touristique du Nigeria, mais la mauvaise gouvernance et les crises successives ont tout détruit », affirme ce patron de restaurant de 34 ans.

– « Garder le secret » –

Conscient du potentiel de la région, le gouverneur du Plateau, Simon Lalong, a affirmé début novembre vouloir « ressusciter » le tourisme lors d’une conférence sur le sujet à Jos.

« Nous allons accorder davantage d’attention au tourisme comme source de revenus non seulement pour l’Etat du Plateau mais pour le Nigeria », afin d’inciter les Nigérians à passer leurs vacances chez eux « plutôt que de se ruer au Kenya ou en Grande-Bretagne », a-t-il déclaré.

La pratique de la rando, qui permet une bouffée d’air frais, est en plein essor: après le « Jos Plateau hikers club », des nouveaux venus comme « The hike team », « Jos hike it », « The Wayfarers of Jos » organisent désormais chaque weekend des marches en montagne.

Jeunes de Jos, mais aussi expatriés européens et américains – dont plusieurs ambassadeurs – se retrouvent désormais pour des barbecues, des baignades dans les lacs et les cascades qui rassemblent parfois jusqu’à une centaine de personnes.

« Bien sûr, il faut s’adapter. Nous évitons les zones où des attaques ont eu lieu ces derniers mois », reconnait Andrew Niagwan. Et « quand nous organisons un week-end camping en pleine nature, nous gardons secret le lieu exact de la randonnée jusqu’au dernier moment ».

Ce jeune diplômé en psychologie veut rester optimiste: « Jusque-là, nous n’avons jamais eu de problème. »

« Pendant les violences, avec le couvre-feu, on restait calfeutré à la maison, Internet était notre principal compagnon », souligne Metou Kwallo, une randonneuse 26 ans. « Mais nous sommes fatigués de tout ça (…) nous n’allons pas vivre indéfiniment dans la peur. »

Un train sud-coréen au Nord avant un possible rapprochement ferroviaire

Un train transportant des ingénieurs et des responsables sud-coréens a entamé vendredi un voyage exceptionnel au Nord pour des études préalables en vue de la possible reconnexion des réseaux ferrés des deux pays.

Travailler à une reprise de ces liaisons entre le Nord et le Sud de la péninsule était un des objectifs annoncés par le président sud-coréen Moon Jae-in et le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un à l’issue de leur premier sommet qui avait confirmé en avril l’exceptionnelle détente sur la péninsule.

Relier les deux réseaux et moderniser les vétustes chemins de fer nord-coréens constituerait un changement majeur pour la péninsule, où les communications civiles directes -y compris par voie postale- sont rigoureusement proscrites depuis la division scellée par l’armistice de 1953.

C’est la première fois depuis une décennie qu’un train sud-coréen passe au Nord.

Des images de télévision ont montré un train rouge, blanc et bleu quittant la gare sud-coréenne de Dorasan, située dans l’ouest de la péninsule, à proximité immédiate de la Zone démilitarisée (DMZ) qui sépare les deux Corées.

« La reconnexion des réseaux ferrés signale le début d’une ère de coprospérité entre le Nord et le Sud », a déclaré la ministre sud-coréenne des Transports Kim Hyun-mee.

– Périple de 18 jours –

Elle a ajouté que cette reconnexion permettrait aussi d’étendre les horizons économiques de la Corée du Sud, qui est sur le plan terrestre isolée du reste du monde depuis la Guerre de Corée (1950-1953) et pourrait trouver pour ses exportations une nouvelle voie vers les marché chinois, russe et, au-delà, européens.

Le train tranporte 28 Sud-Coréens, et notamment des ingénieurs des chemins de fer, ainsi que 55 tonnes de fuel et un générateur. Il se compose de six wagons dont un wagon-lit, un wagon de bureau et un wagon rempli d’eau pour la douche et la lessive.

Une fois rendu dans la gare de Panmun, terminal ferroviaire nord-coréen de l’autre côté de la DMZ, les six wagons seront accrochés à un train nord-coréen et la locomotive sud-coréenne retournera au Sud.

Les Sud-Coréens et leurs homologues du Nord entameront alors un périple de 18 jours, sur 2.600 km pour inspecter deux lignes.

D’une part celle reliant la ville de Kaesong à celle de Shinuiju à la frontière chinoise, via Pyongyang et qui avait été construite par le Japon au début du XXè siècle, bien avant la division de la péninsule en 1948.

Et de l’autre celle qui relie la région du Mont Kumgang, proche de la limite orientale de la DMZ, au fleuve Tumen, à la frontière russe.

Dans un geste de réconciliation, les deux Corées avaient brièvement reconnecté en 2007 la ligne occidentale et quelques trains de fret avaient circulé, acheminant du matériel et des biens à destination du Parc industriel intercoréen de Kaesong, en Corée du Nord.

Mais la « coopération ferroviaire » n’avait pas survécu à la montée des tensions intercoréennes liées au développement, par le Nord, de progammes atomiques et balistiques.

Malgré la détente en cours, Pyongyang est toujours soumis à des sanctions draconiennes de l’ONU à cause de ces programmes interdits.

Et le projet de reconnexion ferroviaire a été retardé par les inquiétudes sur sa conformité avec ces sanctions internationales.

Mais le Conseil de sécurité de l’ONU a décidé la semaine dernière d’une exemption pour permettre que soit menée l’étude conjointe qui a débuté vendredi. On ignore encore à ce stade si le Conseil accompagnera de la sorte les autres étapes de l’évolution de ce projet.

Séoul a affirmé que cette première mission ne visait qu’à rassembler des informations sur l’état du réseau ferré nord-coréen et assuré que d’éventuels travaux de restauration n’interviendraient qu’avec le feu vert des Nations unies.

Carlos Ghosn dans l’attente d’une décision sur sa garde à vue

Le parquet de Tokyo doit demander vendredi l’extension de la garde à vue de Carlos Ghosn, tout-puissant patron arrêté le 19 novembre à Tokyo dans le cadre d’une affaire de dissimulation de revenus au retentissement mondial.

Sa détention a déjà été prolongée une fois, et elle peut l’être de nouveau, de 10 jours supplémentaires, sur décision d’un juge, une procédure courante dans le système judiciaire japonais.

Les procureurs prévoient de déposer une requête vendredi, ont rapporté les grands médias.

Si le tribunal de Tokyo y répond favorablement, M. Ghosn restera en garde à vue jusqu’au 10 décembre. A cette date, il pourra être libéré sans charges, ou inculpé, et dans la foulée incarcéré ou relâché sous caution.

A ce stade, le PDG de l’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi Motors est soupçonné d’avoir minimisé ses revenus chez Nissan d’un milliard de yens par an (7,7 millions d’euros) sur la période d’avril 2010 à mars 2015, dans des documents publics remis par la société aux autorités financières nipponnes.

Or selon une source proche du dossier interrogée par l’AFP, l’enquête montre que cette situation a débuté dès 2009 et perdurait encore l’an dernier.

Les investigations pourraient donc théoriquement être étendues à d’autres années, ou bien à d’autres motifs, Nissan reprochant à son ancien patron d’avoir commis des abus de biens sociaux, tels que l’usage de résidences de luxe aux frais de la compagnie.

Dans ce cas, M. Ghosn, qui nie toute malversation, pourrait être de nouveau interpellé et le processus se répéter.

– Critiques jugées infondées –

Face à certaines critiques à l’étranger, en particulier en France, sur la longueur et les conditions de détention, le parquet s’est défendu.

« Chaque pays a sa propre histoire, sa propre tradition, ses propres systèmes judiciaires. Je ne critique pas les règles des autres pays juste parce qu’elles sont différentes, et je trouve cela malvenu de le faire », a déclaré Shin Kukimoto, procureur adjoint de Tokyo, à l’occasion d’une conférence de presse jeudi.

« Nous ne gardons pas les suspects en garde en vue prolongée si ce n’est pas nécessaire », a-t-il martelé.

Loin de son style de vie fastueux, Carlos Ghosn séjourne à présent dans une cellule d’un établissement pénitentiaire du nord de Tokyo. Ses avocats ne peuvent assister aux auditions et les visites sont très limitées.

Selon des médias japonais, le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre japonais Shinzo Abe pourraient évoquer le sujet en marge du sommet du G20, qui s’ouvre vendredi en Argentine.

« Pour le moment, aucune décision n’a été prise quant à la tenue de discussions », a réagi vendredi un porte-parole du gouvernement nippon, Yasutoshi Nishimura.

– Trois hommes pour une alliance –

Sur le terrain automobile, les conseils d’administration de Nissan et Mitsubishi Motors n’ont pas attendu les conclusions de l’enquête pour démettre Carlos Ghosn de la présidence, tandis qu’il reste PDG de Renault et de la co-entreprise Renault-Nissan BV sur le papier.

Jeudi, les patrons exécutifs des constructeurs se sont entretenus tous trois pour la première fois depuis l’arrestation de celui qui a bâti une alliance désormais fragilisée.

Le ton se voulait rassurant, les propos sans surprise: ils ont rappelé « leur profond attachement » à cette structure qui domine le marché automobile mondial, avec 10,6 millions de véhicules vendus en 2017.

Interrogé dans la soirée par les médias japonais devant sa résidence tokyoïte, le responsable de Nissan, Hiroto Saikawa, a salué une discussion « extrêmement importante » avec ses partenaires: le numéro deux de Renault, Thierry Bolloré, et le PDG de Mitsubishi Motors, Osamu Masuko.

« Nous avons confirmé que nous dirigerions l’alliance à trois », a-t-il dit aux journalistes. Depuis l’arrestation de son ancien mentor, M. Saikawa a dénoncé avec force la concentration des pouvoirs entre les mains de M. Ghosn.

Son homologue de Mitsubishi a tenu le même discours: « jusqu’à présent, une seule personne était aux commandes. Maintenant, nous sommes trois à travailler ensemble. C’est une grosse différence ».

Le G20 s’ouvre vendredi, contesté de l’intérieur comme de l’extérieur

Le sommet du G20 s’ouvre vendredi à Buenos Aires, bousculé de l’intérieur par les tensions diplomatiques et commerciales, contesté à l’extérieur par les ONG et associations qui appellent à manifester.

Les chefs d’Etat et de gouvernement des vingt plus grandes puissances mondiales se retrouvent pour deux jours dans une capitale argentine sous très haute surveillance.

Les autorités argentines, critiquées pour leur incapacité à contenir les débordements autour du match de football River Plate-Boca Juniors à Buenos Aires samedi dernier, ont fait savoir qu' »aucune violence » ne serait tolérée, un an après un G20 de Hambourg marqué par des affrontements.

Une grande manifestation est prévue samedi à Buenos Aires, à l’appel de nombreuses ONG et associations.

Au-delà de la critique du G20 lui-même, c’est tout le ressentiment d’un pays miné par une longue crise économique, et promis à une cure d’austérité, qui devrait s’exprimer à cette occasion.

Du ressentiment, il y en aura aussi, pour d’autres raisons, à l’intérieur du centre des congrès transformé en camp retranché où se retrouvent des leaders représentant 85% du PIB mondial.

Donald Trump, bousculé chez lui par une enquête toujours plus menaçante sur l’ingérence russe avant l’élection présidentielle de 2016, s’est employé à échauffer les esprits avant même son arrivée.

L’imprévisible président américain a pris tout le monde de court en annulant jeudi, via Twitter, une rencontre très attendue avec le président russe Vladimir Poutine, une heure après avoir confirmé qu’elle aurait lieu.

Il souffle aussi le chaud et le froid avant un entretien bilatéral avec le président chinois Xi Jinping, très attendu alors que l’escalade de représailles commerciales entre les deux titans pèse déjà sur la croissance mondiale.

Face à cet activisme d’un président américain qui dédaigne les usages diplomatiques, l’enjeu de ce sommet du G20 sera de rester fidèle au credo du multilatéralisme qui avait présidé à sa toute première édition en 2008, sur fond de panique financière.

« Autour de la table du G20, les doutes sont là, les formes d’agressivité ressortent, les fractures reparaissent », a dit jeudi soir le président français Emmanuel Macron.

– « Belliqueux, isolationnistes » –

« Beaucoup voudraient faire croire qu’on résoudrait mieux nos difficultés en étant belliqueux, isolationnistes et en refermant nos frontières », a-t-il poursuivi. Sans nommer son homologue américain, avec lequel les relations, très cordiales au début, se sont nettement rafraîchies.

Dans un contexte de montée du protectionnisme, la signature officielle prévue vendredi d’un nouvel accord commercial entre Etats-Unis, Canada et Mexique, fera presque figure d’anomalie.

Reste à savoir si les leaders du G20 parviendront eux mêmes à parapher, à l’issue de leurs débats samedi, un communiqué final réflétant un consensus même minime sur quelques grands défis internationaux.

La rédaction de ce texte à la portée surtout symbolique bute en particulier sur la question du libre-échange, et sur le sujet du changement climatique.

« Aurons-nous un communiqué? La question se pose vraiment », se demande Thomas Bernes, ancien haut fonctionnaire international devenu expert au Centre for International Governance Innovation.

