« Le père de la littérature ivoirienne », Bernard Dadié, est mort

« Le père de la littérature ivoirienne », l’écrivain Bernard Dadié, homme engagé et auteur d’une œuvre prolifique dans laquelle il a abordé tous les genres, est mort samedi à 103 ans.

« La Côte d’Ivoire vient de perdre son plus grand écrivain », a annoncé à l’AFP le ministre ivoirien de la Culture, Maurice Bandaman.

« Quelle tristesse ! Bon voyage tonton et merci pour tous tes écrits et pour ta droiture qui nous inspire », a réagi l’écrivain franco-ivoirien Serge Bilé sur sa page Facebook.

Bernard Dadié a abordé tous les genres littéraires: poésie, roman, chroniques, contes traditionnels et surtout théâtre.

« Ecrire est, pour moi, un désir d’écarter les ténèbres, un désir d’ouvrir à chacun des fenêtres sur le monde », avait déclaré l’écrivain, en recevant en 2016 le premier prix Jaime Torres Bodet de l’Unesco.

Né en 1916 à Assinie (sud-est de la Côte d’Ivoire), il se fait connaitre dès 1934 avec une pièce de théâtre satirique, « Les Villes ».

En 1950 il publie un recueil de poèmes engagés, « Afrique debout ! » qui dénonce les relations de domination entre Blancs et Noirs dans l’Afrique coloniale.

Son autobiographie romancée, « Climbié », parue en 1952, est sans doute son oeuvre la plus célèbre, également très critique vis-à-vis du colonialisme. En 1980, son roman « Les jambes du fils de Dieu » (1980) remporte aussi un franc succès.

Bernard Dadié a reçu deux fois le grand prix littéraire d’Afrique noire avec « Patron de New York » (1965) et « La ville où nul ne meurt » (1968).

– Une littérature poétique et engagée –

C’est « un pionnier et un géant de la littérature africaine », avait déclaré en 2016 la directrice générale de l’Unesco Irina Bokova.

Ses oeuvres « sont enseignées dans les universités et grandes écoles d’Afrique et d’ailleurs », a rappelé Maurice Bandaman.

Homme engagé, Bernard Dadié fut aussi journaliste, homme politique et militant pour l’indépendance de la Côte d’Ivoire (colonie française jusqu’en 1960).

Cet engagement au sein du Parti démocratique de Côte d’Ivoire – Rassemblement démocratique africain (PDCI-RDA) lui vaudra un séjour d’un an en prison, entre 1949 et 1950.

Après l’indépendance, il a été de 1977 à 1986 le ministre de la Culture du premier président ivoirien Félix Houphouët-Boigny.

« Bernard Binlin Dadié est l’écrivain le plus fécond de la littérature néo-africaine (…) et avec Léopold Sédar Senghor, le plus traduit », selon Nicole Vincileoni, universitaire et auteure d’un ouvrage d’analyse de référence sur son oeuvre.

« Sa littérature est à la fois poétique et engagée, à l’image de l’homme », a réagi auprès de l’AFP Serge Bilé, écrivain et présentateur de télévision en Martinique (Antilles françaises), qui lui avait rendu visite plusieurs fois ces deux dernières années pour la préparation d’un livre à paraitre, « 100 écrivains pour Bernard Dadié ».

« Dadié et Aimé Césaire sont à mes yeux les deux faces d’une même pièce, théâtrale et poétique, rebelle et engagée », écrivait Serge Bilé en 2016.

« Nous nous inclinons devant sa mémoire », a déclaré le ministre Maurice Bandaman, souhaitant « un hommage national ».

Mexique: une attaque à main armée contre une discothèque fait 15 morts

Une attaque à main armée contre une discothèque de l’Etat de Guanajuato (centre du Mexique) a fait au moins 15 morts et quatre blessés, a annoncé le parquet local samedi.

« Quinze hommes ont perdu la vie », a déclaré à l’AFP Juan José Martinez, porte-parole du parquet de cet Etat.

Selon les premiers éléments, plusieurs hommes armées sont arrivés dans la nuit de vendredi à samedi devant l’établissement appelé « La Playa » dans la ville de Salamanca et ont ouvert le feu contre les clients et les employés avant de s’enfuir, selon Juan José Martinez.

Les blessés — trois hommes et une femme — ont été transférés vers les hôpitaux de la région. On ne connaissait pas pour l’heure l’identité des victimes.

Les causes de l’attaque restaient inconnues dans l’immédiat.

Si aucun lien n’était pour l’heure clairement établi, cette fusillade intervient alors qu’une vaste opération des forces de l’ordre vient d’être lancée dans cet Etat contre un puissant groupe criminel spécialisés dans le vol de carburants.

Le président mexicain, Lopez Obrador, qui a pris ses fonctions le 1er décembre, a lancé une offensive contre les vols de combustible qui coûtent environ trois milliards de dollars à l’entreprise publique Pemex, et génère de nombreuses violences.

C’est dans cette même ville de Salamanca qu’un véhicule contenant une fausse bombe avait été abandonné fin janvier (bien fin JANVIER) devant une raffinerie.

Des pancartes exigeant la libération de présumés criminels arrêtés récemment dans le cadre de la stratégie nationale de Lopez Obrador contre le vol de carburant, et demandant le retrait des soldats déployés à Guanajuato, avaient été découvertes à proximité.

Elles étaient signées du chef présumé d’un groupe criminel baptisé Santa Rosa de Lima, qui menace de s’en prendre aux militaires et à des civils si ses revendications ne sont pas entendues.

Le Mexique a enregistré en 2018 un chiffre record de violences, avec 33.341 homicides en 2018, soit le nombre le plus élevé depuis le début des statistiques en 1997.

Soudan: neuf manifestantes condamnées à la flagellation (avocate)

Neuf Soudanaises ont été condamnées samedi à un mois de prison et 20 coups de fouet pour avoir participé à une manifestation antigouvernementale non autorisée à Khartoum, a indiqué à l’AFP l’avocate de la défense.

Ces condamnations ont été prononcées par un tribunal d’exception de Khartoum au lendemain de l’ordre, donné aux services de renseignement par le président Omar el-Béchir, de libérer toutes les femmes détenues pour avoir participé depuis décembre aux protestations contre son régime.

Les autorités soudanaises ont créé ces tribunaux d’exception pour juger toute personne ayant violé l’état d’urgence après son instauration par M. Béchir, dans tout le pays et pour une durée d’un an, le 22 février.

Ces mesures visent à mettre un terme à la contestation, déclenchée par la décision du gouvernement de tripler le prix du pain et durement réprimée.

Les neuf femmes ont été conduites devant le tribunal d’exception de la capitale, après avoir été arrêtées jeudi pour avoir participé plus tôt dans la journée à une « manifestation interdite » dans le quartier de Burri, lieu de rassemblements réguliers depuis décembre.

Les neuf femmes condamnées « ont été emmenées à la prison pour femmes d’Omdourman », ville voisine de Khartoum, a affirmé à l’AFP l’avocate Enaam Atieg, ajoutant qu’elle fera appel du verdict dimanche.

« Leurs avocats ayant fait pression sur le tribunal, celui-ci n’a pas encore fait appliquer les peines de flagellation », a indiqué l’Alliance démocratique des avocats dans un communiqué.

Des militants et ONG de défense des droits humains soutiennent que l’application de la charia (loi islamique) stigmatise les femmes au Soudan et affirment que plus de 15.000 femmes ont été condamnées à la flagellation en 2016, en application de lois controversées sur l’ordre public.

Vendredi, l’ordre donné par M. Béchir de libérer toutes les femmes détenues depuis le 19 décembre est intervenu à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes.

Les responsables soudanais n’ont pas indiqué combien de femmes avaient été arrêtées lors des manifestations. Selon des militants de l’opposition, environ 150 femmes sont derrière les barreaux.

Le président avait reconnu début février que les jeunes, et principalement les jeunes femmes, étaient à la tête du mouvement de contestation qui demande sa démission, 30 ans après son arrivée au pouvoir grâce à un coup d’Etat.

Selon des ONG, des centaines de personnes, dirigeants de l’opposition, militants et journalistes, ont été arrêtées depuis le début de la contestation.

Un bilan officiel fait état de 31 morts. L’ONG de défense des droits humains Human Rights Watch évoque pour sa part au moins 51 morts.

Côte d’Ivoire: mort de l’écrivain Bernard Dadié

L’un des pionniers de la littérature africaine, l’écrivain ivoirien Bernard Dadié, est mort samedi à 103 ans, a annoncé à l’AFP le ministre ivoirien de la Culture, Maurice Bandaman.

« La Côte d’Ivoire vient de perdre son plus grand écrivain », a déclaré M. Bandaman. « Nous nous inclinons devant sa mémoire ».

Bernard Dadié est l’auteur d’une œuvre prolifique, dans laquelle il a abordé tous les genres littéraires: poésie, roman, chroniques, contes traditionnels et surtout théâtre.

Militant pour l’indépendance, il a été le ministre de la Culture de 1977 à 1986 du premier président ivoirien Felix Houphouët-Boigny.

Bernard Dadié est « un pionnier et un géant de la littérature africaine », avait déclaré en 2016 la directrice générale de l’Unesco, Irina Bokova, en lui remettant le premier prix Jaime Torres Bodet.

« Gilets jaunes »: les étapes d’une fronde inédite en France

Le mouvement inédit des « gilets jaunes », né sur les réseaux sociaux, a essaimé dans toute la France depuis plus de trois mois, donnant lieu à des scènes de guérillas urbaines et poussant le gouvernement à des mesures sociales et au lancement d’un grand débat.

Depuis le 17 novembre, ces événements ont fait onze morts, pour la plupart lors d’accidents à des barrages routiers, et plus de 3.000 blessés (dont 2.000 manifestants et plus de 1.300 parmi les forces de l’ordre).

– Chaos à Paris –

Le samedi 17 novembre, la première journée de blocages rassemble, selon les autorités, 282.000 manifestants arborant un gilet jaune fluorescent et occupant des ronds-points. Au-delà des hausses des taxes sur les carburants, Emmanuel Macron et l’ensemble de sa politique sociale et fiscale sont ciblés.

Samedi 24 novembre, pour l’acte 2 de leur mobilisation, des manifestants s’opposent durement aux forces de l’ordre sur les Champs-Élysées. 166.000 manifestants en France (dont 8.000 à Paris) sont recensés.

Le 27, Emmanuel Macron dit vouloir organiser une « grande concertation » qui deviendra le « grand débat ».

Le 1er décembre, le troisième samedi de mobilisation rassemble 136.000 manifestants. A Paris, l’Arc de Triomphe et plusieurs quartiers huppés connaissent des scènes de guérilla urbaine.

– Cent euros pour les smicards –

Le 4 décembre, le Premier ministre Edouard Philippe annonce la suspension pour six mois de la hausse de la fiscalité sur les carburants. Le lendemain, M. Macron fait savoir que l’augmentation est annulée pour 2019.

Le 8, l’acte 4, émaillé de heurts, mobilise à nouveau 136.000 manifestants, selon les chiffres officiels.

Le 10, Emmanuel Macron annonce une hausse de 100 euros par mois pour les salariés payés au Smic, des heures supplémentaires « sans impôts ni charges » et une nouvelle exemption de hausse de CSG pour certains retraités. Les mesures annoncées depuis le début du mouvement sont évaluées à 10 milliards d’euros.

– Mobilisation en baisse, puis rebond –

Le 21 décembre, le Parlement vote les mesures d’urgence annoncées.

Après trois samedis de baisse (notamment le 29 décembre, 32.000 personnes), la participation remonte pour l’acte 8, le 5 janvier (50.000). Des manifestants forcent avec un engin de chantier l’entrée du ministère de Benjamin Griveaux, porte-parole du gouvernement.

Le 7, Édouard Philippe annonce une nouvelle loi « anticasseurs ».

L’acte 9, le 12 janvier, réunit 84.000 manifestants.

– Grand débat –

Emmanuel Macron lance le grand débat national dans une lettre aux Français, puis lors d’un échange-marathon avec des maires normands le 15 janvier.

