L’affaire d’un élève d’une école coranique battu à mort scandalise le Sénégal

Le Sénégal est à nouveau sous le choc après la mort d’un élève d’une école coranique, victime d’une « correction » administrée par un condisciple de quelques années son aîné, dans un pays qui compte des milliers d’écoles coraniques où de nombreux enfants sont victimes de mauvais traitements selon des ONG.

Fallou Diop, âgé d’une dizaine d’années, est décédé dimanche soir dans un village de la région de Louga (nord-ouest).

Il avait « subi une correction », infligée par un jeune homme chargé de surveiller les élèves en l’absence du maître coranique qui lui reprochait de n’avoir pas assimilé ses leçons du jour, selon des sources policières.

La presse sénégalaise a indiqué que le jeune élève avait été frappé violemment à coups de bâton puis laissé pour mort pendant plusieurs heures avant que les secours soient appelés.

Le surveillant, âgé d’une quinzaine ou d’une vingtaine d’années, selon la presse, et le responsable de l’école coranique du village de Raoudou Rayahin ont été inculpés jeudi soir de « meurtre », « mise en danger de la vie d’autrui » et « non-assistance à personne en danger », puis écroués dans la capitale régionale Louga, entre Dakar et Saint-Louis, a indiqué vendredi à l’AFP une source proche du dossier.

« Tous coupables! », a titré en une le quotidien sénégalais Libération, tandis que le site d’information teledakar.net dénonçait une « barbarie sans fin ».

L’ONG Human Rights Watch a dénoncé en juin le fait que de nombreux « talibés » (élèves d’une école coranique) étaient forcés à mendier par leur maître, et soumis à des violences et des négligences qui ont entraîné la mort d’une quinzaine d’entre eux ces deux dernières années.

Cette affaire survient deux mois après le tollé suscité par un autre cas de « talibés » maltraités dans la même région de Louga.

Les images diffusées sur les réseaux sociaux d’un garçon chaînes aux pieds pour l’empêcher de fuguer de son école avaient suscité un large débat dans ce pays d’Afrique de l’Ouest très majoritairement musulman. De nombreuses voix se sont élevées pour dénoncer des agissements attentatoires aux droits de l’enfant, tandis que les nombreux avocats du marabout ont invoqué la coutume.

Le sort de l’enfant enchaîné et de ses camarades a envoyé leur maître, mais aussi leurs parents devant le juge. Ils ont finalement été condamnés à deux ans de prison avec sursis, un jugement considéré comme un geste « d’apaisement et de sagesse » par la défense. Tous avaient assuré qu’ils ignoraient qu’une telle pratique était interdite par la loi.

Affaire talibés enchaînés : Le maître coranique s’en sort avec deux années avec sursis

Le tribunal de grande instance a condamné à deux ans de prison avec sursis Cheikhouna Guèye, le maître d’une « daara », une école coranique, où des élèves avaient été retrouvés enchaînés.

Ce sont des villageois d’un hameau voisin qui ont alerté les autorités, après avoir vu un enfant avec des chaînes, qui avait pu s’échapper. Ces jeunes voulaient tout simplement retrouver leurs parents.

Le maître coranique a été reconnu coupable de mauvais traitements; il cependant ressorti libre de la prison de Louga où il était placé sous mandat de dépôt. Au tribunal, la foule de fidèles et de soutiens au maître coranique a manifesté sa joie à l’annonce du jugement. Les parents des enfants enchaînés sont condamnés à la même peine d’emprisonnement avec sursis, car ils avaient donné l’autorisation au maître pour effectuer cette pratique. Le métallier qui avait fabriqué les chaînes est également condamné à deux ans d’emprisonnement avec sursis.

Ces peines ont été jugées « bien légères » par le responsable local d’Amnesty International.

La société sénégalaise s’est alors retrouvée scindée entre deux opinions. D’une part les différents organismes de protection des droits des enfants et les membres de la sociétét civile qui s’indignent des traitements infligés à ces enfants en 2019. Et d’autre part la classe plus « traditionnelle » qui estime qu’enchaîner ses talibés est une pratique tout à fait normale, car tous les maîtres coraniques sont aussi passés par là. Dans un pays majoritairement musulman et conservateur, ce débat reste épineux….

L’affaire des talibés enchaînés fait grand bruit

Les forces de l’ordre ont arrêté Khadim Gueye, un maître coranique qui enchaînait ses élèves, ainsi qu’un soudeur metallurgique et des parents d’élèves, pour maltraitance sur mineur.

Selon les informations recueillies, Khadim Gueye a été arrêté par la gendarmerie de Coki pour maltraitance sur ces enfants en même temps que le forgeron qui fabriquait les menottes artisanales et quatre parents, qui semble t-il étaient complices. Déférés ce lundi devant le procureur qui a requis une condamnation de 2 ans dont 2 mois ferme. Leur procès a eu lieu le mercredi 27 novembre. En attendant le verdict prévu le 4 décembre prochain, le Palais de justice de Louga a été saccagé par des personnes soutenant K. Gueye.

