Les deux Corées se réuniront en sommet à Pyongyang du 18 au 20 septembre

Le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un et le président sud-coréen Moon Jae-in tiendront en septembre à Pyongyang leur troisième sommet pour discuter du désarmement nucléaire, a annoncé Séoul jeudi.

Au cours de ce face-à-face prévu du 18 au 20 septembre, les deux dirigeants discuteront de questions comme « les mesures pratiques » à prendre pour dénucléariser la péninsule, a déclaré à la presse Chung Eui-yong, le conseiller à la sécurité nationale du chef de l’Etat sud-coréen.

Les dates de la réunion ont été finalisées mercredi lors d’une visite à Pyongyang de M. Chung, qui a remis au dirigeant nord-coréen une lettre de M. Moon.

Kim Jong Un s’est dit prêt à coopérer avec Séoul comme avec Washington sur la dénucléarisation, a poursuivi l’émissaire sud-coréen.

M. Kim « a exprimé sa ferme détermination en faveur de la dénucléarisation de la péninsule coréenne de même que l’intention de travailler étroitement avec les Etats-Unis (…) pour réaliser cet objectif », a poursuivi l’émissaire sud-coréen.

Au cours d’un sommet historique le 12 juin à Singapour, le président américain Donald Trump et Kim Jong Un étaient parvenus à un compromis très vague en faveur d’une « dénucléarisation complète de la péninsule coréenne », dont les modalités et le calendrier avaient été repoussés à des négociations de suivi.

Cette promesse était loin de l’objectif initial des Etats-Unis, à savoir une « dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible ».

Mais les négociations de suivi entre Washington et Pyongyang patinent depuis des semaines, comme l’a encore illustré l’annulation surprise le mois dernier par Donald Trump d’un nouveau voyage en Corée du Nord de son secrétaire d’Etat Mike Pompeo.

Néanmoins, la confiance du dirigeant nord-coréen envers M. Trump « reste inchangée », a assuré l’émissaire sud-coréen. « Il (M. Kim) a dit qu’il y avait des difficultés dans les négociations entre la Corée du Nord et les Etats-Unis mais sa confiance envers M. Trump reste inchangée ».

L’agence officielle nord-coréenne KCNA a également rapporté que M. Kim avait réitéré sa volonté de dénucléarisation.

La « volonté » de M. Kim « est d’éradiquer complètement le danger d’un conflit armé et l’horreur de la guerre sur la péninsule coréenne pour la transformer en berceau de paix sans armes nucléaires, libre de toute menace nucléaire », a dit l’agence.

Les deux Corées se réuniront en sommet à Pyongyang du 18 au 20 septembre (Séoul)

Le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un et le président sud-coréen Moon Jae-in tiendront en septembre à Pyongyang leur troisième sommet pour discuter du désarmement nucléaire, a annoncé Séoul jeudi.

Au cours de ce face-à-face prévu du 18 au 20 septembre, les deux dirigeants discuteront de questions comme « les mesures pratiques » à prendre pour dénucléariser la péninsule, a déclaré à la presse Chung Eui-yong, le conseiller à la sécurité nationale du chef de l’Etat sud-coréen.

Les dates de la réunion ont été finalisées mercredi lors d’une visite à Pyongyang de M. Chung, qui a remis au dirigeant nord-coréen une lettre de M. Moon.

Kim Jong Un s’est dit prêt à coopérer avec Séoul comme avec Washington sur la dénucléarisation, a poursuivi l’émissaire sud-coréen.

M. Kim « a exprimé sa ferme détermination en faveur de la dénucléarisation de la péninsule coréenne de même que l’intention de travailler étroitement avec les Etats-Unis (…) pour réaliser cet objectif », a poursuivi l’émissaire sud-coréen.

Au cours d’un sommet historique le 12 juin à Singapour, le président américain Donald Trump et Kim Jong Un étaient parvenus à un compromis très vague en faveur d’une « dénucléarisation complète de la péninsule coréenne », dont les modalités et le calendrier avaient été repoussés à des négociations de suivi.

Cette promesse était loin de l’objectif initial des Etats-Unis, à savoir une « dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible ».

Mais les négociations de suivi entre Washington et Pyongyang patinent depuis des semaines, comme l’a encore illustré l’annulation surprise le mois dernier par Donald Trump d’un nouveau voyage en Corée du Nord de son secrétaire d’Etat Mike Pompeo.

Néanmoins, la confiance du dirigeant nord-coréen envers M. Trump « reste inchangée », a assuré l’émissaire sud-coréen. « Il (M. Kim) a dit qu’il y avait des difficultés dans les négociations entre la Corée du Nord et les Etats-Unis mais sa confiance envers M. Trump reste inchangée ».

L’agence officielle nord-coréenne KCNA a également rapporté que M. Kim avait réitéré sa volonté de dénucléarisation.

La « volonté » de M. Kim « est d’éradiquer complètement le danger d’un conflit armé et l’horreur de la guerre sur la péninsule coréenne pour la transformer en berceau de paix sans armes nucléaires, libre de toute menace nucléaire », a dit l’agence.

Japon: glissements de terrain et disparus après un fort séisme à Hokkaido

Un puissant séisme de magnitude 6,6 a frappé jeudi Hokkaido, la plus septentrionale des îles principales du Japon, causant des glissements de terrain, et le bilan s’élevait pour l’heure à deux morts et une quarantaine de disparus.

Des vues aériennes montraient des montagnes littéralement coupées en deux par d’impressionnants éboulements, qui ont arraché tous les arbres et englouti des maisons construites en contrebas. Les pompiers hélitreuillaient les habitants. Dans cette localité d’Atsuma, 39 personnes ont été portées disparues, selon la chaîne de télévision publique NHK.

Le tremblement de terre s’est produit en pleine nuit à 62 km au sud-est de la capitale régionale, Sapporo, deux jours à peine après un typhon dévastateur dans la région d’Osaka (ouest).

La terre a continué à trembler après: des dizaines de répliques ont été ressenties.

La chaîne de télévision publique NHK a fait état du décès d’un homme de 82 ans, tombé dans les escaliers de sa maison du fait des secousses du séisme. Au moins 125 personnes ont par ailleurs été blessées.

« J’ai été réveillé un peu après 3 heures du matin par la secousse. J’ai allumé la lumière mais elle s’est éteinte juste après » à cause d’une coupure de courant, a confié à l’AFP Akira Fukui, un habitant de Sapporo.

« Il y a eu une secousse soudaine, extrême. Je l’ai sentie de manière latérale très longtemps, ça s’est arrêté puis cela a recommencé à trembler. J’ai 51 ans et je n’ai jamais vécu une telle expérience avant », a raconté Kazuo Kibayashi, un responsable de la ville d’Abira, visiblement sous le choc.

« J’ai cru que ma maison allait s’effondrer, tout était sens dessus dessous », a-t-il dit. « Ma fille, qui est au lycée, était terrorisée ».

– Risques de répliques –

« Nous exhortons les habitants des zones frappées par de fortes secousses à tenir compte des informations diffusées à la télévision et à la radio et à s’entraider », a lancé le porte-parole du gouvernement, Yoshihide Suga.

Des militaires des Forces d’autodéfense sont arrivés sur place pour participer aux opérations de sauvetage: 25.000 hommes au total étaient attendus. « Nous allons faire tous nos efforts pour sauver des vies », a déclaré le Premier ministre Shinzo Abe après une réunion de crise.

Selon la compagnie Hokkaido Electric Power, 2,95 millions de foyers étaient privés d’électricité après le séisme, en raison de l’arrêt de toutes les centrales de la région. Les installations devaient redémarrer progressivement, les hydrauliques d’abord, puis thermiques ensuite, a précisé le ministre de l’Industrie, Hiroshige Seko.

Des vérifications sont en cours sur leur état.

Le combustible de la centrale nucléaire de Tomari, qui a aussi été privée d’alimentation électrique extérieure, est refroidi grâce au courant fourni par des groupes électrogènes, selon les informations de la chaîne publique NHK.

Les transports étaient aussi perturbés, sur les rails et dans les airs. Tous les trains sont arrêtés et l’aéroport de Sapporo Chitose a dû fermer. L’ensemble des vols pour la journée ont été annulés, soit plus de 200.

Les responsables ont mis en garde contre le risque de nouveaux tremblements de terre.

« Les fortes secousses secondaires ont souvent lieu dans les 2-3 jours suivants », a précisé Toshiyuki Matsumori, chargé de la surveillance des tsunamis et tremblements de terre à l’agence météorologique. « Le risque d’effondrement d’habitations et de glissement de terrain risque d’avoir augmenté dans les zones qui ont connu de fortes secousses », a-t-il déclaré lors d’un point de presse.

– Après un violent typhon –

Le Japon est situé à la jonction de quatre plaques tectoniques et subit chaque année quelque 20% des séismes les plus forts recensés sur Terre.

Tout le monde garde en mémoire le terrible tremblement de terre et le tsunami du 11 mars 2011 qui ont tué plus de 18.500 personnes et provoqué la catastrophe nucléaire de Fukushima.

Ce séisme survient alors que l’archipel se remet à peine du passage du très puissant typhon Jebi qui a tué 11 personnes dans le sud-ouest.

Ce 21e cyclone de la saison a laissé dans son sillage des maisons en tout ou partie détruites, des poteaux à terre, des arbres arrachés, des toitures envolées (comme à la gare de Kyoto), des grues affaissées ou des véhicules accidentés.

Le typhon a en outre inondé et isolé l’aéroport du Kansai (Kix), situé en mer sur une île artificielle au large d’Osaka. Il restait fermé jeudi.

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Plus de 500 passagers venant de Dubaï examinés à New York, 10 hospitalisés

Dix personnes hospitalisées, plus de 100 passagers se plaignant de toux et de fièvre et le rappeur Vanilla Ice parmi les 521 personnes bloquées sur le tarmac à New York: l’aéroport John F. Kennedy s’est mobilisé mercredi face à une alerte santé d’une rare ampleur, probablement due à un épisode grippal.

L’alerte a été donnée vers 09H00 du matin (13H00 GMT) à l’atterrissage du vol EK203 de la compagnie Emirates en provenance de Dubaï, assuré par un A380 avec 521 personnes à bord.

« On nous a informés qu’un grand nombre de passagers étaient malades: 106 présentaient des symptômes allant de la toux à de la fièvre et des vomissements », a expliqué Oxiris Barbot, responsable des services de santé de New York.

L’appareil a alors été conduit « à distance » des terminaux, et des équipes médicales, dont des spécialistes de l’agence fédérale des Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC), sont montées à bord pour examiner les 521 passagers.

Parmi eux, le rappeur Vanilla Ice, qui a informé ses fans qu’il était assis à l’étage supérieur de l’A380. « C’est dingue. Apparemment il y a plus de 100 personnes malades à l’étage inférieur, je suis content d’être en haut », a-t-il notamment tweeté.

Après cet examen, la plupart des passagers ont pu rejoindre le terminal, sauf dix qui ont été hospitalisés, a indiqué la responsable, confirmant des informations d’Emirates: il s’agit de trois passagers et sept membres d’équipage qui eux étaient « vraiment malades ».

Ils ont été transportés vers un hôpital des environs, où ils étaient toujours mercredi soir « dans un état stable », « ne demandant aucune mesure extrême ».

« On leur a donné de la pizza », a-t-elle ajouté.

Mme Barbot a jugé « probable » qu’ils aient la grippe, même s’il faudra attendre les résultats d’analyses, tard mercredi soir, pour en être certain.

Un porte-parole du maire de New York, Eric Phillips, avait évoqué la grippe plus tôt mercredi, soulignant que plusieurs personnes à bord de l’avion avaient été à La Mecque, qui connaît actuellement une poussée de cette maladie.

Près de 2,4 millions de fidèles ont participé à partir du 19 août au pèlerinage annuel à La Mecque, un des rassemblements religieux les plus importants au monde.

Mme Barbot n’a pas exclu que la contamination puisse effectivement avoir commencé à La Mecque.

« Dès que vous avez de grands évènements, où les gens passent beaucoup de temps ensemble, on peut avoir une situation avec transmission de virus respiratoires », a-t-elle indiqué.

Avec une période d’incubation pour la grippe allant de un à sept jours, et un vol Dubaï-New York de 14 heures, « on peut avoir des cas de transmissions dans un tel environnement ».

S’il arrive cinq à six fois par an que des personnes malades soient signalées à bord des avions arrivant à New York, il est « très rare » que les alertes concernent autant de passagers, ont indiqué les responsables sanitaires, en invitant les voyageurs potentiels à se faire vacciner contre la grippe.

Emirates de son côté a pu récupérer son appareil dans l’après-midi et le faire repartir sur Dubaï.

Nouveau vent d’optimisme sur les négociations commerciales entre Ottawa et Washington

Le Canada est revenu à un ton nettement plus optimiste mercredi soir après la reprise des discussions avec l’administration Trump pour moderniser le traité commercial Aléna, évoquant même la possibilité d’un accord trilatéral avec le Mexique.

« Nous avons eu un nouvel entretien productif et substantiel avec l’ambassadeur (Robert) Lighthizer et son équipe. L’atmosphère continue d’être cordiale », a déclaré la ministre canadienne des Affaires étrangères Chrystia Freeland, évoquant des « progrès » réalisés mercredi.

Elle a même estimé qu’un accord « bon pour le Canada, bon pour les Etats-Unis et bon pour le Mexique » était « tout à fait possible ».

Toute la journée, elle avait souligné des discussions « constructives », ainsi que « la bonne foi et la bonne volonté » des négociateurs américains et canadiens.

La Maison Blanche, qui a imposé la renégociation de l’Accord de libre-échange nord-américain (Aléna) liant les trois pays, avait annoncé la semaine dernière un compromis avec Mexico. Un texte a même été présenté au Congrès américain. Mais pour l’heure, il ne comprend pas le Canada.