L’acte 10 du 19 janvier mobilise à nouveau 84.000 manifestants. Lors de l’acte 11 du 26 (69.000 manifestants), une figure des « gilets jaunes », Jérôme Rodrigues, gravement blessé à un œil, assure avoir été atteint par un tir de lanceur de balles de défense (LBD) et des éclats de grenade de désencerclement.

Le 1er février, le Conseil d’Etat rejette les demandes de suspension des LBD, décriés en raison des blessures graves qu’ils provoquent.

– Crise avec l’Italie –

L’acte 12 du samedi 2 février mobilise 58.600 personnes.

Le 5, l’Assemblée adopte la proposition de loi « anticasseurs », mais 50 députés LREM s’abstiennent.

La rencontre en France du vice-président du Conseil italien et chef de file du Mouvement 5 étoiles, Luigi Di Maio, avec le « gilet jaune » Christophe Chalençon provoque le rappel par Paris, pendant quelques jours, de son ambassadeur en Italie.

– Finkielkraut injurié –

L’acte 13 du 9 février rassemble 51.400 personnes. A Paris, un manifestant a une main arrachée devant l’Assemblée nationale.

Le 16 février, pour l’acte 14, 41.500 manifestants sont dénombrés. A Paris, le philosophe Alain Finkielkraut est injurié, en marge de la manifestation.

Pour l’acte 15 du 23 février, 46.600 manifestants sont recensés.

– LBD visés –

Le Conseil de l’Europe appelle le 26 à suspendre l’usage des LBD.

Le 28, le ministre des Finances Bruno Le Maire chiffre à 0,2 point de croissance trimestrielle le coût économique du mouvement.

Le 2 mars, l’acte 16 mobilise 39.300 manifestants.

L’ONU réclame le 6 mars à la France une « enquête approfondie » sur les violences policières, Paris réplique ne pas avoir « attendu » cette demande pour enquêter. Le lendemain, le Sénat rejette une proposition de loi qui voulait interdire les LBD.

Acte 17, samedi 9 mars. 28.600 « gilets jaunes » manifestent dans toute la France (dont 3.000 à Paris), la plus faible mobilisation depuis le début du mouvement.

Venezuela: rassemblements pro et anti-gouvernement après la panne géante

Des milliers de partisans de l’opposition, vêtus de blanc, convergeaient samedi vers le centre de Caracas malgré un impressionnant déploiement de forces de l’ordre, au lendemain d’une gigantesque panne électrique qui enfonce encore un peu plus le Venezuela dans la crise.

Simultanément, des milliers de soutiens du régime, en rouge, attendaient dans un autre quartier du centre le président Nicolas Maduro, qui a accusé l’opposition et les Etats-Unis de sabotage.

Les autorités vénézuéliennes ne fournissent jamais de statistiques concernant les manifestations.

En début d’après midi, peu avant 14H00 locales (18H00 GMT) selon les constatations de l’AFP, ils étaient près de dix mille manifestants de l’opposition à gagner le lieu du rassemblement final avec M. Guaido, avenue de la Victoria, où de nombreux policiers anti-émeutes ont été déployées depuis les premières heures du jour.

Alors que leur nombre continuait de croitre, de très nombreux militaires de la Garde nationale bolivarienne (GNB) avaient pris position le long des autoroutes urbaines et bloquaient les sorties conduisant à l’avenue de la Victoria, selon un journaliste de l’AFP qui a compté au moins vingt blindés.

« Il n’y a pas d’eau, pas de lumière, rien à manger, on n’en peut plus », s’énerve Jorge Lugo, qui vient du quartier de Santa Mónica, au sud-est de la ville, en brandissant un drapeau.

– « nous faire peur »-

« Ils vont essayer de nous faire peur mais ils vont avoir une surprise: ils n’arriveront pas à contenir un peuple décidé à en finir avec l’usurpation » a averti samedi matin sur Twitter Juan Guaido, président par intérim autoproclamé, reconnu par une cinquantaine de pays depuis le 23 janvier.

Dans la nuit, des députés de l’opposition ont dénoncé l’arrestation de trois de leurs collaborateurs qui étaient en train de monter une estrade. Mais ils ont affirmé que l’appel à défiler était maintenu même sans estrade.

De son côté, le président Maduro qui avait appelé à une mobilisation « anti impérialiste » a affirmé samedi matin, également via Twitter, qu' »une fois de plus l’impérialisme américain a sous-estimé la détermination du peuple vénézuélien ».

Le chef de l’Etat, dont la réélection est contestée par l’opposition, a attribué la gigantesque panne électrique qui a paralysé le pays pendant près de 30 heures à un « sabotage cybernétique » fomenté par les Etats-Unis.

L’électricité est revenue par intermittence samedi dans la plupart des quartiers de Caracas et dans les Etats du centre-est du pays, mais le reste du territoire reste privé de courant, en particulier la zone pétrolière et très peuplée de Maracaibo (ouest) et les territoires de l’intérieur du pays qui sont dans le noir depuis plus de 40 heures, selon les correspondants de l’AFP.

Les télécommunications, entièrement coupées – internet et réseaux cellulaires – commencent à se rétablir mais le métro de la capitale, qui transporte chaque jour près de deux millions de personnes, est resté fermé.

L’absence de courant depuis jeudi 16h50 locales a créé par endroit une situation sanitaire problématique et provoqué des décès dans les hôpitaux qui ne sont pas équipés de générateurs.

– « Preuves » contre Washington –

panne soumet l’économie du Venezuela, déjà très fragile, et la population à de nouvelles tensions. Avec une inflation hors de contrôle, l’argent liquide est rare, faute de billets disponibles. Seules les transactions électroniques permettent de faire des achats, même pour du pain. Mais toutes ont été suspendues dès jeudi soir.

« J’appelle tout le peuple vénézuélien à s’exprimer massivement dans la rue contre le régime usurpateur, corrompu et incapable qui a plongé notre pays dans l’obscurité », avait appelé Juan Guaido.

Le gouvernement, sous pression depuis des semaines, a dénoncé « la guerre impérialiste sur l’électricité ». Le ministre de la Défense Vladimir Padrino a qualifié la panne d' »agression délibérée » des Etats-Unis et a annoncé un « déploiement » de l’armée, sans plus de détails.

Le gouvernement vénézuélien a affirmé qu’il fournirait à l’ONU « des preuves » d’une responsabilité de Washington dans cette panne géante, la pire jamais connue par le pays. Ces informations seront remises à une délégation du Haut Commissariat de l’ONU aux droits de l’Homme qui est attendue dans quelques jours à Caracas, a déclaré le ministre de la Communication, Jorge Rodriguez.

L’origine de la coupure n’est pas encore connue. Des experts accusent le gouvernement socialiste de ne pas avoir investi pour entretenir les infrastructures alors que la crise économique fait rage.

La compagnie vénézuélienne d’électricité Corpoelec a dénoncé un « sabotage » de la centrale hydroélectrique vénézuélienne de Guri, la plus importante du pays et l’une des principales d’Amérique latine.

A Tunis aussi, on manifeste contre le 5e mandat de Bouteflika

Une centaine d’Algériens et de Tunisiens ont manifesté samedi à Tunis en soutien aux mobilisations en Algérie voisine contre un cinquième mandat du président Abdelaziz Bouteflika, a constaté une journaliste de l’AFP.

Le vent de liberté qui souffle sur Alger ravive à Tunis les souvenirs de l’euphorie de 2011, quand des milliers de manifestants avaient réussi à faire chuter la dictature. Seule rescapée des printemps arabes, la Tunisie poursuit tant bien que mal une démocratisation marquée par des crises politiques et économiques.

« Le peuple est réuni comme jamais auparavant en Algérie, je pense que cela peut tirer toute la région vers l’avant », se réjouit Aouoicha Bekhti, une militante et avocate algérienne de passage à Tunis.

« Il y a déjà le précédent tunisien, il y a eu aussi des révoltes en Algérie (…), cette fois on ne reviendra jamais en arrière », poursuit-elle.

« Algérie libre et démocratique = Algérie en sécurité », pouvait on lire sur une banderole déployée devant les manifestants. Une partie des Tunisiens s’inquiète aussi de voir l’Algérie voisine sombrer dans le chaos, à l’image de l’autre pays frontalier, la Libye, dont le conflit a eu de graves répercussions sécuritaire et économiques sur la Tunisie.

Une première manifestation de solidarité avec l’Algérie, qui n’avait pas été officiellement autorisée, avait été rapidement dispersée par la police à Tunis le 1er mars.

La coopération entre les autorités algériennes et tunisiennes est essentielle pour venir à bout des groupes armés extrémistes qui opèrent dans les régions montagneuses frontalières, où les incidents restent récurrents.

Les responsables tunisiens n’ont d’ailleurs que très peu communiqué sur la situation algérienne.

Le président tunisien Béji Caïd Essebsi a déclaré le 25 février à Genève que le peuple algérien était « libre de s’exprimer comme il l’entend sur sa gouvernance ». « Chaque pays a ses propres règles, et je n’ai pas le droit de donner des leçons à qui que ce soit », avait-t-il toutefois nuancé.

Depuis le début de la contestation déclenchée par la candidature à un cinquième mandat du président Abdelaziz Bouteflika, au pouvoir depuis 20 ans et très affaibli, la diaspora algérienne a été particulièrement active, notamment en France.

A Tunis aussi, on manifeste contre le 5e mandat de Bouteflika

Une centaine d’Algériens et de Tunisiens ont manifesté samedi à Tunis en soutien aux mobilisations en Algérie voisine contre un cinquième mandat du président Abdelaziz Bouteflika, a constaté une journaliste de l’AFP.

Le vent de liberté qui souffle sur Alger ravive à Tunis les souvenirs de l’euphorie de 2011, quand des milliers de manifestants avaient réussi à faire chuter la dictature. Seule rescapée des printemps arabes, la Tunisie poursuit tant bien que mal une démocratisation marquée par des crises politiques et économiques.

« Le peuple est réuni comme jamais auparavant en Algérie, je pense que cela peut tirer toute la région vers l’avant », se réjouit Aouoicha Bekhti, une militante et avocate algérienne de passage à Tunis.

« Il y a déjà le précédent tunisien, il y a eu aussi des révoltes en Algérie (…), cette fois on ne reviendra jamais en arrière », poursuit-elle.

« Algérie libre et démocratique = Algérie en sécurité », pouvait on lire sur une banderole déployée devant les manifestants. Une partie des Tunisiens s’inquiète aussi de voir l’Algérie voisine sombrer dans le chaos, à l’image de l’autre pays frontalier, la Libye, dont le conflit a eu de graves répercussions sécuritaire et économiques sur la Tunisie.

Une première manifestation de solidarité avec l’Algérie, qui n’avait pas été officiellement autorisée, avait été rapidement dispersée par la police à Tunis le 1er mars.

La coopération entre les autorités algériennes et tunisiennes est essentielle pour venir à bout des groupes armés extrémistes qui opèrent dans les régions montagneuses frontalières, où les incidents restent récurrents.

Les responsables tunisiens n’ont d’ailleurs que très peu communiqué sur la situation algérienne.

Le président tunisien Béji Caïd Essebsi a déclaré le 25 février à Genève que le peuple algérien était « libre de s’exprimer comme il l’entend sur sa gouvernance ». « Chaque pays a ses propres règles, et je n’ai pas le droit de donner des leçons à qui que ce soit », avait-t-il toutefois nuancé.

Depuis le début de la contestation déclenchée par la candidature à un cinquième mandat du président Abdelaziz Bouteflika, au pouvoir depuis 20 ans et très affaibli, la diaspora algérienne a été particulièrement active, notamment en France.

Pakistan: les corps des deux alpinistes disparus retrouvés, fin des recherches

Les corps de deux alpinistes, un Britannique et un Italien disparus depuis près de deux semaines lors de l’ascension du Nanga Pargat, sommet emblématique du nord du Pakistan, ont été découverts grâce à des photos aériennes, a annoncé samedi l’ambassadeur italien à Islamabad Stefano Pontecorvo.

Daniele Nardi, 42 ans, et Tom Ballard, 30 ans, n’avaient plus donné de nouvelles depuis le 24 février, alors qu’ils s’étaient engagés sur une voie encore jamais conquise du Nanga Parbat, le 9e plus haut sommet du monde (8.125 mètres), surnommé « la montagne tueuse ».