Les cas de maltraitance sur talibés sont malheureusement légions au Sénégal, selon un rapport datant de 2018, Human Rights Watch estimait que plus de 100 000 talibés vivant en internat daara à travers le Sénégal sont contraints par leur maître coranique, ou marabout, de mendier de l’argent, de la nourriture, du riz ou du sucre. Des milliers de ces enfants vivent dans une misère abjecte, privés d’une nourriture suffisante et de soins médicaux. Un grand nombre d’entre eux font également l’objet d’abus physiques, comme ça a été le cas de ces enfants.

La visite du Khalife général des mourides à Dakar est l’un des sujets dominants de la presse sénégalaise ce 23 Septembre

L’accueil réservé par les talibés (adeptes) mourides à leur khalife général Serigne Mountakha Mbacké, en visite à Dakar en perspective de l’inauguration de la mosquée Massalikoul djinane, le 27 septembre prochain, est un des sujets en exergue dans la livraison de lundi de la presse quotidienne.

« Dakar déroule le tapis rouge à Serigne Mountakha », peut-on lire à la Une du quotidien L’As par exemple, lequel informe que le marabout « va passer cinq jours dans la capitale sénégalaise » pour assister à l’inauguration de la mosquée massalikoul djinane qui « a coûté la bagatelle de 20 milliards FCFA ».

« Le guide religieux a eu droit à un accueil chaleureux des disciples mourides qui se sont massés le long de la route qui mène à la mosquée », écrit L’As, ce que confirme Kritik’ notamment, qui affiche : « Tapis rouge à Serigne Mountakha« .
« La ferveur était au rendez-vous ce dimanche » à massalikoul djinane « comme sur les axes empruntés par le cortège du vénéré marabout de Touba », souligne le même journal.
« Des milliers de fidèles en transe massés le long de l’itinéraire jusqu’à massalikoul jinane », relève de son côté Vox Populi, qui retient également que le khalife général des mourides a été « accueilli en grande pompe » à Dakar.
« Une marée humaine accueille le khalife général des mourides », selon Le Soleil, dont la Une est cependant consacrée au décès de Samba Diabaré Samb, virtuose sénégalaise du xalam (instrument de musique traditionnelle), décédé dans la nuit de vendredi à samedi à l’âge de 95 ans.
« Griot, poète, historien des épopées sénégalaises, virtuose de la guitare traditionnelle +xalam+, Samba Diabaré Samb avait plusieurs cordes à son arc », écrit le même journal. Il rapporte que des « parents, amis musiciens et diverses personnalités ont tenu à lui rendre un chaleureux hommage, à sa levée du corps », avant son inhumation, dimanche, à Tivaouane.
« Il était l’un des derniers grands +gawlos+ de ce pays » et « a marqué l’histoire » du Sénégal « par son génie, sa droiture morale et son talent », souligne le journal Le Quotidien, avant d’ajouter que Samba Diabaré Samb « a contribué à faire connaître de grandes épopées traditionnelles comme celle de El Hadj Oumar Tall qu’il chante dans +Taara+ ».
L’Observateur livre des « confessions intimes » du défunt griot, de même qu’il évoque les témoignages affluant « de partout à travers le monde, pour saluer un virtuose du xalam, un instrumentiste hors-pair dont la vie a été jalonnée par des drames ».
Le journal, présentant Samba Diabaré Samb comme un « gardien sans concession de la tradition orale sénégalaise », publie dans son article plusieurs extraits de ses confessions. « Le décès de mes épouses sont les évènements les plus tristes de ma vie », déclare-t-il par exemple.
Pour le reste, divers autres sujets sont au menu des journaux, à l’image de Walfquotidien consacrant sa Une au journaliste Adama Gaye, libéré vendredi dernier après près d’un mois de détention pour « offense au chef de l’Etat » et « atteinte à la sûreté de l’Etat ».
« A peine libre, Adama Gaye cogne ses détracteurs », affiche le journal, Enquête revenant sur les « dessous » de l’enquête sur l’accident intervenu lundi dernier à l’Ilôt Sarpant, dans la nuit du lundi 16 au mardi 17 septembre, lequel a fait 4 morts.
Les circonstances du drame « demeurent toujours un mystère », mais l’enquête « avance à grands pas. Plusieurs personnes ont déjà été auditionnées » dans ce cadre, relève Enquête.
Sud Quotidien revient sur la « controverse » autour de la rédaction de l’Histoire générale du Sénégal, après « les sorties » de certaines familles religieuses « contestant une part ou une portion de l’histoire décrite (…) ».
« Notre travail n’est pas parfait », répond le professeur Iba Der Thiam, qui a coordonné ce travail, avant d’ajouter : « Il y a des critiques qui sont justes et fondées ; d’autres procèdent de malentendus dans l’interprétation des termes ».
« Iba Der Thiam bat sa coulpe » (Enquête) et répond à ses « détracteurs », selon Enquête qui cite l’historien : « Nous allons recueillir les critiques justes et fondées ».
« Constitué de cinq ouvrages, le premier tome de l’Histoire générale du Sénégal (HGS) a été accueilli par une vague de protestations de quelques familles religieuses », écrit L’As. Le professeur Iba Der s’en est expliqué et a livré « sa part de vérité », selon ce journal.