Entre une photo de famille et une réunion de travail, les participants du G20 multiplieront aussi les rencontres en tête-à-tête, ou en petit comité.

Dans des formats parfois inédits: il est ainsi prévu que Donald Trump voie les Premiers ministres japonais Shinzo Abe et indien Narendra Modi, une première.

Vladimir Poutine quant à lui, cible d’intenses critiques après l’escalade militaire déclenchée par la Russie contre l’Ukraine en mer d’Azov, doit voir Xi Jinping et Narendra Modi.

Mais aussi Shinzo Abe, au moment où Moscou et Tokyo s’activent pour trancher un vieux différend territorial autour des îles Kouriles, qui empêche jusqu’ici les deux pays de mettre un point final à la Seconde Guerre mondiale.

Le président russe a aussi prévu vendredi de voir Emmanuel Macron. Ce dernier, qui a prévu une réunion de coordination entre Européens avant que le sommet ne commence vendredi, risque de se trouver un peu esseulé.

La chancelière allemande Angela Merkel va en effet rater l’ouverture des débats, contrainte de retarder son départ pour cause de panne de l’avion officiel. Elle pourrait prendre un vol commercial vendredi.

Bosnie: Oric, le « défenseur de Srebrenica » à l’heure du verdict

« Héros » pour les siens, « assassin » pour de nombreux Serbes, Naser Oric, ex-commandant des forces bosniaques de Srebrenica, attend vendredi à Sarajevo son verdict dans un procès pour crimes de guerre durant le conflit intercommunautaire de 1992-95.

Une condamnation ferait date: né dans la région de Srebrenica (est), Naser Oric est un des combattants bosniaques les plus emblématiques de la guerre contre les forces serbes de Bosnie.

Si des condamnations ont été prononcées contre des subalternes, jamais un Bosniaque musulman disposant de cette aura et de cette stature n’a été reconnu coupable par la justice de son pays.

« Le procès contre Naser Oric est très sensible », « quel qu’il soit, le jugement sera sévèrement critiqué par l’une des parties », dit Erna Mackic, journaliste spécialisée dans les crimes de guerre.

– Acquitté à La Haye –

En 2008, après plusieurs années en détention à La Haye, il avait été acquitté par la justice internationale. Il était accusé de n’avoir pas empêché les mauvais traitements contre des prisonniers de guerre et d’avoir mené des attaques contre des villages serbes du secteur de Srebrenica.

L’an passé, c’est la justice bosnienne qui le jugeait innocent de l’assassinat en 1992 de trois militaires serbes capturés dans les environs de Srebrenica.

Mais cette relaxe et celle de son frère d’armes Sabahudin Muhic, 50 ans, avaient été cassées pour des raisons de procédure, provoquant ce nouveau procès.

Les troupes de Naser Oric ont tenu pendant plus de trois ans le siège imposé par les forces serbes de Ratko Mladic.

Alors que Naser Oric l’avait quittée avec plusieurs de ses officiers pour une réunion du commandement bosniaque à Sarajevo, l’enclave musulmane, pourtant placée sous la protection de l’ONU, tombait finalement en juillet 1995.

En quelques jours, plus de 8.000 hommes et adolescents bosniaques, ont alors été massacrés par les forces serbes dans les alentours de Srebrenica, pire tuerie sur le sol européen depuis la Seconde guerre mondiale.

Considéré comme un acte de génocide par la justice internationale, ce massacre a valu une condamnation à Ratko Mladic (perpétuité) ainsi qu’au propagandiste serbe de l’épuration ethnique, Radovan Karadzic (40 ans de réclusion).

– Près de 2.500 morts –

Mais pour les Serbes, Naser Oric est un « boucher », dont les troupes ont commis des exactions pour vider de leur population serbe des villages du secteur de Srebrenica.

Des associations de victimes estiment que 2.428 civils et militaires serbes ont été tués dans cette zone entre 1992 et 1995.

Pour Milorad Kojic, directeur du Centre d’investigation des crimes de guerre de Banja Luka (nord), un institut qui dépend des autorités serbes de Bosnie, une condamnation de Naser Oric « est indispensable pour la réconciliation entre les peuples » de Bosnie.

Une condamnation « serait une honte et une insulte pour les victimes » bosniaques, dit au contraire Kada Hotic, responsable d’une des associations des mères de Srebrenica, qui a perdu un fils, le mari et deux frères dans le massacre de 1995. Les Serbes pensent qu’une « condamnation allégerait le génocide qu’ils ont commis à Srebrenica ».

Toujours divisé selon des lignes ethniques et fracturé par les ressentiments communautaires, ce petit pays des Balkans est peuplé pour moitié de Bosniaques musulmans, pour un tiers de Serbes orthodoxes et pour 15% de Croates catholiques.

Depuis la guerre, Oric s’est fait discret, son nom réapparaissant parfois dans les médias locaux en lien avec des affaires de criminalité. En 2009, il est condamné à deux ans de prison pour possession illégale d’armes, avant de bénéficier d’une grâce présidentielle.

Amateur de chasse et de musculation, ce quinquagénaire portant beau, à la barbe poivre et sel, est souvent présenté comme un homme d’affaires dans la presse. Dans un des très rares reportages où il s’exprimait, lui disait en 2013 s’adonner désormais à l’activité de berger de montagne.

En cas de condamnation, Oric et Muhic pourront faire appel. En cas d’acquittement, le dossier sera clos.

Trump-Poutine, l’impossible rapprochement

Donald Trump et Vladimir Poutine, c’est l’histoire d’une succession de rendez-vous manqués.

Après avoir promis, durant sa campagne, un rapprochement avec la Russie, le président des Etats-Unis a buté sur plusieurs différends qui rendent difficile un dégel des relations, ainsi que sur l’enquête russe qui jette la suspicion sur toute tentative d’entente avec son homologue du Kremlin.

Et sa propre attitude conciliante n’a fait qu’attiser l’hostilité d’un Congrès américain vent debout face à Moscou.

– Dossiers sensibles –

Cette fois, c’est la confrontation entre la Russie et l’Ukraine qui s’est invitée à la table où les deux dirigeants devaient se retrouver samedi lors du G20 en Argentine.

La gestion du dossier ukrainien est emblématique des ambivalences de Washington depuis que le milliardaire républicain est à la Maison Blanche. « Les Etats-Unis sont favorables à une relation normale avec la Russie. Mais des actions illégales comme celle-ci rendent cela impossible », a résumé lundi l’ambassadrice des Etats-Unis à l’ONU, Nikki Haley au sujet de la capture de navires ukrainiens par Moscou.

Mais lorsqu’il a rencontré Vladimir Poutine en juillet à Helsinki, le président américain est resté discret sur ce contentieux autour de l’Ukraine à l’origine de nombreuses sanctions américaines.

Sur d’autres points chauds de la planète, les dirigeants des deux grandes puissances aimeraient réussir à coopérer. A commencer par la Syrie. Ils s’y sont même engagés en novembre 2017 lors d’une brève entrevue au Vietnam, où ils ont signé un communiqué commun pour défendre une « solution politique » au conflit syrien.

Mais cette entente embryonnaire a rapidement été contredite sur le terrain et Donald Trump a finalement ordonné, en avril suivant, des frappes contre le régime de Damas accusé d’avoir utilisé des armes chimiques avec le consentement de Moscou.

Le recours à un agent chimique contre un ex-agent double russe en Angleterre, imputé par les Occidentaux aux autorités russes, a aussi contribué à empoisonner le réchauffement voulu par le duo Trump-Poutine. Washington a expulsé en réponse 60 « espions » russes et s’apprête à imposer des sanctions économiques « très sévères ».

– L’enquête russe –

Pour les détracteurs de l’ancien magnat de l’immobilier, c’est le péché originel: l’ingérence russe dans l’élection qui l’a conduit au pouvoir, objet d’une enquête confiée au procureur spécial Robert Mueller. Ce dernier s’intéresse aussi aux soupçons de collusion entre le Kremlin et l’équipe de campagne du républicain.

Depuis le début, tous les gestes que le président américain esquisse en direction de son homologue sont interprétés à la lumière de ces suspicions.

Et de l’aveu même de la Maison Blanche, l’enquête Mueller, qualifiée par M. Trump de « chasse aux sorcières », pollue les relations entre les deux pays.

Du coup, certains s’interrogent. « Est-ce que Trump a annulé sa rencontre avec Poutine » au G20 « à cause de l’attaque russe en Ukraine ou des révélations de Cohen? », a demandé sur Twitter un ex-ambassadeur des Etats-Unis à Moscou, Michael McFaul.

Car l’annulation est intervenue juste après une énième mauvaise nouvelle pour le président: son ex-avocat Michael Cohen a reconnu avoir menti au Congrès sur des contacts avec des Russes au sujet d’un projet immobilier.

– Donald sabote Trump –

Au-delà du fond, c’est souvent l’attitude de Donald Trump qui finit par saper toute velléité de rapprochement.

Au Vietnam en novembre 2017 puis à Helsinki en juillet 2018, c’est le même enchaînement qui s’est reproduit: s’agissant de l’ingérence de Moscou, l’Américain a semblé donner plus de poids aux dénégations du Russe qu’aux accusations de ses propres agences de renseignement. Tollé à Washington, et le milliardaire obligé de rétropédaler.

Résultat, alors même que de nombreux responsables politiques reconnaissent qu’il serait bon d’avoir des échanges fermes avec la Russie, la plupart estiment que Donald Trump n’en est pas capable. Le seul fait qu’il ait eu un tête-à-tête avec Vladimir Poutine à Helsinki a fait l’objet d’une controverse aux Etats-Unis, où des opposants démocrates ont même réclamé de pouvoir entendre le témoignage de l’interprète!

La tâche est d’autant plus compliquée pour le président qu’il doit composer avec un Congrès qui, jusque dans ses propres rangs républicains, défend traditionnellement une politique de fermeté à l’égard de l’ennemi historique russe.

La décision-surprise de jeudi a donc, une fois n’est pas coutume, fait plus de satisfaits que de mécontents.

« C’est une bonne décision pour les Etats-Unis », a résumé l’ex-diplomate Nicholas Burns, car « il était très peu probable que Trump adresse en personne un message ferme à Poutine ».

Trump exaspéré par l’enquête russe, de plus en plus menaçante

« Ridicule », « honte », « supercherie »: Donald Trump laisse libre cours à sa colère depuis quelques jours face à la tentaculaire enquête russe menée par le procureur spécial Robert Mueller qui, sans sortir de sa réserve, se fait de plus en plus pressant.

– L’escalade verbale –

« Quand est-ce que va finir cette chasse aux sorcières illégale? »

Dans un tweet jeudi matin, Donald Trump affiche une profonde exaspération face à l’enquête sur l’ingérence russe dans l’élection présidentielle de 2016, dont un volet porte sur des soupçons de collusion entre Moscou et son équipe de campagne.

En trois jours, le président américain a publié pas moins de dix tweets sur le sujet, qui, avec une grande virulence, reprennent les mêmes arguments:

– Robert Mueller se conduit comme le sénateur républicain « Joseph McCarthy », qui s’en était pris dans les années 1950 aux communistes et à leurs sympathisants;

– son équipe pousse les témoins à mentir (« avez-vous jamais vu une enquête qui recherche à ce point le crime? »);

– il « gaspille » l’argent des contribuables;

– il ferait mieux de se concentrer sur les « crimes atroces, peut-être subversifs » de sa rivale à la présidentielle, Hillary Clinton.

– D’anciens conseillers parlent –

Cette nervosité est probablement due au fait que Robert Mueller, un ancien chef du FBI, continue de tisser sa toile autour du 45e président des Etats-Unis.

Ayant le pouvoir de poursuivre toutes les malversations découvertes pendant son enquête –même sans lien avec son objet initial–, le procureur spécial a négocié la coopération de plusieurs témoins clés, en échange de peines amoindries pour leurs méfaits.

L’ancien avocat de Donald Trump, Michael Cohen, poursuivi pour des fraudes, a ainsi accepté de parler aux enquêteurs et a livré jeudi des confessions très embarrassantes pour son ancien client.

Longtemps d’une loyauté sans faille, il a reconnu avoir menti au Congrès, lors d’une audition à huis clos l’an dernier, sur un projet d’investissement du magnat de l’immobilier en Russie.

Il a notamment avoué que les négociations pour la construction d’une Trump Tower à Moscou s’étaient poursuivies au delà de janvier 2016, contrairement à ses premières déclarations.

C’est un « faible » et un menteur, a rétorqué le milliardaire.

George Papadopoulos, éphémère conseiller diplomatique du candidat républicain, poursuivi pour avoir menti au FBI, a lui aussi livré ses vérités aux enquêteurs en échange d’une peine de quinze jours de prison seulement, qu’il vient d’entamer.

– Son ex-directeur de campagne sous pression –

En septembre, Robert Mueller avait aussi fait plier Paul Manafort, qui a dirigé la campagne de Donald Trump pendant cinq mois, en débusquant des malversations financières antérieures à 2016.

Cet homme de 69 ans, ayant de nombreux contacts en Ukraine et en Russie, avait accepté de coopérer avec les enquêteurs pour voir sa peine réduite.

