Affaire talibés enchaînés : Le maître coranique s’en sort avec deux années avec sursis

Le tribunal de grande instance a condamné à deux ans de prison avec sursis Cheikhouna Guèye, le maître d’une « daara », une école coranique, où des élèves avaient été retrouvés enchaînés.

Ce sont des villageois d’un hameau voisin qui ont alerté les autorités, après avoir vu un enfant avec des chaînes, qui avait pu s’échapper. Ces jeunes voulaient tout simplement retrouver leurs parents.

Le maître coranique a été reconnu coupable de mauvais traitements; il cependant ressorti libre de la prison de Louga où il était placé sous mandat de dépôt. Au tribunal, la foule de fidèles et de soutiens au maître coranique a manifesté sa joie à l’annonce du jugement. Les parents des enfants enchaînés sont condamnés à la même peine d’emprisonnement avec sursis, car ils avaient donné l’autorisation au maître pour effectuer cette pratique. Le métallier qui avait fabriqué les chaînes est également condamné à deux ans d’emprisonnement avec sursis.

Ces peines ont été jugées « bien légères » par le responsable local d’Amnesty International.

La société sénégalaise s’est alors retrouvée scindée entre deux opinions. D’une part les différents organismes de protection des droits des enfants et les membres de la sociétét civile qui s’indignent des traitements infligés à ces enfants en 2019. Et d’autre part la classe plus « traditionnelle » qui estime qu’enchaîner ses talibés est une pratique tout à fait normale, car tous les maîtres coraniques sont aussi passés par là. Dans un pays majoritairement musulman et conservateur, ce débat reste épineux….

Secours islamique va épauler 10 daara pour un aprentissage de qualité

L’ONG Secours Islamique France (SIF) va accompagner 10 écoles sénégalaises en vue de leur permettre d’avoir un apprentissage de qualité dans le domaine des savoirs islamique, a appris, mercredi, l’APS de son coordonnateur technique enfance et jeunesse, Mansour Sow.
Il précise que 750 parmi les élèves qui en seront bénéficiaires, sont des pensionnaires de ‘’daara’’ (écoles coraniques) de la région de Kaffrine.
‘’Dans la région de Kaffrine, l’ONG SIF a décidé d’accompagner 750 talibés. Nous allons donc démarrer avec 10 daara qui vont servir de modèle. Nous voulons qu’il y ait un changement dans la marche des +daara+ sans pour autant affecter le sens premier du +daara+, qui est d’offrir un apprentissage de qualité dans le domaine des savoirs islamiques’’, a expliqué M. Sow, en marge de la célébration, à Gniby, des 30 ans de la Convention internationale des droits de l’enfant.
Cette manifestation présidée par le sous-préfet dudit arrondissement, Ndèye Sofi Séne, a enregistré la présence des imams, des maîtres coraniques, des autorités locales, du chef de base de l’ONG SIF à Kaffrine, et des élèves coraniques.
‘’Nous allons intégrer dans notre programme d’inclusion des talibés la diversification de l’offre éducatif pour que nos +daara+ soient beaucoup plus accueillants et aient un profil de sortie assez important et représentatif, permettant à l’enfant de pouvoir parler de son islam et de sa religion mais aussi de pouvoir parler de l’actualité’’, a déclaré Mansour Sow.
Il a annoncé qu’au sortir de cette, l’ONG SIF va mettre en œuvre un plan d’action qui permettra de travailler sur l’accès à l’eau, l’hygiène corporel, les besoins immédiats auxquels les enfants sont confrontés et le cadre de vie des enfants talibés de Gniby et de Boulel.
‘’Nous allons accompagner la dynamique nationale en appuyant les services qui existent dans le processus de mise en place des comités communaux de protection des enfants. Nous voulons que dans chaque quartier il y ait un comité de quartier pour la protection de l’enfant’’, a encore indiqué M. Sow.
L’ONG SIF va financer et appuyer les plans d’action des enfants et des daara, a-t-il poursuivi.
Mansour Sow a rappelé que le ‘’Programme inclusion des talibés’’ a une composante recherche action participative. ‘’Cette recherche action participative avait relevé une faible intégration des daara dans le dispositif de protection. Et nous avons cherché à examiner les causes qui ont été identifiées, et des recommandations ont été tirées’’, a-t-il fait savoir.
Il a précisé que le programme mis en place par l’ ONG sous le vocable ‘’inclusion des talibés’’, va être transversale.
Le sous-préfet de Gniby, Ndèye Sofi Sène, a salué l’intervention de l’ONG Secours Islamique France(SIF) dans cet arrondissement. Elle a souhaité son extension à toutes les communes de cette zone et appelé les collectivités territoriales à davantage accompagner les daara de l’arrondissement de Gniby.
Lors de cette journée de mobilisation sur l’inclusion des talibés, des élèves coraniques de la localité ont remis un mémorandum à l’autorité administrative. Mame Diarra Ndiaye, au nom des élèves de ces établissements, a énuméré dans ce mémorandum des doléances telles que l’accès à l’eau, la non déclaration de nombreux enfants à l’état civil, des problèmes de santé, entre autres.
Le Secours Islamique France (SIF) est une ONG née en France, en 1991. Il s’est implanté au Sénégal en 2008 et travaille sur la sécurité alimentaire et la question des droits de l’enfant.