Les recherches entreprises pour retrouver les deux alpinistes « sont officiellement terminées », a tweeté l’ambassadeur précisant que leurs corps ont été identifiés grâce à des photos aériennes.

« L’équipe de recherche a confirmé que les silhouettes repérées (…) à environ 5.900 mètres sont celles de Daniele et Tom », a-t-il ajouté.

Une annonce sur la page Facebook de Daniele Nardi a confirmé le décès des deux hommes.

« Nous vous informons que les recherches pour retrouver Daniele et Tom ont pris fin », a indiqué le message. « Une part d’eux mêmes restera à tout jamais sur le Nanga Parbat ».

Des recherches intensives ont été menées par une équipe d’alpinistes espagnols avec l’aide de l’alpiniste pakistanais Rehmatullah Baig, qui avait entrepris l’ascension en compagnie des deux disparus, avant qu’une tempête ne lui fasse rebrousser chemin.

Les recherches avaient dû être reportées en raison d’intempéries, mais aussi parce que les équipes de secouristes avaient dû attendre l’autorisation de faire partir un hélicoptère après la fermeture de l’espace aérien pakistanais en raison de tensions avec l’Inde.

Tom Ballard est « un grimpeur de l’extrême », avait déclaré l’un de ses amis, Chris Bonington, également alpiniste, à la BBC.

Sa mère, Alison Hargreaves, fut la première femme à gravir l’Everest en solitaire et sans oxygène en 1995. Elle périt quelques mois plus tard dans une tempête sur le K2, le deuxième plus haut sommet au monde (8.611 mètres), également situé au Pakistan.

Daniele Nardi avait tenté l’ascension du Nanga Parbat en 2016 mais n’était pas parvenu au sommet.

burs-gle/jh/mr/cac

Manfred Weber (PPE) veut prochainement rencontrer Viktor Orban

Le chef de file des conservateurs européens Manfred Weber veut rencontrer dans les prochains jours Viktor Orban, dont le parti Fidesz est menacé d’exclusion du Parti populaire européen (PPE), a-t-il indiqué samedi dans la presse.

« Je vais de nouveau dans les prochains jours discuter personnellement avec Viktor Orban à Budapest, car je veux essayer de bien lui faire comprendre qu’il est actuellement en voie de sortir du PPE », a déclaré M. Weber au journal Welt am Sonntag à paraître dimanche.

Il ne s’agit « pas d’un conflit entre Est et Ouest, ou bien de la politique migratoire, comme on l’affirme, mais des valeurs sur lesquelles reposent le PPE et l’UE », a-t-il expliqué.

Manfred Weber, membre du parti conservateur bavarois CSU et candidat à la présidence de la Commission européenne, a fixé il y a une semaine un ultimatum à l’homme fort de la Hongrie, le sommant d’amender ses positions nationalistes s’il veut éviter une exclusion du PPE.

Il a notamment appelé Budapest à mettre fin « immédiatement » à « une campagne de fake news contre Jean-Claude Juncker », président de la Commission européenne et membre du PPE comme M. Orban.

Dans cette campagne lancée le mois dernier à grand renfort de panneaux d’affichage, le Fidesz accuse notamment Bruxelles et le milliardaire américain George Soros de soutenir l’immigration, dont M. Orban se veut le plus grand pourfendeur dans l’UE.

Face à cette nouvelle provocation, douze partis membres du PPE ont officiellement demandé « l’exclusion ou la suspension » du Fidesz, une mesure qui selon M. Weber figurera à l’ordre du jour d’une réunion le 20 mars.

Budapest a indiqué qu’il n’entendait pas mettre un terme à sa campagne d’affichage contre M. Juncker avant la date initialement prévue du 15 mars, et qu’une campagne contre le vice-président travailliste de la Commission européenne Frans Timmermans était programmée par la suite.

Suisse: requête pour placer Bouteflika sous curatelle

Une requête a été déposée vendredi devant un tribunal suisse pour demander le placement sous curatelle du président algérien Abdelaziz Bouteflika, actuellement soigné en Suisse et candidat à un cinquième mandat.

Dans cette requête déposée devant le Tribunal de Protection de l’adulte et de l’enfant de Genève, l’avocate Saskia Ditisheim, présidente de la branche suisse de l’ONG Avocats sans frontières, demande la nomination d’un ou plusieurs curateurs en invoquant l’état de santé de M. Bouteflika.

La requête n’a pas été déposée au nom d’Avocats sans frontières.

Il n’est pas clair si le tribunal suisse admettra d’examiner cette requête et si elle a une chance d’être acceptée.

Agissant pour le compte d’une citoyenne algérienne non identifiée, l’avocate affirme que la « santé fragile » de Bouteflika l’expose à être « manipulé » par son entourage.

Elle estime « évident que le président algérien est à ce jour incapable de discernement, dans un état de santé très précaire, et que tous ses actes, aussi bien le dépôt de sa candidature que les communiqués, ne sont pas effectués par lui-même mais par son entourage politique et familial qui le manipule ».

Des manifestations se succèdent depuis le 22 février en Algérie pour demander au président Bouteflika, 82 ans, de renoncer à briguer un cinquième mandat à l’élection du 18 avril.

M. Bouteflika est hospitalisé en Suisse depuis le 24 février, pour des « examens médicaux » selon la présidence algérienne.

Abdelaziz Bouteflika, président depuis 1999, a été rarement vu en public depuis un AVC dont il a été victime en 2013.

La requête de curatelle demande aussi d' »autoriser les curateurs à délier les médecins des Hôpitaux universitaires de Genève » du « secret médical » à l’égard du président algérien. Et à les « autoriser à obtenir une « attestation médicale se prononçant sur ses aptitudes à gouverner un pays ».

Elle demande que « toute communication officielle au nom » de M. Bouteflika fasse l’objet d’un « accord préalable » des curateurs « afin de s’assurer que les propos tenus émanent réellement du pupille ».

« Ce curateur devra être nommé en dehors du cercle entourant le président et devra nécessairement faire preuve de neutralité et dénué de tout conflit d’intérêt éventuel », demande-t-elle.

Le directeur de campagne de M. Bouteflika, Abdelghani Zaalane, a assuré jeudi que son état de santé ne suscitait « aucune inquiétude ».

Selon le juriste suisse Nicolas Jeandin, professeur de droit à l’Université de Genève, il revient aux autorités judiciaires algériennes de déterminer si un citoyen doit être placé sous mesure de curatelle. Mais si un tribunal suisse estime qu’il existe un besoin urgent de protéger un individu vulnérable, il pourrait intervenir, déclare ce juriste à l’AFP, soulignant que « la question est de savoir s’il y a urgence ».

« En théorie, le juge suisse doit faire abstraction du plan politique (…). Le juge doit déterminer si la personne a besoin d’aide », ajoute-t-il.

Paris-Nice: le mode d’emploi

Paris-Nice, qui commence dimanche à Saint-Germain-en-Laye (Yvelines), affiche un parcours de 1207,5 kilomètres.

Le parcours: huit étapes de Saint-Germain-en-Laye (Yvelines) à Nice. Un contre-la-montre individuel (Barbentane), une arrivée au sommet (col de Turini).

Les étapes:

10 mars: 1re étape Saint-Germain-en-Laye (Yvelines) – Saint-Germain-en-Laye, 138,5 km

11 mars: 2e étape Les Bréviaires (Yvelines) – Bellegarde (Loiret), 163,5 km

12 mars: 3e étape Cepoy (Loiret) – Moulins / Yzeure (Allier), 200 km

13 mars: 4e étape Vichy (Allier) – Pélussin (Loire), 212 km

14 mars: 5e étape Barbentane (Bouches-du-Rhône) – Barbentane, 25,5 km (contre-la-montre individuel)

15 mars: 6e étape Peynier (Bouches-du-Rhône) – Brignoles (Var), 176,5 km

16 mars: 7e étape Nice – col de Turini (Alpes-Maritimes), 181,5 km

17 mars: 8e étape Nice – Nice, 110 km

Les 23 équipes retenues (sept coureurs):

AG2R La Mondiale, Arkea-Samsic, Cofidis, Delko Marseille, Direct Energie, Groupama-FDJ et Vital Concept (FRA), Education First et Trek (USA), Deceuninck et Lotto (BEL), Bora et Sunweb (GER), Bahrein (BHR), Dimension Data (RSA), UAE Emirates (EAU), Katusha (SUI), Mitchelton (AUS), Movistar (ESP), Sky (GBR), Astana (KAZ), Jumbo (NED), CCC (POL)

Les têtes d’affiche: Bernal, Chaves, Ser. Henao, Lopez, Quintana, Sosa et Uran (COL), Cavendish et S. Yates (GBR), Jungels (LUX), Kwiatkowski (POL), Bardet, Barguil, Calmejane, Coquard, Démare et Vichot (FRA), Degenkolb et Greipel (GER), Groenewegen, Kelderman et Terpstra (NED), Aru, Colbrelli, Pozzovivo, Trentin et Ulissi (ITA), Ewan et Matthews (AUS), Kristoff (NOR), Gilbert, Naesen et Teuns (BEL), G. et I. Izagirre et Soler (ESP), G. Bennett (NZL), Meintjes (RSA), Spilak (SLO), Van Garderen (USA)Zakarin (RUS)

Le règlement: 10, 6 et 4 sec de bonification aux trois premiers des étapes en ligne, 3, 2 et 1 sec aux trois premiers des sprints intermédiaires de chaque étape. Montant total des prix: 141.600 euros.

Le record de victoires: 7 pour Sean Kelly (IRL) de 1982 à 1988. Dernier vainqueur français: Laurent Jalabert en 1997.

Les derniers vainqueurs:

2014: Carlos Betancur (COL)

2015: Richie Porte (AUS)

2016: Geraint Thomas (GBR)

2017: Sergio Henao (COL)

2018: 1. Marc Soler (ESP)

2. Simon Yates (GBR) à 4 sec

3. Gorka Izagirre (ESP) à 14 sec

8. Alexis Vuillermoz (FRA) 1 min 54 sec

Une Japonaise de 116 ans doyenne de l’humanité

Une Japonaise âgée de 116 ans, qui aime les mathématiques et considère que le meilleur moment de sa vie c’est « maintenant », a été confirmée comme la personne la plus âgée vivant dans le monde, a annoncé samedi le Guinness des Records.

Kane Tanaka est née le 2 janvier 1903, l’année même où les frères Orville et Wilbur Wright ont réussi le premier vol motorisé de l’histoire, acte de naissance de l’aviation moderne.

Son intronisation officielle comme doyenne de l’humanité a été célébrée dans la maison de retraite où elle réside, à Fukuoka, dans l’ouest du Japon, lors d’une cérémonie en présence du maire de la ville, Soichiro Takashima.

Quand on lui a demandé quel avait été le moment le plus heureux de sa vie, elle a répondu: « maintenant ».

Mariée en 1922 à Hideo Tanaka, elle a eu quatre enfants et en a adopté un cinquième.

Le matin, elle se réveille le plus souvent à 06H00. L’après-midi, elle étudie les mathématiques et pratique la calligraphie.

« L’un de ses passe-temps favori est le jeu Othello, elle est devenue experte dans ce classique des jeux de sociétés et parvient souvent à battre le personnel de la maison », ajoute le Guinness des Records.

Le Japon, connu pour la longue espérance de vie de ses habitants, peut se prévaloir d’avoir été la patrie de plusieurs doyens, dont Jiroemon Kimura, mort en juin 2013 à 116 ans et qui détient le record de longévité masculine, et Masazo Nonaka, mort en janvier à l’âge de 113 ans alors qu’il était l’homme le plus âgé du monde.

Selon le Guinness, le record de longévité pouvant être prouvé officiellement, tous sexes confondus, reste détenu par la Française Jeanne Calment, décédée en 1997 à l’âge de 122 ans et 164 jours. Des chercheurs russes l’ont mis en doute récemment, sans convaincre un collège d’experts français qui ont examiné en janvier leurs arguments.