Mais lundi, le procureur spécial l’a accusé d’avoir menti au FBI après cet accord, ce qui l’expose à une lourde sanction.

Selon les médias américains, il espère peut-être une grâce présidentielle. Donald Trump, qui loue son « courage », a déclaré mercredi ne pas exclure cette hypothèse.

– Dans le viseur –

Deux autres lobbystes, dans le collimateur de Robert Mueller, tiennent encore.

Roger Stone, conseiller informel de Donald Trump en 2016, et un de ses contacts, le militant Jerome Corsi, sont soupçonnés d’avoir su à l’avance que WikiLeaks allait publier à l’été 2016 les e-mails piratés de l’équipe de campagne démocrate, très dommageables pour Hillary Clinton.

Jerome Corsi a refusé un accord de plaider-coupable et prévoit de porter plainte contre Robert Mueller.

Le propre fils du président, Donald Trump Junior, pourrait lui être mis en cause pour avoir participé à une réunion en 2016 à la Trump Tower de New York avec une avocate russe qui disait détenir des informations compromettantes sur Hillary Clinton.

– Vers la fin de l’enquête ? –

Le locataire de la Maison Blanche a transmis le 20 novembre ses réponses écrites aux questions du procureur spécial. Selon CNN, il a notamment assuré que Roger Stone ne lui avait pas parlé des fuites à venir de WikiLeaks et ne pas avoir été informé de la réunion à la Trump Tower.

Avec ces réponses en main, il est probable que Robert Mueller boucle prochainement son enquête entamée il y a 18 mois. Il devrait rendre un rapport au ministre de la Justice par intérim Matthew Whitacker, qui décidera ou non de le rendre public.

Donald Trump risque, si les preuves sont suffisantes, des poursuites pour collusion ou pour obstruction à la justice, ce qui pourrait justifier l’ouverture d’une procédure de destitution.

Overdoses et suicides font encore baisser l’espérance de vie aux Etats-Unis

L’espérance de vie a continué à baisser aux Etats-Unis en 2017 par rapport à 2014, une dégradation historique principalement due à la crise des overdoses de drogues, mais aussi à l’augmentation du nombre de suicides, selon des statistiques de santé publiées jeudi.

« C’est la première fois que l’on voit une tendance à la baisse depuis la grande épidémie de grippe de 1918 », dit à l’AFP Robert Anderson, chef des statistiques de la mortalité au Centre national des statistiques de santé, qui a publié les nouveaux chiffres. Tout en précisant que la baisse était beaucoup plus forte en 1918.

L’espérance de vie à la naissance était en 2017 de 76,1 ans pour les hommes et de 81,1 ans pour les femmes. La moyenne pour la population était de 78,6 ans, contre 78,9 en 2014.

C’est trois ans et demi de moins que de l’autre côté de la frontière, au Canada, également touché par les overdoses.

« Ces statistiques nous alertent et montrent que nous perdons trop d’Américains, trop souvent, pour des causes évitables », a déclaré le directeur des Centres de contrôle et de prévention des maladies, Robert Redfield, ajoutant que l’espérance de vie était un indicateur de l’état de santé général des Etats-Unis.

Le fléau des overdoses de drogues a commencé au début des années 2000, son intensité s’accélérant depuis quatre ans.

En 2017, environ 70.000 Américains sont morts d’overdoses de drogues, 10% de plus qu’en 2016.

En nombre de morts, Robert Anderson compare cela au pic de l’épidémie du virus du sida, environ 50.000 morts en 1995. « Nous sommes un pays développé, l’espérance de vie devrait augmenter, pas diminuer », dit-il.

Parmi les 35 pays de l’OCDE, seule l’Islande a récemment vu l’espérance de vie baisser sur trois ans, selon des chiffres couvrant jusqu’à 2016. Ailleurs, elle a augmenté ou stagné.

Les suicides ont parallèlement continué à augmenter en 2017 aux Etats-Unis, atteignant 47.000 décès. Depuis 1999, le taux de suicide a augmenté de 33%.

« Nous avons beaucoup de travail devant nous pour inverser ces tendances », a réagi l’élu démocrate du Congrès Bill Foster.

– Opiacés –

Il y a deux catégories d’overdose: d’une part les drogues non-opiacées, comme la cocaïne, la méthamphétamine et les autres psychostimulants dont la MDMA. 27.000 morts environ.

L’augmentation est largement due à la seconde catégorie: les opiacés.

Cela inclut l’héroïne, la morphine, et les opiacés dits semi-synthétiques comme l’oxycodone, un antidouleur sur ordonnance mais détourné sur le marché noir, avec l’aide de médecins complices et de laboratoires qui prétendent ignorer le problème, et qui est souvent la porte d’entrée vers l’addiction.

Dernièrement, la majorité des morts sont venus d’une nouvelle génération: les opiacés synthétiques, principalement le fentanyl, des dizaines de fois plus puissant que l’héroïne, où une erreur de dosage peut être fatale – 28.000 Américains ont été tués en 2017 par le fentanyl ou des drogues équivalentes.

« Le marché des opiacés est désormais complètement dominé par le fentanyl », résume Joshua Sharfstein, ancien responsable sanitaire dans le Maryland aujourd’hui à l’université Johns Hopkins, dans le Washington Post.

Le chanteur Prince en est mort. Le produit a été utilisé pour exécuter un condamné en août dans le Nebraska. Ces substances sont faciles à expédier par la poste car une quantité infime, glissée dans une enveloppe, suffit.

Le taux de morts par opiacés synthétiques avait doublé de 2015 à 2016. L’an dernier, il n’a augmenté « que » de 45%.

C’est la relative note d’espoir contenue dans les chiffres de 2017: le nombre d’overdoses continue de croître, mais à une allure moins soutenue.

Des données préliminaires pour 2018 semblent même indiquer que la crise a atteint son pic au début de l’année. « Mais c’est difficile à dire, nous n’avons de données que sur le quart de 2018 pour l’instant », dit prudemment Robert Anderson.

A Staten Island, à New York, le médecin Harshal Kirane, directeur du service addiction, se garde de toute conclusion. « C’est encourageant de voir la trajectoire s’infléchir », dit-il à l’AFP. « Mais 70.000 morts, ça reste dur à digérer ».

L’Amérique n’est pas également frappée par le fléau. Les Etats ruraux du centre du pays, du Texas au Dakota du Sud, sont relativement épargnés.

La crise est vive en Nouvelle-Angleterre, dans le coin nord-est, où les décès par overdoses fournissent plus du quart des dons d’organes, rivalisant avec les accidents de la route.

Elle est très forte aussi dans deux Etats de l’ex-ceinture industrielle (Ohio et Pennsylvanie) et, surtout, la très pauvre Virginie occidentale, en tête du triste classement avec 58 morts pour 100.000 personnes, contre une moyenne nationale de 22.

L’ex-avocat de Trump avoue avoir menti sur les contacts avec la Russie

Michael Cohen, ancien avocat et homme de confiance de Donald Trump, a reconnu jeudi avoir menti au Congrès américain sur ses contacts avec des Russes au sujet d’un projet immobilier, une mauvaise nouvelle pour le président américain, qui a balayé ces nouvelles déclarations.

Lors d’une audience devant un tribunal fédéral de Manhattan jeudi, Michael Cohen a affirmé avoir menti au sujet de discussions sur un projet immobilier en Russie. Ce projet avait déjà été évoqué par plusieurs médias américains et implique le conglomérat de Donald Trump.

Ces nouvelles déclarations de l’ancien conseil du président sont un rebondissement important dans l’enquête du procureur spécial Robert Mueller, que le milliardaire républicain s’emploie presque quotidiennement à discréditer, affirmant n’avoir eu aucun contact avec des Russes durant sa campagne.

Robert Mueller enquête sur les ingérences russes dans la campagne présidentielle de 2016 et sur les soupçons de collusion entre Moscou et l’équipe de Donald Trump.

Quelques minutes après la fin de l’audience, Donald Trump a contre-attaqué contre son ancien avocat, qu’il a qualifié de « personne très faible » cherchant avant tout à obtenir une peine réduite pour son implication dans des dossiers qui ne sont pas directement liés à lui.

« C’était un projet bien connu (…) Ca n’a pas duré longtemps. Je n’ai pas mené ce projet », s’est défendu le milliardaire républicain, avant de s’envoler pour le sommet du G20 en Argentine, à propos de ce possible investissement en Russie.

« Il n’y aurait rien eu de mal si je l’avais mené », a-t-il ajouté. « Je ne l’ai pas fait pour un certain nombre de raisons. La première, même si rien ne m’y obligeais, est que j’étais vraiment occupé à faire campagne pour la présidentielle ».

Objet de poursuites pénales, M. Cohen avait déjà plaidé fin août coupable de plusieurs chefs d’accusation et, après avoir pris ses distances avec le président américain, coopère avec le procureur spécial Robert Mueller.

Lors d’une audition par la commission du Sénat sur le renseignement, Michael Cohen avait assuré que les contacts relatifs au projet immobilier avaient pris fin en janvier 2016, selon un document versé jeudi au dossier et rendu public.

« J’ai établi que le projet n’était pas réalisable pour une série de raisons et devrait être abandonné », avait alors déclaré l’avocat.

Mais il a avoué jeudi que les discussions s’étaient en réalité poursuivi jusqu’en juin 2016, soit très tard dans la campagne présidentielle.

Michael Cohen aurait même longtemps envisagé de se rendre en Russie, notamment pour s’entretenir avec des officiels russes des autorisations nécessaires à la réalisation du projet, a-t-il admis.

L’avocat indique également qu’un officiel russe lui aurait proposé de rencontrer Vladimir Poutine lors d’un sommet à Saint-Pétersbourg, mi-juin 2016, proposition finalement restée sans suite.

– Cohen veut coopérer –

« M. Cohen a coopéré », a déclaré, à la sortie du tribunal, son avocat, Guy Petrillo. « M. Cohen va continuer à coopérer », a-t-il promis, rappelant que son jugement était attendu le 12 décembre.

« L’histoire n’a pas encore été racontée dans sa totalité », a réagi le vice-président de la commission du Sénat sur le renseignement, le démocrate Mark Warner, relevant « la série de proches de Trump qui plaident coupables, pratiquement toujours pour avoir caché leurs liens avec la Russie et les Russes ».

Après avoir longtemps été considéré comme fidèle d’entre les fidèles, prêt à « prendre une balle » pour son patron, comme il le disait lui-même, Michael Cohen a pris ses distances avec Donald Trump à la fin du printemps, alors que la perspective d’une peine de prison se précisait.

Outre le dossier russe, il affirmé fin août, sous serment, avoir payé deux femmes en échange de leur silence sur une liaison supposée avec l’ancien promoteur immobilier, à la demande de Donald Trump et « pour influencer l’élection » présidentielle.

Jeudi en début de matinée, Donald Trump s’en était encore pris, via Twitter, à Robert Mueller et son équipe, l’accusant de dépenser l’argent du contribuable à des fins partisanes, sans avoir rien pu démontrer.

Lundi, c’est l’ancien directeur de campagne du candidat républicain, Paul Manafort, aux nombreux contacts en Ukraine et en Russie, qui a été accusé d’avoir menti au FBI alors qu’il avait accepté de coopérer en échange d’un accord de plaider-coupable.

Selon les médias américains, M. Mueller serait proche de conclure son enquête après avoir reçu les réponses écrites du président américain, qu’il attendait depuis plusieurs mois.

Le procureur spécial a choisi de mener une enquête au spectre très large, qui a déjà mené à plusieurs inculpations et condamnations, souvent pour des faits qui ne sont pas directement liés aux contacts éventuels entre l’équipe de campagne de Trump et des représentants russes.

Trump annule in fine sa rencontre avec Poutine au G20 à cause de l’Ukraine

Le président américain Donald Trump a finalement annulé sa rencontre avec son homologue russe Vladimir Poutine en marge du sommet du G20, qui s’ouvre vendredi à Buenos Aires, environ une heure après avoir estimé que leur entrevue se déroulerait à un « moment très opportun », sur fond d’escalade avec l’Ukraine.

« En partant du fait que les navires et les marins n’ont pas été retournés par la Russie à l’Ukraine, j’ai décidé qu’il serait mieux pour toutes les parties concernées d’annuler ma rencontre préalablement prévue en Argentine avec le président Vladimir Poutine », a tweeté M. Trump.

« J’ai hâte (de participer) de nouveau à un Sommet constructif (avec M. Poutine) dès que la situation sera résolue! », a-t-il ajouté.

Il a fait cette annonce quelques dizaines de minutes après avoir décollé en hélicoptère de la Maison Blanche pour embarquer à bord d’Air Force One, à destination de Buenos Aires.

Or, juste avant de prendre place dans l’engin posé sur la pelouse de la Maison Blanche, le milliardaire républicain avait estimé que le sommet du G20 représentait un « moment très opportun » pour discuter avec son homologue russe.

« Je vais probablement rencontrer le président Poutine. Nous n’avons pas annulé cette rencontre. J’y songeais mais nous ne l’avons pas fait », avait-il dit.