« Rien n’est fait tant que tout n’est pas réglé », a toutefois admis Chrystia Freeland, échaudée par les invectives du président américain, qui l’avait conduite à suspendre vendredi soir ces négociations en haut lieu.

La pression est forte sur les épaules des négociateurs américains et canadiens, le président américain se montrant intransigeant vis-à-vis d’Ottawa et le chef du gouvernement canadien étant résolu à ne pas faire de concessions sur les principaux points litigieux.

La principale pomme de discorde concerne le mécanisme de règlement des litiges (chapitre 19) du texte initial de l’accord de 1994, qui prévoit, en cas de différend, la constitution de panels supranationaux, indépendants de la justice américaine.

« Nous avons besoin de conserver le chapitre 19 sur le règlement des litiges car il garantit le respect des règles », a déclaré mercredi le Premier ministre Justin Trudeau sur une radio locale.

« Ce que je veux dire, c’est que nous avons un président qui ne suit pas toujours les règles telles qu’elles sont établies », a affirmé le dirigeant libéral, notant que le Canada « n’acceptera pas un mauvais accord, juste parce que c’est ce que veut le président » Donald Trump.

« Pour le Canada, la chose importante est d’avoir un bon accord. Nous sommes convaincus que c’est possible », avait aussi insisté Chrystia Freeland, qui poursuivra les réunions jeudi avec Robert Lighthizer non loin de la Maison Blanche.

Les deux responsables s’étaient quittés vendredi sur un échec après avoir pourtant frôlé l’obtention d’un compromis.

Mercredi, Donald Trump a évoqué des discussions « intenses » avec le Canada, tout en laissant entendre qu’Ottawa devait négocier aux conditions américaines.

– « De manière juste » –

« Nous allons voir ce qui va se passer demain ou au cours des deux prochains jours. Je pense qu’ils vont nous traiter de manière juste », a dit le président américain, interrogé en marge d’une rencontre avec l’émir du Koweït.

Le milliardaire républicain ne cesse d’accuser son partenaire commercial canadien de ne pas ouvrir suffisamment son marché. Il a aussi constamment menacé d’exclure le Canada d’un nouvel accord.

Il n’y a « pas de nécessité politique de garder le Canada dans un nouvel accord Aléna », a-t-il estimé samedi dans un tweet. Il a en outre menacé de « simplement mettre fin à tout l’Aléna » si le Congrès, plutôt favorable au libre-échange, s’immisçait dans le dossier.

Outre le maintien du chapitre 19, Ottawa défend le mécanisme de protection de son secteur laitier, actuellement en grande partie exclu de l’Aléna. Selon un système dit de « gestion de l’offre », la production et le prix du lait, des oeufs et de la volaille canadiens sont contrôlés et assurent aux agriculteurs canadiens des revenus stables et prévisibles.

Les Etats-Unis, dont la production de lait est excédentaire, souhaitent un plus grand accès à ce marché.

Ottawa et Washington doivent par ailleurs trouver un compromis pour le secteur culturel canadien, aujourd’hui très subventionné.

L’issue des nouvelles discussions est délicate pour Justin Trudeau, à treize mois d’élections législatives.

Un échec des négociations suscite de nombreuses craintes au Canada, immense pays regorgeant de matières premières, pour lequel le maintien d’une frontière ouverte est un impératif vital compte tenu de l’étroitesse de son marché intérieur: 37 millions de personnes.

Le Canada et les Etats-Unis sont des partenaires commerciaux privilégiés, avec des échanges de biens et de services ayant totalisé 673 milliards de dollars américains en 2017, selon les Etats-Unis.

Ottawa tire 20% de son produit intérieur brut de son commerce avec son voisin du sud. Pour les Etats-Unis, le Canada est « plus important que la Chine, le Japon et le Royaume-Uni réunis », insiste Chrystia Freeland.

Irak: un nouveau mort dans les manifestations à Bassora

Un manifestant a été tué mercredi à Bassora, lors d’une nouvelle journée de protestation dans la ville pétrolière du sud irakien, théâtre la veille de la mort de six manifestants.

Les autorités assurent avoir ordonné aux policiers et soldats déployés autour et à l’intérieur du gouvernorat –en partie incendié au cours des récentes nuits– de ne pas tirer à balles réelles.

Toutefois, des tirs ont bien eu lieu, en l’air et en direction des manifestants au cours de la journée et en soirée, ont rapporté des correspondants de l’AFP.

Mercredi soir, Mehdi al-Tamimi, chef du Conseil gouvernemental des droits de l’homme dans la province de Bassora, a annoncé qu' »un manifestant avait été tué et 25 autres blessés, dont certains grièvement ».

La veille, ce même responsable en première ligne depuis le début il y a deux mois d’un mouvement dénonçant la corruption et la déliquescence des services publics, avait fait état de six morts, accusant les forces de l’ordre d’avoir « tiré directement sur les manifestants ».

– « Vandales infiltrés » –

Le commandant des opérations à Bassora, le général Jamil al-Chommari, a de son côté affirmé que dans le même temps « 30 membres des forces de l’ordre avaient été blessés par des jets de grenades et d’objets incendiaires », accusant également des casseurs d’être derrière « des assassinats » de manifestants.

Mercredi soir, M. Tamimi a dit dans un communiqué « demander au gouvernement de prendre sérieusement position et de faire rendre des comptes à ceux qui tuent et blessent des manifestants ».

Durant l’après-midi, les forces de sécurité, qui quadrillent le centre-ville depuis trois jours, ont tenté de repousser plusieurs milliers de manifestants dont certains lançaient des cocktail Molotov et de bâtons de feux d’artifice sur le gouvernorat. Des bâtiments annexes ont été entièrement ravagés par les flammes.

Ils ont tiré des grenades lacrymogènes, qui ont blessé au moins un manifestant à la tête, a constaté un correspondant de l’AFP.

Des tirs à balles réelles, en l’air ou en direction des manifestants ont également retenti aux abords de l’imposant bâtiment encerclé de béton, devenu pour les manifestants le symbole des dirigeants corrompus et de l’incapacité de l’Etat à assurer les services de base dans cette région, pourtant riche en pétrole.

Mercredi matin, le représentant de l’ONU en Irak, Jan Kubis, avait exhorté « les autorités à éviter de recourir à une force létale disproportionnée ».

La veille, le Premier ministre Haider al-Abadi avait affirmé avoir ordonné qu' »aucune balle réelle ne soit tirée ».

Le leader chiite Moqtada Sadr, vainqueur des législatives qui tente de former un gouvernement avec M. Abadi, a dénoncé dans un tweet des « vandales infiltrés » parmi les manifestants, reprenant la thèse défendue par les autorités depuis le début de la contestation.

Au moins 22 personnes ont été tuées depuis le début le 8 juillet des manifestations qui dénoncent pêle-mêle les services publics déficients, la pénurie chronique d’électricité et d’eau, le chômage endémique, mais aussi l’impéritie de l’Etat et des hommes politiques.

Dans plusieurs cas, les défenseurs des droits de l’homme ont accusé les forces de l’ordre, tandis que les autorités accusent des « vandales » infiltrés parmi les manifestants.

– Appel au « calme » de l’ONU –

Ni l’appel au « calme » de l’ONU dans la matinée ni l’annonce par les autorités centrales à Bagdad de mesures pour mettre fin à la crise sanitaire qui frappe cette région pétrolière n’ont apaisé la colère sociale, déclenchée il y a deux mois.

La province de Bassora est en proie depuis mi-août à une pollution de l’eau qui a conduit plus de 20.000 personnes à l’hôpital.

Cette crise sanitaire a relancé dans la ville une colère sociale née le 8 juillet pour réclamer des services publics et des infrastructures plus performants et qui avait gagné l’ensemble du sud du pays.

Dans la nuit de mercredi à jeudi, de nouveau, des manifestants brûlaient des pneus en travers d’importants axes routiers en divers endroits de la province méridionale, s’en prenant en plusieurs endroits à des bâtiments publics, selon des militants et des témoins.

En juillet, le gouvernement avait annoncé un plan d’urgence de plusieurs milliards de dollars pour le sud du pays, épargné par la guerre contre le groupe Etat islamique (EI) mais délaissé sur le plan des infrastructures.

Mais les protestataires se méfient des promesses faites par un gouvernement sur le départ, alors que les difficiles tractations se poursuivent pour renouveler la direction du pays.

Le New York Times publie la tribune anonyme d’un « résistant » de l’administration Trump

Le New York Times a publié mercredi la tribune anonyme d’un haut responsable de l’administration Trump qui explique pourquoi et comment il s’efforce, avec d’autres, de lutter de l’intérieur contre les « pires penchants » du locataire de la Maison Blanche.

La publication de ce témoignage intervient au lendemain de la diffusion de larges extraits d’un livre explosif du journaliste d’investigation Bob Woodward, qui dresse le portrait d’un président colérique et paranoïaque que ses collaborateurs s’efforcent de contrôler, voire de contourner, pour éviter de dangereux dérapages.

L’auteur de ce texte, intitulé « Je fais partie de la résistance au sein de l’administration Trump », souligne clairement qu’il ne s’agit pas pour lui de soutenir la démarche de la gauche américaine mais de protéger son pays contre le comportement de son 45e président.

« Nous pensons que nous avons d’abord un devoir envers notre pays, et que le président continue à agir d’une façon néfaste à la bonne santé de notre république », écrit-il.

« C’est la raison pour laquelle nous nous sommes engagés à faire ce que nous pouvons pour préserver nos institutions démocratiques tout en contrecarrant les impulsions les plus malencontreuses de M. Trump jusqu’à ce qu’il ait quitté son poste ».

« Le coeur du problème est l’amoralité du président », poursuit-il.

Estimant que l’administration a engrangé un certain nombre d’avancées depuis son élection –déréglementation, réforme fiscale, renforcement de l’armée– il juge que ces dernières ont été obtenues « en dépit de et non grâce » à Donald Trump, dont il qualifie le style de « mesquin », « impétueux » et « inefficace ».

Le New York Times explique avoir pris la décision rare de publier une tribune anonyme à la demande de son auteur, dont le quotidien connaît l’identité. « Nous pensons que publier cet essai est le seul moyen de permettre à nos lecteurs de prendre connaissance d’un point de vue important », dit le journal.

Trump assure n’avoir jamais évoqué l’assassinat de Bachar al-Assad

Le président américain Donald Trump a affirmé mercredi n’avoir jamais évoqué avec le chef du Pentagone l’éventuel assassinat du président syrien Bachar al-Assad, contrairement à ce que rapporte le livre du journaliste d’investigation Bob Woodward.

« Cela n’a jamais été même discuté (…). Cela n’a jamais été même envisagé », a répondu M. Trump, interrogé dans le Bureau ovale sur ce passage du livre qu’il a par ailleurs qualifié de « pure fiction ».

Dans son livre, intitulé « Fear: Trump in the White House », Bob Woodward relate un épisode qui aurait eu lieu après l’attaque chimique d’avril 2017 attribuée au régime de Bachar al-Assad.

Selon le journaliste rendu célèbre pour avoir révélé, avec Carl Bernstein, le scandale du Watergate, M. Trump aurait appelé le ministre de la Défense, Jim Mattis, et lui aurait dit, en termes très directs, qu’il souhaitait assassiner le président syrien.

Après avoir raccroché, M. Mattis se serait tourné vers un conseiller et aurait dit: « Nous n’allons rien faire de tout cela. Nous allons être beaucoup plus mesurés ».

Le chef du Pentagone n’a pas explicitement contesté cet épisode en particulier mais affirmé n’avoir jamais prononcé « les mots méprisants » qui lui sont attribués à l’encontre du président dans le livre.

Procès sous tension à Chicago d’un policier blanc qui a tué un jeune noir

Seize balles, une vidéo accablante et des mois de manifestations: le procès d’un policier blanc de Chicago qui a abattu un adolescent noir en 2014 s’est ouvert mercredi sous tension, malgré les appels au calme lancés par la famille de la victime.

Accusé de meurtre, Jason Van Dyke, 40 ans, est poursuivi pour avoir tiré à seize reprises sur Laquan McDonald, un mineur de 17 ans lors d’une confrontation un soir d’octobre dans la métropole du nord, une ville violente minée par le trafic de drogues et la guerre des gangs.

Cette affaire, emblématique des bavures policières aux Etats-Unis, fut très mal gérée par les autorités de Chicago, accusées d’avoir cherché à couvrir les forces de l’ordre.

Echo des manifestations de l’époque, des dizaines de personnes se sont rassemblées mercredi devant le tribunal, où se déroulait la sélection des jurés. En chantant « seize balles, une affaire étouffée », ils ont exigé que justice soit faite.

« Nous en avons assez que l’on trouve des excuses aux gens qui tuent d’autres êtres humains », a déclaré à l’AFP Mary Johnson, 85 ans. « Il faut arrêter de couvrir les policiers quand ils ont tort », a renchéri un autre manifestant Charles Edward Perry, 52 ans.

Face à eux, des proches de l’accusé s’étaient également mobilisés pour lui apporter son soutien.

Pour éviter tout débordement, la famille de Laquan McDonald a appelé à « une paix totale ». « Nous ne voulons aucune forme de violence pendant ou après la décision de la cour », a déclaré mardi son grand-oncle Martin Hunter.

– « Code du silence » –

La mort de l’adolescent avait entraîné une onde de choc dans tout le pays après la diffusion d’une vidéo tournée depuis un véhicule policier.

Sur ces images, Jason Van Dyke tire sur l’adolescent, armé d’un couteau, alors qu’il se trouve à plusieurs mètres de distance et continue à vider son chargeur une fois celui-ci au sol.

La diffusion de l’enregistrement, obtenue par un juge après un an de blocage de la municipalité, avait entraîné le limogeage du chef de la police de Chicago et l’ouverture d’une enquête fédérale sur les méthodes des forces de l’ordre de la ville.

Ses conclusions, publiées en février 2017, évoquent des abus policiers fréquents et un « code du silence » en vigueur chez les agents.