Algérie: manifestations « historiques », selon la presse

Les quotidiens algériens consacraient samedi de nombreuses pages aux manifestations « historiques » de la veille en Algérie contre le 5e mandat que brigue le président Abdelaziz Bouteflika, en notant qu’elles ont sérieusement rétréci la marge de manoeuvre du chef de l’Etat.

« Un peuple fabuleux! », s’enthousiasme en Une El Watan qui consacre 12 pages au 3e vendredi consécutif de contestation, marqué par une mobilisation gigantesque à travers le pays.

« Un nouveau roman national est en train de s’écrire », assure le quotidien francophone, « le peuple a repris la main à travers ce sursaut d’orgueil qui remet l’histoire à l’endroit ». Pour le journal, « si les tenants du régime comptaient sur un essoufflement du mouvement (…), ils ont déjà une réponse. Claire et sans bavure ».

Pour Liberté, autre quotidien francophone qui titre en une « Le Printemps d’Algérie » auquel il consacre 10 pages, il a flotté sur Alger vendredi « comme un jour d’indépendance ».

Hospitalisé en Suisse depuis plus de 12 jours, officiellement pour des « examens médicaux », M. Bouteflika « refuse ou fait mine de ne pas entendre le peuple qui se révolte comme un seul homme et lui demande de s’en aller », déplore le journal.

« C’est le propre des potentats, qui ne savent pas quitter le fauteuil quand la confiance de leur peuple est perdue », écrit le journal qui estime que, vendredi, l’Algérie « a condamné Bouteflika à sortir par la petite porte de l’Histoire. Et plus il s’entête (…) plus cette porte de sortie se rétrécit ».

En Une, El Khabar estime que « des millions » d’Algériens ont dit « d’une seule voix: Eh Bouteflika, pas de 5e mandat! », en reprenant un des slogans scandés pendant les manifestations.

« Aucune voix ne sera supérieure à celle du peuple », estime le quotidien arabophone, qui consacre huit pages à la contestation à travers de nombreuses villes d’Algérie.

Selon le quotidien d’Oran, deuxième ville du pays, « l’opposition populaire contre le 5e mandat » est « en train de donner à la scène politique algérienne des contours tout à fait vivifiants ».

Elle mène vers « un changement de la manière dont est géré le pays avec plus de transparence » et « tous les ingrédients de la vraie démocratie: la bonne gouvernance et l’alternance au pouvoir », se réjouit le journal pour qui l’heure est en attendant au « bras de fer ».

« Pour la rue (…) le refus (d’un 5e mandat) est irréversible. Pour le candidat (Bouteflika) et ses soutiens, retirer maintenant cette candidature serait non seulement un échec patent devant la pression de la rue, mais une sorte de reniement ».

Seul le quotidien gouvernemental El Moudjahid renvoie les manifestations à l’intérieur du journal, en page 9, sans mentionner les demandes de départ du chef de l’Etat, scandés à pleins poumons par la rue.

Manifestations en Algérie: les drapeaux, aubaines des vendeurs à la sauvette

Fouad, la quarantaine, est aux anges. Il a vendu 300 drapeaux algériens aux manifestants défilant à Alger contre le président Abdelaziz Bouteflika, des ventes bien plus élevées en une seule journée que celles qu’il réalise en un mois devant les stades de football.

En semaine, Fouad vend des fruits et des légumes dans la rue, dont il se fait souvent déloger par la police ces derniers temps. Les week-ends de match, il complète ses revenus en proposant drapeaux et écharpes aux supporters.

Les manifestations massives dont Alger a été le théâtre pour le 3e vendredi de suite, contre le 5e mandat que brigue M. Bouteflika à la présidentielle du 18 avril, « sont une bénédiction tombée du ciel », confie-t-il le même jour à l’AFP. Avant d’ajouter: « Pourvu que cela dure ».

Aux manifestants, Fouad propose aussi écharpes, bonnets, fanions ou bracelets éponges, tous aux couleurs de l’Algérie –vert-blanc, avec un croissant et une étoile rouges– qui s’arrachent par dizaines.

« Papa, achète-moi un drapeau », insiste une fillette d’une dizaine d’années qui porte déjà une écharpe des mêmes couleurs. Le père, déjà ceint d’un drapeau, cède.

« Aujourd’hui, c’est un jour de fête. Un jour pour la liberté, je veux que ma fille s’en rappelle plus tard », explique ce quinquagénaire, qui ne veut pas donner son nom.

Le drapeau se vend 500 dinars (environ 3,70 euros), écharpes et fanions 200 dinars pièce et les bracelets 150.

Mais Fouad refuse de dire à combien revient son revenu de la journée. « Par superstition », lance l’un de ses amis, d’un ton moqueur.

En Algérie, où un tiers des moins de 30 ans sont au chômage, de nombreux jeunes sont devenus, dès le début de la contestation le 22 février, des vendeurs à la sauvette lorsque les manifestants défilent dans les rues.

Tous deux âgés de 22 ans, Issam et Mohamed, chômeurs et vendeurs improvisés, se font une marge de 50 dinars sur chaque drapeau vendu.

Achetés chez un grossiste en contrebas de la Casbah, un quartier d’Alger, ils sont partis comme des petits pains: « 150 drapeaux vendus en une heure », fanfaronnent-ils auprès de l’AFP.

A la clé, environ 55 euros de bénéfice, dans un pays où le salaire minimum est d’environ 130 euros et le salaire moyen d’environ 600 euros mensuels.

Plus loin, Nasredinne, Hassan et Mohamed, trois amis âgés d’une vingtaine d’années, récupèrent des drapeaux auprès d’une association de jeunes qui les fabriquent. Ils les revendent ensuite au profit de l’association, en gardant un « petit » pécule au passage: 5.000 dinars (37 euros) chacun vendredi.

– « Le drapeau, c’est notre liberté » –

Depuis 15 jours, les drapeaux sont brandis par milliers dans les cortèges de manifestants. Certains s’en ceignent la taille ou les portent comme des capes, en les nouant aux épaules, d’autres s’enroulent dedans.

« Ce drapeau, c’est le bien du Peuple (…) alors on le montre et on l’arbore pour leur dire que c’est le Peuple qui décide » poursuit Fatma, 78 ans, ancienne combattante de la guerre d’Algérie, qui a vu en 1962 le pays colonisé par la France obtenir son indépendance au terme d’un conflit meurtrier.

A côté, un groupe de filles toutes drapées de l’emblème national poussent des youyous.

Dès l’apparition d’un vendeur de drapeaux, ceux qui n’en ont pas encore s’agglutinent. Plus le drapeau est grand, plus il est prisé.

De nombreux habitants du centre d’Alger avaient également orné vendredi leur balcon d’un drapeau algérien, pour marquer leur soutien à la contestation.

Dans la manifestation, Siham, 32 ans, cadre dans une multinationale, avoue être « une acheteuse compulsive du drapeau algérien ».

Elle en achète pour elle et pour en offrir: « Par les temps qui courent, il n’y a pas meilleur cadeau qu’un drapeau national ».

Chaque matin à Pyongyang, drapeaux et tambours pour motiver les travailleurs

Chaque matin, six jours par semaine, des détachements de Nord-Coréennes armées de drapeaux rouges et de tambours prennent position dans des endroits stratégiques de Pyongyang. Leur mission: motiver les travailleurs.

Aux sons de chants patriotiques glorifiant la République populaire démocratique de Corée (nom officiel de la Corée du Nord) et son dirigeant, Kim Jong Un, elles agitent leurs drapeaux et battent leurs tambours rouges pendant près d’une heure.

Elles sont déployées sur les principaux sites et noeuds de transport de la capitale, comme l’hôtel Ryugyong. Chaque groupe a son uniforme mais tous ont le même équipement et la même allure disciplinée, la même chorégraphie martiale dans le but d’inciter les passants à faire davantage d’efforts au travail.

« Nous faisons cette propagande car nous voulons donner du bonheur au Maréchal », explique, dans une référence au jeune dirigeant nord-coréen Kim Chun Hui, une des participantes, emmitouflée dans une doudoune corail à col et poignets blancs.

« Nous encourageons les citoyens à obtenir de grandes réussites dans leur travail », confie cette femme de 47 ans, samedi après s’être produite devant l’hôtel Ryugyong, immense pyramide qui domine la ville dont la construction a été entamée il y a plus de 30 ans.

Cette mère de deux fils se dit fière d’y prendre part. « On n’est pas fatigué, on considère cela comme une grande fierté et que c’est ce que nous avons à faire ».

– « Bataille des 70 jours » –

Les Nord-Coréens interrogés dans la rue ont l’habitude de faire montre, devant les médias étrangers, de leur loyauté totale envers les autorités de Pyongyang.

Ces représentations trouvent leur origine dans deux campagnes décrétées en 2016 afin augmenter la production, la « bataille des 70 jours » et la « bataille des 200 jours » afin de pallier l’effet des sanctions économiques imposées par la communauté internationale en raison des programmes balistique et nucléaire nord-coréens.

Ces « batailles » sont finies depuis bien longtemps mais ces représentations – officiellement appelées « Activité d’agitation des membres de l’Union des femmes socialistes à l’heure de pointe » – continuent six jours par semaine selon la même routine.

L’Union des femmes socialistes est un organe official par lequel le régime organise la vie des femmes au foyer. Toutes les femmes non actives en sont membres, en général quand elles sont trentenaires jusqu’à ce qu’elles soient quinquagénaires.

Les femmes d’une vingtaine d’années se voient assigner un emploi que beaucoup abandonnent une fois mariées et mères de famille.

« Nous considérons le leader suprême comme notre père », loue Song Yang Ran, 57 ans, cheffe de l’Union des femmes socialistes pour le district de Pothonggang, dans le centre de la capitale. « Ce sera toujours ainsi ».

Effarement face au nombre de personnes dans le réduit de l’EI en Syrie

Le flot ne semble jamais se tarir. Jour après jour, hommes, femmes et enfants quittent le dernier village encore tenu par le groupe Etat islamique (EI) en Syrie et leur nombre ne cesse de surprendre les forces antijihadistes.

Selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), depuis le mois de décembre, quelque 58.000 personnes sont sorties de Baghouz, une petite localité perdue dans les plaines désertiques de l’est syrien, à quelques encablures de la frontière irakienne.

Cet afflux a contraint les Forces démocratiques syriennes (FDS), qui mènent l’assaut contre l’EI avec l’aide de la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis, à retarder la bataille finale pour s’emparer totalement Baghouz et donner ainsi le coup de grâce au « califat » proclamé il y a près de cinq ans par le groupe jihadiste.

« Quand nous avons commencé l’opération, nous savions qu’il y avait des civils (dans le village), mais pas en si grand nombre », a reconnu cette semaine un porte-parole des FDS, Adnane Afrine.

Comme souvent depuis deux semaines maintenant, il émet l’espoir que les évacuations touchent à leur fin ces jours-ci afin de repartir à l’assaut.

– « Ils sortent des tunnels » –

« Ils sortent des tunnels et c’est sans fin », confie un autre responsable des FDS. Peu au sein de cette alliance arabo-kurde s’aventurent désormais à dire combien de personnes seraient encore présentes dans la dernière proche de l’EI réduite à un campement au bord du fleuve Euphrate.

Vendredi, l’ONG Comité international de secours a indiqué que 12.000 personnes ayant fui Baghouz étaient arrivées dans un camp de déplacés, plus au nord au cours des dernières 48 heures, dont 6.000 sur la seule journée de jeudi.

Des femmes sorties du réduit mais affirmant haut et fort leur soutien sans faille à l’EI ont donné des chiffres très variables sur les familles encore présentes dans le bout de territoire où sont acculés les jihadistes.

« Vous voyez le nombre de gens qui sont sortis ces derniers jours, il y en a autant encore là-bas », affirme Oum Abboud, une Syrienne couverte d’un niqab noir et mère de quatre enfants.

« Personne n’aurait pu deviner qu’un aussi grand nombre de femmes et d’enfants vivaient toujours à Baghouz », disent des responsables du Comité international de secours, soulignant que désormais le camp de déplacés d’Al-Hol est « à son point de rupture » après l’accueil de 55.000 personnes de ce village.

Pourquoi les organisateurs de l’aide humanitaire, les responsables des FDS et leurs partenaires de la coalition antijihadistes ont-ils tant sous-estimé le nombre de personnes restées dans le réduit de l’EI?