Un peu plus tôt, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov avait fait savoir que Washington avait « confirmé la rencontre » bilatérale en marge du sommet du G20, précisant qu’elle était fixée à samedi « autour de midi » et « pourrait durer près d’une heure ».

M. Peskov avait énuméré les sujets qui auraient pu être abordés par les deux chefs d’Etat: « Les relations bilatérales, la sécurité stratégique, le désarmement et les conflits régionaux ».

La confrontation entre l’Ukraine et la Russie, réactivée par l’arraisonnement au large de la Crimée de trois navires militaires ukrainiens dimanche, menaçait d’avoir des répercussions sur le sommet de Buenos Aires.

« Je vais avoir un rapport complet dans l’avion sur ce qu’il s’est passé en la matière et cela déterminera ce que nous allons faire », avait relevé M. Trump jeudi depuis la Maison Blanche, qualifiant de « très importantes » les discussions avec M. Poutine.

Dans un entretien au Washington Post mardi, le président américain avait menacé d’annuler la rencontre avec le président russe: « Peut-être que je ne ferai pas cette entrevue », avait-il déclaré, soulignant « ne pas aimer cette agression » en Ukraine.

L’ex-avocat de Trump a plaidé coupable de mensonges au Congrès sur ses contacts avec des Russes

Michael Cohen, ancien avocat de Donald Trump, a plaidé coupable jeudi à Manhattan d’avoir menti lors de son audition devant le Congrès américain sur ses contacts avec des Russes, a indiqué à l’AFP une source proche du dossier.

Objet de poursuites pénales, M. Cohen avait déjà plaidé fin août coupable de plusieurs chefs d’accusation et, après avoir pris ses distances avec le président américain, coopère avec le procureur spécial Robert Mueller, chargé de l’enquête russe.

Michael Cohen a reconnu à l’audience avoir menti au sujet de discussions sur un projet immobilier en Russie, a indiqué la source à l’AFP. Ce projet avait déjà été évoqué par plusieurs médias américains et impliquerait le conglomérat de Donald Trump.

Ces nouvelles déclarations de l’ancien conseil du président sont un élément important dans l’enquête du procureur spécial, que le milliardaire républicain s’emploie presque quotidiennement à discréditer, affirmant n’avoir eu aucun contact avec des Russes durant sa campagne.

Jeudi matin, il s’en est encore pris, via Twitter, à Robert Mueller et son équipe, l’accusant de dépenser l’argent du contribuable à des fins partisanes, sans avoir rien pu démontrer.

Lundi, c’est l’ancien directeur de campagne du candidat républicain, Paul Manafort, aux nombreux contacts en Ukraine et en Russie, qui a été accusé d’avoir menti au FBI alors qu’il avait accepté de coopérer en échange d’un accord de plaider-coupable.

Selon les médias américains, M. Mueller serait proche de conclure son enquête après avoir reçu les réponses écrites du président américain, qu’il attendait depuis plusieurs mois.

Présidentielle en Géorgie: le candidat d’opposition rejette les résultats

Le candidat de l’opposition Grigol Vachadzé a rejeté jeudi les résultats de l’élection présidentielle en Géorgie, remportée par la candidate du pouvoir Salomé Zourabichvili, appelant à organiser dimanche une « manifestation pacifique massive » dans la capitale.

« Nous ne reconnaissons pas les résultats de l’élection, nous demandons la tenue d’une élection législative anticipée », a déclaré le candidat, qui a obtenu 40,39% des voix au second tour, dans des propos retransmis à la télévision

Le candidat déçu, qui avait obtenu le soutien dix partis d’opposition, a appelé à organiser dimanche « une manifestation pacifique massive » dans la capitale Tbilissi.

Au premier tour le 28 octobre, Salomé Zourabichvili avait échoué à remporter plus de 50% des voix, un score perçu comme un désaveu pour le Rêve géorgien fondé par le milliardaire Bidzina Ivanichvili.

Ancienne diplomate française, Mme Zourabichvili, 66 ans, était arrivée au coude à coude (38,64%) avec Grigol Vachadzé (37,73%).

Les sondages donnaient M. Vachadzé légèrement en tête au second tour, forçant Bidzina Ivanichvili, officiellement en retrait de la politique, à sortir de sa réserve, promettant notamment d’augmenter les dépenses sociales et d’effacer les petites dettes bancaires de 600.000 citoyens.

« Le second tour du scrutin était concurrentiel et les candidats ont pu faire campagne librement », a noté jeudi l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) dans un rapport, soulignant toutefois « l’utilisation abusive » des ressources de l’Etat pour favoriser Mme Zourabichvili ainsi que la « potentielle intimidation » d’électeurs.

Signe des tensions autour du scrutin, l’opposition avait avant le second tour accusé le gouvernement d’intimider des électeurs et affirmé que des militants du Rêve géorgien avaient agressé des membres du parti d’opposition.

Mme Zourabichvili a affirmé de son côté qu’elle et ses enfants avaient reçu des menaces de mort de la part de membres du Mouvement national uni de M. Vachadzé, fondé par l’ex-président aujourd’hui en exil Mikheïl Saakachvili.

Les journalistes dans le viseur des mafias

Les journalistes sont souvent les cibles de la pieuvre mafieuse à travers le monde, ce qui les contraint notamment à se protéger et à collaborer entre eux, décrit l’ONG Reporters sans Frontières dans un rapport publié jeudi.

Sur les années 2017 et 2018, plus de 30 journalistes ont été tués par des organisations secrètes aux ramifications souvent internationales. « La pieuvre a étendu ses ramifications autour de la planète plus vite que toutes les multinationales réunies », souligne l’auteur du rapport, le journaliste d’investigation Frédéric Ploquin.

RSF dénombre également au moins cinq tentatives d’assassinats de journalistes dont les commanditaires et les exécutants étaient issus des rangs de la mafia, « sans compter les nombreuses agressions, menaces et destructions de médias ». A leur domicile, à leur travail ou via les réseaux sociaux, des journalistes se voient exhortés à choisir entre « se taire ou mourir ».

Au Mexique, au Brésil et à la frontière colombienne, au moins 10 journalistes ont été tués par la mafia depuis le début de l’année. En Inde, le journaliste Sandeep Sharma, qui enquêtait sur la « mafia du sable », est mort écrasé par un camion-benne.

L’Europe n’a pas été épargnée, avec entre autres les assassinats des journalistes d’investigation Daphne Caruana Galizia, tuée en 2017 dans l’explosion de sa voiture à Malte, et du jeune Jan Kuciak, tué avec sa compagne en février 2018 en Slovaquie. Tous deux s’intéressaient à la mafia italienne et à certaines de ses opérations financières impliquant businessmen et hommes politiques.

En Italie, pour la seule année 2017, 196 journalistes ont bénéficié de mesures de protection et une dizaine, à l’image de Roberto Saviano ou de Paolo Borrometi, vivent sous escorte policière permanente.

Dans les Pouilles (sud), la journaliste Marilù Mastrogiovanni, qui enquête sur l’organisation mafieuse Sacra Corona Unita, reçoit continuellement des menaces et vit sous protection. « Il n’y a pas assez de policiers pour combattre la mafia et encore moins pour défendre les journalistes », regrette Mme Mastrogiovanni.

En Namibie, John Grobler traque la main du crime organisé derrière l’extraction des ressources primaires. « N’oublions jamais que nous leur faisons plus peur qu’ils ne nous effraient », rappelle le journaliste indépendant.

Face aux menaces, certains journalistes mettent un terme à leurs enquêtes, d’autres choisissent de déménager, de s’exiler ou encore de mettre en commun leurs informations, notamment avec des collègues étrangers, dans le cadre de consortiums internationaux de journalistes d’investigation.

« Les journalistes qui enquêtent sur des sujets aussi dangereux que la mafia se retrouvent bien souvent seuls et démunis face aux représailles », souligne dans un communiqué Christophe Deloire, secrétaire général de RSF. « Les Etats doivent tout mettre en oeuvre pour leur apporter le soutien et la protection adéquats, et non faire la sourde oreille aux demandes de protection ».

Le G20 à Buenos Aires, entre bidonvilles et « petit Paris »

A moins d’un kilomètre des principaux dirigeants de la planète, réunis samedi et dimanche à Buenos Aires pour le G20, Mercedes sert un plat de soupe dans un petit local de nourriture péruvienne de la Villa 31, bidonville enraciné au coeur de la capitale argentine.

Quelque 40.000 habitants s’entassent dans cet enchevêtrement de constructions sommaires multicolores. Par endroits, les bâtiments dépassent la section aérienne de l’autoroute qui longe le Rio de la Plata. Ruelles en terre, jungle de fils électriques et constructions sauvages, ce bidonville, le plus ancien de Buenos Aires, a commencé à se former au lendemain de la crise de 1930.

Ce lieu atypique dans une des zones les plus chères de la ville s’étend le long des voies ferrées, de la gare des trains de banlieue au port de marchandises.

Au fond, se dessine la ligne des gratte-ciels du quartier d’affaires de la capitale, reflet des contrastes et inégalités de ce pays en pleine crise économique.

« Je regarde un peu la télé le matin. La météo, c’est ce qui m’intéresse le plus », confie Mercedes Tapia derrière son comptoir, complètement étrangère aux dossiers qui seront discutés au G20 dans « l’autre » Buenos Aires. Avec ses nombreux cafés branchés, restaurants et théâtres: elle a été désignée pour la quatrième année consécutive par The Economist comme la meilleure ville pour vivre en Amérique latine.

Dans la Villa 31, que la mairie tente de faire passer de bidonville à quartier, cette veuve de 70 ans, tout comme 16% des habitants de la mégalopole vivant sous le seuil de pauvreté, vit au jour le jour.

« L’intégration est un défi global qui demande la mise en place de politiques publiques pro-actives », déclare à l’AFP Diego Fernandez, responsable de l’intégration sociale et urbaine. Le plan d’urbanisation de cette zone, lancée en 2016, prévoit la mise en place de services, la construction d’écoles et de logements, ainsi que le déplacement de la voie rapide qui la traverse.

– « Le fossé s’est creusé » –

Loin de ces grands projets, dans sa petite échoppe de la Villa 31, la seule chose qui inquiète Ruben Morales, c’est la chute des ventes liée à la crise et l’inflation, supérieure à 40% sur les 12 derniers mois. « Avant, du 1er au 18 (du mois), il y avait de l’argent; maintenant, le 6, il n’y en a plus », résume-t-il.

Ici, une chambrette se loue environ 150 dollars par mois. Dans le quartier le plus cher de Buenos Aires, Puerto Madero, à l’achat, le prix du m2 dépasse les 7.000 dollars.

« Depuis 2003, le fossé s’est creusé avec les prix dans les quartiers les plus chers (…), ce qui renforce la segmentation », explique José Rozados, président du cabinet Reporte Inmobiliario.

Sur les plus de 4.000 bidonvilles du pays, 63 se trouvent à Buenos Aires.

Selon la Banque Mondiale, cette ville concentre l’activité économique la plus forte de la région. C’est aussi celle qui a le meilleur niveau d’éducation, avec 60% de sa population ayant fait des études supérieures.

Mais certains problèmes persistants, comme la congestion routière, nuisent à sa productivité. Buenos Aires a ainsi été classée au 19e rang des villes les plus engorgées du monde du classement TomTom.

Monica Freixas, habitante du quartier de Recoleta, souvent décrit comme le « petit Paris » à cause de ses immeubles de style haussmannien, s’attend à une fin de semaine compliquée côté circulation, pour cause de G20. « C’est le prix à payer pour s’ouvrir au monde. Je ne veux pas devenir comme le Venezuela ou Cuba, je veux un pays démocratique », explique-t-elle.

L’Américain John Bolton juge « très productive » sa rencontre avec Bolsonaro

Le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, John Bolton, s’est entretenu jeudi à Rio avec Jair Bolsonaro, première rencontre de haut niveau et « très productive » selon eux entre les Etats-Unis et le président élu d’extrême droite du Brésil.

M. Bolton, arrivé dans un long convoi aux sirènes hurlantes dès 7H00 (09H00 GMT), a eu un entretien d’une heure avec le président élu, qui prendra ses fonctions en janvier et qui devrait être un partenaire de poids des Etats-Unis en Amérique latine.

Il est reparti de la résidence de Jair Bolsonaro sans faire aucune déclaration devant les nombreux journalistes présents. Mais dans un tweet après son départ, il a indiqué avoir eu une « discussion sur de nombreux sujets, très productive » avec Jair Bolsonaro et son équipe, dont l’orientation est très pro-américaine.

« Je lui ai transmis une invitation du président (Donald) Trump à se rendre aux Etats-Unis », a ajouté M. Bolton. « Nous sommes impatients d’avoir un partenariat dynamique avec le Brésil ».

Jair Bolsonaro a lui aussi qualifié dans un tweet la rencontre de « très productive et agréable ». Son équipe a publié des photos de l’entretien auquel assistaient le général Augusto Eleno, chef du renseignement, le prochain ministre de la Défense, le général Fernando Azevedo e Silva, ainsi que le futur ministre des Affaires étrangères, Ernesto Araujo.