Accusé d’avoir voulu étouffer le scandale, le maire démocrate Rahm Emanuel, un proche de l’ancien président Barack Obama, avait vu sa popularité s’effondrer. Mardi, à la surprise générale, il a annoncé qu’il renonçait à briguer un troisième mandat lors des élections de l’an prochain.

– « Non coupable » –

Jason Van Dyke, qui encourt jusqu’à 20 ans de prison, plaide non coupable. Dans une interview, il a assuré la semaine dernière avoir tiré parce qu’il se sentait menacé par le jeune homme. « Jamais je n’aurais utilisé mon arme si je n’avais pas pensé que ma vie ou celle d’un autre citoyen était en danger », a-t-il déclaré au Chicago Tribune.

L’issue de son procès sera vraisemblablement très suivie aux Etats-Unis, où la justice est plutôt clémente envers les policiers.

Alors qu’environ un millier de personnes meurent chaque année sous les balles de policiers américains, seuls 93 agents ont été inculpés depuis 2005, selon Philip Stinson, criminologue à l’université de Bowling Green State. « Et seulement un tiers d’entre eux ont été condamnés », a-t-il ajouté à la radio NPR.

Plusieurs villes américaines se sont embrasées ces dernières années après des bavures policières dont les Noirs étaient les victimes, donnant naissance au mouvement « Black Lives Matter ».

Le Paraguay ramène à Tel-Aviv son ambassade en Israël

Le Paraguay fait machine arrière : après avoir ouvert en mai une ambassade à Jérusalem, emboîtant le pas des États-Unis, le pays sud-américain a rapatrié mercredi sa représentation diplomatique à Tel-Aviv, déclenchant l’ire d’Israël qui a fermé son ambassade à Asuncion.

Entre-temps, Mario Abdo Benitez a succédé à Horacio Cartès à la tête du pays. Les deux hommes, pourtant du même parti Colorado, avaient des avis divergents sur la question.

Dans le communiqué annonçant le retour à Tel-Aviv, le gouvernement paraguayen s’est dit engagé à « contribuer à l’intensification des efforts diplomatiques régionaux et internationaux dans le but de parvenir à une paix élargie, juste et durable au Moyen-Orient ».

Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu a immédiatement réagi en dénonçant une « décision décevante », « de la plus grande gravité », « qui nuit aux relations bilatérales entre les deux pays ».

Lors du déménagement de la représentation diplomatique de Tel-Aviv à Jérusalem le 21 mai, Mario Abdo Benitez, alors président-élu, avait exprimé son opposition, mais le gouvernement avait maintenu la décision, prise avant l’élection présidentielle remportée par M. Abdo Benitez, descendant de Libanais du côté de son père.

– « Alliés historiques » –

Élu le 22 avril, Mario Abdo Benitez a pris ses fonctions le 15 août.

« Nos frères et amis d’Israël ne devraient pas prendre ombrage. Il y a plus de 85 pays qui conservent leur ambassade à Tel-Aviv, et nous, nous sommes amis et alliés historiques d’Israël », a déclaré le ministre paraguayen des Affaires étrangères, Luis Castiglioni.

« Il ne faut pas oublier que le vote du Paraguay a été décisif pour la création de l’État d’Israël », a-t-il souligné.

Le ministre a rappelé que son pays respectait des résolutions des Nations unies. « A ce titre, nous devons respecter ces dispositions, disant clairement qu’il est nécessaire de revenir aux frontières antérieures à la guerre de 1967 ».

Le déménagement de Jérusalemn à Tel-Aviv devrait intervenir « de manière immédiate », a précisé le ministre.

De leur côté, les Palestiniens ont annoncé qu’ils allaient ouvrir « immédiatement » une ambassade au Paraguay.

Après les Etats-Unis et le Guatemala, l’ex-président du Paraguay Horacio Cartes avait inauguré le 21 mai à Jérusalem la nouvelle ambassade de son pays en Israël, une démarche de rupture diplomatique qui avait indigné les Palestiniens.

Le Paraguay était devenu le troisième pays à rompre avec le consensus international qui voulait que les ambassades soient installées en dehors de Jérusalem, compte-tenu du statut disputé de la ville et de la persistance du conflit israélo-palestinien.

Les Etats-Unis avaient transféré le 14 mai leur ambassade de Tel-Aviv à Jérusalem, concrétisant l’une des promesses internationales les plus controversées du président Donald Trump.

– Viande « casher » paraguayenne –

Le Paraguay fournit 40% de la viande bovine consommée en Israël, sous la supervision d’institutions juives, chargées de faire respecter le cahier des charges pour obtenir le label « casher ».

Anibal Bakir, membre du Conseil islamique d’Amérique latine et des Caraïbes, a applaudi la décision du Paraguay qu’il a qualifiée de « juste ».

« Le transfert des ambassades du Guatemala et du Paraguay n’est pas dans la tradition diplomatique des pays d’Amérique latine », a-t-il déclaré à l’AFP. « Reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël, c’est source de tensions. Jérusalem est la capitale éternelle et légitime de l’État de Palestine, qui garantit les droits des chrétiens et des juifs », a-t-il ajouté.

Israël, pour qui tout Jérusalem est sa capitale « éternelle » et « indivisible », s’est emparé de Jérusalem-Est en 1967 et l’a annexée.

Les Palestiniens veulent faire de Jérusalem-Est la capitale de l’État auquel ils aspirent, et voient dans le transfert des ambassades la négation de leur revendication.

Pour la communauté internationale, Jérusalem-Est est un territoire occupé et les ambassades ne doivent pas s’installer à Jérusalem tant que le statut de la ville n’a pas été réglé par la négociation entre les deux parties.

Une importante communauté libanaise, des sunnites et des chiites, vit au Paraguay et avait critiqué la décision de l’ex-président Horacio Cartès.

« L’Amérique latine doit être un facteur de paix, pas de division. Installer une ambassade à Jérusalem n’apporte rien à la paix, au contraire », a souligné M. Bakir.

Choléra en Algérie: seuls 6 malades encore hospitalisés

Seuls six malades du choléra restaient hospitalisés mercredi en Algérie sur les 74 personnes touchées par une épidémie apparue le 7 août, selon le ministère algérien de la Santé, alors qu’une suspicion de choléra dans un avion venant de ce pays a été levée en France.

Les autorités sanitaires algériennes n’ont annoncé aucun nouveau cas de choléra depuis une semaine et lundi, le ministre de la Santé estimait que l’épidémie, qui a fait deux morts, était « maîtrisée ».

Mercredi soir, des analyses en France ont écarté la présence de choléra chez un enfant, passager d’un vol ayant atterri dans la matinée à Perpignan (sud de la France) en provenance d’Oran (ouest de l’Algérie) et qui en présentait les symptômes.

La centaine de passagers et membres d’équipage ont été retenus un peu plus d’une heure à bord pour une « désinfection des mains ».

Aucun cas de choléra n’a été enregistré dans la région d’Oran, située à quelque 400 km des principaux foyers de l’épidémie. Celle-ci a touché essentiellement Alger et deux régions limitrophes (Blida et Tipaza) et de façon très marginale trois autres régions alentour (cinq cas au total).

L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) estime que la durée d’incubation du choléra peut aller jusqu’à cinq jours, mais que le vibrion responsable de la maladie peut rester présent jusqu’à 10 jours chez des porteurs sains.

Le ministère de la Santé a par ailleurs annoncé mercredi que le vibrion du choléra avait été détecté dans l’Oued Béni Azza, une rivière qui prend sa source dans les montagnes dominant Blida (50 km au sud d’Alger), puis traverse la ville – la cinquième du pays avec quelque 300.000 habitants – et une partie de la région du même nom.

Elle rejoint ensuite l’Oued Mazafran qui marque la limite administrative entre les régions de Tipaza et d’Alger sur une vingtaine de km avant de se jeter dans la Méditerrannée.

Avant cette épidémie, les derniers cas, isolés, de choléra en Algérie remontaient à 1996.

Le choléra est une infection diarrhéique aiguë provoquée par l’ingestion d’aliments ou d’eau contaminés. Elle est facile à traiter par réhydratation notamment, mais peut tuer en quelques heures faute de traitement.

Incendie du musée brésilien: une « perte irréparable » aussi pour les Indiens

José Urutau, indien de l’ethnie Guajajara, a assisté impuissant à l’incendie du Musée national de Rio de Janeiro, où il était chercheur. Dans un entretien à l’AFP, il déplore une « perte irréparable ».

Les peuples autochtones « sont victimes d’attaques successives depuis 1500 (date de l’arrivée des premiers navigateurs du Portugal) et cet (incendie) porte atteinte à notre mémoire et à notre langue. La culture de tout un peuple a été exterminée », affirme-t-il.

Le Musée national de Rio recelait 20 millions de pièces de valeur, dont 40.000 objets de 300 peuples natifs du Brésil.

L’ancien palais impérial abritait également le Centre de Documentation des langues indigènes (Celin), qui contenait selon lui « la plus grande collection sur ces langues, au niveau national et international ».

José Urutau habite le « village Maracana », en face du mythique stade de Rio, sur les lieux de l’ancien Musée de l’Indien. L’édifice a failli être démoli lors des travaux de rénovation du Mondial-2014, il est aujourd’hui occupé par une quarantaine de familles.

Ce lieu se trouve à moins d’un kilomètre du Musée national et José Urutau n’est pas près d’oublier le moment où il a vu son patrimoine partir en fumée, dimanche soir.

« Nous étions en plein rituel, nous chantions et dansions, quand nous avons vu le musée dévoré par les flammes. Nous avons pris des seaux et nous sommes allés là-bas en pensant que nous pourrions éteindre le feu », se souvient-il.

Le leader indien compare même l’impact de cette tragédie à celui de la « première invasion européenne de 1500 » au Brésil.

« Ces collections représentaient 500 ans de mémoire, c’est une perte irréparable et incalculable », dénonce-t-il.

« C’est comme si nous avions été assassinés à nouveau, l’assassinat de notre langue, de notre culture, de notre mémoire », ajoute José Urutau, en référence aux nombreuses persécutions de populations autochtones du Brésil au fil des siècles.

« Du point de vue de la préservation de la mémoire et de la culture des peuples indigènes, c’est une tragédie sans précédent », renchérit pour l’AFP Wallace Moreira Bastos, président de la Fondation de l’Indien (Funai), organisme public dépendant du ministère de la Justice.

« Nous essayons de réfléchir à la marche à suivre, mais c’est impossible de récupérer tout ce qui a été perdu », conclut-il.

– Nouveau sanctuaire –

Pour José Urutau, le « village Maracana » peut devenir un nouveau sanctuaire. Il rêve d’y voir poursuivre les recherches menées jusqu’ici au Musée national.

L’espace de 800 m2, revendiqué comme « territoire indigène », est occupé depuis 2006.

Il a bien failli être rasé pour devenir un parking avant le Mondial-2014, mais le projet a été annulé par les autorités, après de nombreuses manifestations.

Le Musée de l’Indien, installé dans une grande bâtisse à côté du stade, avait déjà été transféré dans le quartier de Botafogo, à une dizaine de kilomètres de là, dans les années 70, mais les peuples autochtones continuaient à y voir un symbole de résistance en plein Rio.

« Nous manquons de moyens, mais nous pourrions utiliser cet espace pour accueillir un centre d’éducation indigène, pour y étudier les langues, l’anthropologie et les droits des autochtones », explique le leader indien.

Wallace Moreira Bastos n’écarte pas cette idée, mais considère que le musée de l’Indien à Botafogo « est peut-être le plus indiqué pour continuer ce travail ».

Fermé au public depuis 2016, justement « en raison de travaux d’adaptation visant à assurer la sécurité », y compris un « projet de prévention contre les incendies », ce musée continue d’être utilisé comme lieu de recherche, explique la directrice adjointe Arilsa Almeida.

Selon les chiffres officiels, quelque 800.000 Indiens de 305 ethnies vivent au Brésil, un pays de 209 millions d’habitants.

Yémen: « lueur d’espoir » à Genève selon l’ONU malgré les retards

Les discussions sur le Yémen qui doivent se tenir cette semaine à Genève offrent une « lueur d’espoir » après des années de conflit, a estimé mercredi l’envoyé spécial de l’ONU, malgré les retards et le peu d’attentes.

Les parties yéménites étaient attendues jeudi au Palais des Nations, siège de l’ONU à Genève, mais la délégation des Houthis étant bloquée dans la capitale yéménite de Sanaa, l’émissaire de l’ONU, le Britannique Martin Griffith, a décidé de ne pas mener de consultations jeudi dans l’enceinte onusienne.

Ces discussions sont les premières depuis l’échec en août 2016 d’un processus de paix qui avait duré plusieurs mois au Koweït, et le Conseil de sécurité de l’ONU a exhorté mercredi les parties yéménites à « faire un premier pas vers la fin d’un conflit ».

« Le moment est venu d’engager un nouveau processus, de relancer un processus qui doit conduire à une résolution de ce conflit », un conflit oublié à l’origine de la pire crise humanitaire du monde, a affirmé M. Griffiths, en conférence de presse.

« Le peuple yéménite a désespérément besoin d’un signal d’espoir. Nous aimerions penser que le travail que nous ferons ensemble ces prochains jours commencera à leur envoyer une lueur d’espoir », a déclaré le Britannique.

Mais le niveau d’attente des parties yéménites n’est guère élevé et M. Griffith lui-même a fixé la barre assez bas, assurant qu’il ne s’agit que de « consultations » visant à « poser les bases » pour des « négociations formelles (…) qui commenceront plus tard ».

Et signe du fossé qui sépare le gouvernement yéménite, appuyé par l’Arabie saoudite, et les rebelles Houthis soutenus par l’Iran, aucun face-à-face direct n’est prévu, sauf surprise, lors de ces consultations organisées par le nouveau médiateur de l’ONU, en poste depuis février.