Selon l’analyste Mutlu Civiroglu, l’EI a volontairement caché le nombre de civils et jihadistes vivant à Baghouz.

Le groupe ultraradical a régulièrement « relâché un nombre contrôlé de personnes, dont des combattants » afin de gagner du temps avant l' »assaut final » des FDS, explique-t-il. C’est « un effort délibéré, peut-être pour préparer quelque chose d’autre. S’ils voulaient se rendre, ils l’auraient fait ».

– « Des milliers et des milliers » –

Après leur évacuation, des femmes vêtues de noir et chargées de lourds baluchons ou sacs à dos ont déclaré qu’elles vivaient entassées dans des tranchées, des tentes et des voitures proches de l’Euphrate.

« Des milliers de familles partent (…) il y avait des milliers et des milliers de familles là-bas, même moi j’étais surprise », raconte Oum Alaa, une Irakienne de 35 ans qui a fui Baghouz.

Elle dit avoir perdu un enfant mort de malnutrition, en raison du manque de nourriture.

Sur des images obtenues par l’AFP et qui auraient été tournées par des volontaires américains de l’ONG Free Burma Rangers, des centaines de personnes semblent encore être présentes dans le campement de tentes.

Plus de 2.000 personnes y vivraient encore, affirme à l’AFP David Eubank, à la tête de cette ONG.

Bernard Tapie, une vie dans l’arène

A 76 ans, Bernard Tapie a connu plusieurs vies, la gloire, le pouvoir, l’échec et la ruine. Affaibli par un double cancer, le sulfureux homme d’affaires s’apprête à affronter ses juges, dans « l’affaire de (sa) vie ».

Le long procès qui débute lundi, « ça va être du sport, j’ai peur de ne pas réussir à tenir le coup », confie-t-il à l’AFP, enfoncé dans l’un des canapés de son luxueux hôtel particulier, la verve toujours intacte mais le corps fatigué.

Il a décidé de stopper son traitement médical le temps de ce nouveau rendez-vous judiciaire, le remplaçant par un jus de grenade, un « stimulant des défenses immunitaires ».

Sa maladie, Bernard Tapie l’attribue à son renvoi en correctionnelle pour « escroquerie ». « Les médecins sont unanimes: quand t’as la vie que j’ai eue moi, t’as pas ce genre de truc si t’as pas des grosses emmerdes », accuse-t-il.

Incarnation de la réussite sociale au milieu des années 80, « Nanard » est devenu le symbole de l’homme d’affaires corrompu à partir de l’épisode du match truqué Marseille-Valenciennes, en 1993.

Grande gueule et imprévisible, il est né le 26 janvier 1943 à Paris dans une famille modeste et a vécu au moins six vies publiques: judiciaire, politique, entrepreneuriale, sportive, médiatique et artistique.

– La politique ? « Jamais plus » –

Dès la trentaine, il se spécialise dans la reprise d’entreprises en difficulté, une cinquantaine au total, s’attirant le surnom de « Zorro des entreprises ».

Son plus gros « coup » est le rachat en 1990 du géant allemand Adidas, point de départ du conflit avec son banquier historique, le Crédit Lyonnais, qui n’a pas encore trouvé son épilogue.

Bernard Tapie se bâtit un empire et une fortune qui lui permettent de s’offrir l’hôtel de Cavoye dans le très chic 7e arrondissement de Paris et un luxueux voilier, le « Phocéa ». « S’il y a une chose que je sais faire, c’est du blé », lâche-t-il alors.

Dans l’intervalle, ce passionné de sport rachète en 1986 le célèbre club de foot de l’Olympique de Marseille et, mettant à profit sa notoriété, se lance avec succès dans la politique. S’étant forgé une auréole de pourfendeur du Front national et de défenseur des jeunes de banlieue, il bénéficie du soutien de François Mitterrand qui le fait nommer en 1992 ministre de la Ville dans le gouvernement de Pierre Bérégovoy.

L’année 1993, pourtant l’une des plus fastes dans les domaines politique et sportif, marque le début de la fin de « l’ère Tapie ». C’est quelques jours avant la victoire de Marseille en Coupe d’Europe des clubs champions – succès unique à ce jour dans les annales du football français – qu’éclate l’affaire de corruption du match OM-VA.

Dès lors, les foudres de la justice vont s’abattre sur lui en cascade, se soldant par six condamnations pour « corruption », « fraude fiscale » ou encore « abus de biens sociaux », une incarcération de cinq mois et la perte de tous ses mandats électifs.

Sorti de prison en juillet 1997, il n’est pas abattu mais change de vie: il se reconvertit comme acteur et animateur de radio et de télévision.

Fin 2012, en mettant la main sur les derniers titres du groupe Hersant, dont « La Provence », il endosse un nouvel habit: celui de patron de presse. L’opération est interprétée par la classe politique marseillaise comme un premier pas vers la mairie.

La politique, pourtant, « jamais plus » il n’y remettra « le petit doigt », affirme encore Bernard Tapie. Ce « fou de politique » s’est pris en début d’année d’une courte passion pour les « gilets jaunes », accueillis dans les locaux de La Provence à Marseille.

C’est dans sa ville de cœur qu’il a prévu de déménager après le procès et la vente de son hôtel particulier. Mais « par envie folle » et pour « augmenter (ses) chances de survie, il a aussi des projets dans le cinéma et le théâtre.

Afrique du Sud: le chef de la gauche radicale épinglé pour le harcèlement d’une journaliste

Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) a épinglé samedi le héraut de la gauche radicale sud-africaine Julius Malema pour avoir publié sur Twitter le numéro de téléphone d’une journaliste, victime depuis de menaces et de harcèlement de ses partisans.

Dans une déclaration, l’ONG américaine de défense de la liberté de la presse a exprimé ses « graves inquiétudes » sur le traitement infligé à l’animatrice de radio et de télévision Karima Brown.

Chef du parti des Combattants pour la liberté économique (EFF), M. Malema a publié sur son compte Twitter un message de Mme Brown et son numéro de téléphone personnel, l’accusant d’être une « taupe » du parti au pouvoir, le Congrès national africain (ANC).

Dans les heures qui ont suivi la publication du tweet, Mme Brown affirme avoir été noyée sous un déluge de messages inquiétants attribués à des partisans affichés du bouillant dirigeant des EFF, certains allant jusqu’à la menacer de viol ou de l’écorcher vive.

« Nous nous inquiétons pour la sécurité de Karima Brown à cause des menaces suscitées par la publication malveillante de son contact », a déploré la responsable du CPJ pour l’Afrique, Angela Quintal.

« La commission électorale doit fermement rappeler aux EFF et à tous les partis politiques que l’usage des réseaux sociaux pour menacer ou intimider les journalistes ne sera pas toléré », a-t-elle ajouté.

Julius Malema a dénoncé les commentaires les plus violents adressés à la journaliste mais lui et son parti ont jusque-là refusé de retirer leurs accusations de partialité contre la journaliste, éditorialiste et animatrice en vue sur la chaîne d’information eNCA et la radio privée de Johannesburg 702.

Son message initial a été supprimé par Twitter.

Des élections générales sont prévues en Afrique du Sud le 8 mai prochain. Au pouvoir depuis la chute de l’apartheid il y a un quart de siècle, l’ANC de feu Nelson Mandela devrait y conserver la majorité absolue.

Transfuge de l’ANC, Julius Malema est un habitué des sorties polémiques, notamment contre la minorité blanche, qui lui valent régulièrement des poursuites judiciaires.

Venezuela: gouvernement et opposition dans la rue en pleine panne d’électricité géante

Les deux dirigeants rivaux du Venezuela, Nicolas Maduro et Juan Guaido, appellent leurs partisans à défiler samedi dans les rues du pays, plongé dans le chaos par une panne d’électricité sans précédent dont ils se rendent mutuellement responsables.

Journée de travail et cours suspendus, vols annulés, hôpitaux au ralenti, pillages, rues désertes: depuis jeudi 16h50 heure locale (20h50 GMT), le Venezuela est en grande partie paralysé faute de courant. La panne touche Caracas et la quasi-totalité des 23 Etats du pays, qui s’apprêtait vendredi soir à passer une deuxième nuit dans l’obscurité.

« Le peu de nourriture salée que nous avions, on a dû le cuisiner pour qu’il ne tourne pas trop rapidement (avec la chaleur). On dort dehors, on n’a pas de réseau téléphonique, tous les magasins sont fermés. C’est le chaos », déclare à l’AFP Elena Bermudez, 31 ans.

Le courant est revenu partiellement vendredi après-midi dans certains quartiers de Caracas avant d’être coupé à nouveau. Des concerts de casseroles ont résonné dans plusieurs secteurs de la ville.

La distribution de l’eau dans les immeubles, assurée par des pompes électriques, a été interrompue, ainsi que le réseau téléphonique et internet qui demeure très instable.

Les hôpitaux connaissent une situation dramatique: ceux qui sont équipés de générateurs limitent le courant aux services d’urgence.

Devant un établissement de la capitale, José Lugo pleure sa nièce Marielsi Aray, morte à 25 ans à cause de la panne, les appareils respiratoires qui la maintenaient en vie ayant cessé de fonctionner. « Les médecins ont essayé de la ranimer manuellement, mais elle a décompensé et elle est morte à 2h00 ce matin », raconte-t-il à l’AFP.

– « Pas plus de cadavres » –

A l’extérieur de la principale morgue de Caracas, une forte odeur de putréfaction imprègne l’air: les chambres froides ont cessé de fonctionner. Des familles attendent qu’on leur remette la dépouille de leur proche. « On ne peut pas recevoir plus de cadavres », affirme un employé sous couvert d’anonymat.

A l’aéroport international de Maiquetia, qui dessert Caracas, des centaines de personnes, dont beaucoup accompagnées de jeunes enfants, espèrent une reprise rapide des vols. « On est là depuis hier, sans manger et sans toilettes car elles sont fermées », a déclaré Maria, accompagnée de ses deux enfants de 8 et 13 ans.

L’économie du Venezuela, déjà très fragile, est également touchée: les habitants ne peuvent pas retirer d’argent aux distributeurs et les banques sont restées fermées vendredi. Dans ce pays où l’inflation est hors de contrôle, l’argent liquide est rare et les transactions électroniques – suspendues vendredi – sont indispensables, y compris pour les achats courants comme le pain.

– « Preuves » contre Washington –

« J’appelle tout le peuple vénézuélien à s’exprimer massivement dans la rue contre le régime usurpateur, corrompu et incapable qui a plongé notre pays dans l’obscurité », a écrit sur Twitter Juan Guaido, l’opposant autoproclamé président par intérim et reconnu par une cinquantaine de pays.

En face, Nicolas Maduro a également mobilisé il y a quelques jours ses partisans pour défiler contre l' »impérialisme ». Le gouvernement, sous pression depuis des semaines, dénonce « la guerre impérialiste sur l’électricité ».

Le ministre de la Défense Vladimir Padrino a qualifié la panne d' »agression délibérée » des Etats-Unis et a annoncé un « déploiement » de l’armée, sans plus de détails, lors d’une déclaration sur la télévision d’Etat VTV.

M. Maduro avait accusé Washington dès jeudi. « La guerre de l’électricité annoncée et dirigée par l’impérialisme américain contre notre peuple sera mise en échec. Rien ni personne ne pourra vaincre le peuple de Bolivar et de Chavez. Patriotes, unissez-vous! », a-t-il écrit sur Twitter.

Le gouvernement vénézuélien a annoncé vendredi qu’il allait fournir à l’ONU « des preuves » d’une responsabilité de Washington dans la panne d’électricité géante. Ces informations seront remises à une délégation du Haut Commissariat de l’ONU aux droits de l’Homme qui est attendue dans quelques jours à Caracas, a déclaré le ministre de la Communication, Jorge Rodriguez.

L’origine de la coupure n’est pas encore connue. Des experts accusent le gouvernement socialiste de ne pas avoir investi pour entretenir les infrastructures alors que la crise économique fait rage.

La compagnie vénézuélienne d’électricité Corpoelec a dénoncé un « sabotage » de la centrale hydroélectrique vénézuélienne de Guri, la plus importante du pays et l’une des principales d’Amérique latine.