Ce dernier, farouche opposant du multilatéralisme et climato-sceptique, a écrit récemment que « Trump peut sauver l’Occident ».

Cet entretien a eu lieu alors que les deux parties ont souhaité un rapprochement entre les Etats-Unis et le Brésil sur la base d’une vraie proximité idéologique.

« Le président (Donald) Trump avait été le premier dirigeant étranger à féliciter le président élu » au soir de sa victoire le 28 octobre, avait déclaré mardi John Bolton.

Il a ensuite évoqué une « opportunité historique pour le Brésil et les Etats-Unis de travailler ensemble dans de nombreux domaines, économie ou sécurité » notamment.

« Je vais vraiment là-bas (à Rio) pour préparer le terrain », avait dit M. Bolton mardi. « Je suis impatient d’entendre quelles sont les priorités du président élu, d’essayer de lui parler des visions du président Trump » pour que « les deux dirigeants puissent prendre un bon départ ».

– Allié régional de poids –

Jair Bolsonaro, fervent admirateur de Donald Trump, n’a pas fait mystère de son intention de faire prendre un virage à 180 degrés à la diplomatie brésilienne pour la réorienter vers Washington.

Celui qui est parfois décrit comme le « Trump tropical » a déjà emboîté le pas de Donald Trump, annonçant par exemple le transfert hautement polémique de l’ambassade du Brésil en Israël de Tel-Aviv à Jérusalem, avant de sembler hésiter.

Il a aussi exprimé de forts doutes sur le réchauffement climatique, menacé de quitter l’Accord de Paris sur le climat, et accusé la Chine d' »être en train d’acheter le Brésil », dont elle est le premier partenaire commercial.

La première puissance d’Amérique latine, qui sera farouchement anticommuniste, semble aussi devoir être un allié régional de poids pour Washington dans sa volonté d’isoler davantage des régimes comme ceux de Cuba, du Venezuela ou du Nicaragua, dont M. Bolton n’a pas caché que les Etats-Unis souhaitaient la chute.

Donald Trump est attendu à Buenos Aires pour le sommet du G20 qui s’ouvre vendredi.

Eduardo Bolsonaro, fils du futur président et député, est actuellement en tournée aux Etats-Unis où il multiplie les contacts, bien qu’il n’ait aucune fonction officielle au sein du futur gouvernement.

Il y a rencontré mardi notamment Jared Kushner, conseiller et gendre du président Donald Trump, et des membres influents du Congrès.

Il a aussi vu une nouvelle fois Steve Bannon, ancienne éminence grise de Donald Trump et tenant sulfureux de la droite ultra-conservatrice, dont les Bolsonaro sont proches idéologiquement.

« Une icône du combat contre le marxisme culturel », a assuré sur les réseaux sociaux Eduardo Bolsonaro en publiant une photo de leur rencontre.

Avant un « acte 3 », les « gilets jaunes » veulent se structurer pour durer

Se structurer, cibler les symboles de l’Etat, et continuer à manifester sur les Champs-Elysées: malgré de vifs débats sur leur organisation et leurs revendications, les « gilets jaunes » n’en demeurent pas moins déterminés à mener samedi « l’acte 3 » de leur bras de fer avec le gouvernement.

. Une « structuration » laborieuse

Le mouvement se revendique « apolitique » et « citoyen ». Né sur les réseaux sociaux, il fonctionne largement sur une libre expression et libre participation de chacun, qui donne parfois lieu à une cacophonie.

Face à l’ampleur de la mobilisation (au moins 282.000 le 17 novembre et 106.300 le 24 novembre), une coordination est devenue nécessaire pour relayer leur message au pouvoir et dans les médias. Mais « se structurer pour durer » n’est pas chose aisée dans un mouvement très hétéroclite.

La création lundi d’une « délégation » de huit porte-parole, incluant les deux initiateurs du mouvement Eric Drouet et Priscillia Ludosky, a suscité de vives réactions.

« Nous n’avons pas été prévenus, ni consultés. Nous ne savons pas qui a décidé, ni sur quelles bases », déplorait Tristan Lozach, un des leaders dans les Côtes-d’Armor. « Il y a un manque de diversité et le manque le plus criant, c’est le retraité. Celui qu’on voit le plus sur les ronds-points, il n’est pas là », relevait également Fabrice Schlegel, meneur du mouvement à Dole (Jura).

Les porte-parole se sont défendus de toute volonté de préempter la mobilisation. « On a fait ça dans l’urgence pour que ce ne soit pas récupéré par un parti ou un syndicat », a assuré mardi soir Eric Drouet.

Mais dès le lendemain, la « délégation » a été dissoute, pour « laisser place à la désignation de représentants régionaux et référents départementaux », Drouet et Ludosky restant des « interlocuteurs » du gouvernement.

Et dès jeudi une nouvelle polémique éclatait: les « gilets jaunes » doivent être reçus vendredi à Matignon, mais la composition de cette délégation est inconnue. Eric Drouet a annoncé qu’il ne s’y rendrait pas et qu’il ne rencontrerait le gouvernement qu’avec les nouveaux représentants locaux.

. Un dialogue de sourds qui soude

La « délégation » a publié lundi une série de revendications, issues de plus de 35.000 propositions recueillies sur Facebook, avec deux « propositions principales »: « la baisse de toutes les taxes » et « la création d’une assemblée citoyenne ».

A la question du prix des carburants se sont ajoutées des demandes sur la transition écologique (interdiction du glyphosate, bio-carburants…), le pouvoir d’achat (baisse des charges patronales, augmentation du Smic, parité de rémunération hommes-femmes, fin des régimes spéciaux…), la démocratie (recours plus fréquent au referendum, suppression du Sénat, comptabilisation du vote blanc, présence obligatoire des élus en assemblée…).

L’extension des revendications au niveau de vie fait l’unanimité sur tous les barrages de France. « Il y a d’abord le carburant, mais toutes les inégalités sociales sont remontées à la surface. Le gouvernement doit comprendre que nous sommes ses employeurs et lui notre employé », explique Sarah Resseguier, chômeuse de 38 ans mobilisée au péage de Bénesse-Maremne (Landes).

Certaines revendications, plus politiques, font débat. « Vouloir la dissolution du Sénat, c’est irréalisable », estime Fabrice Schlegel: « On va pas changer la société, on veut la faire avancer pour avoir un peu plus de justice sociale ».

Malgré ces débats et dissensions, l’attitude de l’exécutif soude les troupes. Le même écho de colère et de détermination résonne un peu partout en France.

« Macron parle du futur, nous on parle du présent », lance Thierry Marre, « gilet jaune » de la première heure dans les Bouches-du-Rhône. « L’enfumage continue. On est au bord de l’explosion », prévient Schlegel. A Carcassonne, « depuis les déclarations de Macron, des personnes nous disent: +J’enfile le gilet jaune, je vous rejoins+ », raconte Philippe Faugères: « Macron nous sert de sergent-recruteur ».

. Les symboles de l’Etat dans le viseur

Face à un gouvernement jugé « arrogant », tous appellent à « durcir le mouvement ».

Après plus de dix jours de blocages d’axes routiers qui ont parfois exaspéré la population, les « gilets jaunes » veulent changer de stratégie. « Il faut attaquer l’Etat, pas toucher le peuple », résume Thierry Marre.

Leurs opérations visent de plus en plus les institutions républicaines (préfectures, centres des impôts…) et les centres économiques stratégiques (plateformes logistiques, ports, raffineries…). Les dégradations contre les radars se sont également multipliées.

« Il va falloir s’orienter vers ce qui fait mal au porte-monnaie de l’Etat », expliquait cette semaine Eric Drouet sur Facebook, évoquant l’hypothèse de « se cibler pendant quelques jours vraiment sur l’essence » (raffineries, stations-service, camions citernes).

Les rendez-vous hebdomadaires du samedi, avec manifestation sur les Champs-Elysées et blocages en régions, sont en voie d’être ritualisés. Pour « l’acte 3 », Eric Drouet appelle à faire de samedi une journée « mémorable ».

Lutte contre Boko Haram: réunion Tchad, Nigeria Cameroun et Niger à N’Djamena

Les présidents du Nigeria, du Niger et du Tchad, ainsi que le Premier ministre camerounais, étaient réunis jeudi à N’Djamena pour un mini-sommet consacré au groupe jihadiste nigérian Boko Haram, dont les attaques se sont récemment intensifiées dans la région du lac Tchad.

Les présidents du Nigeria et du Niger, MM. Muhammadu Buhari et Mahamadou Issoufou, ainsi que le Premier ministre camerounais Philémon Yang sont arrivés jeudi matin pour une réunion à huis clos avec le président tchadien Idriss Déby Itno, a constaté un journaliste de l’AFP.

La réunion porte sur « la situation sécuritaire dans le lac Tchad », région touchée par les attaques de Boko Haram, dont le « regain » préoccupe les dirigeants, selon une source diplomatique tchadienne.

Ces quatre pays sont membres de la Commission du bassin du lac Tchad (CBLT), engagée dans la lutte contre Boko Haram, un groupe né en 2009 au Nigeria et qui s’est scindée en 2015 en deux branches, dont l’une est affiliée à l’organisation de l’Etat islamique (EI).

Boko Haram a récemment accru ses raids et autres attaques visant notamment l’armée nigériane.

Mi-novembre, la branche de Boko Haram qui a prêté allégeance au groupe à l’EI a revendiqué la mort de 118 soldats au cours d’une série d’attaques dans la région du lac Tchad, particulièrement au Nigeria. Jeudi, un officier nigérian a déclaré qu’une autre base proche du lac Tchad avait été attaquée mardi par Boko Haram et que les soldats, qui ont perdu trois des leurs, avaient été « écrasés » par les insurgés.

Les pays voisins ne sont pas épargnés.

Au Cameroun, au moins 29 personnes ont été blessées mercredi dans un attentat-suicide perpétré par une femme à Amchidé (Extrême-nord), ville proche de la frontière nigériane.

Le président Buhari avait promis lors de la campagne de la présidentielle de 2015 d’éradiquer le groupe jihadiste et avait assuré, quelques mois après son élection, que Boko Haram était « techniquement vaincu ».

Candidat à sa propre succession pour la présidentielle de février prochain, M. Buhari doit faire face à un bilan sécuritaire très critiqué.

Il a déclaré mercredi devant des hauts gradés que Boko Haram devait être « éliminé de la surface de la terre » mais ses soldats déployés dans le Nord-Est se sont plaints à plusieurs reprises de manquer d’armes et de vivres.

Une Force multinationale mixte appuyée par l’Occident et regroupant des militaires du Tchad, du Cameroun, du Niger et du Nigeria, a été créée en 2015 pour surveiller le lac Tchad, avec l’aide de comités de vigilance composés de citoyens locaux.

Plus de 27.000 personnes ont perdu la vie depuis le début de l’insurrection jihadiste en 2009 au Nigeria et 1,8 million de personnes ne peuvent toujours pas regagner leurs foyers.

Gabon: Ali Bongo poursuit sa convalescence au Maroc

Le président gabonais Ali Bongo Ondimba est arrivé jeudi à Rabat pour y poursuivre sa convalescence en milieu hospitalier, après plus d’un mois passé dans un hôpital de Ryad pour un mal qui reste officiellement inconnu.

Parti de la capitale saoudienne mercredi soir, le président Bongo, 59 ans, est arrivé tôt jeudi à Rabat, a appris l’AFP de source diplomatique marocaine.

Après son arrivée, il a été directement conduit dans un établissement hospitalier de la capitale marocaine pour y poursuivre sa convalescence et sa rééducation, a précisé cette source.

Aucune image du chef de l’Etat n’a été diffusée, ni à son arrivée au Maroc, ni à son départ de Ryad, où, selon l’agence de presse saoudienne SPA, il a été salué par des officiels du ministère saoudien des Affaires étrangères.

Cette absence d’images du président Bongo depuis son hospitalisation à Ryad le 24 octobre, suscite des interrogations et des inquiétudes au Gabon sur l’état réel de sa santé.

D’autant plus que la communication officielle est restée pour le moins parcimonieuse à Libreville, avec seulement deux interventions du porte-parole de la présidence, Ike Ngouoni, en plus d’un mois.

La première le 28 octobre pour annoncer son hospitalisation en Arabie saoudite, à la suite d’un « malaise » provoqué par « une fatigue sévère », due à une « très forte activité » récente.

La seconde le 11 novembre pour préciser qu’il était « dans une phase de recouvrement de la plénitude ses facultés physiques », après « un saignement justifiant une prise en charge médico-chirurgicale en secteur hautement spécialisé ». Une manière implicite de dire que son état était sérieux.

Mais à aucun moment la présidence n’a révélé quel était le mal dont souffrait le chef de l’Etat. Seules des sources non officielles ont évoqué un accident vasculaire cérébral (AVC).

Et ce ne sont ni la présidence ni le gouvernement qui ont annoncé mercredi son départ de Ryad pour Rabat, mais Sylvia Bongo Ondimba, son épouse, sur sa page Facebook.