– Rebelles bloqués à Sanaa –

« L’ONU n’a pas réussi à obtenir une autorisation des pays de l’agression (ndlr: Arabie saoudite et Emirats arabes unis) pour fournir un avion omanais afin de transporter la délégation (des Houthis), des blessés et des personnes bloquées » à Sanaa, a déclaré une source au sein de la délégation, citée par la chaîne de télévision rebelle Al-Massirah.

Les Houthis n’ont pas expliqué pourquoi l’avion de la délégation rebelle devait transporter « des blessés et des personnes bloquées » dans la capitale yéménite.

Un porte-parole rebelle, Mohammed Abdelsalam, avait auparavant affirmé dans un tweet que l’ONU avait « promis de faciliter le transport de blessés (…) à l’étranger ».

Interrogé à ce sujet, M. Griffith s’est montré confiant. « Nous y travaillons ».

« Je ne prends pas forcément ces choses au sérieux. Je pense que cela va s’arranger », a-t-il assuré, indiquant par ailleurs qu’il devait rencontrer mercredi à son hôtel le ministre des Affaires étrangères du Yémen, Khaled Al-Yamani pour « ne pas perdre du temps ».

« Quant aux conditions, (….) pour autant que je sache, aucune des parties n’a posé de conditions à la participation à ces consultations », a-t-il relevé.

L’émissaire de l’ONU a relevé que l’un des enjeux de ces consultations seraient de tenter d’établir des « mesures de confiance » entre les parties, comme la vaccination des enfants ou les échanges de prisonniers. Il a estimé qu' »il y a une chance progrès tangibles » en la matière.

Selon un diplomate américain, ce nouveau processus « conduira peut-être à quelque chose » si le médiateur favorise des « mesures de confiance », comme des libérations de prisonniers, la reprise des vols vers Sanaa et une coopération technique pour la Banque centrale.

Le ministre yéménite des Affaires étrangères a confirmé cette approche à l’AFP, citant la question des prisonniers.

M. Griffiths est le troisième médiateur à se plonger dans le complexe dossier yéménite.

La guerre au Yémen oppose des forces progouvernementales aux rebelles, soutenus par l’Iran et qui se sont emparés en 2014 et 2015 de vastes régions du pays, dont la capitale Sanaa.

En mars 2015, une coalition sous commandement saoudien est intervenue militairement au Yémen en soutien aux forces progouvernementales.

Jusqu’ici, les belligérants campent sur leurs positions.

La coalition et ses protégés yéménites insistent sur la résolution 2216 du Conseil de sécurité de l’ONU reconnaissant « la légitimité » du président Abd Rabbo Mansour Hadi et exigeant le retrait des Houthis des territoires qu’ils ont conquis et la restitution des armes lourdes.

Les Houthis demandent eux « l’arrêt de l’agression » saoudo-émiratie avant toute concession.

Le conflit a fait quelque 10.000 morts, selon l’ONU.

Commerce: Washington et Ottawa dans un esprit de conciliation

Les négociations commerciales entre les Etats-Unis et le Canada pour moderniser le traité de libre-échange Aléna ont repris mercredi dans un esprit d’apparente conciliation même si le Premier ministre canadien Justin Trudeau a accusé Donald Trump de ne pas respecter les règles.

« L’atmosphère continue d’être constructive et positive. Les deux côtés affichent de la bonne foi et de la bonne volonté », a assuré la ministre canadienne des Affaires étrangères Chrystia Freeland, en discussions avec le représentant américain au Commerce (USTR) Robert Lighthizer.

La pression est forte sur les épaules des négociateurs américains et canadiens alors que le président américain a affiché son intransigeance vis-à-vis d’Ottawa et que le chef du gouvernement canadien ne compte pas lâcher sur les principaux points litigieux.

Canadiens et Américains tentent de trouver un terrain d’entente pour moderniser l’accord commercial de libre-échange nord-américain (Aléna) qui lie Washington à Ottawa et à Mexico.

La principale pomme de discorde concerne le mécanisme de règlement des litiges (chapitre 19) du texte initial de l’accord de 1994, qui prévoit, en cas de différend, la constitution de panels supranationaux, indépendants de la justice américaine.

« Nous avons besoin de conserver le chapitre 19 sur le règlement des litiges car il garantit le respect des règles », a déclaré mercredi le Premier ministre Justin Trudeau sur une radio locale au moment même où les négociations reprenaient à Washington.

« Ce que je veux dire, c’est que nous avons un président qui ne suit pas toujours les règles telles qu’elles sont établies », a affirmé le dirigeant libéral, notant que le Canada « n’acceptera pas un mauvais accord, juste parce que c’est ce que veut le président » Donald Trump.

« Pour le Canada, la chose importante est d’avoir un bon accord. Nous sommes convaincus que c’est possible », a renchéri Chrystia Freeland qui rencontrait à nouveau Robert Lighthizer mercredi après-midi.

Les deux responsables s’étaient quittés vendredi sur un échec après avoir pourtant frôlé l’obtention d’un compromis.

Mercredi, M. Trump a évoqué des discussions « intenses » avec le Canada tout en laissant entendre qu’Ottawa devait négocier aux conditions américaines.

– « De manière juste » –

« Nous allons voir ce qui va se passer demain ou au cours des deux prochains jours. Je pense qu’ils vont nous traiter de manière juste », a dit le président américain interrogé en marge d’une rencontre avec l’émir du Koweït.

Le milliardaire républicain ne cesse d’accuser son partenaire commercial canadien de ne pas ouvrir suffisamment son marché.

M. Trump, qui a imposé la renégociation de l’Aléna –« pire » traité de l’histoire, selon lui–, a déjà conclu la semaine dernière un accord séparé avec le Mexique pour revoir le texte liant les trois pays d’Amérique du Nord depuis 1994.

La Maison Blanche a notifié vendredi au Congrès son intention de signer un accord d’ici 90 jours avec le Mexique et le Canada, si celui-ci était disposé à le faire.

Pour autant, M. Trump a aussi affirmé samedi dans un tweet qu’il n’y avait « pas de nécessité politique de garder le Canada dans un nouvel accord Aléna ».

Il a en outre menacé de « simplement mettre fin à tout l’Aléna » si le Congrès, plutôt favorable au libre-échange, s’immisçait dans le dossier.

Outre le maintien du chapitre 19, Ottawa défend le mécanisme de protection de son secteur laitier, actuellement en grande partie exclu de l’Aléna. Selon un système dit de « gestion de l’offre », la production et le prix du lait, des oeufs et de la volaille canadiens sont contrôlés et assure aux fermiers canadiens des revenus stables et prévisibles.

Les Etats-Unis, dont la production de lait est excédentaire, souhaitent un plus grand accès à ce marché.

Ottawa et Washington doivent trouver un compromis pour le secteur culturel canadien aujourd’hui très subventionné.

L’issue des nouvelles discussions est délicate pour Justin Trudeau, à treize mois d’élections législatives.

Un échec des négociations suscite de nombreuses craintes au Canada, immense pays regorgeant de matières premières, pour lequel le maintien d’une frontière ouverte est un impératif vital compte tenu de l’étroitesse de son marché intérieur: 37 millions de personnes.

Le Canada et les Etats-Unis sont des partenaires commerciaux privilégiés, avec des échanges de biens et de services ayant totalisé 673 milliards de dollars américains en 2017, selon les Etats-Unis.

Ottawa tire 20% de son produit intérieur brut de son commerce avec son voisin du sud. Pour les Etats-Unis, le Canada est « plus important que la Chine, le Japon et le Royaume-Uni réunis », insiste Chrystia Freeland.

Christian Boiron, chantre de l’homéopathie à la fibre sociale

Christian Boiron, qui a annoncé mercredi quitter au 1er janvier prochain ses fonctions de directeur général du groupe familial du même nom, géant français de l’homéopathie, en était l’emblématique patron depuis des décennies, cultivant l’image d’un « patron social ».

Agé aujourd’hui de 71 ans, Christian Boiron était entré en 1970 dans la société lyonnaise fondée par son père et son oncle, alors qu’il venait à peine d’obtenir son diplôme de pharmacien.

A l’époque, il ne pensait « pas y faire long feu », a-t-il confié dans un ouvrage personnel publié en 2016, « Recherche en homéopathie ».

Il en est toutefois devenu directeur général une première fois dès la fin des années 1970, avant de régulièrement permuter les rôles de direction avec son frère Thierry, actuellement président du conseil d’administration du groupe.

« Ma passion, c’était le social. Et puis peu à peu, j’ai découvert que le management et la médecine étaient des proches parents (…), dans les deux cas je ressentais un fort besoin de réflexion philosophique et éthique », a encore écrit ce précurseur français du « bien-être » en entreprise.

Sous son impulsion, le groupe s’est ainsi doté d’un « Chief happiness officer » dès… 1984, soit une trentaine d’années avant que cette fonction devienne monnaie courante dans les grandes entreprises.

Boiron a aussi innové avec une trentaine d’accords d’entreprise signés dès les années 1980 et toujours en vigueur, offrant par exemple à ses salariés des aides financières pour mener des projets personnels, l’individualisation du temps de travail ou encore une préparation à la retraite.

Une bienveillance toutefois intéressée: Christian Boiron voyait aussi dans ces mesures un moyen de faire accepter plus de flexibilité et un engagement sans faille de ses salariés.

Il a aussi été adjoint au maire de Lyon Michel Noir (RPR) de 1989 à 1991, tout en cultivant autant d’amitiés à droite qu’à gauche.

– « Tombé dans les granules » étant petit –

En 2016, cet homme à l’air bonhomme et décontracté, s’affichant volontiers en pull et chaussé d’une paire de Crocs, répondait encore d’un « non » tranchant quand l’AFP lui demandait s’il comptait raccrocher prochainement.

« Jamais, je n’ai eu autant de certitudes » sur l’utilité de l’homéopathie, avait-il alors également confié, tout en reconnaissant le paradoxe d’une médecine « dont on ne peut pas comprendre le mécanisme d’action ».

Boiron est l’un des leaders mondiaux de l’homéopathie, avec un chiffre d’affaires annuel de plus de 600 millions d’euros et une présence internationale, en Europe, aux Etats-Unis et dans des marchés émergents, pour un total de plus de 3.700 salariés dans le monde (dont plus de 2.500 en France).

Mais le groupe réalise encore plus de 60% de son chiffre d’affaires en France, où de nombreux produits homéopathiques sont partiellement remboursés par l’assurance-maladie, à l’inverse de la plupart des autres pays, et ce en dépit de l’absence d’une efficacité indiscutablement démontrée scientifiquement.

Or ce débat sur l’efficacité de l’homéopathie, aussi ancien que cette médecine alternative elle-même, a vivement rejailli en France depuis la publication au printemps dernier d’une tribune au vitriol contre cette discipline dans Le Figaro, signée par une centaine de médecins.

Désormais le gouvernement n’exclut plus de dérembourser ces produits si leur efficacité s’avérait non fondée scientifiquement: fin août, le ministère de la Santé a mandaté la Haute autorité de santé (HAS) pour mener cette évaluation, et son avis est attendu fin février.

Cette polémique « ne change pas un gramme des granules que nous pouvons vendre ou ne pas vendre », avait tenté de minimiser Christian Boiron en mai dernier dans un entretien au Monde.

Cependant, les derniers résultats semestriels de Boiron ne sont pas bons, avec des ventes stagnantes voire désormais en déclin, et notamment en France.

Ironie de l’histoire: dans son livre paru en 2016, Christian Boiron se disait « plus tolérant vis-à-vis des +anti+ homéopathie que vis-à-vis des +pro+ fanatiques ».

« Si je n’étais pas +tombé dans les granules+ à ma naissance (…), je serais probablement parmi les +anti+ », avait-il ajouté, se considérant lui-même « fondamentalement comme un chercheur, un curieux, un sceptique ».

Double attentat contre un club de sport de Kaboul : au moins 20 morts

Au moins 20 personnes, dont deux journalistes accourus sur les lieux, ont été tuées et 70 blessées mercredi dans un double attentat visant un club de sport d’un quartier chiite de Kaboul, ont indiqué les autorités afghanes

La première explosion s’est produite vers 18H00 locales (13H30 GMT) dans le quartier chiite de Dashti Barchy dans l’ouest de la capitale, selon un porte-parole du ministère de l’Intérieur, Najib Danish.

Elle n’a pas été revendiquée dans l’immédiat, mais la minorité chiite d’Afghanistan est régulièrement visée par le groupe Etat islamique (EI). Les talibans ont nié toute implication dans un message de leur porte-parole Zabiullah Mudjahid sur la messagerie WhatsApp.

« L’explosion a été causée par un kamikaze », a indiqué à l’AFP le porte-parole de la police, Hashmat Stanikzai. Il a fait sauter sa charge explosive à l’intérieur d’un gymnase où s’entraînaient des lutteurs, le Maiwand club.

Le responsable de la salle de sport, Pahlawan Shir, joint par l’AFP, a indiqué que l’assaillant avait « tué les gardes à l’entrée de la salle avant de déclencher sa charge explosive ».

Cet attentat-suicide a été suivi peu après par l’explosion d’une voiture piégée à proximité des secours qui s’affairaient autour des blessés et des journalistes arrivés sur les lieux.

« La seconde explosion est survenue à l’entrée du Maiwand club », a précisé le porte-parole du ministère de l’Intérieur, M. Danish.

A ce moment-là, « il y avait des forces de sécurité, de la foule et des journalistes » sur les lieux, a indiqué M. Stanikzai. Selon lui, « des journalistes ont été tués et d’autres blessés ».

La chaîne de télévision afghane ToloNews a confirmé le décès de deux de ses journalistes, un reporter et un caméraman. Selon un centre de soutien aux médias en Afghanistan, le NAI, quatre autres journalistes ont été blessés.

Dans un communiqué, le président afghan Ashraf Ghani a condamné « avec la plus grande fermeté ces attentats terroristes ».