Elections régionales au Nigeria: le parti de Buhari veut conforter sa victoire à la présidentielle

Le Nigeria retourne aux urnes samedi pour élire les futurs gouverneurs et représentants des assemblées locales des Etats, un scrutin où le parti du chef de l’Etat Muhammadu Buhari espère conforter sa victoire après la présidentielle de fin février.

Le Congrès progressiste (APC, au pouvoir) contrôle 22 des 36 Etats de la fédération nigériane, tandis que le Parti démocratique populaire (PDP) du candidat malheureux à la présidentielle Atiku Abubakar en détient 13.

Les élections des gouverneurs n’auront lieu que dans 29 Etats samedi, les autres ayant déjà fait l’objet d’élections partielles, mais l’ensemble des 36 Etats voteront pour élire les représentants des assemblées locales.

Les postes de gouverneurs sont convoités. Ils tiennent les cordons de la bourse dans des domaines-clés tels que l’éducation, la santé et les infrastructures, et leurs actions ont souvent plus d’impact direct sur la population que celles du président. A l’échelle du pays, ils représentent un pouvoir collectif fort face aux autorités d’Abuja.

M. Buhari a été réélu à la tête du pays le plus peuplé d’Afrique (190 millions d’habitants) avec 56% des voix à l’issue d’un scrutin relativement pacifique, dans un pays qui a une longue histoire de violences électorales. La société civile a toutefois recensé au total 59 morts dans le cadre des élections présidentielle et législatives du 23 février.

L’ancien général âgé de 76 ans, qui avait permis la victoire historique de l’opposition en 2015, la première depuis la transition démocratique du pays il y a 20 ans, a fait campagne sur le thème de la continuité.

Il a promis de continuer la lutte contre la corruption, son principal cheval de bataille, de redresser une économie peinant à se relever d’une difficile récession et de vaincre le groupe jihadiste Boko Haram dans le nord du pays.

– Crainte de violences –

L’organisation du scrutin du 23 février par la Commission électorale nationale (INEC) a été très critiquée pour ses nombreux manquements logistiques (retards à l’ouverture des bureaux de vote, absence d’urnes et de bulletins, lecteurs électroniques de cartes déficients…).

Situation Room, un groupement de la société civile nigériane, a répété jeudi que le vote n’avait pas « respecté les standards minimum » et a réclamé davantage de transparence.

« Nous espérons que l’INEC et les autres parties prenantes aux élections (…) feront tous les efforts possibles pour améliorer la qualité et la crédibilité » du vote de samedi, a affirmé à la presse son porte-parole, Clément Nwanko.

L’autre enjeu sera le risque de violences et d’intimidation des électeurs: dans quelques Etats-clés, la course au poste de gouverneur s’annonce serrée et pourrait engendrer des frictions entre partisans des deux partis qui bipolarisent la scène politique nigériane.

L’Etat de Lagos, le plus peuplé du Nigeria avec ses quelque 20 millions d’habitants et sa locomotive économique, est un fief de l’APC qui semble perdre progressivement du terrain. Son candidat, Babajide Sanwo-Olu, y affrontera Jimi Agbaje, du PDP. Lors de la présidentielle, M. Buhari est ressorti vainqueur, mais avec une très forte abstention.

Port Harcourt, la capitale de l’Etat de Rivers (sud), d’où provient une grande partie de la production pétrolière et gazière du premier producteur d’or noir africain, est fréquemment le théâtre de violences politiques.

Le gouverneur Nyesom Wike (PDP) n’aura pas à affronter le parti au pouvoir, la justice ayant disqualifié son candidat suite à un litige lié aux primaires.

Dans ce bastion de l’opposition, le déploiement de l’armée dans les rues et autour des bureaux de vote a été très critiqué ces derniers jours, comme étant susceptible de générer des tensions ou d’intimider les électeurs.

Un officier et trois soldats ont été tués dans des heurts avec des jeunes lors du scrutin présidentiel à Rivers et dans l’Etat voisin de Bayelsa, selon l’armée, qui a ensuite été accusée de mener des représailles sur des civils et de créer la panique au sein de la population.

L’Etat très peuplé de Kano, dans le nord, sera également très disputé entre le gouverneur sortant Abdullahi Ganduje (APC) et le candidat de l’opposition, soutenu par son prédécesseur qui reste très influent, Rabiu Musa Kwankwaso.

Reste enfin à savoir si les Nigérians seront plus enclins à aller voter en nombre ce samedi, alors que la présidentielle a été marquée par le taux de participation (35%) le plus faible dans ce pays depuis son passage à l’ère démocratique en 1999.

Italie: week-end de travail pour éviter une crise gouvernementale

Les forces de la majorité au pouvoir à Rome se lancent samedi dans un long « week-end de travail » pour éviter une éventuelle chute du premier gouvernement populiste dans un pays fondateur de l’Union européenne.

« Il va falloir un week-end de travail, inévitablement », a averti vendredi le vice-Premier ministre italien Luigi Di Maio, lors d’une conférence de presse convoquée à la hâte, après le blocage constaté au sein de la majorité sur le projet de liaison ferroviaire à grande vitesse entre Lyon et Turin.

Les deux hommes forts du gouvernement italien, Matteo Salvini, vice-Premier ministre et patron de la Ligue (extrême droite), et son homologue Luigi Di Maio, chef de file du Mouvement Cinq Etoiles (M5S, antisystème) sont à couteaux tirés sur ce dossier.

La Ligue, ancrée dans le nord de l’Italie et proche de ses entreprises, est très favorable au projet, au contraire du M5S qui y voit un formidable gaspillage d’argent public.

« Aujourd’hui, le vrai sujet, c’est qu’il n’y a pas d’accord au sein du gouvernement », a reconnu M. Di Maio.

« Maintenant nous devons travailler, les techniciens étudient tout et si nous trouvons un accord entre nous, nous trouverons les solutions techniques », a-t-il ajouté.

Les deux hommes ont signé en juin dernier un « contrat de gouvernement » dans lequel il est stipulé que la liaison ferroviaire Lyon-Turin devrait être « intégralement rediscutée ».

Le chef du gouvernement italien Giuseppe Conte l’a rappelé jeudi en demandant à la France et à l’Union européenne, partenaires de ce projet, de s’asseoir à la table des négociations.

La Ligue n’a rien contre mais elle veut que les appels d’offre pour la poursuite du chantier soient lancés comme prévu lundi par le conseil d’administration de TELT (Tunnel euralpin Lyon Turin), ce que refuse M. Di Maio.

– « Tête dure » –

« Voyons qui a la tête la plus dure. Je suis habitué à aller jusqu’au bout », avait affirmé jeudi soir M. Salvini, provoquant l’exaspération de M. Di Maio.

« Il est irresponsable de mettre en discussion un gouvernement sur une question marginale » comme le projet de ligne Lyon-Turin, a rétorqué le chef de file du M5S.

Il a rappelé vendredi que la question de l’utilisation à bon escient de l’argent des Italiens était dans l’ADN du Mouvement Cinq Etoiles, créé sur une revendication d’honnêteté et de transparence.

M. Di Maio a d’ailleurs lourdement insisté pour que « l’argent des Italiens ne soit pas engagé, lié » dans l’immédiat par la poursuite de ce projet, dans la mesure où il doit être renégocié, notamment dans son financement.

« Il est juste de demander davantage de contribution à la France et à l’Union européenne. Tout peut être amélioré mais il ne faut pas l’arrêter. J’espère que le bon sens l’emportera », a indiqué vendredi M. Salvini.

La Ligue entend bien aller de l’avant, insistant sur le fait que ces appels d’offre ne sont pas contraignants dans l’immédiat et qu’ils laissent le temps de discuter avec la France et l’UE, sans perdre les financements communautaires.

Ce n’est pas la première fois que le gouvernement populiste italien est en difficulté sur les sujets qui le divisent, du décret controversé sur la sécurité et l’immigration à la loi sur la légitime défense en passant par le budget.

A chaque fois, un accord avait pu être trouvé, MM. Di Maio et Salvini ayant à coeur de sauver leur « mariage » politique, conclu le 1er juin après les bons scores de leurs partis aux élections législatives du 4 mars 2018.

Mais cette fois, les choses s’annoncent plus compliquées. Vendredi, la presse italienne titrait sur « l’affrontement final » sur le TGV Lyon-Turin, tout en restant prudente sur les chances ou non de survie du gouvernement.

Les deux hommes semblent en effet convaincus qu’ils auraient beaucoup à perdre en cas de chute du gouvernement et que celui qui en serait à l’origine en paierait le prix le plus lourd.

« Je crois beaucoup aux confrontations, il y en a eu déjà dans le passé et nous avons toujours trouvé un accord », a déclaré vendredi la ministre de l’Administration publique, Giulia Bongiorno, membre de la Ligue.

Bissau: marée humaine, posters, klaxons au dernier jour de la campagne

Foules monstres, concert de klaxons, banderoles et posters géants: le dernier jour de la campagne pour les élections législatives de dimanche en Guinée-Bissau était marqué par une exubérance digne du carnaval qui s’est achevé cette semaine dans ce pays lusophone d’Afrique de l’Ouest.

Des militants de la principale formation d’opposition, le Parti pour la rénovation sociale (PRS), sont juchés sur le toit d’un car qui traverse à vive allure une des principales artères d’un quartier de la banlieue de Bissau.

Sur les trottoirs se serrent des milliers de militants, en face d’un terrain de football où doit se tenir un meeting du PRS avec, trônant sur une estrade, l’effigie du fondateur du PRS, le défunt président Kumba Yala (1953-2014).

Banderoles, posters, effigies de leaders et tee-shirts aux couleurs rouge, bleu et blanc du parti sont omniprésents tout autour de cet espace bordé de maisons en zinc décaties, dans la capitale arborée de ce pays où l’hivernage dure quelques six mois.

« Je soutiens le PRS parce que c’est un parti qui veut travailler pour la Guinée-Bissau contrairement au PAIGC », affirme Augusta Yala, en référence au Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert, la formation historique qui a mené le combat pour obtenir l’indépendance de cette ex-colonie portugaise en 1974.

A côté, Zica Albino, un employé des télécoms, prône, « pour vaincre le PAIGC, une union entre le PRS et le Madem »-G15, formé du groupe des 15 députés frondeurs du PAIGC, dont la défection l’a privé de sa majorité de 57 sièges sur 102 à l’Assemblée.

Le scrutin, dans lequel 21 partis s’affrontent à la proportionnelle à un tour, doit contribuer au dénouement de la crise qui a éclaté en août 2015 avec le limogeage par le président José Mario Vaz de son Premier ministre Domingos Simoes Pereira, chef du PAIGC, auquel M. Vaz appartient également.

A quelques centaines de mètres, des militants du Madem sont rassemblés dans les quartiers voisins de Santa Luzia et Pilum, des zones populaires de Bissau.

D’un long camion sort de la musique pétaradante, au milieu d’une foule de militants qui s’étire jusque dans le centre-ville.

– Meilleurs salaires et travail –

« Nous espérons que le vote sera tranquille et que tous les partis vont accepter les résultats », affirme Augustan Gomes, qui se présente comme enseignant en philosophie dans un lycée de la capitale.

« Le Madem doit venir au pouvoir pour que nous ayons de meilleures choses dans la santé, l’éducation et les infrastructures », dit cet homme qui se veut « réaliste » et se satisferait d’une deuxième place pour sa formation.

Mario Monteiro, logisticien célibataire de 33 ans en stage au port de Bissau, peine à subsister avec 50.000 francs CFA (environ 75 euros) par mois. « J’espère une victoire du Madem pour changer la situation », dit ce jeune homme en baskets, T-shirt et casquette blancs.

Vers le palais présidentiel, un cordon de police s’est formé entre les militants du Madem et ceux du PAIGC qui convergent par milliers vers le stade Alcino Corréa où un meeting est prévu en présence du chef du PAIGC Domingos Simoes Pereira.

Parmi la masse de partisans du PAIGC qui se bousculent pour entrer dans le stade par deux petites portes, Salimata Kandé, sage-femme stagiaire dans un hôpital de Bissau, est rentrée récemment du Maroc à la fin de ses études.