– « Impuissance » de l’Etat –

Le gouvernement n’a fait que confirmer ce transfert plusieurs heures après.

Mme Bongo Ondimba précisait que le départ de son mari pour Rabat avait été « rendu possible grâce à l’amélioration très significative » de son état de santé, parlant « de brève convalescence » au Maroc.

Elle annonçait aussi que le président Bongo mettrait à profite sa convalescence « pour travailler sur les dossier les plus prioritaires » du Gabon, en faisant venir à Rabat « les principaux responsables de la présidence ».

Elle n’a en revanche pas parlé de membres du gouvernement, ni même du Premier ministre Emmanuel Issoze Ngondet ou du vice-président Pierre-Claver Maganga Moussavou, comme étant invités à se rendre à Rabat.

Ce qui a fait écrire jeudi au site gabonais d’information Gabonreview, réputé pour son sérieux, que « la gestion du dossier médical du président de la République met en lumière la toute-puissance » de sa très proche famille et « apporte aussi la preuve de l’impuissance de l’appareil de l’Etat ».

Pour palier l’absence du président, la Cour constitutionnelle, présidée depuis 1991 par Marie-Madeleine Mborantsuo, pilier du régime Bongo, a ajouté un alinéa à la loi fondamentale qui, selon elle, ne prévoyait pas « l’indisponibilité temporaire » du chef de l’Etat.

Ce rajout, qui a permis la tenue d’un Conseil des ministres présidé par M. Moussavou, a été dénoncé avec véhémence par l’opposition, les syndicats et la société civile qui ont parlé d’un « coup d’Etat constitutionnel ».

Reste qu’au delà des mots, l’opposition, divisée, apparaît incapable de tirer partie politiquement de l’absence prolongée du président Bongo.

Ses appels à manifester contre ce « coup d’Etat constitutionnel » lors de rassemblements à Libreville – interdits par le pouvoir – ont échoué, seules quelques dizaines de personnes y ayant répondu.

Et un récent appel au rassemblement de tous les Gabonais lancé par Jean Ping, rival malheureux d’Ali Bongo à la présidentielle de 2016 qui se proclame toujours « président élu », est resté sans suite à ce jour.

« Bébés OGM »: la pression s’accentue sur le chercheur chinois

Condamné par ses pairs, lâché par son pays: la pression s’est accentuée jeudi sur He Jiankui, le chercheur chinois qui affirme avoir créé les premiers « bébés génétiquement modifiés », Pékin appelant désormais à suspendre ses activités.

« Cet incident a violé de manière flagrante les lois et réglementations chinoises et a ouvertement dépassé les limites de la morale et de l’éthique auxquelles adhère la communauté universitaire », a déclaré à la télévision d’Etat CCTV le vice-ministre chinois des Sciences et Technologies, Xu Nanping.

« C’est choquant et inacceptable. Nous affichons notre ferme opposition », a-t-il souligné, en réclamant « la suspension les activités scientifiques des personnes impliquées ».

Le chercheur He Jiankui a annoncé le weekend dernier la naissance « il y a quelques semaines » de deux jumelles, surnommées « Lulu » et « Nana ». Leur ADN aurait été modifié pour les rendre résistantes au virus du sida, dont est infecté leur père.

Il s’agirait d’une avancée majeure et d’une première mondiale. L’annonce du scientifique a cependant provoqué un tollé, pour des raisons scientifiques autant qu’éthiques.

La Commission nationale chinoise de la Santé, qui a rang de ministère, enquête actuellement sur l’affaire.

Des experts du génome réunis en colloque à Hong Kong ont par ailleurs condamné en bloc, jeudi, la démarche « irresponsable » de He Jiankui. Le chercheur a fait l’impasse sur le dernier jour de ce sommet, où il était pourtant attendu.

– Une nouvelle grossesse? –

Dans un communiqué, ces scientifiques ont aussi recommandé « une évaluation indépendante pour (…) établir si les modifications d’ADN prétendues ont eu lieu ».

Venu devant un amphithéâtre bondé, He Jiankui s’était dit la veille « fier » d’avoir permis la naissance des deux filles. Le chercheur basé à Shenzhen (sud de la Chine) avait cependant annoncé la suspension de ses essais en raison du tollé.

Il était censé venir s’exprimer à nouveau jeudi devant le second Sommet international sur l’édition du génome, un rendez-vous théoriquement très confidentiel auquel l’annonce de M. He a donné une publicité mondiale.

Mais il ne figurait plus jeudi matin au programme officiel et le président du comité d’organisation, le prix Nobel David Baltimore, a affirmé aux journalistes que c’était bien He Jiankui qui avait annulé sa venue, et non les organisateurs.

Le chercheur a affirmé que huit couples — tous composés d’un père séropositif et d’une mère séronégative — s’étaient portés volontaires pour l’essai, précisant que l’un d’eux s’était rétracté.

Il a fait état d’une « autre grossesse potentielle » impliquant un deuxième couple, en demeurant flou sur le fait de savoir si cette grossesse serait toujours en cours, ou alors se serait soldée par une fausse couche.

He Jiankui, qui a été formé à Stanford aux Etats-Unis, affirme avoir employé l’outil CRISPR-Cas9, dit des « ciseaux génétiques », qui permet d’enlever et de remplacer des parties indésirables du génome, comme on corrige une faute de frappe sur ordinateur.

– ‘Fous’ –

Les jumelles sont selon lui nées après une fécondation in vitro, à partir d’embryons modifiés avant leur implantation dans l’utérus de la mère.

Cette technique ouvre des perspectives dans le domaine des maladies héréditaires. Mais elle est extrêmement controversée, notamment parce que les modifications réalisées seraient transmises aux générations futures, et qu’elles pourraient au final affecter l’ensemble du patrimoine génétique.

Dans leur communiqué, les organisateurs du sommet estiment que les modifications du génome de cellules germinales pourraient être « acceptables » à l’avenir si elles respectent des critères rigoureux, notamment « une supervision indépendante stricte ».

Ils expliquent cependant que les incertitudes scientifiques et techniques sont trop nombreuses « et les risques trop grands » pour envisager des essais cliniques « à ce stade ».

Des médias hongkongais ont rapporté jeudi que le fondateur d’une association basée à Pékin et venant en aide aux séropositifs regrettait d’avoir présenté des familles aux chercheurs du laboratoire de M. He.

« Au début, nous ne comprenions pas ce qu’ils étaient réellement en train de faire », a déclaré à RTHK ce fondateur, Bai Hua, qui a dit avoir présenté une cinquantaine de familles au chercheur chinois.

« Maintenant, mon sentiment personnel est qu’ils sont un peu fous. »

Attaque contre une société de sécurité à Kaboul : dix morts dont un Britannique

Un énorme cratère témoignait jeudi de la violence de l’explosion qui a précédé l’attaque des talibans contre la société de sécurité britannique G4S, mercredi soir à Kaboul, qui a fait au moins 10 morts, dont un Britannique, et 29 blessés.

Un kamikaze s’est d’abord fait exploser dans un véhicule « devant l’entrée » avant que « quatre autres » ne pénètrent dans le campement sécurisé où résident les employés de G4S, a expliqué le porte-parole du ministère de l’Intérieur Najib Danish à l’AFP.

Au moins dix personnes ont été tuées et 29 blessées dans l’attentat, a déclaré M. Danish, ce qu’a confirmé le porte-parole de la police, Abdul Basir Mujahid.

G4S a fait état jeudi de cinq morts parmi ses employés, quatre Afghans et un Britannique, ainsi que de 32 blessés, dont cinq gravement.

« Nous sommes engagés à jouer notre rôle de sécurité auprès des Afghans et nous sommes convaincus que de tels incidents n’empêcheront pas le travail essentiel que la communauté internationale accomplit de se poursuivre », a commenté son directeur général Charlie Burbridge.

Les explosifs étaient cachés à l’intérieur d’un petit camion, dont les restes du châssis gisent au milieu des débris, a constaté un photographe de l’AFP.

Tout autour, les structures des bâtiments environnants de cette zone industrielle de l’est de Kaboul ont été tordus par la violence du souffle.

« Avec mon neveu nous venions de passer devant le campement quand l’explosion a retenti. J’ai perdu connaissance », a témoigné Abdul Mohammad, interrogé par l’AFP sur son lit d’hôpital.

« Quand je me suis relevé, il y avait des débris tout autour. J’ai essayé de relever mon neveu mais j’ai réalisé qu’il était mort », a-t-il poursuivi.

« Ceux qui nous gouvernent sont des traîtres et ont fait de l’Afghanistan un champ de bataille », a pesté à côté de lui Rohullah Azimi, dont le frère a été blessé dans l’explosion.

G4S emploie 611.000 personnes dans une centaine de pays, dont 1.200 contractants en Afghanistan. Elle est cotée au London stock exchange, selon son site internet.

– ‘Pourparlers de paix’ –

Elle avait déjà été la cible d’une attaque le 18 mars lorsqu’un kamikaze avait actionné sa ceinture explosive avant de pouvoir atteindre l’entrée du complexe. Deux civils avaient été tués.

En août 2011, trois de ses employés afghans avaient aussi été tués et six blessés, dont trois gardiens népalais, lors d’une attaque contre le centre culturel britannique de Kaboul, dont elle assurait la sécurité.

L’attaque de mercredi, revendiquée par les talibans « en réponse » selon eux à « des atrocités (commises) par l’ennemi » dans plusieurs provinces, est survenue le jour même où le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres les a enjoints à entamer des « pourparlers de paix directs » avec le gouvernement afghan .

Lors d’une réunion ministérielle sur l’Afghanistan à Genève, le président afghan Ashraf Ghani a annoncé la constitution d’une « équipe de négociation » de 12 personnes et indiqué qu’une « feuille de route pour les négociations de paix » avait été établie.

Les talibans ont rejeté jeudi ces propositions, assurant une nouvelle fois vouloir négocier « avec les envahisseurs américains » et non avec l’exécutif de Kaboul, qualifié d' »entité impuissante imposée de l’étranger », d’après un communiqué de leur porte-parole Zabiullah Mujahid.

Depuis le début de l’année, les talibans ont intensifié leurs attaques contre les forces de sécurité afghanes et les forces de l’Otan.

Mardi, trois soldats américains ont été tués et trois blessés par une bombe au passage d’un convoi près de la ville de Ghazni, dans le sud-est de l’Afghanistan. Revendiqué par les talibans, cet attentat porte à 12 le nombre de soldats américains tués depuis le début de l’année.

Lundi, au moins 22 policiers ont été tués dans une embuscade des talibans dans la très instable province de Farah, dans l’ouest du pays.

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Salomé Zourabichvili, ex-diplomate française et 1ère femme présidente de Géorgie

Salomé Zourabichvili, devenue jeudi à 66 ans la première femme présidente de Géorgie, avait quitté la diplomatie française pour plonger dans la politique mouvementée du pays « de ses ancêtres ».

Son parcours a éveillé un vif intérêt, mais aussi des controverses lors du scrutin. Car Mme Zourabichvili est née à Paris en 1952, de parents géorgiens ayant fui leur pays en 1921 pour échapper aux répressions bolchéviques.

Malgré la distance, sa famille a gardé un lien fort avec la vie et la culture géorgiennes. Son arrière-arrière-grand-père, Niko Nikoladze, était un célèbre écrivain libéral, membre d’un mouvement de libération appelant à l’indépendance de la Géorgie par rapport à l’empire russe.

Après des études au prestigieux Institut d’études politiques (Sciences Po) à Paris, elle entame une carrière diplomatique qui durera trente ans et la verra occuper des postes aux Nations unies à New York, à Washington et au Tchad.

Nommée ambassadrice de France par Jacques Chirac, elle est arrivée en Géorgie en octobre 2003. Mais personne n’envisageait alors le séisme politique qui allait bouleverser la Géorgie quelques semaines plus tard.

« J’ai toujours pensé que j’aiderais un jour, à un certain niveau, ce pays à avancer vers la démocratie », a expliqué Salomé Zourabichvili dans une interview à l’AFP le mois dernier. « Il y a plusieurs décennies, jeune diplomate française, je n’aurais pas pu imaginer que je serais candidate à la présidence dans le pays de mes ancêtres, qui se trouvait alors dans les griffes de l’Empire soviétique ».

Élu président en janvier 2004, Saakachvili, à la recherche de cadres expérimentés pour intégrer son administration et mener à bien ses promesses de moderniser le pays, fait de l’ex-diplomate française sa ministre des Affaires étrangères.

« Elle a eu une brillante carrière en France mais est restée Géorgienne dans son cœur et une véritable patriote », déclarait M. Saakachvili à l’époque. Elle est cependant rapidement accusée d’arrogance et d’impulsivité jusque dans les rangs de la majorité, et perd le soutien d’une partie des diplomates et parlementaires.

– Impulsivité –

Au bout d’un an, Salomé Zourabichvili est limogée, malgré des manifestations contre son départ qui rassemblent plusieurs milliers de personnes dans les rues de Tbilissi. L’ancienne diplomate rejoint alors l’opposition, comme députée, et devient une des plus féroces critiques de Mikhaïl Saakachvili.