« Les terroristes barbares ont attaqué un club de lutte, tuant et blessant des athlètes, des journalistes, des civils et des membres des forces de sécurité. Attaquer des écoles, des mosquées, des bazars, des clubs sportifs, tous civils, est devenu la cible principale de ces criminels. Les attaques contre les civils et les médias sont des attaques contre la liberté d’expression et un crime contre l’humanité », a-t-il dénoncé.

– Depuis 17 ans –

Treize journalistes sont décédés dans l’exercice de leur profession depuis le début de l’année en Afghanistan. Neuf l’ont été dans des conditions similaires en mai, lors d’un double attentat à Kaboul, revendiqué par l’Etat islamique, qui avait notamment tué le chef photographe du bureau de l’AFP, Shah Marai. Deux autres journalistes ont été abattus à Kandahar (sud) et Khost (est).

Le dernier attentat contre la communauté chiite de Kaboul remonte au 15 août. Il avait coûté la vie à 37 personnes dans un centre de préparation aux examens d’entrée à l’université. Il avait été revendiqué par l’EI.

L’attentat de mercredi survient au lendemain de l’annonce par les talibans de la mort de Jalaluddin Haqqani, fondateur du réseau insurgé éponyme, allié des talibans et accusé ces dernières années de très nombreux attentats-suicides ayant fait des centaines de victimes civiles en Afghanistan.

Selon les talibans, Haqqani a succombé des suites d’une longue maladie. Le réseau insurgé est depuis plusieurs années dirigé par son fils Sirajuddin. Analystes et diplomates estiment que son décès n’aura guère d’impact sur les activités du réseau et que les attentats vont continuer.

Plus tôt mercredi, la police a par ailleurs indiqué avoir arrêté 11 membres du réseau Haqqani qui détenaient des explosifs et qui projetaient de commettre un attentat, selon les services de renseignement afghans.

Le double attentat de mercredi se produit alors que les Etats-Unis viennent d’annoncer la nomination du diplomate d’origine afghane Zalmay Khalilzad à la tête des efforts américains pour rétablir la paix en Afghanistan.

Figure de la diplomatie américaine et du camp néo-conservateur sous le président George W. Bush, Zalmay Khalilzad a été ambassadeur à Kaboul, à Bagdad et aux Nations unies.

Les Etats-Unis, engagés depuis 17 ans dans la guerre en Afghanistan, ont intensifié ces derniers mois leurs efforts diplomatiques pour amener les talibans à négocier.

Le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo a effectué mercredi une brève visite au Pakistan pour tenter de réchauffer des relations diplomatiques très conflictuelles et tenter de convaincre Islamabad de participer aux efforts de paix en Afghanistan, dans lesquels Washington estime que le Pakistan peut jouer un rôle clé.

Avortement et loyauté à Trump: les sénateurs pressent le candidat à la Cour suprême

Droit à l’avortement, armes et immunité du président: le candidat conservateur de Donald Trump à la Cour suprême, Brett Kavanaugh, tentait de rassurer mercredi sur ces questions épineuses en affichant son « indépendance », sans convaincre les sénateurs démocrates au deuxième jour de l’audition pour sa confirmation.

Régulièrement interrompu par les cris de manifestants, Brett Kavanaugh a rapidement abordé la question critique de sa loyauté au président américain qui l’a désigné candidat, devant la commission judiciaire au Sénat américain.

Un point d’autant plus crucial que l’enquête du procureur spécial, Robert Mueller, sur la campagne présidentielle de 2016, se rapproche du cercle proche de Donald Trump.

« La première qualité d’un bon juge dans notre système constitutionnel est l’indépendance », a déclaré d’un ton posé Brett Kavanaugh, âgé de 53 ans.

« Personne n’est au-dessus des lois dans notre système constitutionnel », a ajouté le juge, brandissant à plusieurs reprises un exemplaire écorné de la Constitution américaine.

Puis il a de lui-même cité parmi les « plus grands moments juridiques américains » l’arrêt US v. Nixon, qui avait forcé le président républicain, en 1974, à obéir à la justice en livrant ses enregistrements.

A une époque d’intense « pression politique, la Cour a défendu l’indépendance de la justice », a-t-il martelé, soulignant que le chef de la Cour suprême avait alors été nommé par Richard Nixon.

Mais lorsque la sénatrice démocrate Dianne Feinstein lui a demandé directement si un président en exercice devrait être forcé d’obéir à l’injonction d’un juge, Brett Kavanaugh a botté en touche.

« Je ne peux pas répondre à une question hypothétique », a-t-il dit, argument déjà utilisé par plusieurs précédents candidats à la Cour suprême pour éviter de trop s’avancer.

Pas assez, donc, pour convaincre les démocrates, qui s’inquiètent de l’opinion exprimée en 2009 par le juge Kavanaugh que lancer des poursuites judiciaires contre un président en exercice soulevait de « sérieuses questions constitutionnelles » car cela entraverait son travail.

– Vision « effrayante » sur les armes –

Sur l’avortement, ce catholique pratiquant, choisi par Donald Trump sur une liste approuvée par des associations conservatrices, a dit « comprendre l’importance de la question ».

« Je ne vis pas dans une bulle », a-t-il ajouté.

Il s’est alors lancé dans un long argumentaire pour expliquer qu’il « respectait » profondément la valeur des précédents juridiques, notamment l’arrêt historique Roe v. Wade qui a légalisé l’avortement partout aux Etats-Unis en 1973. Mais sans, là non plus, expliciter s’il estimait que l’avortement était désormais établi en droit.

« Mes croyances personnelles ne sont pas pertinentes dans la façon dont je juge les dossiers », a-t-il martelé.

L’ex-candidate à la présidentielle, Hillary Clinton, a ironisé sur Twitter: « Si Brett Kavanaugh devient juge à la Cour suprême, aidera-t-il à éviscérer ou à revenir sur Roe v. Wade? (…) Bien évidemment qu’il le fera ».

Puis interrogé sur son opinion controversée, en tant que magistrat, que les armes semi-automatiques ne pouvaient être interdites, il a déploré les fusillades ensanglantant régulièrement les écoles américaines mais a réitéré l’argument que ces armes étaient assez répandues pour être jugées d’usage courant.

Une vision « effrayante », a réagi sur Twitter le sénateur démocrate Bob Menendez.

Les questions les plus mordantes sont attendues dans l’après-midi, avec les sénateurs démocrates qui ont perturbé l’ouverture de l’audition, mardi, en exigeant dès les premières secondes, et à tour de rôle, son report.

Les républicains disposent d’une courte majorité (51-49) au Sénat, qui a le dernier mot sur les nominations présidentielles, à vie, à la Cour suprême. Ses neuf magistrats jouent un rôle crucial car ils tranchent sur les questions de société les plus brûlantes.

Grâce à cette majorité, la Maison Blanche s’attend à une confirmation rapide. Mais une poignée de sénateurs pourrait faire basculer le vote dans un sens ou dans l’autre: deux républicaines défendant le droit à l’avortement et trois à cinq démocrates faisant face à une dure réélection dans des Etats pro-Trump.

Juge depuis plus d’une décennie à la Cour d’appel de Washington, Brett Kavanaugh avait auparavant travaillé à la Maison Blanche en tant que conseiller du républicain George W. Bush.

Jeune avocat à la fin des années 1990, il avait participé à la rédaction du rapport du procureur Kenneth Starr, portant notamment sur la relation extra-conjugale que Bill Clinton avait eue avec une stagiaire, Monica Lewinsky.

Irak: nouveaux tirs sur les manifestants à Bassora

De nouveaux heurts ont opposé mercredi forces de l’ordre et manifestants à Bassora, ville pétrolière du sud irakien théâtre la veille de la mort de six manifestants.

Les policiers et soldats déployés autour et à l’intérieur du gouvernorat dans le centre-ville ont d’abord tiré des balles réelles et grenades lacrymogènes directement sur les manifestants, a rapporté un correspondant de l’AFP.

Au moins un manifestant a été blessé à la tête par une grenade lacrymogène, avant d’être évacué à bord d’une ambulance. Au CHU, proche, des dizaines de personnes suivaient des manifestants blessés, amenés en ambulance.

Les forces de sécurité ont tenté de repousser plusieurs milliers de manifestants qui lançaient des cocktail Molotov et de bâtons de feux d’artifice sur le bâtiment, déjà en partie incendié ces derniers jours.

Cette imposante construction encerclée de murs de béton est pour eux le symbole des dirigeants corrompus et de l’incapacité de l’Etat à assurer les services de base dans cette région, pourtant riche en pétrole.

Les forces de l’ordre ont ensuite cessé de tirer en direction des manifestants. Ils leur ont lancé des grenades lacrymogènes et tiré parfois en l’air pour endiguer les vagues de manifestants qui mettaient à bas les blocs de béton entourant le gouvernorat.

Ni l’appel au « calme » de l’ONU dans la matinée ni l’annonce par les autorités centrales à Bagdad de mesures pour mettre fin à la crise sanitaire qui frappe cette région pétrolière n’ont apaisé la colère sociale, déclenchée il y a deux mois.

La province de Bassora est en proie depuis mi-août à une pollution de l’eau qui a conduit plus de 20.000 personnes à l’hôpital.

Cette crise sanitaire a relancé dans la ville une colère sociale née le 8 juillet pour réclamer des services publics et des infrastructures plus performants et qui avait gagné l’ensemble du sud du pays.

– Six manifestants tués –

Mardi soir, lors d’une nouvelle manifestation devant le gouvernorat, « six manifestants ont été tués et plus de 20 blessés », selon Mehdi al-Tamimi, chef du Conseil provincial des droits de l’Homme. Des sources médicales ont confirmé ce bilan à l’AFP.

M. Tamimi a accusé les forces de l’ordre d’avoir « ouvert le feu directement sur les manifestants ».

Mercredi matin, le représentant de l’ONU en Irak, Jan Kubis, avait exhorté « les autorités à éviter de recourir à une force létale disproportionnée ».

Avant l’annonce des six morts, le Premier ministre Haider al-Abadi avait affirmé avoir ordonné qu' »aucune balle réelle ne soit tirée ».

Le leader chiite Moqtada Sadr, vainqueur des législatives qui tente de former un gouvernement avec M. Abadi, a dénoncé dans un tweet des « vandales infiltrés » parmi les manifestants, reprenant la thèse défendue par les autorités depuis le début de la contestation.

Au moins 21 personnes ont été tuées depuis le début le 8 juillet des manifestations qui dénoncent pêle-mêle les services publics déficients, la pénurie chronique d’électricité et d’eau, le chômage endémique, mais aussi l’impéritie de l’Etat et des hommes politiques.

Dans plusieurs cas, les défenseurs des droits de l’Homme ont accusé les forces de l’ordre, tandis que les autorités accusent des « vandales » infiltrés parmi les manifestants.

En juillet, le gouvernement avait déjà annoncé un plan d’urgence de plusieurs milliards de dollars pour le sud du pays, épargné par la guerre contre le groupe Etat islamique (EI) mais délaissé sur le plan des infrastructures.

Mais les protestataires se méfient des promesses faites par un gouvernement sur le départ, alors que les difficiles tractations se poursuivent pour renouveler la direction du pays.

Mardi soir, un couvre-feu nocturne avait été imposé et des renforts déployés, avait indiqué dans la matinée lors d’une conférence de presse, le général Jamil al-Chommari, en charge des opérations à Bassora.

Il avait également indiqué que « 30 membres des forces de l’ordre avaient été blessés par des jets de grenades et d’objets incendiaires » durant la nuit.

Afghanistan: au moins 20 morts dans un double attentat contre un club de sport de Kaboul

Au moins 20 personnes, dont deux journalistes accourus sur les lieux, ont été tuées et 70 blessées, mercredi dans un double attentat dans un club de sport d’un quartier chiite de Kaboul, ont indiqué les autorités afghanes

La première explosion s’est produite vers 18H00 locales (13H30 GMT) dans le quartier chiite de Dashti Barchy dans l’ouest de la capitale, selon un porte-parole du ministère de l’Intérieur, Najib Danish.

Elle n’a pas été revendiquée dans l’immédiat mais la minorité chiite d’Afghanistan a été fréquemment visée par le groupe Etat islamique dans le passé.

« Selon nos informations, l’explosion a été causée par un kamikaze », a indiqué à l’AFP le porte-parole de la police, Hashmat Stanikzai. Il a fait sauter sa charge explosive à l’intérieur d’un gymnase où s’entraînaient des lutteurs, le Maiwand club.

Le responsable de la salle de sport, Pahlawan Shir, joint par l’AFP, a indiqué que le kamikaze avait « tué les gardes à l’entrée de la salle avant de déclencher sa charge explosive ».

Cet attentat-suicide a été suivi peu après par l’explosion d’une voiture piégée à proximité des secours qui s’affairaient autour des blessés et des journalistes arrivés sur les lieux.

« La seconde explosion est survenue à l’entrée du Maiwand club », a précisé le porte-parole du ministère de l’Intérieur, M. Danish.

A ce moment, « il y avait des forces de sécurité, de la foule et des journalistes » sur les lieux, a indiqué M. Stanikzai. Selon lui, « des journalistes ont été tués et d’autres blessés ».

La chaîne de télévision afghane Tolo News a confirmé le décès de deux de ses journalistes, un reporter et un caméraman. Selon un centre des soutien aux médias en Afghanistan, le NAI, quatre autres journalistes ont été blessés.

Le bilan, encore provisoire, s’élève désormais à 20 morts et 70 blessés, a indiqué à l’AFP une source sécuritaire, soulignant que celui-ci « pourrait s’aggraver ».

Le dernier attentat à l’encontre de la communauté chiite de Kaboul remonte au 15 août. Il avait coûté la vie à 37 personnes dans un centre de préparation aux examens d’entrée à l’université. Il avait été revendiqué par le groupe Etat islamique.