« Le PAIGC est le parti qui est bon pour l’avenir de la Guinée-Bissau mais il doit nous donner du travail », lance la jeune femme.

A côté, un enfant de 12 ans, Domingos Lamananga, élève en classe de sixième dans un collège de Bissau, qui ne votera pas en raison de son âge, explique que ce sont ses parents l’ont « habillé aux couleurs du PAIGC » mais qu’il aime le parti.

La musique sera au rendez-vous. Kabo Kabum, percussionniste, membre du fameux groupe musical Tabanca Jazz, dit être venu jouer « pour changer la Guinée-Bissau ».

Irak: deux morts dans l’explosion d’une voiture piégée devant un restaurant

Deux personnes ont été tuées vendredi dans l’explosion d’une voiture piégée devant un restaurant à Mossoul, dans le nord de l’Irak, selon des sources de sécurité irakiennes.

« Une jeune femme et un officier de sécurité ont été tués dans cette attaque terroriste et dix autres personnes ont été blessées », a indiqué la cellule de communication de l’armée irakienne, précisant que la voiture a explosé devant un restaurant du quartier al-Mouthanna dans l’est de la ville.

Les forces gouvernementales irakiennes ont repris Mossoul, ex-fief des jihadistes du groupe Etat islamique (EI) en Irak, en 2017, Bagdad proclamant sa victoire sur cette organisation ultraradicale qui avait proclamé en 2014 son « califat » en Irak et en Syrie.

Mais les attaques et attentats continuent à secouer cette grande ville du nord de l’Irak.

La semaine dernière, une voiture piégée a explosé près de l’Université de Mossoul tuant une personne et en blessant 13 autres.

Mercredi, six membres d’une unité paramilitaire chiite ont été tués et 31 autres blessés dans une embuscade sur une route déserte au sud de cette ville.

Cette attaque n’a pas été revendiquée.

Les autorités irakiennes craignent que des jihadistes fuyant la Syrie s’infiltrent en Irak à travers la frontière poreuse alors que l’EI est sur le point de s’effondrer dans ce pays en guerre.

Espagne: grève féministe et manifestations massives pour le 8 mars

Pour la deuxième année consécutive, l’Espagne a célébré vendredi le 8 mars avec une « grève féministe » et des manifestations massives à Madrid et Barcelone, alors que le sujet a pris une forte dimension politique à quelques semaines des élections législatives du 28 avril.

Dans la capitale espagnole et dans la métropole catalane, au moins des dizaines de milliers de personnes manifestaient en fin de journée.

« Combien de femmes occupent de hautes fonctions ? Très peu. Et ce n’est pas car elles ne sont pas bien formées, c’est parce que l’égalité n’existe toujours pas », a dénoncé Maria Nuñez, retraitée de 70 ans, à Barcelone.

A Madrid, une marée violette, couleur du féminisme, défilait en promettant que la ville serait « la tombe du machisme ».

Clara Lopez, 29 ans, y portait une pancarte disant « je choisis comment je m’habille et avec qui je me déshabille ».

« Si nous nous arrêtons, le monde s’arrête ». Avec ce slogan pour mot d’ordre, les Espagnoles avaient observé auparavant tout au long de la journée des arrêts de travail d’au moins deux heures.

Et un an après une première « grève féministe » qui avait mobilisé des millions de personnes à travers le pays, le mouvement a été de nouveau très suivi. Selon le syndicat UGT, plus de six millions de « travailleurs et travailleuses » ont fait grève.

Le 8 mars a été marqué par d’autres manifestations à travers le monde. En Grèce, un arrêt de travail de trois heures a été observé dans de nombreuses administrations, une première, tandis qu’en France, des milliers de personnes se sont rassemblées dans plusieurs villes.

A Istanbul, la police turque a tiré des gaz lacrymogènes contre des milliers de femmes rassemblées dans le centre de la ville en dépit d’une interdiction de manifester.

– ‘Espagne féministe’ –

Comme l’an dernier, des personnalités se sont aussi mises en grève en Espagne comme la maire de gauche de Madrid, Manuela Carmena, et de nombreuses journalistes à l’image de Pepa Bueno, la voix de la matinale de la radio Cadena SER.

A Madrid, plusieurs ministres du gouvernement socialiste de Pedro Sanchez, le plus féminin de l’histoire du pays, étaient en tête du cortège.

« Nous voulons une Espagne féministe. Car c’est seulement grâce au féminisme que nous en finirons avec la violence machiste et que nous obtiendrons l’égalité réelle », a insisté sur Twitter Pedro Sanchez.

Au Pays Basque – où 30.000 personnes ont manifesté à Bilbao selon la police locale -, la session du parlement régional a même dû être suspendue faute de quorum, en l’absence de la plupart des députées.

– Bataille politique –

Alors que le sujet était consensuel ces dernières années, des dissensions sont apparues récemment dans le pays.

A droite, le Parti populaire, premier parti d’opposition à Pedro Sanchez, ne s’est pas associé aux manifestations, accusant la gauche d’instrumentaliser la cause de l’égalité.

L’extrême droite, qui a fait une percée récente avec le parti Vox, a fait pour sa part de l’antiféminisme l’un de ses chevaux de bataille.

Dans ce contexte, une plateforme regroupant des associations catholiques et anti-IVG a convoqué dimanche à Madrid une contre-manifestation tandis que l’association catholique ultraconservatrice Hazte Oir (« Fais-toi entendre ») faisait circuler un bus comparant les féministes aux nazis, agrémenté d’un montage photo de Hitler maquillé, un logo féministe violet sur la casquette.

« L’an dernier, les décisions judiciaires ont été le détonateur, la rage qui a entraîné la mobilisation. Le message s’adressait au pouvoir judiciaire », a souligné Anna Bosch, célèbre journaliste en grève de la télévision publique, en référence à l’affaire de « la Meute », dans laquelle cinq hommes avaient été condamnés pour avoir abusé d’une jeune femme mais sans que la qualification de viol ne soit retenue.

Mais « cette année, le message s’adresse aux leaders politiques », a-t-elle ajouté en dénonçant les « positions clairement rétrogrades » de Vox ou du numéro un du PP, Pablo Casado.

Trump soulagé par la peine légère de son ex-directeur de campagne

Donald Trump s’est dit vendredi conforté par la peine relativement clémente infligée à son ancien directeur de campagne pour des malversations débusquées dans le cadre de la tentaculaire enquête russe.

L’ancien lobbyiste républicain Paul Manafort, 69 ans, a été condamné jeudi à près de quatre ans de prison pour des fraudes fiscale et bancaire, une peine nettement inférieure aux 19 à 24 ans recommandés par le ministère de la Justice.

« Le juge et l’avocat dans le dossier Paul Manafort ont dit clairement au monde entier qu’il n’y avait PAS EU DE COLLUSION avec la Russie », en a conclu le président américain, en regrettant dans un tweet que « la chasse aux sorcières continue » malgré tout.

En fait, le juge T.S. Ellis du tribunal d’Alexandria (Virginie) a simplement souligné que les faits reprochés à Paul Manafort « n’avaient rien à voir avec une quelconque collusion avec la Russie en vue d’influencer l’élection » présidentielle de 2016.

Et il a justifié sa clémence par sa volonté de ne pas créer de « disparités » avec d’autres dossiers.

Le procès a prouvé qu’il n’y avait « aucune preuve de collusion entre Paul Manafort et le gouvernement russe », a pour sa part déclaré l’avocat du condamné Kevin Downing, sans extrapoler sur le reste du dossier.

Peu importe que le deux hommes soient restés prudents, Donald Trump s’est dit « honoré » par les propos du juge et s’est de nouveau posé comme victime d’un « coup monté » dans un échange avec des journalistes.

Il a également exprimé de la compassion pour son ancien collaborateur, affaibli par neuf mois de détention au point d’avoir comparu en fauteuil roulant jeudi. « Je suis vraiment désolé pour Paul. Il vient de traverser une période très difficile », a déclaré l’ex-magnat de l’immobilier.

L’opposition démocrate s’est montrée plus sévère. « Ses délits se sont étalés sur plusieurs années et il est loin d’avoir mené une vie sans faute », a commenté la sénatrice et prétendante à la présidentielle de 2020 Amy Klobuchar. Le représentant Adam Schiff a lui comparé la « peine clémente » à une « injustice ».

– « Aucune information » –

Le procureur Mueller, qui pourrait rendre prochainement ses conclusions, s’est intéressé à Paul Manafort à double titre: cet homme de réseaux a dirigé pendant deux mois l’équipe de campagne du candidat républicain et avait auparavant noué des relations d’affaires dans les milieux ukrainiens pro-russes.

Or, le procureur a découvert qu’il avait dissimulé, avant 2016, 55 millions de dollars sur 30 comptes à l’étranger, et trompé des banques sur ses finances pour obtenir des prêts. Ce sont ces malversations qui ont été jugées à Alexandria.

Il a également établi que Paul Manafort avait cherché à dissimuler ses activités de conseil en Ukraine et cherché à pousser des témoins à mentir pour le couvrir. Ces faits font l’objet d’une procédure distincte à Washington.

Paul Manafort a plaidé coupable en septembre dans ce second dossier. Mais la justice a assuré qu’il avait violé les termes de cet accord.

Lors d’une dizaine d’entretiens avec des enquêteurs, « il a menti » et « il n’a donné aucune information précise, que nous ne connaissions pas déjà », a déclaré jeudi à la barre le procureur Greg Andres, membre de l’équipe Mueller.

– « Escroc » –

Pour cette raison, Paul Manafort pourrait écoper d’une peine plus sévère à Washington, où la juge Amy Berman Jackson doit prononcer sa sentence mercredi. Il encourt jusqu’à dix ans de prison supplémentaires.

Il lui resterait alors un espoir: Donald Trump n’a pas exclu de lui accorder une grâce présidentielle, louant son « courage » face aux pressions du procureur Mueller.

A l’inverse, le milliardaire a souligné qu’il ne gracierait pas son ancien avocat Michael Cohen, qui a retourné sa veste une fois le procureur à ses trousses.

Michael Cohen a été condamné en décembre à trois ans de prison pour parjure, infraction au code électoral et fraude. Depuis, il ne cesse de critiquer son ancien patron qu’il a qualifié de « tricheur », menteur et « raciste » lors d’une audition parlementaire.

« Le mauvais avocat et escroc Michael Cohen a déclaré sous serment qu’il n’avait jamais demandé de grâce (…) Il ment ! », a tweeté vendredi Donald Trump. « Il me l’a demandée directement et j’ai dit NON ».

« Les bougies, c’est trop cher » : une panne de courant plonge Caracas dans le chaos

Margarita a décidé vendredi qu’il était temps de partir du Venezuela, où l’énorme panne de courant qui plonge le pays dans le noir depuis jeudi soir a permis aux voleurs de piller tranquillement son commerce.

« J’ai dit à mon mari que j’avais décidé de partir, j’y pensais depuis des années », confie-t-elle à l’AFP. Margarita Jardin a le regard rougi par les larmes versées en découvrant son petit magasin d’impression sens dessus dessous à Bello Campo, dans l’est de Caracas.

Les voleurs ont emporté un ordinateur, trois imprimantes, la caisse, le terminal de paiement électronique – indispensable, en l’absence de liquidités – et des bonbons. Avec la crise en cours, il lui sera difficile de relever ce commerce familial ouvert il y a vingt ans, avoue la quadragénaire.

« Je ne veux pas quitter mon pays, mais je ne peux pas vivre dans ce chaos », ajoute cette enseignante en architecture de l’Université publique, dont le salaire mensuel n’atteint même pas les 10 dollars.

Cette panne est l’une des pires de l’histoire du pays, qui en a connu bien d’autres malgré ses colossales réserves de pétrole (les premières du monde) : 22 des 23 Etats vénézuéliens sont privés d’électricité depuis jeudi 16H50 locales (20H50 GMT).

Le gouvernement de Nicolas Maduro a dénoncé un « sabotage » de la principale centrale hydroélectrique du pays fomenté par l’opposition et les Etats-Unis pour renverser le pouvoir socialiste. Mais les experts dénoncent régulièrement le manque d’investissements dans l’entretien des infrastructures du pays.