« Il faut désormais m’engager comme jamais. Dans un combat politique, qui ne m’a jamais attiré, que je n’ai jamais pratiqué, mais qui s’impose à moi. (…) La route est longue et difficile », écrivait-elle après son départ du ministère dans son livre « Une femme pour deux pays », publié en France chez Grasset en 2006.

En 2010, elle quitte la politique géorgienne, affirmant qu' »il n’y a pas le minimum de démocratie en Géorgie nécessaire à l’existence de l’opposition ».

Elle devient alors coordinatrice du groupe d’experts qui assiste le comité des sanctions contre l’Iran du Conseil de sécurité de l’ONU, poste qu’elle occupera pendant cinq ans. Puis elle revient dans son pays d’origine.

Sa candidature à la présidentielle géorgienne a décollé lorsqu’elle a reçu le soutien du richissime ex-Premier ministre Bidzina Ivanichvili, soupçonné par beaucoup de continuer à tirer les ficelles du pouvoir malgré son retrait officiel de la politique en 2013.

Elle emporte l’adhésion des électeurs malgré son statut d' »outsider » et ses quelques gaffes pendant la campagne, comme des erreurs commises en parlant géorgien. Si son accent et sa grammaire ne sont pas parfaits en géorgien, il ne s’agit que d’une des nombreuses langues qu’elle parle, avec le français, l’anglais, l’italien, l’allemand et le russe.

Prolixe sur Twitter, elle y a exprimé son soutien au président français Emmanuel Macron.

Son mari Janri Kashia, décédé en 2012, était un écrivain et journaliste né en Géorgie. Sous l’ère soviétique il a été contraint de quitter son pays en tant que dissident. Il est par la suite devenu présentateur d’une émission populaire à la télévision géorgienne.

La famille Zourabichvili a fait bloc derrière la candidate: ses enfants – une fille journaliste sportive à France-24 à Paris et un fils diplomate à l’ambassade française à Londres – ont assisté à la campagne de leur mère à Tbilissi.

Salomé Zourabichvili avait dénoncé une campagne malveillante à son égard, indiquant qu’elle et ses enfants avaient reçu des menaces de mort.

Les Européens tempèrent les ardeurs de Kiev, qui appelle à agir contre Moscou

Les pays européens tentaient jeudi de calmer les ardeurs de l’Ukraine, Angela Merkel appelant Kiev à la retenue après l’appel du président ukrainien Porochenko à envoyer l’Otan pour faire face à la Russie en mer d’Azov.

S’exprimant à l’occasion d’un forum économique germano-ukrainien, la chancelière allemande a appelé Kiev à « rester avisée », assurant qu’il n’était possible de « résoudre les choses qu’en restant raisonnables, en discutant les uns avec les autres ».

Quelques heures plus tôt, Petro Porochenko a demandé à l’Otan une réponse ferme face à ce qu’il considère comme une agression de la Russie, qui a intercepté par la force dimanche trois navires de la Marine ukrainienne en mer Noire, non loin de la péninsule ukrainienne de Crimée annexée par la Russie en 2014.

Cet accrochage est la première confrontation militaire ouverte entre Moscou et Kiev depuis cette annexion et le début la même année d’un conflit armé dans l’est de l’Ukraine entre forces ukrainiennes et séparatistes prorusses, qui a fait plus de 10.000 morts.

Dans le quotidien allemand Bild, Petro Porochenko avait appelé l’Otan, et en particulier l’Allemagne, à envoyer des navires en mer d’Azov pour contrer la Russie : « L’Allemagne est l’un de nos plus proches alliés et nous espérons que des pays au sein de l’Otan sont désormais prêts à dépêcher des navires en mer d’Azov pour aider l’Ukraine et y assurer la sécurité ».

– « Pas de solution militaire » –

Un appel visiblement laissé lettre morte. « Il ne peut y avoir de solution militaire à ces confrontations », a insisté la chancelière allemande, qui a toutefois promis d’aborder le sujet avec Vladimir Poutine au sommet du G20, qui s’ouvre vendredi à Buenos Aires.

Sa prudence est à l’image de celle des Européens. Si l’Union européenne s’est dite « consternée par l’usage de la force de la Russie », les gouvernements des 28 pays n’envisagent pas de nouvelles mesures pour sanctionner la Russie.

Des sources diplomatiques ont expliqué à l’AFP que de sérieuses divergences opposent les Etats européens, alors que l’adoption de nouvelle sanctions ne peut se faire qu’à l’unanimité. La Pologne a soutenu cette idée, mais plusieurs Etats comme la France et l’Allemagne ont jugé la démarche prématurée, selon une de ces sources.

Dans une déclaration publiée par la cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini, les 28 Etats membres ont toutefois demandé à la Russie « d’assurer un passage libre et sans entrave dans le détroit de Kertch à destination et en provenance de la mer d’Azov, conformément au droit international ».

« Dans ce contexte, nous appelons aussi fermement la Russie à libérer sans condition et sans délai les navires capturés, leur équipage et leur équipement ».

– Blocus –

Les 24 marins ukrainiens capturés par la Russie, dont trois blessés, ont été placés en détention jusqu’au 25 janvier, une décision « barbare et illégale » selon Kiev. En Ukraine, la loi martiale est entrée en vigueur mercredi pour 30 jours dans dix régions frontalières et côtières.

Vladimir Poutine a défendu ses forces et jugé que les gardes-côtes russes avaient simplement « rempli leur devoir avec précision ». Il a qualifié l’accrochage de « provocation » organisée par M. Porochenko, mal en point dans les sondages à quelques mois de la présidentielle.

Le Kremlin a aussi nié avoir fermé le détroit de Kertch, comme l’affirme l’Ukraine. « Le détroit est ouvert et il fonctionne normalement », a affirmé aux journalistes le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Selon le ministre ukrainien des Infrastructures, Volodymyr Omelian, 18 navires ukrainiens attendent la permission de passer de la mer Noire à la mer d’Azov, cruciale pour les exportations de céréales ou d’acier produits dans l’est de l’Ukraine. Neuf autres bateaux attendent de passer en sens inverse. « Les ports ukrainiens de la mer d’Azov (…) subissent de fait un blocus de la Fédération russe », a-t-il accusé sur Facebook.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a proposé sa médiation. « Nous allons transmettre les demandes de Kiev à M. Poutine lors de notre rencontre à Buenos Aires », a-t-il déclaré avant de s’envoler pour le G20.

Un temps menacée, la rencontre très attendue entre Donald Trump et Vladimir Poutine sera d’ailleurs organisée comme prévu, a confirmé jeudi le porte-parole du Kremlin.

Salomé Zourabichvili, ex-diplomate française et 1ère femme présidente de Géorgie

Salomé Zourabichvili, devenue jeudi à 66 ans la première femme présidente de Géorgie, avait quitté la diplomatie française pour plonger dans la politique mouvementée du pays « de ses ancêtres ».

Son parcours a éveillé un vif intérêt, mais aussi des controverses lors du scrutin. Car Mme Zourabichvili est née à Paris en 1952, de parents géorgiens ayant fui leur pays en 1921 pour échapper aux répressions bolchéviques.

Malgré la distance, sa famille a gardé un lien fort avec la vie et la culture géorgiennes. Son arrière-arrière-grand-père, Niko Nikoladze, était un célèbre écrivain libéral, membre d’un mouvement de libération appelant à l’indépendance de la Géorgie par rapport à l’empire russe.

Après des études au prestigieux Institut d’études politiques (Sciences Po) à Paris, elle entame une carrière diplomatique qui durera trente ans et la verra occuper des postes aux Nations unies à New York, à Washington et au Tchad.

Nommée ambassadrice de France par Jacques Chirac, elle est arrivée en Géorgie en octobre 2003. Mais personne n’envisageait alors le séisme politique qui allait bouleverser la Géorgie quelques semaines plus tard.

« J’ai toujours pensé que j’aiderais un jour, à un certain niveau, ce pays à avancer vers la démocratie », a expliqué Salomé Zourabichvili dans une interview à l’AFP le mois dernier. « Il y a plusieurs décennies, jeune diplomate française, je n’aurais pas pu imaginer que je serais candidate à la présidence dans le pays de mes ancêtres, qui se trouvait alors dans les griffes de l’Empire soviétique ».

Élu président en janvier 2004, Saakachvili, à la recherche de cadres expérimentés pour intégrer son administration et mener à bien ses promesses de moderniser le pays, fait de l’ex-diplomate française sa ministre des Affaires étrangères.

« Elle a eu une brillante carrière en France mais est restée Géorgienne dans son cœur et une véritable patriote », déclarait M. Saakachvili à l’époque. Elle est cependant rapidement accusée d’arrogance et d’impulsivité jusque dans les rangs de la majorité, et perd le soutien d’une partie des diplomates et parlementaires.

– Impulsivité –

Au bout d’un an, Salomé Zourabichvili est limogée, malgré des manifestations contre son départ qui rassemblent plusieurs milliers de personnes dans les rues de Tbilissi. L’ancienne diplomate rejoint alors l’opposition, comme députée, et devient une des plus féroces critiques de Mikhaïl Saakachvili.

« Il faut désormais m’engager comme jamais. Dans un combat politique, qui ne m’a jamais attiré, que je n’ai jamais pratiqué, mais qui s’impose à moi. (…) La route est longue et difficile », écrivait-elle après son départ du ministère dans son livre « Une femme pour deux pays », publié en France chez Grasset en 2006.

En 2010, elle quitte la politique géorgienne, affirmant qu' »il n’y a pas le minimum de démocratie en Géorgie nécessaire à l’existence de l’opposition ».

Elle devient alors coordinatrice du groupe d’experts qui assiste le comité des sanctions contre l’Iran du Conseil de sécurité de l’ONU, poste qu’elle occupera pendant cinq ans. Puis elle revient dans son pays d’origine.

Sa candidature à la présidentielle géorgienne a décollé lorsqu’elle a reçu le soutien du richissime ex-Premier ministre Bidzina Ivanichvili, soupçonné par beaucoup de continuer à tirer les ficelles du pouvoir malgré son retrait officiel de la politique en 2013.

Elle emporte l’adhésion des électeurs malgré son statut d' »outsider » et ses quelques gaffes pendant la campagne, comme des erreurs commises en parlant géorgien. Si son accent et sa grammaire ne sont pas parfaits en géorgien, il ne s’agit que d’une des nombreuses langues qu’elle parle, avec le français, l’anglais, l’italien, l’allemand et le russe.

Prolixe sur Twitter, elle y a exprimé son soutien au président français Emmanuel Macron.

Son mari Janri Kashia, décédé en 2012, était un écrivain et journaliste né en Géorgie. Sous l’ère soviétique il a été contraint de quitter son pays en tant que dissident. Il est par la suite devenu présentateur d’une émission populaire à la télévision géorgienne.

La famille Zourabichvili a fait bloc derrière la candidate: ses enfants – une fille journaliste sportive à France-24 à Paris et un fils diplomate à l’ambassade française à Londres – ont assisté à la campagne de leur mère à Tbilissi.

Salomé Zourabichvili avait dénoncé une campagne malveillante à son égard, indiquant qu’elle et ses enfants avaient reçu des menaces de mort.

Gabon: Bongo à Rabat pour un séjour de convalescence (source diplomatique)

Le président gabonais Ali Bongo Ondimba, qui était hospitalisé en Arabie saoudite, est arrivé tôt jeudi matin à Rabat pour un séjour de convalescence et rééducation en milieu hospitalier, a-t-on appris de source diplomatique marocaine.

Le chef d’Etat âgé de 59 ans avait quitté mercredi soir l’Arabie saoudite où il était hospitalisé depuis le 24 octobre. Aucune image n’a été pour l’instant diffusée à son départ ni à son arrivée.

Après son arrivée, vers 05H00 GMT à Rabat, le président gabonais a été conduit dans un établissement hospitalier de la capitale marocaine, selon la source diplomatique qui n’a pas fourni plus de précisions.

Ce transfert « intervient conformément au souhait de Son Excellence le Président Bongo, en accord avec les Institutions constitutionnelles de la République gabonaise et conformément à l’avis des médecins traitants », selon un communiqué du ministère marocain des Affaires étrangères publié mercredi.

L’épouse du président gabonais Sylvia avait annoncé mardi sur sa page Facebook que son mari quitterait la capitale saoudienne mercredi pour Rabat, en précisant que le transfert avait été « rendu possible grâce à l’amélioration très significative » de l’état de santé de son mari.

A son départ de Ryad, Ali Bongo a été salué par des responsables du ministère saoudien des Affaires étrangères, selon l’agence officielle saoudienne SPA.

La période de convalescence pourrait durer quelques semaines, voire quelques jours, avait indiqué à l’AFP une source officielle de la présidence gabonaise. L’état de santé d’Ali Bongo a donné lieu à très peu de communication officielle.

Une source étrangère proche du président Bongo avait affirmé fin octobre à l’AFP qu’il avait « eu un AVC » (accident vasculaire cérébral), cause de son hospitalisation.