– Diplomate américain –

L’attentat de mercredi survient au lendemain de l’annonce par les talibans de la mort de Jalaluddin Haqqani, fondateur du réseau insurgé éponyme, allié des talibans et accusé ces dernières années de très nombreux attentats-suicides ayant fait des centaines de victimes civiles en Afghanistan.

Selon les talibans, Haqqani a succombé aux suites d’une longue maladie. Le réseau insurgé est depuis plusieurs années dirigé par son fils Sirajuddin. Analystes et diplomates estiment que son décès n’aura guère d’impact sur les activités du réseau et que les attentats vont continuer.

Plus tôt mercredi, la police a par ailleurs indiqué avoir arrêté 11 membres du réseau Haqqani qui détenaient des explosifs et qui projetaient de commettre un attentat, selon les services de renseignement afghans.

Le double attentat de mercredi se produit par alors que les Etats-Unis viennent d’annoncer la nomination du diplomate d’origine afghane Zalmay Khalilzad à la tête des efforts américains pour rétablir la paix en Afghanistan.

Figure de la diplomatie américaine et du camp néo-conservateur sous le président George W. Bush, Zalmay Khalilzad fut ambassadeur à Kaboul, à Bagdad et aux Nations unies.

Les Etats-Unis, engagés depuis 17 ans dans la guerre en Afghanistan, ont intensifié ces derniers mois leurs efforts diplomatiques pour amener les talibans à négocier.

Le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo a effectué mercredi une brève visite au Pakistan pour tenter de réchauffer des relations diplomatiques très conflictuelles et tenter de convaincre Islamabad de participer aux efforts de paix en Afghanistan, pour lesquels Washington estime que le Pakistan peut jouer un rôle clé.

Chrystia Freeland, l’atout diplomatique N.1 de Justin Trudeau

Ancienne journaliste polyglotte, réputée pour sa maîtrise des dossiers et pour un franc-parler parfois peu diplomatique, la ministre canadienne des Affaires étrangères Chrystia Freeland est une négociatrice pugnace nommée par Justin Trudeau avec un objectif clair: utiliser ses bonnes relations avec les Américains pour réussir la renégociation de l’Aléna.

Revenue précipitamment d’une tournée européenne en début de semaine dernière, la chef de la diplomatie multiplie depuis les rencontres avec l’équipe américaine dirigée par le représentant américain au Commerce (USTR) Robert Lighthizer.

Régulièrement, en général toutes les deux ou trois heures, elle sort du bâtiment, souriante et stoïque, pour faire devant les médias un point presse qui donne le ton des négociations, à défaut d’en révéler la teneur. Face à une équipe américaine invisible, elle est devenue pour le grand public le « visage » des négociations sur la réforme du traité commercial nord-américain (Aléna).

Mme Freeland connaît bien les journalistes: après de brillantes études d’histoire et de littérature à Harvard puis un diplôme d’études slaves à Oxford, elle a elle-même commencé sa carrière comme correspondante pour plusieurs médias internationaux (Washington Post, Globe and Mail, Financial Times, Reuters).

D’origine ukrainienne par sa mère, parlant couramment l’ukrainien (en plus de l’anglais, du français, de l’italien et du russe), elle couvrira notamment l’effondrement de l’empire soviétique dans les années 1990.

– ‘Je vous ai apporté des sorbets’ –

Si elle informe régulièrement les journalistes des progrès des négociations, elle sait également les dorloter. « Comme j’ai été journaliste et que je sais ce que c’est qu’attendre en plein soleil, je vous ai apporté des sorbets », a-t-elle ainsi déclaré jeudi dernier, faisant fondre la vingtaine de reporters et cameramen rôtis par le soleil brûlant de Washington.

Cette mère de trois enfants, mariée à un journaliste du New York Times, élue libérale de Toronto depuis 2013, a fait ses premières armes de diplomate lorsqu’elle a été appelée en 2015 par le gouvernement Trudeau au ministère du Commerce international.

C’est elle qui dirigera l’équipe canadienne lors des derniers pourparlers ayant abouti à l’accord de libre-échange entre le Canada et l’Union européenne (Ceta). Ce premier succès, obtenu grâce à une détermination farouche doublée d’une connaissance approfondie des dossiers, fera d’elle l’une des ministres les plus influentes, et les plus admirées, du gouvernement Trudeau.

Son franc-parler, s’il séduit une partie de l’opinion publique, lui vaut quelques critiques.

Mme Freeland n’hésite pas à défendre haut et fort les « valeurs » humanistes du Canada, notamment les droits des femmes, quitte à provoquer une crise diplomatique avec l’Arabie saoudite début août.

– Persona non grata en Russie –

Très critique du régime de Vladimir Poutine, elle est officiellement persona non grata en Russie depuis 2014 pour avoir dénoncé sans ménagement l’annexion de la Crimée par Moscou. Une situation peu banale pour une chef de la diplomatie d’un pays du G7. Certains détracteurs l’accusent d’ailleurs de placer son gouvernement en porte-à-faux en raison de ses prises de position ouvertement pro-ukrainiennes.

Début 2017, alors qu’un Donald Trump fraîchement élu s’apprête à entrer à la Maison Blanche, Justin Trudeau réorganise les priorités de sa diplomatie autour de la relation avec son puissant voisin. Il débarque le ministre des Affaires étrangères Stéphane Dion et offre le poste à Chrystia Freeland, appréciée pour ses qualités de négociatrices, son entregent et son carnet d’adresses aux Etats-Unis.

Sa feuille de route est toute tracée: elle devra négocier la modernisation de l’Aléna, voulue et imposée par l’administration Trump. Depuis sa nomination, ce dossier occupe l’essentiel de son temps, selon les médias canadiens.

L’issue des négociations en cours pourrait déterminer l’avenir politique de Mme Freeland qui, à 50 ans, nourrit de grandes ambitions pour son pays et pour elle-même, selon les analystes canadiens.

« Exposer ainsi Freeland est une arme à double tranchant », analyse l’ancien conseiller de Stéphane Dion, Jocelyn Coulon, dans son livre « Un selfie avec Justin Trudeau ». « Si le Canada sort gagnant de la négociation, elle en retirera les bénéfices. En cas d’échec, elle en portera le blâme ».

Chrystia Freeland a repris mercredi matin le chemin des négociations en affichant sa détermination à négocier de façon « constructive », sans rien lâcher sur les lignes rouges de son gouvernement. Cette adepte de la course à pied se prépare à reprendre le marathon diplomatique le plus important de sa carrière.

« Lueur d’espoir » pour le Yémen à Genève, selon l’envoyé spécial de l’ONU

Les « consultations » de Genève sur le Yémen, convoquées par les Nations unies cette semaine, offrent une « lueur d’espoir » après des années de conflit, a estimé mercredi l’envoyé spécial de l’ONU pour ce pays, Martin Griffith.

« Le peuple yéménite a désespérément besoin d’un signal d’espoir. Nous aimerions penser que le travail que nous ferons ensemble ces prochains jours commencera à leur envoyer une lueur d’espoir », a déclaré le Britannique, en conférence de presse à Genève, à la veille de l’ouverture prévue des discussions.

Il s’agit des premières discussions depuis l’échec en août 2016 d’un processus de paix qui avait duré plusieurs mois au Koweït.

« C’est le moment de tourner cette page (…) Le moment est venu d’engager un nouveau processus, de relancer un processus qui doit conduire à une résolution de ce conflit », a affirmé M. Griffith.

Il a également souligné que ces discussions n’étaient pas des négociations, mais des « consultations » au cours desquelles les parties n’étaient pas tenues de se rencontrer dans une même salle.

« Ce ne sont pas des négociations, nous sommes encore au stade où nous essayons de comprendre que quelle façon les dirigeants souhaitent dialoguer, sur quelles questions et à quel endroit », a-t-il expliqué.

L’émissaire de l’ONU a relevé que l’un des enjeux de ces consultations seraient de tenter d’établir des « mesures de confiance » entre les parties, estimant qu' »il y a une chance progrès tangibles » en la matière.

La guerre au Yémen oppose des forces progouvernementales, appuyées par Ryad et Abou Dhabi, aux rebelles, soutenus par l’Iran et qui se sont emparés en 2014 et 2015 de vastes régions du pays dont la capitale Sanaa.

En mars 2015, une coalition sous commandement saoudien est intervenue militairement au Yémen en soutien aux forces progouvernementales et la guerre se poursuit depuis.

Alors que la délégation du gouvernement yéménite est arrivée à Genève, les rebelles Houthis du Yémen ont affirmé mercredi que leur délégation était bloquée dans la capitale Sanaa.

« L’ONU n’a pas réussi à obtenir une autorisation des pays de l’agression (ndlr: Arabie saoudite et Emirats arabes unis) pour fournir un avion omanais afin de transporter la délégation (des Houthis), des blessés et des personnes bloquées » à Sanaa, a déclaré une source au sein de la délégation, citée par la chaîne de télévision rebelle Al-Massirah.

Interrogé à ce sujet, M. Griffith s’est montré confiant. « Nous y travaillons (…). Je pense que cela va s’arranger », a-t-il assuré, indiquant par ailleurs qu’il allait rencontrer dans la soirée à son hôtel le ministre des Affaires étrangères du Yémen, Khaled Al- Yamani.

« Quant aux conditions, (….) pour autant que je sache, aucune des parties n’a posé de conditions à la participation à ces consultations », a-t-il relevé.

Commerce: Washington et Ottawa reprennent des discussions « constructives »

Les négociations commerciales entre les Etats-Unis et le Canada ont repris mercredi au plus haut niveau dans un esprit de conciliation, a affirmé la ministre canadienne des Affaires étrangères tout en révélant que des discussions « constructives » avaient eu lieu tout au long du weekend.

La pression est immense sur les épaules des négociateurs américains et canadiens alors que Donald Trump s’est montré inflexible vis-à-vis d’Ottawa.

Canadiens et Américains tentent de trouver un terrain d’entente pour moderniser l’accord commercial de libre-échange nord-américain (Aléna) qui lie Washington à Ottawa et à Mexico.

« Nous sommes impatients d’avoir des discussions constructives aujourd’hui », a déclaré la ministre canadienne des Affaires étrangères Chrystia Freeland, avant une nouvelle réunion avec le représentant américain au Commerce (USTR) Robert Lighthizer.

Les deux responsables s’étaient quittés vendredi sur un échec après avoir pourtant frôlé l’obtention d’un compromis pour moderniser ce traité.

Le chef de la diplomatie canadienne a fait savoir mercredi que les responsables avaient toutefois poursuivi leurs négociations durant le week-end.

– Week-end travaillé –

« Nos responsables ont continué à travailler dur et de manière constructive pendant tout le week-end », a-t-elle ajouté. Au Canada et aux Etats-Unis, le week-end a été prolongé par un jour férié lundi.

Le président américain, qui a imposé la renégociation de l’Aléna –« pire » traité de l’histoire, selon lui–, a déjà conclu la semaine dernière un accord séparé avec le Mexique pour revoir le texte liant les trois pays d’Amérique du Nord depuis 1994.

Les grandes lignes d’un Aléna version 2.0 comprennent de nouvelles dispositions sur le commerce de l’automobile, des protections plus strictes pour les travailleurs et une disposition permettant de revoir l’accord tous les six ans.

La Maison Blanche a même notifié vendredi au Congrès son intention de signer un accord d’ici 90 jours avec le Mexique et le Canada, si celui-ci était disposé à le faire.

Pour autant, le président républicain a aussi affirmé samedi qu’il n’y avait « pas de nécessité politique de garder le Canada dans un nouvel accord Aléna ». « Si nous ne concluons pas un bon accord après des décennies d’abus, le Canada sera en dehors », a-t-il affirmé sur Twitter.

Il a en outre menacé de « simplement mettre fin à tout l’Aléna » si le Congrès, plutôt favorable au libre-échange, s’immisçait dans le dossier.

Les responsables mexicains se disent toujours en faveur du maintien d’un accord tripartite. Mais des entreprises mexicaines ont déjà fait savoir qu’elles pourraient soutenir un accord bilatéral.

Les points sur la table des discussions mercredi sont connus: Ottawa entend conserver le mécanisme de règlement des différends (chapitre 19) qui prévoit, en cas de litige, la constitution de panels supranationaux, indépendants de la justice américaine.

– Tenir bon –

« Nous disons depuis le début que nous avons besoin d’un mécanisme de règlement des litiges comme le chapitre 19, et nous tiendrons bon sur le sujet », a affirmé le Premier ministre canadien Justin Trudeau lors d’un point presse à Vancouver mardi.

L’autre pomme de discorde concerne le mécanisme de protection du secteur laitier, actuellement en grande partie exclu de l’Aléna. Selon le système de « gestion de l’offre », la production et le prix du lait, des oeufs et de la volaille canadiens sont contrôlés et assure aux fermiers canadiens des revenus stables et prévisibles.

Les Etats-Unis, dont la production de lait est excédentaire, souhaitent un plus grand accès à ce marché.

Enfin, Ottawa et Washington doivent trouver un compromis pour le secteur culturel canadien aujourd’hui très subventionné.

L’issue des nouvelles discussions est d’autant plus délicate qu’elle pourrait bien déterminer l’avenir politique de M. Trudeau, à treize mois d’élections législatives.

Un échec des négociations suscite de nombreuses craintes au Canada, immense pays regorgeant de matières premières, pour lequel le maintien d’une frontière ouverte est un impératif vital compte tenu de l’étroitesse de son marché intérieur: 37 millions de personnes.

Le Canada et les Etats-Unis sont des partenaires commerciaux privilégiés, avec des échanges de biens et de services ayant totalisé 673 milliards de dollars américains en 2017, selon les Etats-Unis.

Ottawa tire 20% de son produit intérieur brut de son commerce avec son voisin du sud. Le commerce avec le Canada est aussi important pour les Etats-Unis, « plus important que la Chine, le Japon et le Royaume-Uni réunis », insiste Chrystia Freeland.

Donald Trump, lui, campe sur ses positions, affirmant que le commerce entre les deux pays est déséquilibré.