– « Retour en arrière » –

L’absence d’électricité a aussitôt paralysé internet, les télécoms, les transports publics, la distribution d’eau (assurée par des pompes électriques) et d’essence, obligeant le gouvernement à décréter une journée de congé dans les écoles et les administrations.

Dans les hôpitaux, les sites qui ont la chance de bénéficier d’un générateur les dédient exclusivement aux services d’urgence, mais nombre d’établissements en sont dépourvus.

Au petit jour, dans le quartier de Los Palos Grandes à Caracas, les résidents attendaient en file indienne de pouvoir recharger leurs téléphones portables grâce à une borne publique alimentée par des panneaux solaires.

« On a passé la nuit à la bougie, ma famille est restée à la maison, ils n’ont pas pu aller étudier, ni travailler. On ne sait rien depuis hier », raconte Alexis Zabala, 62 ans, qui ne croit pas un mot de cette histoire de sabotage.

« C’est un mensonge, ils essaient toujours de dissimuler leurs fautes. La vraie raison, c’est le mauvais état du réseau, la manque de maintenance et d’investissements », affirme-t-il.

« J’espère que ce n’est pas grave, c’est vraiment inédit », soupire une employée d’un des rares hôtels de la capitale sur générateur.

Vendredi matin, les rues de Caracas sont pratiquement vides, le métro est toujours à l’arrêt comme la plupart des bus, restés à 90% au garage selon les responsables du secteur.

Des visages fatigués se croisent devant des magasins aux grilles tirées, mais aucune présence policière ou militaire n’est visible.

« Encore une journée perdue pour tout le pays, encore un retour en arrière », souffle à l’AFP Carlos, qui attend les clients sur son moto-taxi. Son collègue Jonathan s’inquiète encore plus: « Je vais perdre le peu que j’ai au congélateur ».

– A pied sans manger –

Judi Bello s’est présentée « par devoir » à son travail, dans une banque, mais personne n’est venu ouvrir les portes. Elle a dû prendre trois bus différents pour le trajet et dépenser les derniers billets de bolivars qu’elle avait encore.

« Je vais rentrer à pied, je n’ai plus un sou. Je suis venu sans manger parce que j’ai laissé ce que j’avais à mon fils », se lamente Judi en se préparant à six heures de marche…

Cette femme de 42 ans se débrouille avec un salaire minimum de 180.000 bolivars (6 dollars environ) qui lui permet à peine d’acheter deux poulets, et un peu d’aide que lui envoie son fils de 18 ans émigré au Pérou. Depuis 2015, plus de 2,7 millions de Vénézuéliens ont fui le pays et la pire crise de son histoire contemporaine.

Judi est restée avec son fils de 13 ans: poignardé en plein coeur par un gamin de dix ans qui lui a volé ses sandales, l’adolescent survit grâce aux médicaments offerts par une fondation. « Je n’ai même pas de quoi acheter des bougies, c’est trop cher », précise-t-elle.

Alors que l’électricité n’est toujours pas revenue, Margarita commence à rassembler ce que les voleurs n’ont pas emporté. Elle prépare les petites valises qu’elle se dit prête à emporter, pour tenter sa chance « dans un autre pays latino-américain ».

Gaza: un Palestinien tué par des tirs israéliens lors d’affrontements

Un Palestinien a été tué vendredi par des tirs israéliens lors de manifestations et de heurts le long de la frontière entre la bande de Gaza et Israël, a indiqué le ministère de la Santé gazaoui.

Tamer Arafat, 23 ans, a succombé à ses blessures après avoir été grièvement touché à la tête lors des affrontements à l’est de Rafah, a indiqué le porte-parole du ministère Achraf al-Qodra.

Selon ce porte-parole du ministère de la Santé du mouvement islamiste Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza, au moins 45 Palestiniens, dont deux femmes et 15 enfants ont été blessés par des tirs israéliens lors de ces affrontements.

Quatre membres des équipes médicales comptent au nombre des personnes blessées au cinquantième vendredi de la protestation commencée en 2018, a indiqué Achraf al-Qodra.

Un porte-parole de l’armée israélienne a indiqué qu’environ 8.400 Palestiniens avaient pris part, pour certains violemment, à la protestation en différents points de la frontière.

Certains ont lancé des engins explosifs et des pierres vers les soldats postés sur la barrière frontalière de plusieurs mètres de haut, a-t-il dit. Certains Palestiniens ont tenté de s’infiltrer en Israël, a-t-il précisé.

Il a ajouté de pas avoir de détail sur les circonstances de la mort du Palestinien, indiquant que les soldats avaient riposté « selon les procédures opérationnelles en vigueur ».

La bande de Gaza, coincée entre Israël, l’Egypte et la Méditerranée et éprouvée par les guerres, la pauvreté et les blocus israélien et égyptien, est le théâtre depuis mars 2018 de protestations hebdomadaires, généralement accompagnées de violences, le long de la frontière.

Au moins 253 Palestiniens ont été tués par des tirs israéliens depuis cette date, la grande majorité le long de la frontière, et les autres dans des frappes israéliennes en représailles à des actes hostiles en provenance de l’enclave gouvernée par le mouvement islamiste Hamas.

Deux soldats israéliens ont été tués depuis cette date.

L’armée israélienne dit ne faire que défendre sa frontière et son territoire. Elle accuse le Hamas d’orchestrer la contestation et de servir de celle-ci pour des agissements hostiles contre Israël.

Israël et le Hamas se sont livré trois guerres depuis 2008.

Chelsea Manning, l’ex-informatrice de WikiLeaks, à nouveau écrouée

Chelsea Manning, l’ex-analyste du renseignement américain qui avait fait fuiter des milliers de documents classés secret-défense, a été placée en détention vendredi en raison de son refus de témoigner dans une enquête sur WikiLeaks.

« Je vous déclare coupable d’entrave à la bonne marche de la justice », a déclaré le juge fédéral Claude Hilton, qui a écroué la femme de 31 ans après l’avoir convoquée devant son tribunal en banlieue de Washington.

L’ancienne informatrice de WikiLeaks refuse de répondre aux questions d’un grand jury supervisant une enquête sur l’organisation fondée par Julian Assange, qui se targue d’avoir donné une audience mondiale aux « lanceurs d’alertes ».

Chelsea Manning, souvent vue comme un symbole de la lutte contre les secrets des gouvernements, s’est pourtant vu proposer une immunité dans le cadre de ces investigations.

– Détenue sine die –

Mme Manning restera écrouée tant qu’elle ne reviendra pas sur sa décision ou jusqu’à ce que le grand jury soit dissous, a averti le juge Hilton du tribunal d’Alexandria, une petite ville de Virginie jouxtant Washington.

La détenue, devenue par ailleurs une icône des personnes transgenres, avait publié jeudi un communiqué informant qu’elle craignait de retourner en prison.

« Un juge va examiner le fondement juridique de mon refus de répondre (..). Le tribunal va peut-être conclure que je suis responsable d’entrave à la bonne marche de la justice et me renvoyer en prison », avait-elle écrit.

La native de l’Oklahoma affirme bénéficier d’un droit constitutionnel à ne pas être interrogée par ce grand jury, dont elle dénonce par ailleurs l’opacité des actes de procédure.

En 2010 le soldat Manning, alors prénommé Bradley, avait fait fuiter grâce à WikiLeaks plus de 700.000 documents confidentiels ayant trait aux guerres d’Irak et d’Afghanistan, dont plus de 250.000 câbles diplomatiques qui avaient plongé les Etats-Unis dans l’embarras.

– Sept ans de prison –

L’ex-analyste du renseignement a purgé sept ans de prison sur les 35 de sa condamnation, ayant bénéficié d’une commutation de peine octroyée par l’ancien président Barack Obama. Lors de sa détention, elle avait entamé sa transition vers son identité de femme.

Pour beaucoup d’Américains Chelsea Manning est une héroïne des libertés qui a payé très cher des révélations utiles sur les morts de civils sous les bombardements américains en Irak et en Afghanistan.

Pour de nombreux autres, c’est une traîtresse coupable de collusion avec l’ennemi. Donald Trump l’avait lui-même qualifiée de « traîtresse ».

En détention au pénitencier militaire de Fort Leavenworth, perdu au coeur de l’Amérique dans l’Etat du Kansas, elle avait reçu le soutien de Michael Stipe, chanteur du groupe R.E.M., ou encore de la styliste britannique Vivienne Westwood.

Résultat, totalement inconnue lors de son arrestation, elle est aujourd’hui célèbre sur tous les continents.

Né en Australie, Julian Assange vit lui réfugié à l’ambassade d’Équateur à Londres depuis juin 2012. S’il en sort, il risque d’être arrêté par les autorités britanniques et d’être par la suite extradé aux Etats-Unis.

Donald Trump accuse le parti démocrate d’être devenu « anti-juifs »

Le président américain Donald Trump a accusé vendredi le parti démocrate d’être devenu « anti-juifs », après des débats houleux provoqués par les propos d’une élue musulmane sur le soutien des Etats-Unis à Israël.

La Chambre des représentants, désormais dominée par les démocrates, a approuvé jeudi une résolution condamnant les discours de « haine » mais ne dénonçant pas spécifiquement les propos d’Ilhan Omar, seule élue du Congrès à porter le voile islamique.

Pour le locataire de la Maison Blanche, qui multiplie les attaques contre sur cette jeune élue du Minnesota dont les déclarations suscitent des tensions au sein de la famille démocrate, ce vote était « une honte ».

« Les démocrates sont devenus un parti anti-Israël, ils sont devenus un parti anti-juifs, et c’est regrettable », a-t-il lancé depuis les jardins de la Maison Blanche, avant de s’envoler pour l’Alabama, Etat du sud qui a été le théâtre de tornades meurtrières.

Le milliardaire républicain a par le passé été accusé de colporter des stéréotypes sur la communauté juive et ses propos équivoques après un rassemblement de néonazis à Charlottesville, en 2017, qui avaient suscité un vrai malaise dans son propre camp, sont restés gravés dans les mémoires.

Il a en même temps contenté Israël en déplaçant l’ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem.

Pour l’élue démocrate Elaine Luria, les accusations de M. Trump sont déplacées et infondées.

« Comme le montre l’histoire et le vote à d’hier (jeudi) à une écrasante majorité pour condamner l’antisémitisme, il existe un soutien fort pour Israël et la foi juive au sein des démocrates », a-t-elle indiqué à l’AFP.

– « Allégeance à un pays étranger » –

Ilhan Omar, l’une des deux premières femmes musulmanes à siéger au Congrès américain, a dénoncé la semaine dernière le fait que certains lobbies poussent à faire « allégeance à un pays étranger », dans une référence à Aipac, puissant lobby pro-israélien aux Etats-Unis.

De nombreuses voix se sont immédiatement élevées pour dénoncer des propos rappelant, selon elles, le stéréotype sur la « double allégeance » supposée des juifs, qui ne seraient pas « loyaux » au pays où ils vivent.

En réponse à la polémique, les chefs démocrates avaient d’abord fait circuler une résolution centrée sur l’antisémitisme, mais des élus se sont indignés, estimant qu’Ilhan Omar était particulièrement ciblée parce que femme, noire et musulmane.

Le texte de consensus adopté jeudi à une très large majorité condamne l’antisémitisme mais aussi les discriminations anti-musulmanes, ainsi que « l’intolérance contre toute minorité ».

En annonçant le vote, Nancy Pelosi, présidente démocrate de la Chambre des représentants, avait jugé qu’Ilhan Omar n’avait « peut-être pas apprécié la pleine portée » de ses propos. « Je ne pense toutefois pas que son intention était antisémite », avait-elle ajouté.

Condamnant fermement l’antisémitisme, le sénateur et candidat à la présidentielle de 2020 Bernie Sanders, qui est juif, a pris la défense de Mme Omar: « Nous ne devons pas faire d’amalgame entre l’antisémitisme et la critique légitime du gouvernement de droite de Netanyahu en Israël ».

Ilhan Omar a fui la guerre en Somalie à l’âge de huit ans. Après avoir passé quatre ans dans un camp de réfugiés au Kenya, sa famille s’est installée à la fin des années 1990 dans le Minnesota.