Le président Bongo doit être rejoint à Rabat par plusieurs officiels gabonais, dont le directeur de cabinet, le secrétaire général, le chef du protocole ou encore le porte-parole de la présidence, comme l’a indiqué à l’AFP une source officielle à la présidence gabonaise.

Dans son communiqué, le ministère marocain des Affaires étrangères rappelle les « relations fortes d’amitié et de solidarité » entre le Maroc et le Gabon, « fondées sur des liens de fraternité profonds et historiques entre les deux peuples et entre les deux chefs d’Etat ».

Ali Bongo et le roi du Maroc Mohammed VI sont très proches depuis leur enfance.

L’année 2018 en bonne voie d’être parmi les plus chaudes enregistrées, selon l’ONU

L’année 2018 devrait figurer au 4e rang des plus chaudes jamais enregistrées, a alerté jeudi l’ONU, avertissant de l’extrême urgence de la situation dans un rapport publié avant le sommet sur le climat COP24.

Dans sa déclaration provisoire sur l’état du climat mondial, l’Organisation météorologique mondiale (OMM) observe que la température moyenne à la surface du globe, pour les 10 premiers mois de l’année, était supérieure de quasiment 1°C aux valeurs de l’époque préindustrielle (1850-1900), de sorte que « 2018 s’annonce comme la 4e année la plus chaude jamais enregistrée ».

Conséquence: la tendance au réchauffement de la Terre sur le long terme « est évidente et se poursuit », a déclaré le secrétaire général de l’OMM, Petteri Taalas, en conférence de presse.

Et alors que les 22 dernières années comptent les 20 années les plus chaudes jamais enregistrées, les quatre dernières caracolent en tête de liste, selon l’OMM.

« Il faut le marteler encore et encore: nous sommes la première génération à bien comprendre les changements climatiques et la dernière à pouvoir en contrer les conséquences », a souligné M. Taalas.

Alors que les concentrations de gaz à effet de serre, facteur déterminant du réchauffement, vont de record en record, « la température risque d’augmenter de 3-5°C d’ici à la fin du siècle si la tendance continue », a-t-il alerté, quelques jours avant la COP24 qui doit se tenir à Katowice en Pologne.

Au cours de la COP24, la communauté internationale doit finaliser l’accord de Paris pour atteindre l’objectif de limiter le réchauffement climatique à moins de 2°C, voire à 1,5°C par rapport au niveau de la Révolution industrielle.

Selon les experts de l’ONU, il est matériellement possible d’atteindre cet objectif de 1,5°C en changeant notre mode de vie, les systèmes énergétiques et les réseaux de transport.

– Froid et chaud –

En attendant, le réchauffement climatique se poursuit sans relâche, entrainant une élévation du niveau de la mer, l’acidification des océans et la fonte de la banquise et des glaciers.

Le rapport explique par exemple que l’étendue de la banquise arctique a été bien inférieure à la normale depuis le début de l’année, affichant des records à la baisse en janvier et février. Et le maximum annuel, observé à la mi-mars, figure au troisième rang des plus faibles jamais enregistrés.

2018 a également connu son lot de conditions météorologiques extrêmes, autre caractéristique majeure du réchauffement. La saison cyclonique a été particulièrement active dans le Pacifique Nord-Est, où l’énergie cyclonique cumulée a été la plus importante qui ait été enregistrée depuis le début des observations par satellite, détaille le rapport.

Et en Europe, l’une des vagues de froid les plus marquantes de ces dernières années a fait grelotter le continent fin février et début mars, suivie d’une chaleur et sécheresse exceptionnelles qui ont entraîné notamment de grands feux de forêt en Scandinavie.

La Californie, victime de sécheresse chronique depuis plusieurs années, a été frappée elle aussi cette année par de violents incendies, dont « Camp Fire » en novembre, l’incendie le plus meurtrier de l’histoire de cet état américain avec au moins 85 morts.

Le reggae fait désormais partie du patrimoine culturel de l’Humanité

Le reggae, musique popularisée dans le monde entier par son icône Bob Marley, a été inscrit jeudi sur la liste du patrimoine culturel immatériel par l’Unesco qui a souligné son message « d’amour et d’humanité ».

« C’est un jour historique. Nous sommes très, très heureux, je suis émue », a réagi pour l’AFP la ministre de la Culture jamaïcaine, Olivia Grange, présente à Port-Louis, capitale de l’Ile Maurice où se réunit un comité spécialisé de l’Unesco.

L’organisme de l’Onu a souligné « la contribution » de cette musique jamaïcaine à la prise de conscience internationale « sur les questions d’injustice, de résistance, d’amour et d’humanité, et sa dimension à la fois « cérébrale, socio-politique, sensuelle et spirituelle ».

« Si, à ses débuts, le reggae était la voix des communautés marginalisées, il est désormais joué et adopté par une importante partie de la population, tous groupes ethniques et religieux confondus », a ajouté l’Unesco.

La décision de l’Unesco « aide à placer la Jamaïque sur une carte. Où que vous alliez, quand vous dites que vous êtes de Jamaïque, on vous dit +Bob Marley+ », s’est encore réjouie la ministre: « nous allons fêter » la décision, a-t-elle dit.

Le reggae rejoint ainsi une liste de quelque 400 traditions culturelles (chants, danses, spécialités gastronomiques ou célébrations) allant de la pizza napolitaine au zaouli, musique et danse des communautés gouro de Côte d’Ivoire.

Le comité ad hoc de l’Unesco, qui se réunit jusqu’à samedi pour examiner 40 demandes d’inscription, a également intégré jeudi le chidaoba, une lutte traditionnelle géorgienne pratiquée depuis des siècles, et avait inclus la veille les savoir-faire liés au parfum de Grasse en France.

Le reggae, dont la candidature était portée par la Jamaïque, a émergé à la fin des années 1960. Style musical issu du ska et du rocksteady, il a aussi intégré des influences du jazz et du blues.

La musique est vite devenue populaire aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, importée par les nombreux immigrés jamaïcains après la Seconde Guerre mondiale. Elle s’est souvent revendiquée comme la musique des opprimés, abordant des questions sociales et politiques, la prison et les inégalités.

« Le reggae est un distillat des différents genres jamaïcains, remontant jusqu’aux temps de l’esclavage », estime le musicologue jamaïcain Garth White, dans une vidéo mise en ligne par l’Unesco.

Le reggae est indissociable du rastafarisme, mouvement spirituel qui sacralise l’empereur éthiopien Haïlé Sélassié et promeut l’usage de la ganja, ou marijuana.

En 1968 la chanson « Do the Reggay » de Toots and the Maytals a été la première a utiliser le nom de reggae, qui a connu un grand succès mondial grâce à des classiques de Bob Marley (1945-1981) et son groupe the Wailers comme « No Woman, No Cry » et « Stir It Up. »

C’est une « excellente nouvelle » parce que le reggae « n’a jamais eu la reconnaissance qu’il mérite et a toujours été un peu à la marge », a déclaré à l’AFP Jerôme Levasseur, directeur du Bagnols Reggae Festival, un festival de reggae qui se tient à Bagnols-sur-Cèze, dans le sud de la France.

Pour M. Levasseur, « la musique doit sa notoriété à la personnalité de Bob Marley et, bien sûr, à sa simplicité » technique. Parmi ses principales figures vivantes se trouvent les Jamaïcains Jimmy Cliff ou Toots Hibbert, ou l’Ivoirien Alpha Blondy.

A la différence de celle du patrimoine mondial, cette liste n’est pas établie selon des critères « d’excellence ou d’exclusivité », selon l’Unesco. Elle ne cherche pas à réunir le patrimoine « le plus beau » mais à représenter la diversité du patrimoine culturel immatériel, à mettre en lumière des savoir-faire portés par des communautés.

Le G20 dans un camp retranché à Buenos Aires

Buenos Aires se met en ordre de bataille pour accueillir le G20: 24.000 forces de l’ordre déployées, une partie de la capitale argentine interdite d’accès, des stations de métro et un aéroport fermés, du jamais vu.

Vendredi et samedi, les chefs d’Etat et de gouvernement des pays du G20 se réuniront dans un centre de congrès au bord du Rio de la Plata, qui sépare l’Argentine de l’Uruguay, une zone coupée du reste de la ville par une autoroute, une voie de chemin de fer et des cordons policiers.

– Agents étrangers –

A Buenos Aires, une agglomération de 13 millions d’habitants, 22.000 policiers locaux sont mobilisés pour assurer la sécurité. A ces effectifs s’ajouteront 2.000 agents déployés par les délégations étrangères.

Pour la première fois de son histoire, l’Argentine attire le gratin mondial: le président des Etats-Unis Donald Trump, ses homologues russe Vladimir Poutine, chinois Xi Jinping, français Emmanuel Macron.

La délégation américaine comptera 800 membres à Buenos Aires, et Washington va positionner en Uruguay, sur l’autre rive du Rio de la Plata, huit avions, dont certains de l’US Air Force, avec des équipages civils et militaires. En outre un porte-avion américain croisera dans l’Atlantique sud.

Au total, 15.000 personnes vont faire le déplacement en Argentine, dont 3.000 journalistes.

– Manifestations –

Le premier jour du sommet, vendredi, a été déclaré férié à Buenos Aires. Beaucoup d’habitants de la capitale en profiteront pour partir en week-end prolongé car le temps s’y prête en ce printemps austral.

D’autres ont néanmoins promis une forte mobilisation contre le G20, qui concentre 85% du PIB mondial, le président américain Donald Trump, pour ses prises de position, ou plus localement contre le président argentin de centre-droit Mauricio Macri, qui avait multiplié les promesses lors de son élection en 2015, mais dirige désormais un pays à nouveau rongé par une profonde crise économique.

« L’idée c’est que ce soit une réunion pacifique, tranquille, que tous ceux qui veulent manifester puisse le faire en paix, et pas dans la violence », a averti la ministre de la Sécurité, Patricia Bullrich.

Pour garantir la sécurité du sommet, la Chine a fait don à l’Argentine d’équipements de sécurité: des motos, des camions conçus pour l’installation de barrières anti-émeutes, des véhicules blindés d’intervention, des détecteurs d’explosifs.

Samedi, la question de la sécurité a donné des sueurs froides aux autorités: des hooligans du club de football de River Plate ont profité d’une faille dans le dispositif pour attaquer le bus transportant les joueurs de Boca Juniors, leur rival historique. L’agression a entraîné le report de la finale de la Copa Libertadores.

Nigeria: trois soldats tués, un détachement mis en déroute par Boko Haram

Les jihadistes de Boko Haram ont tué trois soldats dans l’attaque d’une base militaire près du lac Tchad, dans le nord-est du Nigeria, où les militaires ont été mis en déroute par les insurgés qui multiplient les opérations, selon des sources civiles et militaires jeudi.

Des combattants du groupe de l’Etat islamique en Afrique de l’Ouest (ISWAP), une faction de Boko Haram affiliée à l’organisation de l’Etat islamique, sont arrivés mardi à bord de plusieurs camions et ont attaqué la base militaire du village de Cross-Kauwa, dans l’Etat du Borno.

« Nous avons perdu trois soldats dans les combats », a déclaré un officier nigérian sous couvert d’anonymat.

« Les soldats ont combattu les terroristes mais ils ont été écrasés et ont du battre en retraite », a-t-il ajouté, sans préciser si les insurgés avaient pu s’emparer d’équipement militaires.

Un habitant de Cross-Kauwa a affirmé que les insurgés, équipés de missiles anti-aériens, étaient arrivés vers 20H00 (19H00) et avaient ouvert le feu sur la base.

« Les insurgés ont combattu les soldats pendant trois heures et les ont obligé à abandonner la base », a-t-il affirmé sous couvert d’anonymat. « Ils ont tué trois soldats ».

Les nouvelles de l’attaque ont mis du temps à parvenir en raison de la destruction des infrastructures de télécommunication par Boko Haram, dans cette région isolée proche du lac Tchad.

Ces derniers mois, le groupe jihadiste a multiplié les attaques contre des cibles militaires dans le nord-est, infligeant de lourdes pertes humaines et matérielles à l’armée.

Depuis juillet, l’AFP a recensé 18 attaques contre des bases militaires, dont la majorité ont été revendiquées par l’ISWAP.

Au cours de l’une des plus meurtrières, le 18 novembre, les combattants de l’ISWAP ont tué au mois 43 soldats dans la base de Metele, un village près de la frontière avec le Niger. Certains soldats ayant fui la base ont fait état de plus de 100 morts.

Mercredi, le président Muhammadu Buhari, très critiqué sur son bilan sécuritaire à trois mois de la présidentielle, a rendu visite aux troupes à Maiduguri, la capitale régionale du nord-est, estimant que « des progrès remarquables » avaient été enregistrés depuis son élection en 2015. Il a ajouté que le groupe jihadiste devait être « éliminé de la surface de la terre ».

Les chefs de d’Etat de la région du lac Tchad doivent se réunir jeudi à N’Djamena pour renforcer leur coopération contre Boko Haram dans le cadre de la Force d’intervention conjointe multinationale (MNJTF), qui regroupe Nigeria, Cameroun, Niger, Tchad et Bénin.