Pourtant, si les données publiées mercredi par l’administration Trump font apparaitre un rebond de 24,6% du déficit commercial avec le Canada en juillet par rapport au mois précédent, celui-ci s’inscrit en baisse de 3,6% depuis le début de l’année comparé à la même période de 2017.

Au moins 14 morts dans un double-attentat à Kaboul

Au moins 14 personnes ont été tuées et 25 blessées dans un double-attentat survenu mercredi dans un quartier chiite de Kaboul, a indiqué le ministère de la Santé afghan.

Un première explosion est survenue lorsqu’un kamikaze a fait sauter sa charge explosive à l’intérieur d’une salle de sports où s’entraînaient des lutteurs. La seconde explosion est survenue un peu plus tard lorsqu’un véhicule piégé a explosé à proximité des secours qui s’affairaient autour des blessés.

Israël ouvre la voie à la démolition d’un village bédouin emblématique

La Cour suprême d’Israël a donné mercredi son feu vert à la démolition d’un village bédouin palestinien érigé par ses défenseurs en symbole du sort de ces communautés confrontées à l’occupation et la colonisation israéliennes de la Cisjordanie.

Khan al-Ahmar, village de tôle et de toile où vivent environ 200 bédouins à l’extérieur de Jérusalem et près de la route menant à Jéricho, pourra être détruit à partir de la semaine prochaine, après des années de bataille judiciaire.

Les trois juges de la Cour suprême ont maintenu que le village avait été construit sans les permis nécessaires au regard des règles imposées par Israël dans ce secteur de Cisjordanie occupée, et ont rejeté les trois recours dont ils étaient saisis.

Dès que sera levée, « dans sept jours », une mesure suspensive prise en mai, les autorités israéliennes pourront appliquer l’ordre de démolition, a statué la Cour.

L’un des avocats de la communauté bédouine, Tawfiq Jabareen, a avoué devant les journalistes ne plus voir d’action juridique possible.

Il a dénoncé l’alignement de la Cour suprême sur le gouvernement de droite de Benjamin Netanyahu. Le combat doit à présent être livré « sur le plan politique et par le peuple », a-t-il dit en présence de dignitaires rassemblés sous une grande tente verte.

Pour les organisations hostiles à l’occupation, l’Union européenne ou l’ONU, la signification de Khan al-Ahmar dépasse largement ce flanc de colline sur lequel se dressent une école construite en pneus et une vingtaine de structures de fortune.

Une cinquantaine de communautés bédouines représentant plus de 8.000 personnes, dont la plupart sont des réfugiés palestiniens déplacés par le passé, sont menacés de transfert forcé dans le centre de la Cisjordanie, dit l’ONU en soulignant qu’ils vivent déjà dans des conditions difficiles.

Le transfert forcé de populations de territoires occupés constitue un « crime de guerre », selon Amnesty International.

– « Nettoyage ethnique » –

Au-delà de l’aspect humanitaire, Khan al-Ahmar, entouré de colonies israéliennes, se situe dans une zone critique.

Sa destruction permettrait d’étendre et de relier de larges blocs de colonies, achevant de boucler Jérusalem et de restreindre l’accès des Palestiniens de Cisjordanie à la partie orientale de la ville, disent les défenseurs des bédouins.

Cela rendra plus hypothétique la viabilité d’un éventuel Etat palestinien indépendant, dont la création demeure la solution de référence de la plus grande partie de la communauté internationale pour résoudre le conflit avec Israël.

Dans le cadre d’un règlement, les Palestiniens veulent faire de Jérusalem-Est, annexée par Israël, la capitale d’un tel Etat.

« Les démolitions sapent la perspective de solution à deux Etats et sont contraires à la loi internationale », a tweeté l’envoyé spécial de l’ONU Nickolay Mladenov.

Le gouvernement palestinien a, lui, dénoncé des pratiques s’apparentant à un « nettoyage ethnique ».

Les autorités israéliennes ont offert aux habitants de Khan al-Ahmar de s’installer près d’Abou Dis en Cisjordanie, mais ces derniers refusent, en faisant valoir que l’endroit proposé est situé à proximité d’une décharge, dans une zone urbaine où ils ne pourraient plus faire paître leurs animaux.

Les défenseurs des villageois justifient les constructions sans autorisation par la quasi impossibilité pour eux d’obtenir des permis dans une grande partie de la Cisjordanie sous contrôle israélien.

– « Courageuse » –

Le ministre israélien de la Défense, Avigdor Lieberman, a applaudi sur Twitter la décision « courageuse » de la Cour suprême, prise selon lui « face aux attaques hypocrites orchestrées par Abou Mazen (le président palestinien Mahmoud Abbas), la gauche et des pays européens ».

« Personne ne nous empêchera d’exercer notre souveraineté et notre responsabilité en tant qu’Etat », a-t-il dit.

Interrogé sur la possibilité que les habitants consentent à partir pacifiquement, l’avocat Tawfiq Jabareen a dit n’avoir « jamais vu quelqu’un rester les bras croisés quand il est expulsé et qu’on lui détruit sa maison ».

Le 4 juillet, plus de 30 personnes ont été blessées, selon le Croissant-Rouge, lors d’affrontements entre forces de l’ordre et manifestants, quand des équipements lourds, dont un bulldozer, ont été déployés autour du village.

Entre la Cisjordanie et Jérusalem-Est, plus de 600.000 colons israéliens vivent une coexistence souvent conflictuelle avec près de trois millions de Palestiniens.

Les colonies rognent peu à peu les territoires sur lesquels les Palestiniens souhaitent créer leur Etat.

Illégale au regard du droit international, la colonisation est considérée par une grande partie de la communauté internationale comme faisant obstacle à la paix, ce que conteste Israël.

Iran: arrestation du mari d’une avocate des droits de l’Homme

Le mari d’une avocate iranienne des droits de l’Homme détenue depuis la mi-juin a été arrêté et placé en détention à son tour, a indiqué mercredi son avocat à l’AFP.

« Reza Khandan a été arrêté mardi matin à son domicile à Téhéran par des agents du ministère des Renseignements », a indiqué Me Mohammad Moghimi, joint par téléphone.

M. Khandan a été transféré à la prison d’Evin [dans le Nord de Téhéran, NDLR] où un juge l’a inculpé de complot contre la sécurité nationale, propagande contre l’État, et propagande contre le code vestimentaire de la République islamique d’Iran, a ajouté l’avocat.

Cette dernière accusation a été motivée par le fait que des badges avec l’inscription « Non au voile islamique obligatoire » ont été retrouvés au domicile familial, a précisé Me Moghimi.

L’épouse de M. Khandan, Nasrin Sotoudeh, est une célèbre militante des droits de l’Homme en Iran, récompensée en 2012 par la Prix Sakharov pour la liberté de l’esprit décerné par le Parlement européen.

Âgée de 55 ans, Me Sotoudeh a défendu plusieurs femmes arrêtées en décembre et janvier pour avoir enlevé leur foulard en public afin de protester contre l’obligation faite aux femmes de porter le voile dans l’espace public en Iran depuis la révolution islamique de 1979.

Elle a été arrêtée mi-juin, pour purger une peine de prison de six ans après avoir été condamnée par contumace pour espionnage, selon ses avocats, qui ont dénoncé ce verdict comme étant illégal.

Selon Me Moghimi, Me Sotoudeh, qui est menacée d’une nouveau procès pour complot, rassemblement et propagande contre la République islamique, a entamé le 25 août une grève de la faim pour protester contre la pression pesant sur sa famille.

La justice a fixé à 7 milliards de rials iraniens (plus de 42.000 euros au cours actuel) la caution pour la libération de M. Khandan, montant que Me Moghimi a jugé « légalement inacceptable ».

Les deux filles des époux Khandan et Sotoudeh, âgée de 18 et 10 ans, étaient à la maison lors de l’arrestation du mari et ont été prises en charge par une tante, a encore indiqué l’avocat.

Se référant entre autres à l’arrestation de M. Khandan, l’organisation de défense des droits de l’Homme américaine Human Rights Watch a publié un communiqué déplorant que les autorités de Téhéran « intensifient leur répression contre les défenseurs des droits de l’Homme » en emprisonnant « des dizaines d’avocats et d’activistes dont le ‘crime’ est de ‘défendre les droits fondamentaux des citoyens' ».

A Bassora, frustration et ressentiment contre le pouvoir de Bagdad

La contestation qui vient de faire six nouveaux morts à Bassora illustre tragiquement le sentiment d’abandon de cette ville de l’extrême sud de l’Irak et l’exaspération des habitants devant l’impunité des corrompus, dont l’avidité les prive des services de base.

Les rivalités à Bagdad, qui ont paralysé le Parlement dès l’ouverture de sa session inaugurale, les promesses des autorités et même les appels au dialogue: le cheikh Raëd al-Freiji, du Conseil des tribus de Bassora, les balaye tous d’un revers de main.

Pour lui, les dirigeants « ont perdu le contrôle de la rue parce qu’ils ont perdu sa confiance », a-t-il résumé, lors d’un récent entretien à l’AFP.

Aux législatives de mai, c’est ici que l’abstention a été l’une des plus fortes.

Quand Bassora a explosé début juillet, lançant un mouvement de contestation qui a gagné l’ensemble du sud, le gouvernement a promis plans d’urgence, investissements et milliards de dollars.

Le Premier ministre Haider al-Abadi, qui tente aujourd’hui de conserver son poste en essayant de former une majorité avec le leader chiite Moqtada Sadr, avait même fait le déplacement.

– « Devenue invivable » –

Mais sur le terrain, rien n’a changé, ont assuré les habitants. Pire, l’eau distribuée est maintenant tellement polluée qu’elle a déjà conduit plus de 20.000 personnes à l’hôpital.

« La province de Bassora est devenue invivable et les habitants estiment que la réponse des autorités n’est pas à la hauteur de la crise », déclare à l’AFP Fayçal Abdallah, du Conseil gouvernemental des droits de l’Homme.

Son organisation, comme d’autres, réclame que Bassora soit déclarée province « sinistrée ». Mais, avec un tiers du pays repris récemment au groupe Etat islamique (EI), Bagdad dit peiner à trouver des fonds. Pourtant, le montant des revenus pétroliers bat chaque mois des records et a presque doublé en un an.

Mais ce qui exaspère le plus les habitants, c’est que les autorités fédérales et provinciales –dont le siège a été en partie incendié par les manifestants– se renvoient la balle.

« Ca m’est égal de savoir qui doit le faire, ce que je veux, ce sont simplement les services de base », a fait valoir à l’AFP Mehdi, un habitant de Bassora d’une soixantaine d’années.

Pour le cheikh Freiji, « dire qu’il y a une crise économique est une blague, les caisses sont la proie des voleurs ». « Je défie quiconque de me montrer un projet fini et au service du peuple. Où sont partis les millions investis? ».

Dans le 12e pays le plus corrompu au monde, « la rue bouillonne, mais quand tu manifestes, tu es reçu par la violence et à qui se plaindre? L’Etat est juge et partie », a-t-il accusé.

Bientôt, a prévenu l’homme en tenue traditionnelle, « les manifestations ne seront plus pacifiques et plus aucun chef tribal ne pourra les arrêter ».

Cette province frontalière de l’Iran et du Koweït est une zone de trafic mais aussi d’affrontements tribaux réguliers, parfois à l’arme lourde, constituant de longue date une poudrière.

La crise trouve ses racines dans « une mauvaise gestion politique », affirme à l’AFP le politologue Ouathiq al-Hachémi. Mais, à Bagdad, les politiciens sont plus préoccupés par leur siège et font preuve « d’un égoïsme et d’un manque d’attachement à l’intérêt national et aux responsabilités qui leur sont confiées », poursuit-il.

L’expert pointe aussi du doigt l’existence de « loyautés à l’étranger », dans un pays où de nombreuses puissances, en premier lieu l’Iran et les Etats-Unis, interviennent régulièrement.

– « Vache à pétrole » –

En 2014, la province majoritairement chiite avait largement contribué à grossir les rangs des unités paramilitaires du Hachd al-Chaabi pour libérer les provinces sunnites de la férule de l’EI.

Aujourd’hui, si elle s’en enorgueillit, la « vache à lait » de l’Irak –comme disent les habitants en évoquant le pétrole–, réclame son dû.

Le secteur des hydrocarbures, unique source de devises du pays, assure 89% de ses ressources budgétaires mais seulement 1% des emplois, ses entreprises recourant généralement à la main-d’œuvre étrangère.

Et surtout, il n’a pas permis de mettre au niveau les services d’acheminement d’eau et d’électricité, vétustes et qui ne font plus le poids face à l’exode rural, aux quartiers informels qui grossissent, et à la crise de l’agriculture victime de la sécheresse et de la pollution de l’eau.

Oum Seif a perdu des millions investis dans la pisciculture qui meurt de l’eau salée et polluée. Cette femme d’affaires dynamique a cru un temps que l’Etat allait lui donner un coup de pouce en repoussant l’échéance de ses dettes, des crédits d’investissement contractés auprès de banques publiques.

« Mais à Bassora, c’est toujours pareil. Les autres provinces obtiennent des dédommagements, nous jamais! ».

« Il y a eu des commissions formées, des engagements de Bagdad, mais on n’a jamais rien vu », a-t-elle fustigé.

Niger: plus de 400 migrants secourus près de l’Algérie par l’ONU

Plus de 400 migrants ouest-africains ont été secourus en deux jours dans le nord du Niger en plein désert près de l’Algérie, a annoncé mercredi l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).

Les 439 rescapés, répartis en deux groupes, ont été secourus dans le désert à Assamaka, localité nigérienne frontalière de l’Algérie, où ils étaient arrivés « à pied », indique l’OIM sur sa page facebook.

Le 3 septembre, une première vague de 347 migrants de 13 pays ouest-africains a été secourue par une équipe de recherche et de sauvetage de l’OIM.

92 autres migrants africains sont arrivés le 4 septembre dans la même zone avant d’être pris en charge par les secours.

L’agence onusienne ne précise pas si ces migrants ont été refoulés par Alger, comme ce fut récemment le cas de milliers d’autres clandestins.

L’OIM assure toutefois qu’ils sont hébergés dans son centre de transit d’Arlit (nord du Niger) et que ceux qui le souhaitent seront acheminés dans leur pays d’origine.

Mi-août, 128 migrants dont 8 femmes et 14 enfants en provenance d’Algérie, avaient été sauvés près de la frontière algérienne.

Le Niger, qui reçoit un important appui matériel et financier européen, mène une lutte implacable pour juguler le flux migratoire transitant par son territoire notamment le nord désertique.

Selon les statistiques européennes, environ 90% des migrants d’Afrique de l’Ouest traversent le Niger pour rejoindre pricipalement la Libye puis l’Europe.

Mi-juillet, au cours d’une visite au Niger, le président du Parlement européen, Antonio Tajani, s’était réjoui de la chute « de plus de 95% » du flux de migrants transitant par le Niger vers la Libye et l’Europe, entre 2016 et 2017.

Lundi, l’Union européenne (UE) a versé une aide de 21 millions d’euros (près de 13,775 milliards de francs CFA) au Niger pour l’aider notamment dans la lutte contre l’émigration clandestine vers l’Europe.

Fragile cessez-le-feu en Libye, sans solution pérenne à l’horizon

L’annonce par l’ONU d’un fragile cessez-le-feu près de Tripoli ne résout pas les dissensions entre les multiples groupes armés en l’absence d’une solution pérenne au chaos, dans un pays où la communauté internationale semble naviguer à vue, selon des analystes.

Malgré des échanges de tirs sporadiques dans la soirée de mardi, au sud de la capitale, ce cessez-le feu semble globalement respecté par les groupes armés impliqués dans les combats qui ont fait au moins 50 morts depuis le 27 août.

Les analystes jugent toutefois cette trêve très précaire, et la Mission de l’ONU (Manul), qui affirme avoir rassemblé mardi tous les belligérants, a elle-même admis le caractère minimaliste de sa démarche.

La réunion « ne visait pas à résoudre tous les problèmes de sécurité de la capitale » mais à « s’accorder sur un cadre » pour des pourparlers plus larges, a-t-elle commenté.

Issu d’un accord politique libyen (APL) signé fin 2015 au Maroc sous l’égide de l’ONU, le Gouvernement d’union nationale (GNA) a échoué à mettre en place des forces de sécurité unifiées et a continué à s’appuyer sur des milices, pour sa sécurité et celle de la capitale.

Les grandes milices tripolitaines se sont dès lors transformées en cartels, infiltrant les cercles du pouvoir politique et de l’économie.

Il est en particulier reproché au GNA de ne pas avoir mis en oeuvre des « arrangements de sécurité » de l’accord de 2015, qui prévoyaient le départ des groupes armés des grandes villes et l’intégration des miliciens dans des forces de sécurité régulières.

– « Statu quo insoutenable » –

« Les combats ont bouleversé ce qui constituait un statu quo insoutenable à Tripoli », affirme à l’AFP Wolfram Lacher, chercheur à l’Institut allemand de politique internationale et de sécurité (SWP).

Co-auteur d’un récent rapport intitulé « capitale des milices », il relève que des groupes armés de certaines villes ont constaté leur mise à l’écart « dans l’accès aux richesses et au pouvoir » dans la capitale.

Les combats au sud de Tripoli ont ainsi opposé des groupes venus, notamment, de Tarhouna et de Misrata à des milices tripolitaines théoriquement sous l’autorité du GNA.

Pour M. Lacher, « bien que catastrophiques, les combats actuels ont aussi ouvert une fenêtre d’opportunité pour négocier des arrangements de sécurité plus durables à Tripoli ».

Mais « cette opportunité peut se refermer rapidement », car « le cessez-le-feu est très fragile et le risque d’une nouvelle escalade est réel », prévient-il.

L’ONU « pourrait aider à superviser de tels arrangements », à la condition qu’ils se doublent de négociations politiques et du soutien actif des pays occidentaux, dit encore M. Lacher.

– « Nouveau plan de sécurité » –

Mais « il semble évident que la +communauté internationale+, après avoir failli à toutes ses obligations envers la Libye, est aujourd’hui impuissante et dépassée par les événements », affirme Karim Bitar, directeur de recherche à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris).

Tahar El-Sonni, un conseiller de Fayez al-Sarraj, le chef du GNA, a fustigé ceux qui ont « failli, selon lui, à leurs promesses » de mettre fin aux divisions, et demandé des comptes à ceux qui veulent saper le processus politique en Libye, sans mentionner de noms.

« Au-delà d’un cessez-le-feu immédiat, il faut maintenant un nouveau plan de sécurité pour la capitale et une forme de remaniement politique », juge Claudia Gazzini, du centre de réflexion International Crisis Group (ICG).

Omran Khalil, un analyste libyen, déplore toutefois la politique à courte vue de la communauté internationale dont la priorité est, selon lui, de « préserver ce qui reste du GNA ».

Dans une déclaration commune publiée mardi soir, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la France et l’Italie ont réaffirmé leur soutien à ce gouvernement.

Sept ans après la chute de la dictature de Mouammar Kadhafi au terme d’une intervention armée, ils n’en continuent pas moins de diverger sur les origines du chaos, et les moyens d’y remédier.

Mardi, le ministre italien de l’Intérieur, Matteo Salvini, a lancé une nouvelle charge contre Paris.

La France, qui pousse à l’organisation –illusoire à ce jour– d’élections d’ici la fin de l’année, s’est défendue de toute visée personnelle sur l’ancienne colonie italienne, dont les ressources pétrolières aiguisent les convoitises.

Novitchok: Londres lance un mandat d’arrêt contre deux officiers russes

La Première ministre Theresa May a accusé mercredi le renseignement militaire russe d’être à l’origine de l’attaque au Novitchok sur le territoire britannique, perpétrée selon elle par deux « officiers » de ses services contre lesquels a été lancé un mandat d’arrêt.

Les deux hommes ont été identifiés par la police britannique comme étant Alexander Petrov et Ruslan Bochirov, des ressortissants russes.

Ils sont soupçonnés d’être les auteurs de l’empoisonnement au Novitchok de l’ex-espion russe Sergueï Skripal et de sa fille Ioulia, le 4 mars à Salisbury, dans le sud-ouest en Angleterre, une affaire à l’origine d’une grave crise diplomatique entre le Kremlin et les Occidentaux.

Sur la base des informations fournies par le renseignement britannique, « le gouvernement a conclu que ces deux individus (…) sont des officiers des services de renseignement militaires russes, le GRU », a dit Theresa May, qui avait déjà pointé la responsabilité de Moscou, mais pas de manière aussi précise.

« Des traces de Novitchok ont été retrouvées dans leur chambre d’hôtel », a assuré la dirigeante conservatrice, qui s’exprimait devant les députés britanniques.

La Première ministre a ajouté que cette attaque avait « certainement aussi été approuvée en dehors du GRU, à un niveau élevé de l’Etat russe ».

Réagissant à l’annonce des mandats d’arrêt européens lancés par la police britannique, Moscou, qui nie depuis le départ être à l’origine de cette attaque, a dénoncé une « manipulation de l’information ».

« Les noms et les photographies qui ont été publiés dans les médias ne nous disent rien », a déclaré la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, citée par l’agence de presse TASS.

– ‘Les reconnaissez-vous?’ –

Dans la matinée, le chef de l’antiterrorisme britannique, Neil Basu, avait souligné que les noms de personnes recherchées, Alexander Petrov et Ruslan Bochirov, étaient considérés comme des pseudonymes.

« Il est très probable qu’ils voyageaient sous des noms d’emprunt », a-t-il dit lors d’un point presse. Montrant les photos des deux hommes, il a lancé un appel « au public à travers le monde: les reconnaissez-vous? ».

Devant le Parlement, Theresa May a laissé entendre que Londres ne demanderait pas l’extradition des deux suspects, faute de pouvoir s’assurer d’une coopération satisfaisante de Moscou.

« Comme nous l’avons constaté après le meurtre d’Alexander Litvinenko, toute demande formelle d’extradition dans cette affaire serait futile », a-t-elle dit, faisant référence à l’assassinat au polonium de l’opposant et ancien agent des services secrets russes Alexandre Litvinenko, en 2006 à Londres, attribué à Moscou par un juge britannique.

Dans un communiqué, le parquet britannique a précisé avoir retenu contre les deux hommes trois chefs d’accusation: conspiration en vue de commettre un meurtre, tentative de meurtre contre les Skripal et un policier britannique qui avait été contaminé après leur avoir porté secours, et usage et possession de Novitchok.

Les deux suspects « sont arrivés à Londres le vendredi 2 mars à l’aéroport de Gatwick sur le vol SU2588 », a précisé M. Basu. Ils ont séjourné dans un hôtel avant de se rendre le 3 mars à Salisbury pour « un voyage de reconnaissance », suspecte la police.

Le 4 mars, « nous pensons qu’ils ont contaminé la porte d’entrée (de Sergueï Skripal) au Novitchok » avant de quitter le pays par l’aéroport d’Heathrow le jour-même, a ajouté M. Basu.

– Sanctions américaines –

L’ex-agent double russe Sergueï Skripal, installé à Salisbury, et sa fille Ioulia, qui lui rendait visite, avaient été empoisonnés à Salisbury au moyen du Novitchok, un puissant agent innervant issu d’un programme chimique soviétique.

En représailles, les Britanniques et leurs alliés avaient pris une série de sanctions à l’encontre de la Russie et, début août, les États-Unis avaient encore annoncé leur intention d’en imposer de nouvelles.

Entrées en vigueur le 27 août, ces dernières portent notamment sur l’exportation de certains produits technologiques ou sur les ventes d’armes. Mais Washington a exclu plusieurs types de produits, ainsi que ce qui concerne la coopération spatiale, au nom des « intérêts de sécurité nationale ». La Russie a promis des mesures de rétorsion.

Trois mois après l’empoisonnement des Skripal, le Novitchok avait fait deux nouvelles victimes à Amesbury, ville voisine de Salisbury, dont une est décédée.

Charlie Rowley, 45 ans, et sa compagne Dawn Sturgess, 44 ans, avaient été admis à l’hôpital de Salisbury le 30 juin. Ils avaient manipulé un flacon, qu’ils pensaient être une bouteille de parfum, contenant l’agent innervant.

Dawn Sturgess, une mère de trois enfants, est morte le 8 juillet. Charlie Rowley avait, lui, pu quitter l’hôpital mais fin août il y avait été réadmis pour des problèmes de vision, selon son frère.

Israël ferme son seul point de passage pour les personnes avec Gaza

Israël a de nouveau fermé mercredi le seul point de passage pour les Palestiniens entre la bande de Gaza sous blocus et son territoire à la suite de heurts survenus la veille près du terminal, a annoncé l’armée.

Le point de passage d’Erez, mince lien physique avec l’extérieur pour les habitants de l’enclave palestinienne, restera fermé jusqu’à ce que les dégâts causés par les violences soient réparés, a dit l’armée sans aucune précision sur le temps qui serait nécessaire aux travaux.

Seuls seront autorisés à passer les cas humanitaires, a-t-elle précisé.

Selon les autorités israéliennes, environ un millier de Gazaouis franchissent Erez chaque jour en temps normal: des patients, mais aussi des hommes d’affaires ou des étudiants se rendant en Israël ou au-delà.

Même si Israël n’accorde les permis qu’au compte-gouttes, Erez offre une relative lueur pour les Palestiniens reclus. Mais son ouverture, dépendante des seules autorités israéliennes, est tributaire du niveau des tensions entre Israël et le mouvement islamiste Hamas qui dirige l’enclave et ses alliés palestiniens.

Israël avait déjà fermé Erez pendant huit jours en août en raison de manifestations et de violences à la frontière. Dans une période de vives tensions, Israël avait aussi fermé pendant des semaines un autre cordon vital pour le territoire appauvri, le point de passage de Kerem Shalom pour les marchandises.

La bande de Gaza n’a d’autre frontière qu’avec l’Egypte qui l’a maintenue fermée quasiment en permanence ces dernières années.

Israël et le Hamas se sont livré trois guerres dans la bande de Gaza depuis 2008. Le territoire et ses alentours ont connu après le 30 mars un accès de fièvre prolongé faisant redouter un nouveau conflit. Un calme précaire est revenu depuis août, tandis que l’Egypte et l’ONU travaillent à instaurer une trêve durable.

Cependant mardi après-midi, des milliers de Palestiniens ont manifesté aux abords d’Erez, a constaté un journaliste de l’AFP. Ils ont endommagé les voies et l’éclairage, au cours de cette protestation rare si près du terminal lourdement gardé.

L’armée les a repoussés à l’aide de moyens anti-émeutes. Cinq Palestiniens ont été atteints par balles, selon les secours à Gaza.

Le rassemblement s’inscrivait dans le cadre de la mobilisation entamée le 30 mars pour défendre le droit des Palestiniens à revenir sur les terres qu’ils ont fuies ou dont ils ont été chassés à la création d’Israël en 1948.

Il visait aussi à dénoncer la décision américaine de cesser de financer l’Agence onusienne pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), acteur primordial à Gaza où vivent environ 1,3 million de réfugiés.

« Les Palestiniens ont détruit le seul point de passage par lequel ils peuvent entrer en Israël pour recevoir des soins ou travailler », a tweeté un porte-parole du gouvernement israélien Ofir Gendelman. « Il va sûrement se trouver des Palestiniens pour se plaindre à présent qu’il est fermé ».

Au moins 172 Palestiniens ont été tués par des tirs israéliens depuis le 30 mars. Un soldat israélien a également été tué.

Le terminal pour marchandises de Kerem Shalom reste ouvert.